V
La sainteté est offerte à tous les hommes. À plusieurs
mystiques la Vierge Marie a déclaré que l'on pouvait se sanctifier dans tous les
états de vie. Notre vie de tous les jours peut, si nous le voulons bien, devenir
une offrande permanente à Celui qui nous conduit sur son chemin, à travers les
joies et les peines... Tous nous devons devenir des saints, des saints de tous
les jours peut-être, mais de grands saints quand même.
Cependant il n'y a pas que les saints de tous les jours; à
certaines âmes, le seigneur demande de Le suivre plus particulièrement sur son
chemin de Croix. Comme Lui qui fut Victime de son amour pour tous les hommes, et
qui accepta de mourir sur une croix, lui le Fils de Dieu, ainsi, parfois, Il
demande à certaines âmes d'être des victimes de son Amour.
Pour bien comprendre ce que signifie: être victime de l'amour
du Christ, il faut d'abord éviter tout dolorisme, puis savoir que le Seigneur ne
fait pas souffrir pour le plaisir, comme le feraient des bourreaux. Les âmes
victimes sont d'abord des réparatrices du Corps mystique du Christ blessé par le
péché des hommes. Ces âmes généreuses souffrent, c'est certain, mais le Seigneur
multiplie pour elles de telles grâces que leurs souffrances, à notre grand
étonnement, deviennent des joies... Mystère de l'amour!
5-1-Jésus a besoin de victimes
Jésus a besoin de victimes? Comment Jésus, Fils de Dieu,
Verbe incarné, comment Jésus, la bonté incarnée, le Rédempteur Sauveur du genre
humain, peut-Il, non seulement désirer des victimes, mais bien plus, en avoir
besoin?...
5-1-1-Jésus a besoin de victimes
Jésus déclare à Alexandrina: "J'ai besoin de plusieurs
victimes pour arrêter le bras de ma Justice et j'en ai si peu!... Remplace-les.
Je veux que tu me fasses aimer dans mon sacrement d'amour, le plus grand des
sacrements... le plus extraordinaire miracle de ma Sagesse... Oh ma fille
chérie, je veux que tu sois toute à moi, toute à moi et que tu ne vives que pour
moi et n’aimes que moi, que tu ne cherches que moi."
Et plus tard, Jésus insiste: "Écoute, ma fille, ton Jésus.
Je suis avec toi pour t’enrichir de mes divins trésors. Combien je t’aime! Je
t’ai choisie pour ma demeure. Je te prépare selon mes désirs. Ne vis que pour
moi. Aime-moi beaucoup. Ne pense qu’à moi. Et, parce que tu t’es généreusement
offerte comme victime pour les pécheurs du monde, je ferai de toi comme un canal
pour distribuer les grâces aux âmes coupables de toutes sortes de crimes. Ainsi
tu feras venir à moi un grand nombre..."
5-1-2-Mais peu d'âmes acceptent et Jésus se plaint
Jésus se confie à Alexandrina: "Combien de victimes j'ai
choisies... Combien de victimes j'ai choisies et qui se sont refusées!...
Combien j'en ai appelées et qui ne m'ont pas entendu!... Combien j'en ai
invitées à une grande élévation vers moi et je n'ai rien obtenu! Combien d’âmes
reculent! Beaucoup, dès le début, beaucoup d’autres à moitié chemin. Elles
veulent tout recevoir de moi, mais rien me donner! Elles veulent réparer, mais
sans immolation ni sacrifice.
Si tous les maîtres et sages de
la sainte Église comprenaient sérieusement, profondément, ma vie divine dans les
âmes, je serais bien plus aimé; je recevrais bien plus de réparation."
5-1-3-Jésus implore Alexandrina
"Sois ma victime...
Si tu m’aimes, si tu es toute à moi, ne me refuse pas ce
que je te demande. Sois ma victime."
Alexandrina raconte:
"En même temps je ne sais pas ce qui s’est passé en moi,
je ne sais pas l’expliquer; je ressentais un très, très grand poids. J’avais
l’impression que mon cœur devenait aussi grand que le monde..." (Lettre du
31 octobre 1934 au Père Mariano)
Alexandrina est sûre que Jésus est consolé. Elle rapporte au
Père Mariano les paroles de Jésus:
"En toi je me suis consolé; de toi j'ai tout reçu!... Si
tu voyais le nombre d'âmes qui se sont sauvées grâce à toi, et spécialement en
ces dernières années par ton jeûne! (Lettre du 9 décembre 1934 au Père
Mariano)
5-1-4-Ce que fut l'offrande d'Alexandrina
Le 31 mai 1936, Alexandrina écrit: "Je me suis offerte à
Notre-Seigneur!... Sans savoir comment, je me
suis offerte à Notre-Seigneur, comme victime et j'ai demandé, maintes fois,
l'amour de la souffrance. J'ai été bien exaucée; maintenant, je ne changerais
pas la douleur contre tous les trésors du monde. Avec quel emportement j'offrais
à Notre-Seigneur toutes mes souffrances. La consolation de Jésus et le salut des
âmes, voilà ma seule aspiration..."
Mais le 12 septembre 1936, Jésus se fait plus suppliant;
Alexandrina raconte:
"Hier, après la Sainte
Communion, je sentais une profonde tristesse sur moi. J’avais le cœur déchiré,
car Jésus pleurait... Ses pleurs me bouleversaient suavement et douloureusement.
