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Alexandrina Maria da Costa
âme-victime portugaise
1904-1955

Connaissez-vous Alexandrina ?

— Alexandrina Maria da Costa naquit au Portugal.

— Elle resta plus de treize années sans manger ni boire, s’alimentant uniquement de la Communion quotidienne.

— Pendant de longues années, elle vécut, chaque vendredi, la Passion du Seigneur.

— De Jésus Lui-même, elle reçut l’ordre de demander au Pape la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

— Elle est morte, en odeur de sainteté, le 13 octobre 1955.

— Elle fut béatifiée le 25 avril 2004.

Certains parmi vous, lecteurs assidus de Stella Maris, s’en souviendront très certainement, car il est vrai que celui-ci a déjà parlé, il y a quelque temps, de la servante de Dieu qui est, avec quelques autres âmes-victimes, à l’origine de la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie; acte qu’accomplit le Saint-Père Pie XII le 31 octobre 1942, en langue portugaise, et qu’il répéta solennellement, secondé en cela par tous les évêques de la chrétienté, le 8 décembre de la même année.

Alexandrina Maria da Costa naquit à Balazar — petit village portugais à environ 50 km au nord de Porto, et à environ 250 km de Fatima — le 30 mars 1904.

Issue d’une famille chrétienne et pratiquante, dès son plus jeune âge, elle eût une très grande dévotion envers la très Sainte Vierge qu’elle appelait tendrement Mãezinha.[1]

En 1911, afin de pouvoir s’instruire, elle partit, avec sa sœur, Deolinda, à Póvoa de Varzim, distante de Balazar d'environ 16 km. En effet, au village natale, à ce temps-là, il n’existait pas d’école pour les jeunes filles.

« A Póvoa de Varzim — raconte Alexandrina dans son “Autobiographie” j’ai fait ma première communion... J’avais alors 7 ans... J’ai communié à genoux et, malgré ma petite taille, j’ai pu fixer la sainte Hostie, de telle manière qu’elle s’est imprimée en mon âme. J’ai cru alors m’unir à Jésus pour ne plus être séparée de Lui. Il prit possession de mon cœur, ce me semble. La joie que je ressentais était inexprimable. A tous j’annonçais la bonne nouvelle... »

En cette même année, « à Vila do Conde,[2] j’ai reçu, des mains de Son Excellence l’Évêque de Porto, le sacrement de Confirmation. Je me souviens, très bien, de cette cérémonie et de la joie qu’elle m’a procurée. Au moment où je recevais ce sacrement, je ne sais pas bien expliquer ce que j’ai ressenti: on dirait qu’une grâce surnaturelle me transformait et m’unissait plus profondément à Notre-Seigneur. Je voudrais bien expliquer tout cela, mais je ne le sais pas. »

Après dix-huit mois de séjour à Póvoa, Alexandrina et Deolinda revinrent à Balazar auprès de leur mère et, presque aussitôt, elles déménagèrent et vinrent habiter, toujours à Balazar, au lieu-dit Calvário, comme si le Seigneur voulait lui montrer, dès lors, quelle serait sa mission sur la terre : être victime pour les pécheurs et vivre sa passion, dès le Jardin des Oliviers jusqu’au Calvaire (Calvário).

Avant d’aller plus loin dans ces extraits biographiques de la servante de Dieu, il est utile de parler d’un fait extraordinaire qui eut lieu dans le village en 1832. Jésus y fera allusion, au moins deux fois, lors de ses colloques.

En 1832, disions-nous, en allant à la messe, les paroissiens de Balazar découvrirent, en face de leur église, une croix de terre. Cette croix était composée de terre, plus noire que celle qui l’entourait. Intrigués, ils appelèrent monsieur l’abbé qui, sagement, la fit effacer. Aussitôt la même terre noire remonta, reformant ainsi la croix. Une deuxième fois, puis une troisième, monsieur le curé la fit effacer. Peine perdue, car à chaque fois la croix se reformait. Il fallut alors faire appel aux autorités pour en faire le constat. Monsieur l’abbé lui-même dût faire un rapport circonstancié qu’il envoya à son archevêque.

La foi et la piété des villageois étant grande et sincère, ils décidèrent de protéger cette croix par la construction d’une chapelle qui peut encore, de nos jours, être visitée. Et elle l’est par tous ceux — et ils sont de plus en plus nombreux ! — qui vont prier sur la tombe de la servante de Dieu.

Mais reprenons notre récit et retrouvons Alexandrina à l’âge de 14 ans.

L’école terminée, il fallait gagner le « pain de chaque jour », « à la sueur de son front ». Malgré son âge tendre, la jeune fille fut placée chez un voisin, cultivateur. Cette place, elle ne la garda pas bien longtemps. Le cultivateur, personnage très bizarre, la maltraitait et de surcroît, n’avait que des “gros-mots” à la bouche, ce qui attristait grandement le cœur pure et simple de la jeune fille.

Au courant de cet état de choses, la mère d’Alexandrina, Maria Ana, la reprit à la maison.

Ce fut alors, qu’un événement qui nous prouve sa pureté d’âme eut lieu.

« Un jour,[3] — c’est Alexandrina qui raconte dans son Autobiographie — alors qu'avec ma sœur et une autre fille plus âgée que nous, nous travaillions à la couture, nous avons aperçu trois individus venant dans notre direction. Deolinda, comme si elle pressentait quelque chose, m'a dit de fermer la porte du salon. Quelques instants après, nous avons entendu des pas dans les escaliers et ensuite quelqu'un frapper à la porte.

