Boleslaw
Frackowiak, naquit le 18 juillet 1911 à Lowecice près de Jarocin
(Grande Pologne) dans une famille de cultivateurs, huitième de douze
enfants. Il fut baptisé à l'église paroissiale de Cerekwica, suivit
les cours
primaires
à l'école polonaise. Dès son enfance il fut servant de messe, il
rendait souvent service au curé. Tous les mois il se confessait et
recevait la communion. Le dimanche, son père avait l'habitude
d'interroger ses fils sur le contenu du sermon entendu à la messe.
Boleslaw savait répéter exactement les paroles du curé.
En 1927 la
Société du Verbe Divin ouvrit le Petit Séminaire pour les vocations
tardives à Bruczków, non loin du village de Boleslaw. Alors, ses
parents, suivant les conseils du curé qui avait découvert en ce
jeune homme sa vocation religieuse, l'inscrivirent au cours
secondaire. Sorti d'une école de village, Boleslaw ne put pas suivre
avec succès l'enseignement du Petit Séminaire. Ses éducateurs lui
conseillèrent de devenir frère religieux. Il fut admis au postulat
SVD à Górna Grupa en 1929 et, après un an, le 8 septembre 1930,
commença le noviciat. Il y reçut le nom religieux de Grégoire. Après
deux ans de noviciat, il prononça ses premiers vœux. Toujours
souriant et serviable, il apprenait le métier de relieur. Il aidait
à la cuisine, à la sacristie et à l'accueil. Il s'occupait tout
particulièrement des pauvres en disant qu'un pauvre est le Christ
lui-même qui frappe à la porte de la maison et pour cette raison il
faut le servir avec amour. De cette
période proviennent ses carnets de prières et ses notes : "Exercices
spirituels quotidiens" et "Exercices spirituels" dans lesquels, aux
prières recopiées de livres pieux, s'ajoutent ses prières
personnelles. Les confrères respectaient le frère Grégoire, et les
élèves de l'internat lui manifestaient leur estime en le choisissant
comme conseiller privilégié. Son directeur spirituel le montrait aux
autres comme modèle de religieux. Le Frère Grégoire prononça ses
vœux perpétuels le 8 septembre 1938.
La guerre éclata,
et la Gestapo transforma la maison religieuse en camp d’internement
pour les prêtres. Les religieux qui n'étaient pas prêtres furent
autorisés à partir mais le frère Grégoire resta en se proposant
comme serviteur des internés. En février 1940, quand on transféra
les internés dans un camp de concentration, on l'obligea à quitter
Górna Grupa. Tout d'abord il habita chez son frère à Poznan mais,
n'ayant pas reçu l’autorisation de séjour, il retourna dans sa
famille, au village. Sans tarder il s'engagea clandestinement dans
les activités paroissiales. Deux fois par semaine il enseignait le
catéchisme aux enfants, les préparait à la première Communion,
visitait les malades et les personnes âgées. Après l'arrestation du
curé il prit soin du Saint Sacrement et se chargea des affaires de
la paroisse.
Les autorités
allemandes de Jarocin apprirent, on ne sut comment, que le frère
Grégoire était relieur de profession et l'assignèrent au travail à
l’imprimerie. Entre temps Grégoire s'était engagé dans la Résistance
et colportait un journal clandestin "Pour toi, Pologne" mais il
cessa bientôt cette activité sur les conseils de son confrère, le
père Kiczka. Quand la Gestapo découvrit le réseau de distribution de
ce journal, le frère Grégoire n'y était plus depuis un an. Il
n'était donc pas en danger, mais, poussé par l'amour du prochain, il
désira aider ses camarades. Il prit conseil du père Kiczka, se
confessa et reçut la Communion. Le lendemain il se présenta à la
Gestapo et prit sur soi toute la responsabilité du colportage pour
sauver les inculpés. A la suite de quoi la plupart d'entre eux
furent libérés.
De la prison de
Jarocin il fut transféré à Poznan au Fort VII, converti en prison.
Son frère écrivit: « Je lui ai apporté un paquet de vivres. Il m'a
fait remettre par les gardiens un balluchon contenant une montre
cassée, un chapelet déchiré, une chemise tachée de sang, beaucoup de
sang... » Son frère retint ses paroles : « Je pense que l'oncle
Vincent est à la maison. Qu'il tienne bon. Il a été lui aussi
dénoncé. J'ai pris tout sur moi parce que si je meurs, je suis seul,
et lui il a une femme et des enfants. »
Frère Grégoire ne
dénonça personne et, de cette façon sauva son frère et les autres
inculpés. Au Fort VII il resta jusqu'à la fin de 1942. Tous les
jours il priait avec les prisonniers. Quand ses oppresseurs
découvrirent qu'il était religieux, ils multiplièrent les tortures
et choisirent les plus atroces.
Début 1943 il fut
transféré à la prison de Dresde où il fut condamné à mort. Quelques
heures avant sa mort il écrivit à sa famille : « Pour la dernière
fois dans la vie je vous écris cette lettre. Quand vous la recevrez,
je ne serai plus de ce monde parce qu'aujourd'hui, 5 mai 1943 à 6h15
du soir je serai décapité. Dites pour moi un Requiem. Dans 5 heures
de temps je serai froid mais cela ne fait rien, priez seulement pour
le repos de mon âme et des âmes de nos proches. Là-haut je saluerai
de votre part notre père décédé et tous les morts de notre famille.
Je ne sais pas s'il faut dire à la mère que je suis mort. Faites ce
que vous jugerez le mieux. Je n'ai pas de regrets. Je vous salue
tous et je vous attends auprès de Dieu. Je salue aussi mes confrères
à Bruczków et tous ceux que je connais. Que Dieu vous bénisse !
Restez de bons chrétiens ! Je vous demande pardon. J'ai pitié de
notre vieille mère bien-aimée. A Dieu, au revoir au ciel ! Mes
habits religieux, rendez-les après la guerre aux confrères à
Bruczków. »
Dans le souvenir
de ses confrères, le frère Grégoire reste jusqu'aujourd'hui
l'exemple de l'amour du prochain parce qu'il offrit sa vie pour
sauver les autres.
Il a été béatifié
par le pape Jean-Paul II, le 13 juin 1999, à Varsovie, parmi les 108
martyrs polonais de la Seconde Guerre mondiale.
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