Il m’a dit :
– Hélas! Hélas! Écoute ton
Jésus. Je viens à toi, non pour te consoler, mais pour verser mes larmes dans
ton cœur. Je ne peux plus supporter les abominations des pécheurs! Pénitence!...
Pénitence ! ...
Pénitence!... dans le monde
entier!... Qu’il se convertisse sans retard, autrement, il sera rapidement
détruit!... Toi, du moins, compatis à ma douleur, ô mon épouse!... Dis à ton
Père spirituel qu’il fasse savoir au monde ce que je veux: Pénitence, pénitence,
pénitence... Bientôt viendra le jour de la catastrophe.
Je fais connaître ma volonté,
mais on la méprise! Courage! Ne doute pas que c’est ton Jésus qui te parle."
Alexandrina poursuit: "Je n’ai
senti ni consolation ni délices de la part de Notre Seigneur, mais seulement de
la tristesse! Il me semblait que mon cœur éclatait ou qu’on me l’arrachait et je
ne pouvais pas respirer. Cependant, les paroles de Jésus me donnaient paix et
assurance.
J’ai renouvelé mon offrande:
Mon Dieu, je veux être écrasée par amour pour Vous. Voici votre victime. Que je
sois le paratonnerre de vos Tabernacles, pour recevoir les coups des pécheurs et
vous en délivrer.
Mon Père, je voudrais consoler
Jésus, mais je ne sais pas que faire de plus."
(Lettre au Père Mariano)
5-2-Valeur de l'âme victime
En 1935, Jésus explique:
"De la même manière qu’avant que je ne vienne dans le
monde, des victimes étaient immolées dans le temple, ainsi aujourd’hui je veux
immoler ton corps comme victime. Donne-moi ton sang pour les péchés du monde.
Aide-moi dans le rachat. Sans moi tu ne peux rien; avec moi tu peux tout, pour
aider les pécheurs et pour bien d’autres choses."
Jésus est la grande Victime, offerte au Père pour le salut
du monde. Depuis sa Résurrection, c'est dans l'Eucharistie que Jésus continue à
s'immoler. Là, Jésus est notre pain de vie, notre médecine, notre
paratonnerre... Alexandrina a bien compris cela, et a choisi de répondre
pleinement au désir de Jésus.
“Jésus, je vous aime! Jésus, je n’appartiens qu’à vous! Je
suis votre victime, la victime de l’Eucharistie, la petite lampe de vos
tabernacles ! (Voir annexe 4) O Jésus, je
veux être victime pour les prêtres, les pécheurs, ma famille; victime par amour
pour vous, pour votre très sainte Passion, pour les douleurs de la Maman chérie,
pour votre Cœur, pour votre sainte Volonté; victime pour le monde entier!
Victime pour la paix, victime pour la consécration du monde à la Maman du ciel!"
5-3-Choix d'Alexandrina
Nous avons vu plus haut comment Alexandrina s'était offerte à
Dieu, comment elle avait accepté d'être victime de l'Amour de Jésus et de son
Cœur, victime pour les prêtres, pour les pécheurs, de la sainte Volonté de
Dieu... On pourrait penser qu'Alexandrina était allée jusqu'au bout de son
offrande. Mais Jésus allait lui demander encore plus. Le
28 juin 1939, comme le 20 janvier et le 13 juin,
Alexandrina entendit Jésus renouveler sa prédiction concernant la menace de
guerre qui pesait sur le monde. Alexandrina s’offrit comme victime pour la paix
VI
Alexandrina a conscience de la pauvreté de son amour, et elle
s'en ouvre à la Sainte Vierge. Ainsi, en 1934, elle suppliait déjà: "Ô ma
Petite Maman du Ciel, j’ai toute confiance en Vous; je ne sais même pas Vous
expliquer l’amour que j’ai pour Vous. Ô ma Mère, mon amour est grand, mais
j’aimerais qu’il le soit encore davantage. Vous seule pouvez m’obtenir cette
grâce et aussi beaucoup d’amour envers le Vôtre et mon aimé Jésus. Oui,
augmentez-le beaucoup plus! Embrasez-moi dans les flammes du pur amour! Oui,
oui, ma bonne Petite Maman!"
Alexandrina, comblée de consolations en 1934, peut alors
s'adresser à Jésus:
"J’aimerais être en votre présence jour et nuit, à toute
heure, unie à vous, et ne plus jamais vous quitter, o Jésus abandonné dans les
Tabernacles ! Pas un seul instant je ne voudrais m’en absenter; j’aimerais vous
donner tout ce que je possède et qui vous appartient entièrement: mon cœur, mon
corps, avec tout ce qu’il ressent. C’est là toute ma richesse."
En effet, nous dit Alexandrina:
"À cette époque en 1934,
Jésus m'apparaissait, et me parlait souvent. La consolation spirituelle était
grande et les souffrances plus faciles à supporter. En toute chose je sentais de
l'amour pour mon Jésus et je sentais qu'Il m'aimait, étant donné que je recevais
abondance de tendresses. Je cherchais le silence. O comme je me sentais bien
dans le recueillement et bien unie à Lui!... Jésus se confiait à moi. Il me
disait des choses tristes, mais le réconfort et l'amour qu'Il me procurait,
rendaient plus douces ses lamentations. Je passais des nuits et des nuits sans
dormir, à converser avec Lui, dans la contemplation de ce qu'Il me montrait."
