Le bienheureux Amadeu naquit au sein d’une noble
famille portugaise, en 1420.
A vingt-deux ans, il se retira au monastère de
Guadalupe, en Espagne, célèbre à cause d’une apparition de la Vierge. Il ne s’y
retira pas pour mener une vie tranquille, bien au contraire : il rêvait
d’entreprises héroïques et périlleuses.
Il se rendit à Grenade, centre arabe, afin de
convertir les infidèles ou mourir martyr. Il ne réussit qu’à être battu de
verges, étant ensuite reconduit au monastère.
Il pensa alors s’embarquer pour l’Afrique. Une
tempête le jette sur les côtes portugaises.
Il changea alors d’Ordre et entra chez les
franciscains, afin de pouvoir partir comme missionnaire dans une quelconque
partie sauvage du monde. Il fut alors envoyé à Assise, siège général des
franciscains et ville éminemment mystique. Il comprends alors que le Seigneur
l’appelait sur une autre voie différente de celle qu’il avait rêvée. Il accepta
humblement les desseins de la Providence, avec cette sérénité dont seuls les
saints sont capables : obéir toujours, toujours obéir…
Par obéissance, il alla à Perugia, à Brescia, à
Milan. Et seulement à l’âge de trente-neuf ans, et encore par obéissance, il
célébra sa première messe.
Toujours par obéissance, il se rendit à Rome, où le
pape Sixte IV, lui aussi franciscain, lui confia le couvent de Saint Pierre in
Montorio et le nomma son directeur spirituel.
Parti pour convertir les Maures, avec le désir du
martyr, Amadeu de Portugal finit donc comme directeur spirituel du Pape. Ce qui
ressemblait à une ironie du sort, n’était en effet qu’une simple leçon.
Il ne décéda pourtant pas à Rome, mais à Milan, où
il s’était rendu pour visiter le monastère qui lui était confié.
Il laissa un livre sur l’Apocalypse qui ne lui
procura aucune renommée, alors que l’auréole de sa sainteté perdure le long des
siècles.
Le couvent de Sainte Marie des Grâces à Ponticelli
in Sabina est reconnu comme la perle de la Sabina par son patrimoine artistique,
religieux et historique. Il fut érigé en 1478 grâce aux libéralités du comte de
Nerola, Raymond Orsini. Le site choisi pour la construction de celui-ci fut
Ponticelli in Sabina où le bienheureux Amadeu da Silva e Menezes avait
l’habitude de se retirer pour prier.
Le religieux portugais y avait trouvé une statue de
la Vierge provenant de la chapelle du château de Nerola. Cette statue avait été
déposée là lors des travaux de rénovation des remparts et du château lui-même,
puis oubliée. Et ce fut devant cette image que le religieux pria et demanda la
guérison du fils du comte Orsini, raison pour laquelle cette famille promit
d’édifier un sanctuaire pour y abriter ladite image et aider le bienheureux à
propager la dévotion mariale. L’image de facture anonyme du XIIIe
siècle fut appelée Sainte Marie des Grâces.
En 1566, Pie V supprima la congrégation issue de
l’action d’Amadeu et le couvent, sous les instances du cardinal Flavio Orsini,
fut confié aux frères mineurs réformés de l’Observance.
Selon cette dernière source, le bienheureux
s’appelait João da Silva e Menezes, et prit le prénom d’Amadeu lors de la prise
d’habit.
Le monastère hébergea des hôtes devenus célèbres,
tels que saint Charles de Sezze, le bienheureux Bonaventure de Barcelone et le
vénérable Jean-Baptiste de Bourgogne.
Amadeu da Silva — frère de sainte Beatriz da Silva
—, décéda à Milan en 1482.
Alphonse Rocha
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