Saint Canut, roi de Danemark, alliait toutes les qualités
de l'âme
à celles du corps. Élevé dans la religion
chrétienne, encore peu répandue en ce
pays, il l'embrassa de cœur et y conforma généreusement sa conduite, chose rare,
parmi les jeunes seigneurs de son entourage. Aux vertus du citoyen et du
chrétien, il joignit les qualités qui font les grands rois.
Comprenant qu'il est du devoir d'un prince de défendre ses
sujets, il aimait à s'exercer au métier des armes et devint bientôt maître dans
l'art militaire. A la bataille, il était le premier et ne reculait jamais ;
placé, jeune encore, à la tête des armées danoises, chacun de ses combats fut
une victoire. Mais ce fut sur le trône qu'éclatèrent complètement ses qualités
et ses vertus.
Canut comprenait que l'obéissance au Roi éternel est la
seule et véritable grandeur; il estimait peu sa couronne passagère, en
comparaison de celle que la pratique de l'Évangile lui mériterait dans le Ciel.
La frugalité de sa table, la simplicité de ses vêtements, faisaient un contraste
frappant avec le luxe de sa cour. Cependant il savait, à l'occasion, faire
respecter sa dignité et imposer à tous par sa majesté et par la crainte de sa
juste autorité. En voici un exemple:
Un chef danois, pour faire face à ses folles dépenses, ne
rougit pas d'exercer le criminel métier de pirate et de brigand ; un jour le roi
de Danemark apprend que son vassal avait pillé un vaisseau norvégien et massacré
l'équipage. Il fait saisir le coupable, le convainc du crime par son propre aveu
et le condamne à mort sans craindre la vengeance de sa puissante famille.
Ce roi juste était le plus loyal des hommes, et sa bonté
d'âme égalait sa fermeté. Austère et pieux, comme un moine, il jeûnait souvent,
passait les nuits en oraison et n'avait qu'un soin, celui d'étendre la foi dans
son royaume, comprenant bien qu'elle est la vraie source de tout progrès et de
toute civilisation.
L'enfer suscitait dans l'ombre des ennemis à ce saint roi;
pendant qu'il priait dans une église, il fut entouré par des assassins, et,
plutôt que de fuir, il continua sa prière et se laissa poignarder à genoux sur
les marches de l'autel. Dieu vengea sa mort en affligeant le Danemark de
plusieurs calamités, et des guérisons miraculeuses s'opérèrent à son tombeau.
Abbé L. Jaud,
Vie des Saints pour tous les jours
de l'année, Tours, Mame, 1950.
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