Qui est là ? a demandé ma sœur. Et l'un d'entre eux, qui avait été mon patron, nous demanda d'ouvrir, sans plus.

– Il n'y a pas de travail pour vous ici, donc, pas question d'ouvrir, rétorqua Deolinda.

Après quelques instants de silence, nous avons entendu que le même individu montait par l'échelle qui de l'étable, par une trappe, donnait dans le salon. Effrayées, nous avons tiré la machine à coudre sur cette trappe.

Le voyou, se rendant compte que la trappe était fermée, commença à frapper de grands coups de marteau sur celle-ci, jusqu'à soulever quelques planches et à pratiquer un passage, par lequel il pénétra dans le salon.

Deolinda, en voyant cela, a ouvert la porte et, elle est parvenue à s'enfuir, bien que les autres deux qui dehors l'attendait, aient essayé de la retenir, en tirant sur ses vêtements.

L'autre fille l'a suivie, mais ils l'ont attrapée.

Devant cette scène, je me suis vue perdue. J'ai regardé autour de moi et, désespérément je me suis accrochée à la fenêtre qui était ouverte et sans la moindre hésitation j'ai sauté [4] en bas, en tombant lourdement. J'ai voulu me lever aussitôt, mais je ne le pouvais pas; une douleur lancinante traversait mon épine dorsale.

Nerveuse, dès que j'ai pu me relever, j'ai ramassé par terre un piquet et suis partie pour essayer de défendre ma sœur entouré par les deux plus âgés, tandis que notre amie, dans le couloir, luttait avec le troisième. Je n'ai plus pensé qu'à les défendre.

Hors d'ici ! fut mon premier cri.

Ce fut comme un éclair, le voyou qui se trouvait dans le couloir, a prit peur et a laissé immédiatement la jeune fille. C'est alors seulement, que je me suis renaude compte que j'avais perdu une bague en or, lors de la chute.

Chiens ! À cause de vous j'ai perdu ma bague...

Tout de suite l'un d'eux, enlevant une bague de son doigt, me l'a présentée, en disant:

Tiens, prends celle-ci, ne te fâches pas contre moi...

Je n'en veux pas ! – lui ai-je répondu, indignée – débarrasse le plancher tout de suite... immédiatement !

Ils se sont retirés. Et nous, excitées et haletantes, nous sommes retournées à notre travail.

De tout ceci, moi et ma sœur, n'avons soufflé mot à personne, afin d'éviter une tragédie. Toutefois ma mère, par la suite, a fini par l'apprendre, de la bouche de notre amie.

Quelque temps après, j'ai commencé à souffrir de plus en plus. Tous disaient que c’était à cause du saut que j’ai fait en bas de la fenêtre. Même les médecins, plus tard, confirmèrent que ce saut a dû contribuer à aggraver mon infirmité. »

En effet, peu de temps après, la jeune Alexandrina fut contrainte de recueillir au lit, pour ne plus jamais se relever jusqu’à sa mort.

Les premiers temps de sa maladie, elle chercha à passer le temps en jouant aux cartes avec les filles de son âge qui venaient la visiter. Mais, peu à peu, son comportement changea et « le désir d’aimer la souffrance et de ne penser qu’à Jésus seul », commença à l’habiter et à croître chaque jour d’avantage.

Ce fut à cette époque qu’elle composa son hymne en l’honneur des Tabernacles, qui est un petit chef-d’œuvre du genre.[5] Ce fut aussi en cette période que la servante de Dieu, en récitant cette même prière, lévitait et ressentait dans son cœur de fortes chaleurs, tout particulièrement après la Communion. C’était le début d’une extraordinaire histoire d’amour entre elle et Jésus, car, au plus fort de ces phénomènes qu’elle méconnaissait, mais qu’elle croyait sincèrement venir de Jésus, elle demandait au Seigneur :

“Que faut-il que je fasse ?”

La réponse reçue était invariable :

Souffrir, aimer, réparer!”

Petit à petit elle prit conscience de sa mission et, fit le “vœu le plus parfait” et s’offrit à Jésus comme vic-time pour les pécheurs.

En 1934, après la Communion, elle entendit Jésus l’inviter à participer à sa Passion:

– Donne-moi tes mains: je veux les crucifier; donne-moi tes pieds: je veux les clouer avec moi; donne-moi ta tête: je veux la couronner d’épines, comme ils me l’ont fait à moi; donne-moi ton cœur: je veux le transpercer avec la lance, comme ils ont transpercé le mien ; consacre-moi ton corps, offre-toi toute à moi.

Humblement et simplement, Alexandrina accepta l’invitation.

« J’avais cédé à l’invitation du Seigneur, mais je pensais que les sacrifices Qu’il me demandait n’étaient que ceux résultant de ma maladie, même si majorés ; il ne m’était pas venu à l’esprit qu’il me ferait passer par des phénomènes singuliers. »

“Il me parlait de jour comme de nuit... Il se confiait à moi...” raconte-t-elle encore.

Jésus la préparait pour sa mission sublime, disons plutôt ses missions: les pécheurs, les Tabernacles abandonnés ou profanés et la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

– Ne me refuse pas les souffrances et les sacrifices pour les pécheurs! La Justice de Dieu pèse sur eux. Toi, tu peux les secourir.

