Écrits Outubro 2008 Fr

SOYEZ LES BIENVENUS SUR LE SITE D'ALEXANDRINA

Page mensuelle

— 13 —

Le 3 avril 1942

Vendredi-saint, à 11h30.

― “Ne crains pas, ma fille, tu ne seras plus crucifiée ! La crucifixion à laquelle tu as été soumise est la plus douloureuse que l’on puisse imaginer dans l’histoire des âmes. Je vais te prendre avec moi au Paradis ; tu y monteras tout droit, accompagnée de ta Mère bien-aimée.

Dis à ton Père spirituel : aussitôt après ta mort je vais accorder la paix au monde comme signe que je désire sa consécration à ma Mère bien-aimée, si souvent demandée par toi. Mais il faut qu’avant cela mes desseins s’accomplissent, ainsi que ma divine promesse”.

Le Samedi-saint après avoir communié, à 18 heures, Notre Seigneur lui dit encore :

― “Courage, ma fille ; Jésus est avec toi et Il le sera jusqu’à la fin. Tu as toujours été fidèle à accueillir mes grâces et mon amour ! Je serai fidèle à mon tour en les distribuant et accordant mon amour en abondance. J’aime ton Père spirituel, j’aime ton médecin qui te suit avec tant d’amour.

Courage ! Ce n’est que pour peu de temps ! La bataille ne durera pas longtemps. Ta “Mãezinha” bien-aimée viendra à ta rencontre et te conduira au Paradis, comme Elle viendra à la rencontre de ton père spirituel et de ton médecin et les accompagnera également au Paradis. C’est le prix, c’est la récompense que je leur accorde”.

Depuis Vendredi-saint j’ai commencé à me sentir morte sur le calvaire au milieu des plus denses ténèbres et un grand abandon. Tous les lions se sont acharnés sur moi. Mon corps n’a pas eu de sépulture ; les oiseaux de nuit, malgré les noires et denses ténèbres, venaient manger mon cadavre. Je suis restée longtemps dans cette souffrance et maintenant encore je sens ces oiseaux enfoncer leur bec dans mes os, les réduisant en cendres.

La croix où j’ai été clouée est tombée à terre, mais je sens encore qu’une partie de mon corps reste prisonnier des clous. Ces oiseaux ont encore beaucoup à becqueter dans mon corps qui n’a aucune vie sur terre, seul mon cœur semble avoir vie, mais une vie qui n’est pas humaine, c’est la vie divine et, cette vie divine lui procure du sang et je sens que l’humanité entière vient boire à cette vie divine, comme des petits oiseaux. Je sais maintenant que ce ne sera que quand ces oiseaux nocturnes auront réduit mon corps en cendres que je pourrai partir.

Je ne me sens plus sur la croix : c’est toujours cette souffrance que je viens de décrire. Mais celle-ci n’est pas moins douloureuse.

Je sens les lions qui profitent autant qu’ils peuvent de cette chair, mais cette chair pourrit déjà, elle est puante, et ces oiseaux, enfoncent leurs longs becs dans les os et les taraudent. Vous ne pouvez pas comprendre combien je souffre : moi-même je ne sais l’expliquer.

Ma pauvre âme est restée au milieu de la montagne exposée à la plus grande tempête, une noire tempête, très tristes et très aride ; je reste là, tout à fait abandonnée. Tous les lions se sont précipités sur moi ! Combien triste est l’ingratitude des hommes !

Le jour où mon Père spirituel est venu, mon âme se sentait réconfortée, mais dès qu’il prit congé, je me suis sentie oubliée de lui et privée de la Sainte Messe que j’avais tant désirée. On ne me l’a pas redonné ni même prêté, mon Père spirituel : il est venu comme un fugitif.

Tout cet état d’esprit meurt avec moi sur le calvaire, sauf quand Notre-Seigneur me réconforte miraculeusement, et cela arrive quelquefois dans la journée.

Du 13 au 14 avril, pendant la nuit, j’ai senti la présence de mon Ange gardien. Il voulait me soulager, soulever mon corps pour amenuiser ma grande souffrance.

Du 14 au 15 avril, le démon aussi est passé par là. Je voyais son ombre qui montait est descendait devant moi.

Le 16, aujourd’hui, je sens que les oiseaux sont descendus vers le ventre, alors qu’en haut ils avaient bien davantage à becqueter. Maintenant je me rends compte que ces oiseaux s’occupent de mon tronc qui est transformé en cendres et ils les remuent espérant y trouver encore queue chose à picorer. Mais, comme ils n’y trouvent plus rien, ils descendent vers mon ventre ou beaucoup d’autres s’y trouvent déjà et y enfoncent leurs longs becs jusqu’à cacher leur tête.

La peur que j’avais de la crucifixion s’est transformée en nostalgie. Combien n’a-t-il pas été douloureux pour Jésus d’avoir son corps cloué à la croix, alors qu’il m’est si douloureux d’avoir le mien posé sur un lit !

Quelqu’un lui dit : “Notre-Seigneur n’est resté en croix que trois heures, alors que toi, tu y est depuis bien plus longtemps”. Alexandrina répondit : “Notre-Seigneur avait son corps tout lacéré alors que le mien ne l’est pas”.

