Saint Amatre naquit à Auxerre, dans le
cours du IVe siècle, de Proclidius, riche habitant de
cette ville, et de Isiciole, dame d'Autun. Zélé dès sa jeunesse pour
le service de Dieu, il étudia les saintes lettres, sous la conduite
de Valérien, son évêque. Quand il fut arrivé à l'âge de s'établir,
son père voulut le marier à une riche héritière de la ville de
Langres, nommée Marthe; le jour du mariage, il avait prié saint
Valérien, évêque d'Auxerre, de vouloir bien venir lui-même bénir le
lit nuptial ; mais Valérien, sans doute par la permission de Dieu,
au lieu de réciter les prières en usage dans cette circonstance, lut
la bénédiction qu'on prononçait sur les personnes qui se consacrent
à Dieu. Amatre et Marthe, qui seuls s'en étaient aperçus, se
promirent de vivre comme frère et sœur; plus tard, après la mort de
saint Valérien, ils allèrent trouver saint Elade, son successeur,
pour obtenir d'être reçus, l'un parmi les clercs, et l'autre parmi
les religieuses Elade les bénit et coupa les cheveux au jeune homme,
avant de l'admettre au nombre des clercs.
Amatre n'était encore que diacre,
lorsqu'il fit sentir sa fermeté à Palladie, dame autunoise, qui,
passant les fêtes de Pâques au faubourg d'Auxerre où elle avait un
riche domaine, était venue à l'église revêtue d'habits trop
somptueux. Il la guérit ensuite miraculeusement d'une maladie,
convertit et baptisa son mari.
Un autre prodige vint le signaler à
l'attention publique une légion de démons chassée de l'îlè
Gallinaria, par saint Martin de Tours, vint hanter le Mont-Artre,
près d'Auxerre il l'en chassa par la vertu du nom de Notre-Seigneur
Jésus-Christ.
Élevé à l'épiscopat l'an 386, il
s'employa tout entier à la sanctification de son troupeau. Il
conquit à Jésus-Christ une si grande multitude de fidèles, que
l'ancienne et unique basilique d'Auxerre étant devenue trop étroite
pour les contenir, il en construisit une plus vaste dans l'enceinte
des murs de la ville. Il la dédia en l'honneur de saint Etienne,
premier martyr. Animé par son zèle pour la vraie religion, il ne
craignit pas d'exciter la colère de Germain, gouverneur du pays, en
faisant couper, malgré lui, un arbre qui entretenait dans le pays de
vaines superstitions. Il se serait volontiers exposé au martyre en
affrontant la colère de Germain, s'il n'eut apprit par révélation
divine que ce même Germain serait son successeur et un très-grand
serviteur de Dieu.
Il s'éloigna pour quelque temps de sa
ville épiscopale et se dirigea vers Autun, soit pour donner au
courroux de Germain le temps de s'apaiser, soit pour demander au
préfet des Gaules, Julius, l'autorisation de conférer les Ordres au
gouverner d'Autun, qui était loin, en ce moment, de soupçonner ce
que la miséricorde de Dieu voulait faire de lui.
Son historien particulier, Etienne
Africain, nous apprend quelques circonstances de ce voyage. Saint
Amateur, traversant la forêt de Goulou, les paysans qui le
reconnurent pour un évêque au petit reliquaire qu'il portait au cou,
lui frayèrent un chemin. Le Saint bénit leur nourriture et guérit un
malade par le signe de la croix. Ce miracle lui attira les
acclamations de toute la contrée. Non loin de là, il rencontra un
riche habitant de la ville d'Alise, nommé Suffronius, qui faisait la
recherche d'une certaine quantité d'argenterie qu'on lui avait
enlevée. Ce seigneur se joignit au saint évêque qui le consola, et
lui donna l'espoir d'une prompte restitution. Les voleurs furent en
effet rencontrés à trois milles de là, et la restitution fut faite
comme le Saint l’avait prédit, et détermina Suffronius à leur
pardonner, et à leur faire seulement promettre sur le tombeau de
saint Andoche et de saint Thyras, qu'ils changeraient de vie. Cette
circonstance nous apprend que la rencontre se fit dans le voisinage
de Saulieu où était ce tombeau de nos saints Apôtres.