La confiance d'Alexandrina envers Marie est totale, et elle
n'hésite pas à lui confier les intentions qui lui sont le plus chères. Ainsi, en
mai 1936, elle prie:
"Petite Maman du ciel, je viens humblement à vos pieds
pour déposer les fleurs spirituelles recueillies pendant le mois. Je suis
confuse: quelle pauvreté! Dans quel état je vous les confie! Elles sont si
fanées et si effeuillées! Mais vous, ô ma très chère Maman céleste, vous pouvez
les transformer, les reverdir, les ravigoter, afin qu’avec elles, à ma place,
vous puissiez apporter consolation et parfum à Jésus! Parlez-Lui de mes peines
et de mes afflictions. Vous connaissez très bien la cause de mes tribulations.
Faites-Lui, une fois encore avec moi, toutes mes demandes et envoyez, au nom de
Jésus, je vous le demande, les pauvres fleurs à qui elles ont été destinées.
Faites tout particulièrement qu’avec elles je confectionne un bouquet pour
l’offrir au Saint-Père, en ce jour de son anniversaire." (Voir
annexe 5)
VII
Notre but, en commençant cette synthèse de la vie et des
œuvres d'Alexandrina de Balasar, était de réaliser un rapide portrait d'une âme
exceptionnelle. Nous avons cherché à montrer comment une personne seule, pauvre,
sans grande formation tant intellectuelle que spirituelle, et de surcroît,
gravement handicapée et atrocement douloureuse, avait pu accomplir une œuvre
aussi difficile et complexe que celle que le Seigneur avait voulu lui confier.
Nous avons vite découvert que la tâche était particulièrement redoutable:
comment dire l'indicible, exprimer l'inexprimable? Les secrets d'amour,
surtout lorsqu'il s'agit des secrets d'amour entre Dieu et une âme choisie, font
partie, en effet, des mystères qu'aucun homme ne peut révéler parfaitement.
À mesure que nous avancions dans la découverte de l'âme
d'Alexandrina, notre émerveillement allait croissant. Mais ce qui nous
bouleversa d'abord le plus, ce fut son courage devant les souffrances qu'elle
accepta par amour pour Jésus et pour le salut de très nombreuses âmes. Peu à
peu, cependant, nous avons compris que ce que nous appelons souvent "les pires
souffrances", peuvent, avec la grâce de Dieu, se transformer en joie, et même en
bonheur; une joie et un bonheur qui ne sont plus de la terre, et que tous les
vrais mystiques ont su découvrir et vivre.
Quand le lecteur aura terminé la lecture de cette synthèse,
peut-être aura-t-il envie d'en savoir plus sur Alexandrina et sur ce qui la
concerne. C'est pourquoi nous conseillons vivement au lecteur de se reporter
d'abord à son "Journal" et aux travaux importants qui ont été consacrés
à sa vie et à sa spiritualité.
Dernière remarque:
Les deux directeurs spirituels qui ont accompagné Alexandrina
nous ont laissé de nombreux témoignages sur elle. Pour qu'ils ne vous soient pas
totalement inconnus, nous avons joint en annexe un bref résumé de leur vie.
Voici l'hymne aux Tabernacles que composa Alexandrina dès le
début de a vie mystique :
Ô Jésus, je veux que chacune de mes douleurs, chaque
battement de mon cœur, chacune de mes respirations, chaque seconde de ma vie,
chaque minute, soient autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque mouvement de mes pieds, de mes
mains, de mes lèvres, de ma langue, chacune de mes larmes, chaque sourire, joie,
tristesse, tribulation, distraction, contrariété ou ennui, soient autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je veux que chaque lettre des prières que je
récite ou entends réciter, toutes les paroles que je prononce ou entends
prononcer, que je lis ou entends lire, que j’écris ou vois écrire, que je chante
ou entends chanter, soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque baiser que je déposerai sur vos
saintes images, celles de la vôtre et ma sainte Mère, celles de vos saints et
saintes, soient autant d’actes d’amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je veux que chaque goutte de pluie qui tombe
du ciel sur la terre, que toute l'eau des océans et tout ce qu'ils renferment,
que toute l'eau des fleuves et des rivières, soient autant d'actes d'amour pour
vos Tabernacles.
Je vous offre les feuilles de tous les arbres, et tous
les fruits qui sur eux mûrissent; chaque pétale de toutes les fleurs; toutes les
graines que contient le monde; tout ce qu'il y a dans les jardins, dans les
champs, dans les vallées, sur les montagnes: tout cela je veux vous l'offrir
comme autant d'actes d'amour pour vos tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre les plumes des oiseaux et leurs
gazouillements, les poils des animaux et leurs cris, comme autant d'actes
d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre le jour et la nuit, la chaleur
et le froid, le vent, la neige, la lune, le clair de lune, le soleil, les
étoiles du firmament, mon sommeil et mes rêves, comme autant d'actes d'amour
pour vos Tabernacles.