Prie pour les prêtres: ce sont les ouvriers de ma vigne ; la récolte dépend d’eux...

Je choisis les faibles pour les rendre forts. Sous leur faiblesse je cache mon pouvoir, mon amour et ma gloire. Oublie le monde et offre-toi à moi. Abandonne-toi entre mes bras: je choisirai tes sentiers.

Et les appels de Jésus continuent, vibrants d’amour et de fermeté :

– Je t’ai choisie pour moi. Corresponds à mon amour. Je veux être ton Époux, ton Bien-aimé, ton tout. Je t’ai choisie aussi pour le bonheur de beaucoup d’âmes. Tu es mon temple, temple de la très Sainte-Trinité. Toutes les âmes en état de grâce le sont, mais tu l’es de façon spéciale. Tu es un Tabernacle choisi par moi, afin que j’y habite et m’y repose. Je veux rassasier ta soif pour mon Sacrement d’amour.

– Tu es comme le canal par où passeront les grâces que je veux distribuer aux âmes et à travers lequel les âmes viendront à moi. Je me sers de toi afin que beaucoup d’âmes viennent à moi: par ton intermédiaire, beaucoup d’âmes seront stimulées à m’aimer dans la très Sainte Eucharistie.

Reçois, maintenant, ma fille, le sang de mon divin Cœur: c'est la vie dont tu as besoin, c'est la vie que je donne aux âmes.

Dis au monde entier qu'il écoute la voix de son pasteur, le Pape, laquelle est la voix de Jésus. Je veux de l'amour, de la pureté d'âme, changement de vie. Que la voix du Saint-Père soit pour le monde un aussi vibrant appel que celui de Noé...

En attendant le 3 octobre 1938 où elle vivra pour la première fois la passion, elle se consacre entièrement et sans limitation aucune, au Seigneur, écrivant même de son propre sang cette pathétique consécration :

“Par mon sang, je vous promets de beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que mon amour soit tel, que je meurs enlacée à la croix. Je vous aime et je meurs d’amour pour vous, mon cher Jésus. Je veux habiter dans vos Tabernacles.[6]

Le 30 juin 1935, Jésus lui parle pour la première fois de la consécration du monde à Marie:

– Autrefois, j’ai demandé la consécration du genre humain à mon divin Cœur.[7] Maintenant, je la demande au Cœur Immaculé de ma très sainte Mère.

Le Seigneur lui prédit même de quelle façon cette consécration se déroulerait. Nous le verrons lors de notre prochain article.

Ces choses, au contraire de ce que souhaitait Alexandrina, ne purent rester dans le secret de sa chambre. L’archevêque fut averti et, une première enquête diocésaine eut lieu, menée par le Père António Durão, sj. Il n’a rien trouvé de surnaturel dans le cas d’Alexandrina, et les choses en restèrent là.

Le 10 septembre 1936, faisant allusion à la révolution communiste qui sévissait alors en Espagne, Notre-Seigneur lui dit:

– Ce fléau est un châtiment ! C’est le courroux de Dieu! Je punis pour ramener les âmes à la grâce car, étant mort pour tous, je veux le salut de tous.

Et, prophétisant, Jésus ajouta:

– Je ne veux pas être offensé et je le suis grandement, en Espagne et partout, dans le monde entier! Il est grand, le danger, que ce fléau et que les actes de barbarie se répandent.

Ce fut encore, au cours de cette année 1936, en la fête de la Sainte-Trinité, que la servante de Dieu souffrit la mort mystique.

Mais toutes ces “choses” n’étaient pas du goût de Satan. En juillet 1937, “non content de tourmenter ma conscience, raconte Alexandrina, et de me souffler des choses affreusement ordurières, commença à me mettre en bas du lit, aussi bien la nuit qu’à n’importe quelle heure de la journée...

Puis, le 3 octobre 1938 arriva. Jésus l’avait prévenue qu’à cette date, elle vivrait les souffrances de la Passion, de midi à 15 heures.

A l’heure indiquée, tout le monde était là: Maria Ana, la mère; Deolinda, la sœur; le Père Pinho, sj, son directeur spirituel, et quelques autres personnes de la famille.

A la suite du saut par la fenêtre, Alexandrina ne pouvait plus se mouvoir seule; il lui fallait de l’aide, à chaque fois qu’elle voulait faire le moindre déplacement dans son lit. Le 3 octobre, elle n’eut besoin de personne. Tous les gestes et parcours de la Passion, elle les accomplit toute seule, s’agenouillant au Jardin des Oliviers; présentant les mains aux soldats qui y sont venus la chercher; transportant la croix et tombant sous celle-ci; se couchant sur elle pour y être clouée. Tous les moindres détails de la Passion de Jésus se sont ainsi déroulés devant les yeux des assistants en larmes et remplis de crainte. Au cours du chemin vers le Calvaire, Alexandrina aperçut celle qu’elle appelait sa sœur spirituelle et dont c’était la fête: sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Mais écoutons-la:

Midi sonné, Jésus est venu m’inviter :

Voilà, ma fille, le Jardin des Oliviers est prêt, ainsi que le Calvaire. Acceptes-tu ?

J’ai senti que Jésus, pour quelque temps, m’accompagna sur le chemin du Calvaire. Ensuite, je me suis sentie seule. Je le voyais là-haut, grandeur nature, cloué sur la Croix.

J’ai cheminé sans le perdre de vue : je devais arriver près de Lui.

