Le martyre de la vierge Dorothée
nous offre encore une belle page de l'histoire des premiers siècles de l'Église.
Elle était née à Césarée, en Cappadoce, où elle faisait l'étonnement des païens
et l'édification des chrétiens
par ses rares vertus.
Saisie comme chrétienne, elle
parut les yeux baissés, mais avec fermeté, devant son juge:
— « Quel est ton nom ? — lui
demande-t-il.
— Je me nomme Dorothée.
— Je t'ai fait mander pour
sacrifier à nos dieux immortels.
— Je n'adore que le Dieu du Ciel,
car il est écrit : “Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu ne serviras que
Lui.”
— Écoute-moi et sacrifie, c'est
le seul moyen d'éviter le chevalet.
— Les souffrances du chevalet ne
durent qu'un instant, mais elles me feront éviter des supplices éternels."
Le juge la fait étendre sur le
chevalet pour l'intimider, mais elle réitère sa profession de foi :
— « Pourquoi retardes-tu mon
bonheur ? Je suis chrétienne ! Je n'aspire qu'à voir Celui pour qui j'affronte
les tourments et la mort.
— Et qui est Celui que tu
désires ?
— C'est le Christ, le Fils de
Dieu.
— Ce sont là des folies, sacrifie
et tu seras heureuse.
— Non, je ne sacrifierai point
aux démons, je suis l'épouse du Christ et je brûle de m'unir à Lui dans les
Cieux. »
Elle est alors livrée à deux
malheureuses femmes qui avaient récemment apostasié; mais loin d'être ébranlée
par elles, elle leur fit sentir l'énormité de leur faute, les convertit et
assista bientôt à leur martyre.
Dorothée, à son tour, fut de
nouveau étendue sur le chevalet.
— « Jamais, je n'ai été si
heureuse, dit-elle au milieu des tourments, car j'ai rendu au Christ deux âmes
que le démon Lui avait ravies. »
Et se tournant vers le juge :
— « Misérable, lui dit-elle, te
voilà vaincu, toi et tes idoles ! »
Elle fut condamnée à être frappée
du glaive.
— « Je Vous rends grâces,
s'écria-t-elle, ô céleste Amant des âmes, de ce que Vous m'appelez en Votre
Paradis. »
Comme on la menait à la mort, un
païen, nommé Théophile, la pria, par raillerie, de lui envoyer “des fruits ou
des roses du jardin de son Époux”. Elle le lui promit. Avant de recevoir le coup
mortel, elle se mit à genoux et pria. Aussitôt parut un enfant portant trois
beaux fruits et des roses fraîches, bien qu'on fût en février, et il les porta,
de la part de Dorothée, à Théophile, qui confessa Jésus-Christ et subit le
martyre ce jour même en rendant grâces à Jésus-Christ.
Abbé L. Jaud,
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950.
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