Je veux que chaque fois que j'ouvre ou ferme les yeux,
ce soit autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, je vous offre toutes les grandeurs, richesses
et trésors du monde, tout ce qui se passe en moi, tout ce que j'ai l'habitude de
vous offrir, comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
Ô Jésus, le ciel et la terre, l'océan et tout ce qu'ils
contiennent, je vous les offre comme s'ils m'appartenaient et si je pouvais en
disposer; acceptez-les comme autant d'actes d'amour pour vos Tabernacles.
On peut ajouter ici quelques confidences de Jésus à son
épouse bien-aimée. Avec beaucoup de tendresse, le Seigneur lui dit en 1935 :
"Ma fille, Je suis avec toi. Si tu savais combien Je t'aime, tu mourrais de
joie."
A compter du jour où elle s'est offerte comme victime, en
1933, Alexandrina a toujours récité cette petite prière :
"Ô Jésus, mettez sur mes lèvres un sourire trompeur,
afin que je puisse cacher aux autres le martyr de mon âme; il suffit que Vous
seul connaissiez ma souffrance."
Les infestations diaboliques
Pendant deux ans, 1937 et 1938, le Seigneur a permis que le
démon tourmentât Alexandrina avec une certaine liberté.
"Il y eut des jours, déclara Alexandrina, pendant
lesquels le démon me tentait à tel point que j'avais la sensation que tout
l'enfer était tombé sur moi."
Voici quelques extraits des lettres destinées à son
directeur, le Père Mariano Pinho.
"Le démon me suggérait de me suicider; il me disait que
pour ce faire, il me fournirait un moyen indolore et facile; que je souffrais
inutilement, sans espoir de recevoir la moindre récompense; que le Seigneur ne
m'aimait pas tout à fait; que vous (le directeur spirituel) ne croyiez rien de
ce que je vous écrivais; que les choses que je ressentais en moi quand le
Seigneur me parlait n'étaient rien d'autre qu'un reflet du temps et de ma
maladie.
Ce fut en juillet 1937 que le boiteux
,
non content de tourmenter ma conscience et de me dire des choses
obscènes, a commencé à me jeter en bas du lit, aussi bien la nuit qu'à n'importe
quelle heure de la journée. Au début, je l'ai caché aux personnes de la maison,
excepté à ma sœur. Par la suite, le mal augmentant, j'ai dû informer ma mère et
la jeune fille que nous avions à la maison. Toutes deux, pendant les attaques
démoniaques, se sont proposées pour chanter, afin que les gens, passant dans la
rue, ne puissent pas entendre ce qui se passait à l'intérieur."
Les personnes présentes confirmèrent ces faits au Père
Umberto lors de l'instruction du procès, en vue de la béatification.
"Ceux qui regardaient mes blessures après ces chutes,
continue Alexandrina, restaient attristés, mais ils ne pouvaient en aucun cas se
faire la moindre idée de ce qui en était la cause. Les jours passaient et moi,
j'allais de mal en pis. Deolinda a été obligée de dormir sur un matelas posé à
même le plancher, à côté de mon lit. Une nuit, le démon me lança avec force
contre le mur en survolant la couchette de ma sœur. Deolinda se leva, me saisit
avec force et, sévèrement m'ordonna: 'Vite, au lit!" et me coucha. Mais, au même
moment, avec une rapidité que je ne saurais expliquer, je me suis relevée et un
sifflement très aigu est sorti de ma bouche. Comprenant immédiatement le mal
occasionné, j'ai commencé à pleurer, m'exclamant : 'Pauvre de moi, qu'est-ce que
j'ai encore fait là ?'
Deolinda me tranquillisa en disant : 'Ne t'affliges pas, ce
n'était pas toi !' Mais la nuit suivante, il est arrivé la même chose et, quand
ma sœur a voulu me remettre au lit, j'ai crié : 'Je ne veux pas!' et je l'ai
repoussée. Combien j'ai pleuré quand je suis revenue à moi !
Une nuit pendant laquelle le démon me ballottait dans les
quatre coins de la chambre, sans que ma sœur réussisse à me retenir, des
scrupules m'envahirent, me faisant croire que je ne pourrais recevoir la
Communion sans avant m'être confessée. Ce fut là l'une des épreuves les plus
douloureuses et, elle s'est répétée plusieurs fois d'une manière assez
furieuse : sur mon corps restaient visibles les signes violents des blessures,
et les traces de sang des morsures.
J'aurais aimé que plusieurs personnes puissent assister à ces
scènes afin qu'elles soient convaincues de l'existence de l'enfer et n'aient
plus envie d'offenser le Seigneur. Uniquement pour cela, je l'aurais voulu. Si
je ne vous en raconte pas d'avantage, c'est que mon âme ne tient pas au souvenir
de ces souffrances."
Que la volonté de Dieu soit faite!
Le Père Mariano, lui aussi, témoigne :
"Depuis longtemps le démon
tourmentait Alexandrina, de plusieurs manières, mais ne l'avait jamais touchée.
Par la suite, toutefois, après avoir menacé qu'il la ruinerait, il est arrivé à
des excès effrayants.
Il n'y avait presque plus aucun
moment dans la journée, où Alexandrina ne se sache poursuivie par lui, tout
particulièrement de midi à quinze heures. Ensuite, pendant la nuit, à partir de
vingt et une heures. Pendant ces deux attaques quotidiennes, il ne s'agissait
pas seulement d'infestations diaboliques, mais aussi de vraie possession.