J’ai vu deux fois sainte Thérèse: la première fois à la porte du Carmel, dans sa tenue, entre deux autres sœurs, puis entourée de roses et recouverte d’un manteau céleste.

A la suite du phénomène de la passion, le Père Mariano Pinho écrivit, pour la première fois au Saint-Père, pour lui demander la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Il lui expliqua ce qui se passait à Balazar.

Après cette lettre, une deuxième enquête fut diligentée, cette fois-ci par le Saint-Siège, à partir du 5 janvier 1939. Elle fut conduite par le chanoine Vilar, professeur au Sacré Collège de Rome, qui assista au phénomène de la passion et repartit très bien impressionné. Il devait mourir quelques mois plus tard d’un cancer, en offrant sa vie pour le succès de la consécration du monde à Marie.

Elle dût encore subir un examen médical approfondi, demandé par l’autorité ecclésiastique, car, depuis sa première crucifixion, Alexandrina ne s’alimentait plus. Seule la Communion quotidienne était son aliment.

Nous arrêtons ici ces extraits biographiques de la servante de Dieu Alexandrina Maria da Costa. Nous reprendrons dans le prochain numéro, succinctement, la suite de sa vie et tout particulièrement son action en faveur de la consécration du monde à la sainte Vierge.

Alexandrina
et la Consécration du monde à Marie

— Alexandrina est de la même génération que Lucie, Jacinta et Francisco, les voyants de Fatima.

— Comme eux, elle reçut, non pas de la Sainte Vierge, mais de Jésus Lui-même, une mission: demander la consécration du monde à Marie.

— Tenant compte du message reçu par Alexandrina, le Saint-Père Pie XII, le 31 octobre 1942, consacra le monde à Marie.  Le 8 décembre de la même année, en union avec tous les évêques de la chrétienté, il répéta cette consécration...

— A Fatima, la Vierge Marie avait demandé la consécration de la Russie. Souvenez-vous: “Je viendrai demander la consécration de la Russie... Si vous faites ce que je dis...”

Nous nous étions quittés, la fois dernière, aux prémices de la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, dont Alexandrina fut un instrument infatigable et certain.

En effet, dans la “Positio” de la Sacré Congrégation pour la cause des saints, nous pouvons lire la phrase suivante: « En 1936, sur l'ordre de Jésus, Alexandrina demanda au Saint-Père, par l'intermédiaire du Père Pinho, [8] la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.[9] »

Nous avions vu que le Seigneur lui avait dit que la révolution espagnole était un châtiment, en lui précisant qu’il était « grand, le danger, que ce fléau et que les actes de barbarie se répandent » dans l’univers entier. Comme remède à ces maux, Jésus demandait donc la consécration du monde au Cœur de sa Mère bénie, en donnant comme signe visible de sa demande, la passion vécue par Alexandrina.

Le jésuite, Père Mariano Pinho, directeur spirituel de la servante de Dieu, avait écrit au Cardinal Pacelli — futur Pie XII — Secrétaire d’État de Pie XI pour l’informer des événements de Balazar et des demandés réitérées de Jésus à sa confidente sur la consécration du monde.

Quelques mois plus tard, une enquête fut alors ordonnée par le Saint-Siège, comme nous l’avons dit et les choses en restèrent là.

Jésus avait dit à Alexandrina :

— Je vais te dire comment sera faite la consécration à la Mère des hommes et ma très sainte Mère, que j’aime tant! Ce sera à Rome: le Saint-Père lui consacrera le monde, l’invoquera sous le titre de “Reine du Monde”, “Notre-Dame de la Victoire”! Puis, les prêtres feront de même, dans toutes les églises de l’univers. Ne crains rien; mais desseins s’accompliront.

Mais, la prudence de l’Église dans de tels “cas”, entraîne souvent des “retards” dans l’exécution des plans divins. En attendant le temps connu de Dieu, Alexandrina s’offrait comme victime, pour la paix, pour les pécheurs et, bien entendu, pour la consécration du monde à Marie. Puis, le 25 avril 1938, Jésus devient plus exigeant, beaucoup plus pressant: Il lui ordonna de communiquer au Père Pinho sa divine volonté :

— Dis-lui qu’il faut qu’il écrive au Saint-Père, en lui demandant, de ma part, la consécration du monde au Cœur Immaculé de ma très sainte Mère. Mais que le monde sache pourquoi il lui est consacré: Je veux pénitence et prière... Toi, tu auras beaucoup à souffrir, tant que mes desseins ne seront pas accomplis.

Une nouvelle lettre fut alors envoyée au Cardinal Pacelli, lui rendant compte des nouvelles instances divines.

Entre-temps, Jésus avait promis à Alexandrina « de conduire le Saint-Père, droit au ciel, sans passer par le purgatoire, s’il faisait la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. »[10]

Monseigneur Manuel Vilar qui, comme nous l’avons vu précédemment, avait été chargé de l’enquête, écrivit à Alexandrina, dès son arrivée à Rome: « Je n’ai pas encore vu le Saint-Père; sitôt que je le verrai, je lui ferai connaître les “désirs de Notre-Seigneur”. » Puis, le 2 juin 1939, répondant à une lettre de la servante de Dieu, il écrivait: « C’est le premier vendredi de juin. Votre lettre que j’ai tant aimée m’est parvenue il y a presque un mois. Je croyais pouvoir vous donner, aujourd’hui, de bonnes nouvelles concernant la “Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie”, si instamment demandée par Jésus; mais, malheureusement, il n’y a encore rien de positif à vous communiquer. Les choses, à Rome, sont “éternelles”! On n'y est jamais pressé... »

Monseigneur Vilar, comme nous l’avons vu, croyait sincèrement aux “faits de Balazar” et faisait tout son possible pour faire aboutir les demandes divines.

