Escritos maio 2008 Fr

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Page mensuelle

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Les “Sentiments de l’âme” sont différents des “Lettres”, même de celles adressées au Père Mariano Pinho. Mais dans les “Sentiments de l’âme” nous trouvons encore ce qu’elle a dicté avant que ceux-ci ne prennent la forme définitive de 1942 (cahiers du Père Pinho) et ceux qui courent de 1942 jusqu’à l’arrivée du Père Humberto. C’est surtout à partir de l’arrivée de ce prêtre salésien qu’ils acquièrent la forme définitive qui est déjà connue dans la “Page Mensuelle”. Voila pourquoi le texte le texte de ce mois-ci ressemble à celui du mois dernier ; c’est presque une lettre à Jésus. Mais nous avons surtout déjà ici la passion et la prostration dans laquelle Alexandrina plonge. Dans la dernière partie y est faite une allusion à peine voilée du départ du Père Pinho.

20 février 1942

Jésus, je viens à votre rencontre. Où êtes-Vous? Ne pourrai-je pas vous trouver? Entendez au moins mes plaintes. Si Vous me manquez, je n’ai plus personne. Ne m’avez-Vous pas vue ce matin clouée en croix avec Vous, dans une grande agonie, les yeux levés vers le ciel, que j’ai senti et j’ai vu disparaître sans le moindre espoir de le revoir et encore moins d’y entrer ? Quelle grande tristesse que la mienne de voir que tout est perdu et sans le moindre remède !

Une fois descendue de la croix, j’ai commencé à monter vers le calvaire. J’étais si faible, si anéantie ! Je marchais péniblement, le visage presque contre terre ; je tombais ici et là, me blessant douloureusement : mon corps baignait dans le sang. Combien grande était ma peur de savoir que dans un instant j’allais être crucifiée et que je n’avais aucun soutien sur la terre ! Heureusement j’avais l’aide de votre divin amour : Vous êtes venu à ma rencontre.

― “Ma fille, l’aide humaine te manque ; aie courage, car l’aide divine ne te manquera jamais.

Le calvaire est le chemin de mes élus ; le calvaire est le chemin de mes épouses ; le calvaire est le chemin de mes crucifiées. C’est par le calvaire que j’accorde le pardon aux pécheurs ; c’est par le calvaire que je remplis les cœurs d’amour.

Courage ! Aie courage, ma petite folle ! Ton Jésus, ta Mãezinha et ton Père spirituel t’accompagnent, t’aident, dans une intime union!”

― Merci, mon Jésus !

Animée par Vos douces paroles, je me suis rendue au Jardin des Oliviers. Je nous Vous y ai pas rencontré, mais votre divine force a vaincu en moi. Dès le débout j’ai ressenti l’audace avec laquelle les soldats se sont présentés à Gethsémani pour la capture. J’ai vu qu’à leur tête Judas, les lèvres pleines de venin. J’ai ressenti sur mon corps les coups de pied qu’un peu plus tard, alors que l’on me ramenait attachée avec des cordes, on me donnait. J’ai eu dans mon cœur Vos sentiments, lors que devant vos yeux vous voyiez tous les péchez et crimes du monde. Si seulement, par ces souffrances, toutes les âmes auraient pu être sauvées ! Mais, ô malheur, combien se perdront encore ne profitant pas de ma souffrance ! Ô Jésus, j’ai senti mon corps recouvert de sang et mes vêtements collés à lui et à la terre. Mais plus encore, beaucoup plus encore a souffert votre corps délicat et divin !

Lors de la flagellation et du couronnement d’épines vous avez toujours veillé sur moi. A l’abri et soutenue par un amour aussi si saint et pur, j’ai senti que mon âme s’enivrait de suavité et de paix et ce fut dans cet état que je me suis un peu reposée.

La Mãezinha est venue ensuite : Elle m’a prise dans ses bras, m’a caressée tendrement. Malgré cela j’ai dû faire appel à Vous et à Elle. En effet, apeurée par la tristesse et par l’abandon, je défaillait continuellement : je n’avais pas la force nécessaire pour poursuivre mon chemin. C’était en vain que j’appelais le ciel. L’abandon était total : il fallait que je sois seule pour agoniser en croix. Pendant cette douloureuse agonie une lance est venue se planter dans mon cœur ; il fallait que j’expérimente toute cette douleur avant d’expirer. Pauvre de moi, pauvre humanité qui ignore combien Vous avez souffert pour elle, ô Jésus !

La crucifixion terminée, j’ai apparemment continué de vivre seule et je me souvenait avec tristesse du départ de mon Père spirituel.

Une preuve de plus de votre amour infini, mon Jésus !

Vous avez permis alors que le Docteur [Azevedo] non seulement s’occupe de mon corps mais aussi d’amenuiser la profonde douleur qui habitait mon âme. Vous qui connaissez tout, Vous Vous êtes servi de lui afin de préparer mon cœur à recevoir cette dernière blessure.

Merci, mon Jésus ; je ne peux dire que cela : merci. Laissez-moi dire avec Vous : “Mon âme est triste à en mourir”. J’ai perdu la lumière, j’ai tout perdu.

Accorde-moi ta bénédiction et ton pardon, mon Amour[1].


[1] Alexandrina qui avait jusqu’ici employé le vouvoiement, termine son texte par le tutoiement : c’est l’épouse qui s’adresse à l’Époux.

 

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