Saint Blaise fut l'un
des saints autrefois les plus populaires et les plus célèbres par
l'efficacité de leur intercession. D'abord très
habile
médecin, et en même temps très vertueux chrétien, il devint évêque
de Sébaste, en Arménie, par le choix du peuple, qui l'entourait
d'une grande estime. Mais Blaise, inspiré de Dieu, quitta bientôt
son siège épiscopal pour s'enfuir sur une montagne solitaire; il y
avait pour compagnie les bêtes fauves qui venaient chaque jour
visiter et caresser l'homme de Dieu, et recevoir, avec sa
bénédiction, la guérison de leurs maux.
Il fut rencontré en son
désert par des païens qui, surpris de trouver un homme familièrement
entouré de lions, de tigres, de loups et d'ours, allèrent raconter
cette nouvelle au gouverneur. Blaise saisi peu de temps après comme
chrétien, jusque dans son antre sauvage, exprima sa joie profonde, à
la pensée de souffrir pour Jésus-Christ. Arrivé devant le
gouverneur : “Insensé, lui dit-il, penses-tu me séparer de Dieu
par tes tourments ? Non, non, le Seigneur est avec moi, c'est Lui
qui me fortifie !”
Les bourreaux le
frappèrent à coups de verges et le jetèrent en prison. Quelques
jours après, le martyr est rappelé au tribunal :
― “Choisis, Blaise,
lui dit le juge, choisis entre deux partis : ou bien adore nos
dieux, et alors tu seras notre ami, ou bien, si tu refuses, tu seras
livré aux supplices et tu périras d'une mort cruelle.
― Ces statues que tu adores, reprend l'évêque, ne sont pas des
dieux, mais les organes du démon, je ne puis donc les adorer”.
Le tyran, le voyant
inflexible, ordonna de l'attacher à un chevalet, puis il fit
apporter des peignes de fer, avec lesquels on lui déchira le dos et
tout le corps. La victime, se tournant toute sanglante vers le
gouverneur, lui dit :
― “Déjà voisin du
Ciel, je méprise toutes les choses de ce monde ; je me ris de vous
et de vos supplices. Ces tourments ne dureront qu'un instant, tandis
que la récompense sera éternelle”.
Après de nouveaux
interrogatoires inutiles, Blaise fut jeté dans le lac voisin pour y
être noyé ; mais il fit le signe de la Croix et marcha sur les eaux
comme sur un terrain solide, à la grande admiration de tous les
spectateurs de ce prodige. Le glorieux martyr eut enfin la tête
tranchée.
Tandis qu'il était en
prison on lui avait amené un enfant sur le point d'être étouffé par
une arête de poisson. Blaise le guérit. C'est sans doute pour ce
fait qu'on l'invoque spécialement pour les maux de gorge.
Abbé L. Jaud
Vie
des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950. |