J’ai une telle nostalgie de la crucifixion que je mes dis que l’on ne peut apprécier quelque chose que quand on la perd. Si je l’avais maintenant, je l’accepterais dans un éternel enlacement, me disant que plus jamais je ne desserrerait mes bras et que je resterais ainsi pour l’éternité. Je me dis encore que si c’était maintenant, combien j’aimerais la passion et les tourments permis par Notre-Seigneur ! Je me disais aussi que je ferais chercher les vêtements de la crucifixion pour les voir, les embrasser et les serrer dans mes bras. Voyant le tapis sur lequel je vivais la passion, j’ai dit : “Laissez-moi embrasser ce tapis !”

Et elle l’embrassa.

Dans la nuit du 19 au 20 avril, la “Mãezinha” est venue deux fois près de moi et à deux reprises Elle m’a caressée.

Quand on a demandé à Alexandrina si la Vierge était belle, elle dit : “Oh ! comme Elle était belle ! Belle ! Très belle ! Pourquoi je ne devrais pas avoir envie d’aller au Ciel afin de la voir pour toujours ?”

“Comment était-Elle vêtue ?” — “Elle n’était que lumière, lumière, la clarté la plus brillante ; elle portait des manteaux de couleurs”.

Je n’ai jamais pensé que l’on puisse avoir autant d’affliction dans l’âme. Cela serait suffisant pour m’ôter la vie, si Jésus ne me soutenait pas.

J’avais dans l’idée que mon Père spirituel souffrait beaucoup, et je ne me suis pas trompée. Peu de temps après j’ai su ce qu’il en était[1]. Mais souffrances ont redoublé. Cette vie divine que je sens soutenir mon cœur le pousse vers le haut, toujours plus haut, afin qu’il reçoive les derniers coups. Mon cœur est blessé de tous côtés ; il est transpercé dans tous les sens.

Les oiseaux ont déjà mangé presque tout mon ventre ; ils s’attaquent maintenant à mes reins. Mon corps n’a presque plus de cendres. On m’a placée sur une haute montagne et les vents ont éparpillé mes cendres et ce fut dans la plus grande obscurité que j’ai entendu une sonnerie pour rassembler tous ces oiseaux qui, comme un seul, se sont posés sur mon corps. Ils s’attaquent à mes hanches. Je peux dire : “Mon âme est triste à en mourir, si triste que rien au monde pourrait la réjouir”. La croix où j’ai été crucifiée n’existe pas ; même mes pieds ne semblent plus attachés par les clous.

Je sens mon âme comme si c’était un corps cloué pieds et mains, mais elle est plongée dans l’obscurité ; aucune lueur, même infime, n’y peut pénétrer, ni non plus le moindre courent d’air. Le Ciel et la terre m’ont abandonnée : même mes cendres ne sont pas respectées. Ce sont là les sentiments de mon âme[2].

Hier, quand j’ai reçut l’ordre du Prélat pour être emmenée à Coimbra pour être observée par le Professeur Elísio de Moura, j’ai eu cette pensée : “Combien ma souffrance est mal comprise ! Je suis certaine que s’ils ressentaient, rien qu’un instant, ce qui se passe dans mon corps, personne au monde n’oserait me proposer un tel déplacement”.

Les yeux tournés vers le Ciel, j’ai pu dire : que tout cela soit pour l’amour de Jésus. Lui, il est digne de tout. Le salut des âmes mérite ces souffrances, car elles sont le prix du Sang de Jésus.

L’agonie de mon âme se prolonge, elle s’aggrave de plus en plus. Seul le Ciel peut mettre un terme à tout cela. Que Jésus accepte toutes ces souffrances et soit avec moi, car ce n’est qu’avec Son aide que je peux vaincre.

Quelle amertume, quel tourment de ne pas avoir mon Père spirituel pour me réconforter : il était ma lumière !

Le 27 avril 1942

J’ai demandé à Jésus avec beaucoup de confiance de mourir le premier vendredi du mois de mai, afin de pouvoir passer le premier samedi du mois au Ciel. Ayant appris tout ce que souffrait mon Père spirituel, pour justifier de son innocence, je me suis offerte à Jésus en Lui disant que si c’était Sa divine volonté, que je souffre encore treize jours et qu’ensuite Il m’appelle au Ciel pour y fêter Son Ascension ; j’aurais ainsi un peu plus de temps à souffrir, et Lui pour satisfaire mes demandes.

En ce même jour Notre-Seigneur m’a dit :

― “Ma fille, dis à ton Père spirituel qu’il me fasse entièrement confiance. Mon divin Cœur est tout-puissant. Je suis vainqueur et je triomphe avec lui. Je l’aime et il ne m’a jamais offensé”.

Un peu plus tard, Jésus est revenu et m’a dit :

― “Dis au Père Frutuoso de dire à ton Père spirituel que j’accorde à ma petit fille tout ce qu’elle me demande et qu’il n’oublie jamais que j’ai tout pouvoir au Ciel et sur la terre”.


[1] A la suite d’un complot organisé par des personnes jalouses et peu scrupuleuses, le Père Mariano Pinho, premier Directeur spirituel d’Alexandrina, a été sommé par ses supérieurs de ne plus retourner à Balasar et de ne plus s’occuper de la pauvre malade. Bientôt il sera envoyé en exil au Brésil où il est mort en odeur de sainteté.
[2] Le Journal spirituel d’Alexandrina tire son titre de ces mots : “Sentiments de mon âme”.

 

Pour toute demande de renseignements, pour tout témoignage ou toute suggestion,
veuillez adresser vos courriers à
 :

alexandrina.balasar@free.fr