Saint Amateur, approchant d'Autun, y
fut reçu avec une grande pompe : l'évêque, saint Simplice, alla
au-devant de lui avec son chapître et le préfet avec ses officiers.
Le lendemain, saint Amateur ayant demandé audience au préfet, ce
religieux magistrat s'avança pour le recevoir, et commença par lui
demander sa bénédiction. Le saint évêque, après la lui avoir donnée,
lui parla ainsi : « Dieu m'a fait la grâce de m'apprendre le jour de
ma mort, et comme personne n'est plus propre à gouverner mon Église
que l'illustrissime Germain, selon que le Seigneur a daigné me le
révéler, je prie votre Celsitude de m'accorder la permission de le
tonsurer. Le préfet lui répondit : « Quoiqu'il soit utile et même
nécessaire à notre république, cependant puisque le Seigneur se
l'est choisi, ainsi que votre béatitude me l'assure, je vous déclare
que je ne puis aller contre l'ordre de Dieu. Ayant donc obtenu sa
demande, saint Amateur se disposait à revenir Auxerre, mais l'évêque
d'Autun le retint encore un peu de temps, pour la dédicace d'un
oratoire élevé anciennement sur le tombeau de saint Symphorien. Les
deux évêques revenant de la cérémonie de la dédicace, rencontrèrent
trois lépreux qu'ils guérirent par des onctions d'huile sanite, et
en leur faisant boire de l'eau du Jourdain que l'on disait avoir été
apportée de la Palestine par le saint évêque Rhétice. Saint Amateur
emporta quelques reliques du saint martyr et les déposa près
d'Auxerre, dans un oratoire du Mont-Artre, qui prit le nom de
Saint-Symphorien.
Ayant appris la mort de Marthe, qui,
depuis leur séparation, s'était retirée à Airy, près de sa famille,
in fit transporter son corps à Auxerre, et l'inhuma sur le
Mont-Artre, proche la ville.
Le saint évêque fit un voyage en
Orient, d'où il rapporta des reliques considérables de saint Cyr et
de sainte Julitte. Ce fut à la suite de ce voyage que le culte de
ces saints martyrs s'établit en Occident. De retour à Auxerre, il
rassembla ses clercs et les avertit de songer à lui trouver un
successeur. Les voyant tristes et silencieux, il se dirige
l'église,
où
il avait
convoqué
tout
le
peuple, et
y
trouve Germain
en
prière avec
les
autres il
le
dépouille de
l'habit
séculier,
l'enrôle
dans
la
milice de
l'Église
et
le déclare
son
successeur, en
lui
recommandant de
garder
sans
tache
l'honneur
qu'il
venait
de
recevoir. Après
cela,
ce
père pieux
étant
tombé
malade,
il
se fit
porter
dans
l'église
sur
son siège
épiscopal.
Ce
fut là
qu'il
s'éteignit
entre
les
mains de
ceux
qui
le
soutenaient.
On
vit
aussitôt un
chœur
de
bienheureux descendre
dans
l'église,
chantant
des
hymnes et
des
cantiques, et
conduire
son
âme au
ciel.
Le
clergé et
les
fidèles qui
étaient
réunis
autour
du
saint évêque,
entonnèrent
à
leur tour
le
chant des
psaumes.
C'était
un
mercredi, le
1er
mai
de l'an
418.
Son
corps fut
inhumé
sur
le Mont-Artre,
dans
l'oratoire
où
reposait déjà
sainte
Marthe.
L'église
que
saint Amateur
avait
élevée
sur
le Mont-Artre
pour
y
recevoir les
reliques
de
saint Symphorien,
prit
plus
tard
le
nom de
son
fondateur. Le
culte
de
notre Saint,
établi
en
France dès
le
VIe siècle,
se
répandit
jusqu'en
Catalogne,
à
l'occasion d'une
de
ses reliques
que
Charlemagne
avait
donnée
à
cette
contrée.
SOURCE : P. Giry : Les
petits Bollandistes : vies des saints. T. V. Source :
http://gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de France. |