Quelquefois j'étais présent,
affirme le Père Pinho. Par exemple, le 17 octobre 1937. Durant cette lutte,
elle, paralysée et sans force (elle ne pesait alors que 33 kilos!), essayait
violemment de se jeter contre les ferrailles du lit, de se mordre; quatre
personnes ne réussissaient pas à l'immobiliser complètement.
Ainsi il arriva que, ce 17
octobre 1937, le démon lui fît dire des blasphèmes et des paroles obscènes, dont
elle-même ignorait la signification, comme elle me le déclara ensuite. Pendant
l'un de ces moments épouvantables, j'ai interrogé, en latin, le démon, lui
demandant de me dire qui il était. Il me répondit immédiatement et sans
hésitation: 'Je suis Satan et je te haïs.'
Pour plus d'assurance, j'ai
changé la phrase, mais toujours en latin; la réponse, immédiate, fut celle-ci: 'C'est
moi, c'est moi, n'en doute pas'.
Je me souviens d'avoir alors
célébré la Messe dans la chambre, mettant en avant comme première intention, la
libération d'Alexandrina de tant de tourments, sans en avoir parlé, toutefois, à
la malade. À la fin de la Messe, je me suis approché d'Alexandrina qui, sans
autre préambule me déclara:
Le Seigneur m'a dit qu'Il ne
peut vous accorder ce que vous lui avez demandé, car Il a besoin de ma
souffrance pour aider les pécheurs. Alors je lui ai demandé:
– Mais qu'est-ce que j'ai
demandé au Seigneur ?
Et elle de me répondre:
– Qu'Il me libère de ces
attaques du démon.
– Vous ne voulez donc pas que
je demande cette grâce et que le Seigneur vous donne une autre souffrance, qui
remplacerait celle-ci?
– Non, mon Père, priez plutôt
pour que partout, la volonté de Dieu soit faite."
"Les ténèbres tombaient sur moi"
Quelquefois, l'effort physique que
faisait Alexandrina, pour réagir et éloigner d'elle certaines images et scènes
abominables, était si grand qu'elle se glissait sous les oreillers; les
familiers devaient alors la remettre en place. D'autres fois, c'était un ange,
spécialement pendant la nuit, lorsque Deolinda était absente, qui remplissait
cet office.
A partir de 1945, Satan eut
recours à d'autres persécutions; par contre, il ne fut plus autorisé à la
toucher. Ainsi, un après-midi, les personnes de la famille s'aperçurent que le
lit d'Alexandrina était entouré d'une fumée épaisse et nauséabonde.
Le Père Umberto, témoin de ces
assauts et apitoyé par l'état de la malade, délégua à Deolinda le pouvoir
d'ordonner en son nom au démon de s'éloigner, en utilisant de l'eau bénite. Très
souvent Alexandrina, sans qu'elle s'en rendit compte, fut ainsi libérée à
l'instant même.
Malgré son poids, le lit
d'Alexandrina subissait de fortes et formidables secousses. À ceux qui lui
demandaient une explication, Alexandrina répondait par un sourire rassurant.
Pourtant Alexandrina avouera un jour:
"Plus le Seigneur augmentait
sur moi ses grâces et ses faveurs, plus les doutes et les craintes de me tromper
et de tromper mon Directeur spirituel, ainsi que ceux qui vivaient autour de
moi, augmentaient elles aussi. Mon martyre n'en était que plus grand. J'avais
l'impression que tout était faux et inventé par moi. Mon Dieu, quel déchirement
pour mon cœur! Les ténèbres tombaient sur moi: il n'y avait personne pour
me montrer le chemin."
Toutes ces manifestations:
ténèbres, odeurs de souffre brûlé, fumées nauséabondes, qui entouraient le lit,
étaient les signes de la fureur satanique qui s'acharnait sur elle.
“Je vais au ciel...”
Le 7 janvier 1955 Jésus, qui
l’avait maintenue en vie de façon extraordinaire, lui murmura: "Il n’y a plus
de souffrances à inventer pour toi." Puis, Il l’avertit:
– Ma fille, c’est ton année.
Aie confiance en Moi. Je ne manque jamais à ce que Je promets. Mes promesses de
Seigneur suprême et omnipotent sont tout près de se réaliser. Ta mission sur la
terre se terminera bientôt: aie confiance. Le ciel est à toi. Là-haut tu
continueras ta mission.
Le 25 mars, fête de
l’Annonciation, Il rappelle: "Il ne reste plus guère de temps pour que tu
arrives au sommet. Tu diras ton Consummatum est et tu t’envoleras vers le ciel."
Au mois d’avril, Jésus lui parla
encore “de la dernière phase de sa vie” et lui révéla qu’"elle ne
pourrait être davantage douloureuse..." Mais Il ajouta: "Ton ciel est
tout proche." Le 13 mai ce fut l'exhortation: "En avant, courage !
Accroche-toi à Moi, ma fille. Viens, Je suis ton Jésus."

Enfin, le 26 août 1955 Jésus lui
révéla:
"Mes colloques avec toi seront
comme une rencontre entre amis qui se rappellent leur ancienne amitié. Ta
lente disparition commence." Le 2
septembre, lors de la dernière et très brève extase, Jésus se fit consolateur:
"Ne m’as tu pas dit si souvent que tu voulais te consumer et disparaître
dans mon Cœur? Courage, courage! J’ai pris à la lettre tout ce que tu me
disais."