Je comprends — écrivait-il à Alexandrina— que l’Amour soit, aujourd’hui, pour vous, à la fois: “le bourreau... le soutien... la force... la consolation... la félicité...” Laissez-le faire. S’il exige que votre immolation soit portée à l’héroïsme, plus grande sera la gloire du Seigneur; plus complète la réparation; plus belle votre récompense. Dans cette époque d’égarements, Jésus a besoin de victimes qui apaisent la Justice divine.”

Puis, comme pour montrer clairement qu’il s’intéresse vraiment au “cas” d’Alexandrina, il lui écrivit de nouveau, le 3 juillet 1940, pour lui dire: “Au début de juin dernier, quelqu’un[11] a parlé au Saint-Père de la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Mais le temps est si mauvais!...” Et pour cause, la guerre faisait déjà rage!...

Et vu que les hommes tardent, Jésus insiste.

— Je te promets de venir, bientôt, te rappeler à moi ; d’accorder, dans le ciel, à tes prières et à ton amour, tout ce que tu as mérité d’obtenir, sur la terre, par tes souffrances. Mais, ma fille, prie le Saint-Père d’avoir pitié de ton martyre, en réalisant — sans tarder — les desseins de ton Jésus, c’est-à-dire, en consacrant le monde au Cœur de ma bienheureuse Mère.

Alexandrina ne sait pas quoi faire. Elle prie, elle souffre, mais la décision de consacrer le monde à la Maman du ciel, semble bloquée. Elle s’en plaint à Jésus:

“O mon Jésus, il me semble que le Saint-Père ne nous exauce pas... Il tarde tant !...”

— Ma fille — lui répond le Seigneur, comme pour la réconforter — sois tranquille, le Saint-Père vous exaucera... le jour de la glorification arrivera...

     Pendant ce temps, à Fatima, le Père Mariano Pinho, prêche une retraite spirituelle à tous les évêques portugais, réunis autour de lui dans la Basilique de Cova da Iria. Il leur parle des demandes si souvent réitérées de Jésus à sa dirigée. Les évêques sont d’accord que l’on fasse “quelque chose”, afin que cette consécration soit menée à bien. Avec l’accord, et la signature autorisée de tous les évêques présents, le Père Pinho rédige, en latin, une lettre qu’il adressa à Pie XII, où il lui demandait de faire cette consécration, d’autant plus que cela coïncidait avec le 25 anniversaire des apparitions de la Vierge à Fatima, mais que cela coïncidait aussi aux anniversaires de son ordination sacerdotale et épiscopale — 13 mai, toutes les deux!

Sensibilisé, peut-être, par ce rappel très personnel, le Pape commence à y réfléchir sérieusement...

Entre-temps, Alexandrina écrivit, elle aussi, au Saint-Père pour le soutenir dans ses souffrances, motivées par la guerre; motivées aussi par le danger que sa propre vie courrait. Il a été question de faire prisonnier le Pape et tout le Collège des Cardinaux.[12]

Le 27 mars 1942, elle vécut la passion pour la dernière fois — de façon visible. Or, comme Jésus avait dit à la jeune victime qu’elle les endurerait jusqu’à ce que le Saint-Père se décide à consacrer le monde, un grand espoir illumina les cœurs de ceux qui, mis au courant des moindres détails des “faits de Balazar”, ont vu dans cet arrêt un “signe” avant-coureur de l’aboutissement des demandes divines.

Et en effet, le 22 mai 1942, Notre-Seigneur, parlant par les lèvres de son épouse, disait d’un ton joyeux:

— Gloire! Gloire ! Gloire à Jésus ! Honneur et gloire à Marie ! Le cœur du Saint-Père, cœur d’or, est décidé à consacrer le monde au Cœur Immaculé de Marie.

Quel bonheur, quelle joie, pour le monde, d’être consacré, d’appartenir, plus que jamais, à la Mère de Jésus !

Le monde appartient déjà au divin Cœur de Jésus; il va désormais appartenir de même, au Cœur Immaculé de Marie !...

Quelques jours plus tard, dans un transport d’amour dont Alexandrina avait le secret, le cœur rempli de joie, elle prie :

— Ave Maria, Mère de Jésus ! Honneur, gloire, triomphe pour votre Cœur Immaculé ! Ave Maria, Mère de Jésus, Mère de tout l’univers ! Qui ne voudrait pas appartenir à la Mère de Jésus, à la Dame de la victoire ? Le monde va bientôt être consacré tout entier à votre Cœur maternel ! Accueillez ; Vierge pure, accueillez, Vierge Mère, dans votre Cœur très saint tous vos enfants.[13]

En effet, le Pape Pie XII, le Pape marial par excellence, avait, au plus profond de son cœur, pris la décision de satisfaire à la demande divine, pressé, il est vrai, par de nombreuses demandes, émanant de diverses parties du globe.

Prenant comme prétexte le 25e anniversaire des apparitions de Notre-Dame à Fatima, il annonça alors son intention de consacrer le monde au Cœur Immaculé de la Reine du ciel et de la terre.

