Il convient ici de
rappeler que la chaire est le siège éminent réservé à l’évêque
lorsqu’il préside une assemblée. Il importe peu de savoir s’il y eut
jamais, à Rome, une chaire regardée comme la vraie chaire de saint
Pierre,
mais il faut souligner que l’on y fit grand cas de chaires
qui rappelaient le magistère suprême de Pierre que, dès le IV°
siècle on célébrait par une fête particulière, Natale Petri de
Cathedra, fixée au 22 février.
On se souvient que les
anciens Romains, comme en témoignent les vestiges du Cœmeterium
Maius, creusaient dans le tuf des sièges qui, aux banquets
funéraires (refrigeria), symbolisaient la présence du défunt
et sur lesquels ils déposaient de la nourriture. Jusqu’au V° siècle,
les chrétiens, dans un tout autre esprit, poursuivirent ces usages
et attribuèrent la nourriture déposée aux pauvres. Cette célébration
pour les défunts se déroulait au 22 février ; les anciens gallicans
qui refusaient toute festivité pendant le Carême qui, parfois, était
déjà commencé le 22 février, la reportèrent au 18 janvier, ce qui
explique les deux fêtes de la Chaire de saint Pierre dont un scribe
besogneux du diocèse d’Auxerre fit maladroitement de la deuxième une
fête de la Chaire de saint Pierre à Antioche. Ces antiques fêtes de
la Chaire de saint Pierre furent remises à l’honneur par Paul IV, en
1547, qui, par la bulle Ineffabilis, décréta que l’on
célébrerait désormais la chaire de saint Pierre à Rome le 18 février
et celle d’Antioche le 22 février. La réforme du calendrier par Paul
VI n’a laissé qu’une seule de ces fêtes, le 22 février, qui les
conjugue toutes les deux.
Le meuble de bois et
d’ivoire que renferme la Gloire du Bernin, loin de pouvoir
être réputé la vraie chaire de saint Pierre, fut offert au pape Jean
VIII par Charles le Chauve, sans doute pour son couronnement
impérial, à la Noël 875 : comme on peut le voir sur la reproduction
qui se trouve dans le musée historique de la sacristie, le buste de
l’Empereur est représenté au centre de la partie transversale
horizontale du tympan ; les plaques d’ivoire qui datent du troisième
ou du quatrième siècle, grossièrement assemblées, montrent les douze
travaux d’Hercule et des animaux fantastiques.
Alexandre VII Chigi
ordonna que l’on mît la prétendue chaire de saint Pierre dans
l’abside de la basilique (3 mars 1656) pour que les fidèles pussent
la vénérer. Depuis 1667, la chaire de saint Pierre ne fut exposée
qu’une seule fois, en 1867, pour le dix-huitième centenaire du
martyre des saints apôtres Pierre et Paul.
Gloire du Bernin,
faite de marbres colorés, de bronze et de stuc dorés, montre le
trône pontifical qui, porté par les nuées, descend du ciel comme la
nouvelle Jérusalem, au grand émerveillement des docteurs dont il est
bon de souligner qu’ils ne la soutiennent pas mais en reçoivent les
splendeurs. Portant le regard de haut en bas, le spectateur est
progressivement emporté de la terre vers la lumière céleste ; les
marbres sont la terre, où le regard est limité par les deux colonnes
de marbre précieux, tandis que le ciel ne connaît aucune limite. Le
lien entre la terre et le ciel se fait par les quatre docteurs
émerveillés par la vérité que le Seigneur a révélée et qu’enseigne
l’Eglise par le magistère de Pierre (saint Augustin, mitré, et saint
Jean Chrysostome, tête nue, d’une part et, d'autre part, saint
Ambroise, mitré, et saint Athanase, tête nue). La mître de saint
Ambroise, comme celle de saint Augustin, mesure 1,80 mètre de haut.
Sur le dossier de la chaire, le Seigneur communique à saint Pierre
le pouvoir de paître ses ouailles. Au sommet de la chaire deux anges
présentent la tiare et les clefs. Le Saint-Esprit, figuré sous la
forme de la colombe, irradie le trône du pontife romain de lumière
divine. La colombe est haute de 95 centimètres et ses ailes ont 1,75
mètre d'envergure.
http://missel.free.fr/ |