Deux vendredis de suite, au mois
de septembre, le prêtre étant absent de la paroisse, Alexandrina reçut la
Communion de la main des anges. La première fois ce furent trois anges qui la
lui portèrent; la deuxième fois, ils étaient une multitude. Délicatesses
divines.
“Je me suis consumée pour les
âmes...”
Le 2 octobre 1955, Alexandrina se
tourna tout à coup vers Deolinda et lui dit: "Aujourd’hui c’est la fête
des Anges. Ce matin j’ai senti que l’un deux me touchait l’épaule, et en même
temps, j’ai entendu ces paroles: 'Qui chantera avec les anges. Toi... toi...
toi... Bientôt, bientôt'."
Le 12 octobre à deux heures, alors
que Deolinda lui remettait en ordre le lit, Alexandrina lui demanda d’appeler
son confesseur, le Père Alberto Gomes, pour le remercier et obtenir son
autorisation pour faire un acte de total renoncement. À sept heures, elle reçut
la Communion des mains de Monseigneur Mendes do Carmo, du diocèse de Guarda, qui
célébrait dans sa chambre.
Jésus dit à Alexandrina:
"Viens au ciel, viens au ciel!"
À quinze heures, le Curé, le
confesseur, Monseigneur Mendes do Carmo, le docteur Manuel Augusto Dias de
Azevedo et tous les membres de la famille entrèrent dans la chambre et
s’agenouillèrent tous. Alexandrina récita une dernière fois:
"Ô Jésus Amour, ô divin
Époux de mon âme, je veux, à l’heure de ma mort, vous faire un acte de
renoncement à tout et à tous."
Et tout aussitôt elle ajouta: "Mon
Dieu, comme je vous ai toujours consacré ma vie, je vous offre aussi ma fin
dernière, en acceptant avec résignation la mort et toutes les circonstances qui
Vous procureront la plus grande gloire."
Puis, d’une voix claire, elle
demanda pardon à tous ceux qui étaient là, elle les remercia et promis de se
souvenir de chacun d'eux, au ciel. Le Curé lui administra l’Extrême-onction. Par
trois fois le visage d’Alexandrina s’éclaira d’un sourire et son regard semblait
rempli de joie. Se tournant vers les personnes présentes qu’elle voyait en
pleurs, elle dit: "Ne pleurez pas, car je vais au ciel."
Puis elle murmura avec peine:
– Ô Jésus, je ne peux plus
rester sur la terre... J’ai tant souffert, en cette vie, pour les âmes.
Je me suis pressée, je me suis consumée sur ce lit, jusqu’à donner mon sang pour
les âmes... Ô Jésus, pardonnez au monde entier!... Je me sens si heureuse
d’aller au ciel."
Son regard très doux était
transfiguré par un lumineux sourire. Le médecin traitant s’approcha d’elle,
avant de la quitter. Alexandrina lui parla: "Docteur, comme vous aviez
raison. Quelle lumière! Les ténèbres sont disparues. Tout a disparu... Que de
lumière..."
C’était la nuit du 12 au 13
octobre 1955, une nuit d’agonie.
A l’aube, Alexandrina demanda à
Deolinda de lui faire baiser le Crucifix et la médaille de Notre-Dame des
Douleurs. Un doux sourire effleura ses lèvres. À huit heures elle communia pour
la dernière fois.
Durant la matinée beaucoup de
personnes vinrent la visiter. À un groupe de personnes, elle recommanda: "Ne
péchez pas. Le monde ne vaut rien. Communiez fréquemment. Récitez le Rosaire
tous les jours. Adieu, nous nous reverrons au ciel."
Vers onze heures, Alexandrina se
tourna vers le médecin traitant et lui dit avec joie: "Le moment approche!"
À 11h25 elle dit: "Je suis heureuse, car je vais au ciel."
Le médecin lui recommanda:
"N’oubliez pas... priez beaucoup pour nous..." Alexandrina fit un signe
d’acquiescement. Vers 19h30, Deolinda lui dit tout bas: "Oui, au ciel, mais
pas tout de suite..." Alexandrina poussa un soupir et murmura tout bas:
"Oui, au ciel... tout de
suite... maintenant!"
À vingt heures elle embrassa très
longuement la Crucifix. Vingt neuf minutes après, sans le moindre tremblement,
sans le moindre sursaut, elle expira.
C’était un jeudi, “son jour de
prédilection”, le 13 octobre, le jour anniversaire de la dernière
apparition de Marie à Fatima.
Une prière d'Alexandrina
Ô mon Jésus, je m’unis spirituellement à toutes les Hosties
de la terre, dans tous les lieux où vous habitez au Saint-Sacrement; je veux y
passer tous les moments de ma vie, constamment, de jour comme de nuit, joyeuse
ou triste, seule ou accompagnée, à vous consoler toujours, à vous adorer, à vous
aimer, à vous louer, à vous glorifier!
Ô mon Jésus, je voudrais que tant d’actes d’amour tombent sur
vous, constamment, de jour comme de nuit, comme la pluie fine qui tombe du ciel
pendant une journée d’hiver. Je ne voudrais pas ces actes d’amour uniquement de
moi, mais de tous les cœurs, de toutes les créatures du monde entier. Oh! Comme
je voudrais aimer et vous voir aimé de tous! Vous voyez, ô Jésus, mes désirs:
acceptez-les comme si déjà je Vous aimais!