Le Saint-Père fit cette consécration une première fois, en portugais, le 31 octobre 1942.

Cette consécration fut pour Alexandrina un motif d’intense joie. Écoutons-la:

« Quand, par télégramme, j’ai eu la nouvelle de la consécration du monde à la chère Maman du ciel, Jésus m’accorda de courts instants de consolation. Au comble de ma joie, je ne savais comment remercier Jésus et Marie. Les mains levées vers le ciel, je me suis exclamée:

Béni soit Jésus! Bénie soit la Petite-Maman!

J’avais envie, à ce moment-là d’introduire moi-même le Saint-Père dans les Cœurs de Jésus et Marie: quelle joie!... »[14]

Mais la cérémonie solennelle du 8 décembre 1942, reste, pour la postérité comme la date officielle de cette célébration universelle, car ce fut à cette date, en effet, que toute l’Église était unie dans un même esprit d’amour et d’union de prières aux pieds de la Maman du ciel, non seulement pour se consacrer à Elle, mais pour lui demander de bien vouloir intercéder auprès de son divin Fils pour que l’on ait la paix.

Il convient, ici, de faire une mise au point sur cet acte de consécration, car, quand il en est question, tous, ou presque tous, même des historiens sérieux et compétents, pensent immédiatement à Fatima...

A Fatima, en effet, la Vierge Marie a parlé de consécration, mais de la consécration de la Russie; jamais de la consécration du monde. Rappelons-nous les paroles de notre Maman le 13 juillet 1917 aux pastoraux:

Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix.[15]

Lucie, la seule survivante des apparitions de Fatima, l’a confirmé, elle-même, lors d’un entretien qu’elle accorda au Père De Marchi et où elle avoue que ce fut « sur suggestion de mon directeur spirituel, j’ai ajouté “et du monde” de moi-même. »

Plus tard, le Père Umberto Maria Pasquale, salésien et deuxième directeur de la servante de Dieu, sœur Lucie écrivait :

Révérend Père Umberto;

En réponse à votre demande, je vous déclare:

Notre-Dame, à Fatima, dans sa demande, ne fait référence qu'à la Consécration de la Russie.

Dans la lettre que j'ai écrite au Saint-Père Pie XII sous le conseil de mon directeur spirituel [16] j'ai demandé la consécration du monde, avec mention explicite de la Russie.

Reconnaissante et, en union de prières.

                                    Coimbra, 13 avril 1980

                                                Sœur Lucie.”

Nous ne cherchons pas à polémiquer, mais uniquement à rétablir un fait historique qui éclaire, d’un jour nouveau, le charisme et la mission de la servante de Dieu.

Il nous faut encore préciser que l'évêque de Gurza — Mgr Manuel Ferreira da Silva, qui était le confesseur de Lucie — avait, avec tous les autres évêques, signé la demande de consécration du monde, envoyée en 1938, à Pie XII, selon la demande faite par Jésus à Alexandrina et que le Père Mariano Pinho avait rédigé lui-même en latin, comme nous l’avons dit. Ceci étant expliqué, continuons notre tâche qui est celle de mieux vous faire connaître et aimer, cette âme d’exception, dont le Seigneur voulut avoir besoin, par amour pour nous.

Et, après la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, qu’est devenue Alexandrina ?

Elle continua sa mission de victime volontaire pour le salut des âmes, souffrant toute sorte “drames” avec le même amour et le même et inaltérable désir de faire en toute chose, avec joie, et au plus haut degré, la seule volonté de Dieu.

En 1943, du 10 juin au 20 juillet, par décision de l’archevêque de Braga, diocèse où elle était née, Alexandrina fut soumise, dans un hôpital de Porto, à une surveillance aussi étroite que pénible, voire même vexante, sur certains aspects.

Il fallait, selon les “experts” prouver qu’Alexandrina ne mangeait pas, ne buvait pas et n’évacuait pas non plus. Pour ce faire, un hôpital fut choisi et on l’y interna. Elle y était, toute seule — sa sœur ayant été interdite de pénétrer dans la chambre — et “gardée“ par deux assistantes toutes vouées au docteur Araujo, chef de l’Établissement.

Ce que la pauvre Alexandrina y souffrit d’incompréhensions, vexations et autres vicissitudes, serait trop long à rapporter ici. Nous vous renvoyons à l’Autobiographie qui paraîtra bientôt, nous l’espérons.

Dans cet écrit de la servante de Dieu, comme dans les lettres à ses directeurs spirituels, il y a matière à méditation; il y a des pages qui sont dignes des plus grands mystiques, comme sainte Thérèse d’Avila, saint Jean de la Croix, sainte Catherine de Sienne, et bien d’autres.

Revenue chez elle, après le séjour forcé à l’hôpital de Porto, elle continua sa mission de victime volontaire pour les pécheurs et tout particulièrement pour les Tabernacles, où le Seigneur habite dans le plus grand abandon et oubli de la part des hommes.

Son amour pour l’Eucharistie la mènera à demander à Jésus de mourir, si possible un jeudi ou tout autre jour rappelant le Sacrement d’Amour. Mais elle aimerait rendre son âme à Dieu, par les mains de Marie et dans un jour consacré à Elle aussi... Difficile de concilier les deux? Souvenons-nous de l’Évangile: “A Dieu rien n'est impossible”.

