Au début du synode sur les laïcs, le 4 octobre 1987, le
Saint-Père béatifie trois jeunes laïcs martyrs, dont Antonia
(Antoinette) Mesina. Elle naît en 1919 à Orgosolo, dans le
diocèse de Nuoro, en Sardaigne. Dans sa famille, très pieuse, on
récite le chapelet tous les soirs. Deuxième de dix enfants, elle
ne va que quatre années à l’école car elle doit aider sa mère.
Elle le fait de bon cœur. De constitution robuste, elle est la
première au travail : jardin potager, lessivage à la rivière,
ramassage du bois pour le feu, etc. Après avoir fait sa première
communion à 7 ans, elle va à la messe presque tous les jours.
A dix ans, elle
fait déjà partie des ‘Benjamines’ de l’Action catholique. Plus
tard, elle en devient un membre actif, invitant ses amies à en
faire partie. Elle a un caractère réservé et décidé, typique de
cette région montagneuse de Sardaigne, le Barbagio (720 m) situé
au pied de la montagne Gennargentu (1834 m). L’Action catholique
fait des campagnes pour la pureté, évoquant le martyre de Maria
Goretti (+1902). Antonia confie qu’en une telle occasion, elle
agirait de même. Et à sa mère, à propos de drames semblables qui
ont eu lieu récemment dans la région, elle dit : « Si cela
devait m’arriver, je me ferais tuer plutôt de consentir au
mal. » Nous sommes en 1935, un mois avant que cela lui arrive.
Elle a 16 ans. Sa mère, de plus en plus affaiblie, lui a confié
ses deux derniers, deux frères jumeaux qui viennent de naître.
Le 17 mai, après avoir assisté de grand matin à la messe et
communié, elle rentre chez elle en ce jour où elle doit pétrir
le pain. Pour chauffer le four, elle ressort chercher du bois
dans la forêt au lieu dit Obadduthal. Annette, une fillette de
13 ans, l’accompagne. Tandis qu’elle se penche pour ramasser du
bois, Jean Ignace Catgiu, âgé de 20 ans, la surprend par
derrière et tente de la renverser. Devant sa résistance, il la
frappe à coups de pierres. Par deux fois, elle arrive à se
dégager et tente de s’enfuir, déjà gravement blessée et perdant
son sang. Mais lui continue à la frapper et l’achève avec un
plus gros caillou. Sa compagne affolée est retournée pour
chercher du secours. Bien sûr, il est trop tard quand on arrive
sur les lieux. Elle est déjà morte, portant sur son corps 74
blessures.
Dans l’homélie de
béatification, Jean-Paul II conclut de façon poétique — le 4
octobre 1987, pendant la cérémonie de béatification — en
disant : « La brassée de bois ramassée pour alimenter le four à
pain de sa maison, en ce jour de mai 1935, reste dans la
montagne à côté de son corps déchiré par des dizaines et des
dizaines de coups de pierre. Ce jour-là, s’allume un autre feu
et se prépare un autre pain pour une famille bien plus
nombreuse » Quant au meurtrier d’Antonia, il sera exécuté, mais,
comme le meurtrier de Maria Goretti, il a reçu le pardon de la
famille et s’est converti.
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/hagiographie/fiches/f0290.htm |