Claude La Colombière (on écrivait aussi au 17e
siècle:
Colombier
ou du Colombier ou de la
Colombière) naît en 1641 à Saint-Symphorien d'Ozon dans
le Dauphiné (entre Lyon et Vienne, actuellement dans le
département du Rhône)
d'une famille de la petite bourgeoisie. Ils sont 4 frères et une sœur, sans
compter deux enfants morts en bas âge. Trois des frères deviendront prêtre, et
la sœur deviendra religieuse Visitandine. En 1650, son père achète une charge d'
"élu", c'est-à-dire d'officier des finances, à Vienne; c'est là que vient
s'établir la famille. Il confie son fils Claude aux Jésuites de Lyon. Il y
restera huit ans revenant chez lui pour les vacances. Il se plaît beaucoup en
famille. En 1658, à 17 ans, il entre comme novice chez les Jésuites d'Avignon.
Ce n'est pas que sa vocation réponde à un attrait sensible. Au contraire, le
renoncement à sa famille constitue pour lui un grand sacrifice.
Il est ordonné prêtre le 6 avril 1669 à Paris. Il est d'abord
nommé professeur à Lyon, là où il fut collégien. Dans cette province lyonnaise,
il y a eu plusieurs défections ces années-là et le Père Général attribue cela à
deux causes: chez les supérieurs, trop de raideur, et chez les inférieurs, trop
de relâchement. Témoin de ce état de choses et du redressement qui s'ensuit, le
Père la Colombière en tire une conclusion pour sa gouverne personnelle: il fait
le vœu (privé) de suivre les Constitutions et règles de la façon la plus exacte
(la devise de sa famille n'est-elle pas: "Sans réserve" ?) et il constate que ce
vœu au lieu de le contraindre, le libère entièrement. Le 2 février 1675, il est
admis aux vœux solennels et quelques jours plus tard, il est nommé supérieur de
la petite école jésuite de Paray le Monial. Il est aussi confesseur
extraordinaire de la Visitation. A cette époque-là, le clergé de la ville
discute beaucoup au sujet d'une jeune visitandine qui transmet des messages du
Seigneur lui-même. On reste sceptique, également dans son couvent, mais la jeune
Marguerite-Marie résiste, par obéissance à l'Esprit. Notre Seigneur la console
et lui annonce: "Je t'enverrai mon fidèle serviteur et parfait ami qui
t'apprendra à me connaître et à t'abandonner à moi"; et lorsque le Père se
présente au couvent, le Seigneur lui fait comprendre que c'est lui. Quand à lui,
que dira-t-il? Dans cette affaire délicate, le Père risque de perdre sa
réputation de sagesse. Néanmoins, fidèle à sa résolution antérieure: "Ce n'est
pas auprès des hommes que je veux faire fortune", il appuie totalement la
religieuse.
Il s'ensuit une parfaite union spirituelle entre eux deux et
le Seigneur, voulue par le même Seigneur pour faire connaître les trésors de son
Sacré Cœur. En juin 1675, la sœur reçoit la grande révélation: "Voilà ce Cœur
qui a tant aimé les hommes, qui n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se
consommer pour leur témoigner son amour."
En 1676, le Père est nommé chapelain du duc d'York, un proche
du roi. Il se rend à Londres. Mission délicate dans ce pays officiellement
non-catholique. Quand à la langue, il n'y a pas de problème car le français est
la langue parlée à la Cour. Néanmoins il se met tout de suite à l'anglais et
peut ainsi étendre son ministère, notamment soutenir les religieuses établies en
secret à Londres en dépit des persécutions. En 1678, l'aventurier Titus Oats
imagine un "complot papiste" et le Père est arrêté. Déjà malade de la poitrine
après avoir passé un hiver sans se chauffer, la prison aggrave son état. Il
crache le sang et on le renvoie en France. Malgré sa maladie ses supérieurs, qui
l'estiment, le nomment Père spirituel des jeunes religieux qui, après leur
noviciat, viennent étudier la philosophie pendant deux ans au collège de Lyon.
Il se lamente de ne pas pouvoir faire grand chose à cause de son état. Les
jeunes religieux au contraire l'admirent pour son exactitude et sa spiritualité
qui se développe dans la perspective de la 'réparation' et de la 'miséricorde
infinie'. Il est tout offert au Sacré Cœur 'toujours brûlant d'amour',
pratiquant l'oubli de soi afin de parvenir à la pureté de l'amour et d'élever le
monde à Dieu. Sentant sa faiblesse, il s'en remet à la puissance de la grâce:
"Faites de moi votre volonté, Seigneur. C'est à vous à tout faire, divin Cœur de
Jésus Christ".
Mais le poste est trop lourd pour lui. En 1681 il revient à
Paray le Monial où il peut encore réconforter Sœur Marguerite-Marie dont la vie
mystique se heurte toujours au scepticisme de son entourage. Quand la
tuberculose l'emporte, il n'a que 41 ans: mission accomplie.
Le Père La Colombière n'a rien publié de son vivant. Tout a
été publié après sa mort, notamment la remarquable "Retraite spirituelle".
VOIR également :
http://voiemystique.free.fr/theologie_du_coeur_de_jesus_17.htm
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