Le 1er octobre 1949, la Sainte Vierge lui apparut et lui offrit un Rosaire, ainsi que le scapulaire du Carmel. Pendant les années qui suivirent, Alexandrina eut d’autres apparitions analogues.

1953 fut une année exceptionnelle en ce qui concerne l'évidence surprenante de l'action divine sur Alexandrina: ce n'est que d'en-Haut, en effet, que pouvait lui venir une telle condition physique, une telle force pour supporter le poids de tant de fatigues accumulées à la suite des milliers de visites qu'elle reçut en cette période. Ils passaient devant son lit par groupes. Le 25 mars plusieurs centaines, le 9 mai environ 2000, le 5 juin 5000, le 6 juin 6000, le 29 juin environ 15000. Elle leur parla des choses du Ciel, les stimula au repentir, des heures durant. Le 9 mai pendant 9 heures et demie avec un arrêt de 45 minutes; le 6 juin pendant 12 heures avec un arrêt de 45 minutes également.

Pendant l'extase du 15 mai elle entendit Jésus lui dire:

Tu vis la vie publique de Jésus. Courage, courage, épouse très chère!

A la suite de ces extases, quand Alexandrina finissait de revivre la Passion, elle sentait en elle Jésus ressuscité qui, à travers ses lèvres s'adressait à l'humanité, aux pécheurs, d'une façon attristée et solennelle. Alexandrina parlait longtemps avec chaleur, fréquemment elle chantait les beautés et les exhortations de Jésus. Elle chantait des hymnes de louange, d'action de grâces, de repentir, de supplique. D'autres fois elle chantait en colloque avec Jésus qui lui demandait son amour et elle Lui en offrait.

 25 décembre — elle eut sa dernière extase publique:

— « Je suis descendu du ciel et me voici pour la dernière fois dans le cœur de mon épouse pour parler à travers ses lèvres ».

Cette extase se termina par un chant d'adieu et d'au-revoir au Ciel.

L’année 1954 fut l’avant dernière de sa vie. Son état physique continua d’empirer. Elle devint presque aveugle. « Le corps ressemble à l'âme: il n'a pas de vie, pas de lumière », peut-on lire encore dans son Journal du 24 décembre.

Au mois d'avril de cette même année ce fut le 12e anniversaire du commencement de son jeûne. Elle entendit de Jésus ces paroles:

— « Ma fille, Je t'ai placée dans le monde et Je fais en sorte que tu vives uniquement de Moi pour prouver au monde ce que peut l'Eucharistie, ce qu'est Ma vie dans les âmes: lumière et salut pour l’humanité » — elle ne vivait que de la Communion quotidienne

1 octobre — premier vendredi du mois, après la Passion, Jésus lui apparut. De ses plaies sortaient des rayons de lumière, lesquels allaient frapper les plaies de ses pieds, des ses mains et de son cœur. Elle entendit Jésus lui dire:

— « Comme Je l'ai demandé à Marguerite-Marie [Alacoque], Je veux que toi, à ton tour, tu fasses se développer dans le monde cet amour éteint dans le cœur des hommes... Fais, ô mon épouse, fais que se propage dans le monde entier cet amour de nos Cœurs! » (de Jésus et Marie).

Pendant cette dernière période de sa vie, elle expia de façon particulièrement douloureuse les péchés contre la foi et contre l'espérance.

Mais nous voici arrivés à la dernière année: 1955.

Le 7 janvier Jésus lui fit comprendre que cette année serait l'année de sa mort.

— Tu es dans ton année! Tu es dans ton année! Tu es dans ton année! Confie-toi, confie-toi à moi.

Je ne manque jamais à ce que je promets. Mes promesses de Seigneur Suprême, Tout-Puissant, vont se réaliser. Ta mission sur la terre va vite finir.

Confiance ! Confiance ! Le ciel est à toi ; tu y continueras ta mission...

Malgré cela, la lutte pour la foi continua toujours intensément.

Dans son dernier Journal, le 2 septembre l'on peut lire:

Dans une angoisse lancinante je répétais mes actes de foi: “Je crois, Jésus, je crois que c'est pour moi que vous êtes né, que c'est pour moi votre Jardin des Oliviers, votre Calvaire. Je crois, je crois, Jésus, je crois!”

Mon abîme était noir et si profond que seul Dieu pouvait y pénétrer: c'est que fit Jésus. Il est descendu jusqu'à mes profondeurs, ramena à la superficie mon pauvre être et l'illumina avec quelques rayons de Sa lumière.

— Viens ici, Ma fille, lumière et flambeau du monde! Toi qui es ténèbre inégalable, tu es lumière qui brille, phare que tout illumine: la ténèbre est pour toi, la lumière, elle est pour les âmes.

Viens ici, lumière dont Je suis la source, phare dont Je suis le phare.

Puis, à l’approche de l’échéance dernière, la veille même, ce fut le Seigneur Lui-même qui, vers huit heures du matin, juste après la Communion, lui conseilla:

— Ma fille, c’est, maintenant le moment de demander ce que tu désirais — l’Extrême-onction. Tu vas au ciel... Tu vas au ciel!...

Et le cœur en joie, Alexandrina répétais continuellement :

Je veux le ciel... Je ne regrette pas la terre. Il n’y a plus de ténèbres dans mon âme; tout y est soleil... vie... tout y es Dieu.