Ô Jésus, qu’il n'y ait dans le monde un seul lieu où vous
demeurez au Saint-Sacrement, sans qu’aujourd’hui et pour toujours, à chaque
instant de ma vie, je n’y sois pour Vous dire: “Jésus, je vous aime! Jésus, je
n’appartiens qu’à vous! Je suis votre victime, la victime de l’Eucharistie, la
petite lampe de vos tabernacles!"
Alexandrina associait généralement Jésus et Marie, dans sa
prière. Les Fleurettes de 1935 en sont un bel exemple. Dans ces
invocations, Alexandrina demande un véritable amour envers la très sainte Maman
et Jésus au Saint-Sacrement. Pour cela, et pour répondre à toutes les intentions
qui lui sont confiées, elle est prête à accepter toutes les souffrances qui lui
seront présentées. Voici quelques-unes de ces fleurettes:
Par amour pour Jésus et Marie, je souffrirai pour tous les
prêtres. Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour
quelques pécheurs qui m’ont été ardemment recommandés. Par amour de Marie et de
Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour tous les pécheurs du monde. Par
amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai pour obtenir un
amour fou envers la Maman du ciel... Par amour pour Marie et Jésus au
Saint-Sacrement, je souffrirai pour mon directeur spirituel...
Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour obtenir un amour ardent pour mon Jésus au Saint-Sacrement et
qu’il soit aimé par tous au Saint-Sacrement...
Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai sans me plaindre. Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement,
je souffrirai tout ce qui est de la volonté de Dieu, je souffrirai tout à la
mémoire de la Passion du Seigneur.
Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai tout pour ma mère. Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement,
je souffrirai tout pour le Saint-Père et pour les besoins de l’Église. Par amour
pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout en l’honneur des
douleurs de la Maman céleste...
Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je leur
donne mon corps comme victime et je renouvelle le vœu de virginité. Par amour
pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour obtenir de ne
penser qu’au Jésus et Marie. Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement,
je souffrirai tout pour obtenir de vivre dans une grande intimité avec mon Ange
Gardien.
Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement,
j’observerai le silence. Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai tout pour obtenir l’amour de la très Sainte-Trinité. Par amour pour
Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai afin de tout obtenir du
Seigneur et pour être sainte. Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement,
je renouvellerai le vœu de tout offrir pour les âmes du Purgatoire.
Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai pour la conversion et pour tous les besoins de ma famille. Par amour
pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je souffrirai tout pour les pécheurs qui
sont tout près d’être présentés devant Dieu.
Par amour pour Marie et Jésus au Saint-Sacrement, je
souffrirai tout pour obtenir l’amour de tous les saints et saintes.
À tant d'amour, Marie répondit:
Ma petite fille, enfant
de prédilection de Jésus, viens! Je suis la Mère du Rosaire, je suis la Mère du
Carmel. Cachée dans mon sein, serrée contre mon Cœur, reçois dans tes mains le
Rosaire qui pend des miennes. Sur le Rosaire, je place le Scapulaire.
Quand Jésus demanda à Alexandrina:
"Sois ma victime!" Il lui expliqua en même temps de quelle façon
l'Eucharistie perpétuait sa Passion, et comment une âme, en union avec
l'Eucharistie, pouvait souffrir pour le salut des pécheurs:
Va, mon épouse fidèle, va de
tout ton cœur et par ta réparation guérir les plaies qui Me sont constamment
ouvertes par les péchés. Ces douleurs sont davantage horribles que celles du
Calvaire. Combien de clous, combien de couronnes d'épines, combien de coups de
lance! Va, va passer une partie de la nuit auprès de Mes Tabernacles, avec
beaucoup d'amour et de ferveur. Je suis avec toi, dans le tabernacle de ton cœur
et toi, tu seras dans Mes Tabernacles du monde entier.
Jésus expliqua la valeur de la
souffrance acceptée par amour. Ses mots peuvent nous paraître durs, à nous,
hommes du XXIe siècle... Pourtant, prononcés dans la première partie
du XXe siècle, ils semblent nous concerner directement. Jésus parle:
Ma fille, la souffrance est
la clef du ciel. Combien J'ai souffert pour ouvrir le ciel à l'humanité; mais
hélas, pour beaucoup inutilement. Ils disent: 'Je veux jouir, je ne suis venu au
monde que pour le plaisir.' D'autres clament: 'Il n'y a pas d'enfer!'. Je suis
pourtant mort pour eux et ils disent que personne ne M'y a obligé, ou alors ils
tissent contre Moi des hérésies et profèrent des blasphèmes. Pour les sauver, Je
choisis certaines âmes, Je dépose sur elles la croix et me propose de les aider.
Heureuse l'âme qui comprend la valeur de la souffrance! Ma croix est suave,
quand elle est portée avec amour.
En divers colloques Jésus lui
demanda:
Ne Me refuse aucune souffrance,
aucun sacrifice. Si tu M'aimes, si tu M'appartiens entièrement, ne Me refuse pas
ce que Je te demande: sois Ma victime.
Et Jésus stimulait Alexandrina à
s'offrir, tout en précisant:
Tout ce que Mes adorateurs Me
demandent dans l'Eucharistie sera accordé, puisque l'Eucharistie est le remède à
tous les maux. Prie pour les malheureux pécheurs, car ils ne se souviennent plus
qu'ils ont une âme à sauver et qu'une éternité les attend dans peu de temps.
