Cette
fille, dont sainte
Thérèse parle dans ses ouvrages, a étonné le monde par sa vie
pénitente et les grandes austérités qu'elle a pratiquées. Née à
Naples, en 1519, d'une famille très distinguée, elle commença à
l'âge de huit ans sa pénitence, qu'elle augmenta par la suite.
Après avoir fait sa première communion, elle voua sa virginité à
Dieu. Elle passa près de quarante ans en Italie, et fut obligée,
en 1550, d'aller en Espagne, où elle se chargea de l'éducation
de Charles, infant d'Espagne. Elle montra une grande sagesse
dans un emploi si important ; mais quoiqu'elle vécût au sein de
la mollesse de la cour, elle n'en continua pas moins ses
austérités, ne mangeant jamais de viande, ne buvant point de
vin, et se contentant de légumes et d'eau ; il y avait même des
jours où elle ne prenait point de nourriture. Son corps était
couvert d'un rigide cilice et chargé de chaînes. Malgré ses
austérités, elle remplissait avec beaucoup de sagacité tous les
devoirs de sa charge, ménageant avec prudence toutes les
occasions où elle pouvait dire à son élève quelque parole de
piété. Mais les mauvaises inclinations de Charles commencèrent à
la dégoûter, La corruption qu'elle voyait de tous côtés lui
inspira l'idée de quitter des fonctions si ingrates ; elle
songea à se retirer dans une solitude pour se consacrer
entièrement à Dieu. Elle prévit bien des obstacles, et fut même
détournée de son projet par ses confesseurs. Cependant Dieu
n'abandonna point sa servante, et permit qu'elle communiquât son
dessein à deux religieux de l'ordre de Saint-François, dont l'un
était S. Pierre d'Alcantara, qui lui enseignèrent un lieu
solitaire, où Catherine prit un habit d'ermite. C'était un
affreux désert, plus propre à servir de tanière aux bêtes
féroces que de demeure à une personne qui venait de quitter la
cour. Là elle n'avait d'autre lit que la terre, d'autre
nourriture que l’herbe des champs, portant sous son habit une
tunique de crin sur laquelle elle avait cousu plusieurs morceaux
de fer qui entrèrent bien avant dans la chair. Elle avait
quarante-cinq ans quand elle commença ce genre de vie. Les jours
de dimanches et de fêtes elle allait à la messe aune lieue de
là, mais elle eut soin de prendre des détours pour qu'on ne la
rencontrât pas. Elle resta ainsi cachée pendant près de trois
ans, lorsqu'un berger la découvrit. Aussitôt les fidèles se
portèrent en foule à sa caverne. Voulant accorder quelque chose
aux instances de ceux qui la pressaient de prendre un peu de
nourriture, elle consentit à recevoir tous les huit jours quatre
onces de pain grossier à l'usage des gens qui le lui offraient.
Cependant elle fut affligée de diverses maladies : alors les
Carmes déchaussés lui creusèrent une grotte hors de l'enceinte
de leur monastère : Catherine y passa sept ans, et mourut dans
les plus grands sentiments de piété, au milieu des
mortifications, le 12 mai 1577, à l'âge de cinquante-huit ans.
Les fidèles l'invoquent dans différentes maladies. Ste
Thérèse l'a proclamée une grande sainte.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… Tome III. – Traduction :
Jean François Godescard. |