Ce même jour, vers 15 heures, après avoir fait un acte de résignation et d’acceptation de la mort, Alexandrina demanda pardon à sa mère, à sa sœur, à son confesseur, le Père Alberto Gomes, à monsieur le Curé et aux médecins présents, ainsi qu’à toutes les autres personnes qui se trouvaient alors chez elle; ensuite, elle ajouta:

Mon âme sera-t-elle, maintenant, assez pure pour recevoir l’Extrême-onction? Mon Dieu, je ne peux plus demeurer sur la terre. Oh! Jésus, Jésus, Jésus!

J’ai tout souffert pour le salut des âmes! J’ai été desséchée, broyée, dans ce lit!

J’ai donné ma vie..., mon sang... pour les âmes! Je pardonne à tous, oui, je pardonne... je pardonne à ceux qui ont été des instruments, dans les mains de Dieu, pour mon plus grand bien...

Jésus, pardonnez à tout le monde!

Après cet épanchement plein d’amour et de tendresse, le curé lui administra l’Extrême-onction. A cet instant, le regard tourné vers le ciel, Alexandrina dit encore:

Oh ! quelle clarté ! Tout est lumière ! Il n’y a plus de ténèbres ! Tout a disparu !...

13 octobre 1955. Il est six heures du matin quand, du plus profond de son âme, Alexandrina s’exclama:

Mon Dieu, mon Dieu, je vous aime! Je suis toute à Vous! J’ai besoin de partir! Je n’aimerais pas mourir pendant la nuit... mais je serais contente de mourir aujourd’hui!...

Le 13 octobre est la date anniversaire de la dernière apparition de la Sainte Vierge à Fatima. Alexandrina aimerait, avait-elle dit, mourir en un jour consacré à la Maman du ciel, mais aussi en un jour eucharistique. Ce fut un jeudi que Jésus institua l’Eucharistie. Il se trouve que le 13 octobre 1955 était justement un jeudi. Le Seigneur avait exaucé les deux souhaits de sa fidèle épouse.

Les funérailles d’Alexandrina furent grandioses. De tous les endroits du Portugal, à l’annonce de son décès, par milliers les gens sont venus; à pied, en voiture, en autocar, par le train. Le petit village eut beaucoup de mal à contenir tout ce peuple simple et reconnaissant qui voulait rendre un dernier hommage à celle qui pendant toute une vie de prière, avait été le paratonnerre auprès de Dieu; celle qui pendant plus de treize années ne s’était alimentée que de la sainte Hostie et qui partait maintenant, recevoir, dans la Maison du Père, la récompense de toutes ses souffrances.

Le procès informatif diocésain en vue de la béatification fut terminé en 1973. Le 31 janvier 1983, le décret d’introduction de la cause de béatification auprès de la Congrégation pour la Cause des Saints, fut signé.

Le 8 janvier 1991, le Postulateur Général, Père Luiggi Fiora, présenta officiellement, à la même Congrégation le “Positio super virtutibus” où est recueillie toute la documentation, sur la base de laquelle fut reconnue l’héroïcité de ses vertus.

Et maintenant... il ne nous reste qu’à prier le Seigneur de bien vouloir, dans son Amour miséricordieux, nous accorder la grâce de voir bientôt glorifiée celle qu’Il se choisit Lui-même comme instrument pour la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

Prions aussi notre Maman du ciel, la “Mãezinha”, comme aimait l’appeler Alexandrina, qu’Elle veuille bien intervenir auprès de son divin Fils, afin que, non seulement les portugais se réjouissent de voir glorifier leur compatriote, mais chacun de nous; car tout chrétien se réjouit de la glorification de l’un de ses frères.

Alphonse Rocha

NOTA DE L’AUTEUR :

Alexandrina fut béatifiée par le Pape S. Jean-Paul II le 25 avril 2004.


[1] Que peut se traduire par tendre petite-maman; maman chérie, et bien d’autres termes dont les enfants se servent pour montrer leur amour à leurs mamans. Lire: Main-hi-signe.

[2] Petite ville balnéaire, à 3 kilomètres de Póvoa de Varzim.

[3] Samedi Saint de 1918.

[4] Il y a environ 4 mètres entre le rebord de la fenêtre et le sol du jardin, à l'extérieur.

[5] Voir: “Alexandrina de Balazar”. Éditions Téqui, Paris.

[6] Balazar, 14.10.1934.

[7] Demande faite aussi au Portugal, à sœur Marie du Divin-Cœur, supérieure du Bon-Pasteur à Porto. Cette consécration fut faite par le Pape Léon XIII et juin 1899.

[8] Son premier directeur spirituel.

[9] Summarium. Document officiel de la Sacrée Congrégation pour la cause des saints.

[10] Souvenons-nous de la vision de Marthe Robin lors de la mort du Pape Pie XIII. Elle le vit monter directement au Ciel, entouré par les esprits célestes, en grande joie.

[11] Il s’agit de l’évêque de Macao.

[12] C’est ce que déclara Karl Wolff, ancien Chef d’État-major et qui assurait la liaison entre le Führer et les Commandos SS.

[13] Cette prière a été écrite par Deolinda et par le docteur Azevedo lors d’une extase.

[14] Lettre du 7 novembre 1942 au Père Mariano Pinho, sj.

[15]Mémoires de Sœur Lucie”. Diffusion Éditions du Parvis, Hauteville, Suisse.

[16] L’évêque de Gurza, Mgr Manuel Ferreira da Silva.

 

 

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