Le Père Mariano Pinho naquit à
Porto, le 16 janvier 1894. Il entra à la Compagnie de Jésus le 7 décembre 1910.
Jeune jésuite, il fut d'abord envoyé au Collège António Vieira, à Bahia, au
Brésil, où il fonda la revue "Légionnaire des Missions".
Après un bref passage au Portugal
en 1923, il repartit aussitôt à Innsbruck, en Autriche pour étudier la
théologie. Il suivit ensuite les cours de l’Université de Comillas, en Espagne,
où il obtint son doctorat.
De retour dans sa patrie, il
devint un promoteur infatigable de plusieurs Congrégations Mariales et de la
Croisade Eucharistique.
Le Père Mariano Pinho rencontra
Alexandrina Maria da Costa, en 1931, et devint son directeur spirituel dès 1932.
Le Seigneur dit alors à Alexandrina: "Obéit en toute chose à ton Père
spirituel. Ce n'est pas toi qui l’as choisi; c’est Moi qui te l’ai envoyé."
Le Père Mariano exerça cette charge jusqu’en 1942. Il collabora étroitement avec
Alexandrina, sa dirigée, qui avait reçu la mission de demander au Pape la
Consécration du monde au Cœur de Marie.
Lorsque, en 1938, le Père Pinho
prêcha la Retraite de l’Épiscopat Portugais, il suggéra aux évêques d'adresser
au Saint-Père une supplique collective pour demander cette consécration. Par
ailleurs, il envoyait deux lettres, sur le même sujet, au Secrétaire du Pape, le
Cardinal Eugène Pacelli. Ce dernier, élu pape le 2 août 1939, prit le nom de Pie
XII. Quelques jours plus tard le Seigneur confiait à Alexandrina: "Ce sera ce
Pape qui fera la consécration."
Le monde entier appartenait déjà
au Sacré-Cœur de Jésus; le monde entier allait bientôt appartenir au Cœur
Immaculé de Marie. En effet, le 31 octobre 1942, Pie XII,
s’adressant au peuple portugais et dans leur langue, fit la consécration du
monde au Cœur Immaculé de Marie, consécration qu’il renouvela à Rome, le 8
décembre suivant, en la Basilique Saint-Pierre.
Alexandrina et le Père Pinho
auraient dû se réjouir... Malheureusement, suite à une série de calomnies et
d’informations tendancieuses, dès le 1er octobre 1942, le Père Mariano Pinho
recevait, de son Supérieur, l’ordre formel de cesser toute relation avec
Alexandrina, "directe ou indirecte, personnelle ou écrite".
Pour le punir –mais de quoi?- on
l'envoya dans un Séminaire mineur de la Compagnie de Jésus. Bien plus tard, son
supérieur, écrivant au Saint-Siège, déclarait: "Il souffrit, comme les
saints, les pires calomnies et tribulations, sans une lamentation et sans briser
sa joie spirituelle." Le Cardinal Dom Manuel Gonçalves Cerejeira à son tour
témoigna, en disant de lui: "C’était un saint!"
Plus tard il retourna au Brésil,
où il poursuivit son activité spirituelle. Il décéda à Recife le 11 juillet
1963.
Don Umberto Pasquale naquit le 1er
septembre 1906 à Vignole Borbera, en Italie. Accueilli à Valdocco (Turin) en
1919, il fréquenta pendant deux ans le gymnase des salésiens. Malgré de
sérieuses résistances paternelles, il réussit à entrer au séminaire de Stazzano.
Après sa troisième année de théologie il revint chez les Salésiens.
Umberto, novice à Borgomanero,
aurait voulu aller dans une léproserie en Columbie. Mais ses Supérieurs
l'envoyèrent d'abord au Portugal... Ce séjour, -provisoire- dura 15 ans. Après
son ordination sacerdotale, à Lisbonne, en 1935, on lui demanda d'ouvrir, en
1937, la Maison salésienne de Mogofores qui fut érigée en noviciat. Il s'occupa
également de multiples œuvres et plus particulièrement des Éditions Salésiennes
qui, en 1945, déménagèrent à Porto. Rappelé en Italie en 1948, Le Père Umberto
fut affecté au Centre Catéchétique Leumann, à Turin.
En 1942, le Père Umberto devint le
nouveau directeur spirituel d'Alexandrina de Balasar. C'est lui qui imposa à sa
dirigée la rédaction de son Journal, ce qu'elle fit avec répugnance, mais
en esprit d'obéissance...
Après son retour en Italie, le
Père Umberto Maria Pasquale continua à recevoir le Journal d'Alexandrina
.
Il devint plus tard son principal biographe.
En 1965, le Père Umberto fut
appelé à Balasar pour préparer le Procès Informatif Diocésain, dans lequel il
fut l’un des principaux témoins. Le 7 mai 1973 il portait toute la documentation
à Rome.
Il mourut à Rivoli (Turin) le 5
Mars 1985.
Paulette Leblanc
Note
importante
La plupart des documents qui nous
ont permis la rédaction de cette synthèse sur Alexandrina Maria da Costa de
Balasar, proviennent du site Internet:
http://alexandrina.balasar.free.fr/alexandrina.htm
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