Ecrits nov 2008

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— 14 —

Le 2 mai 1942 – Premier samedi du mois.

— « Bienheureux les humbles et les persécutés pour l’amour de Jésus ! Ceux-là sont les élus du Seigneur et les aimés de son divin Cœur.

La mission de la crucifiée de Jésus sur la terre est presque terminée. Jésus lui donnera la mort la plus touchante, la plus remplie d’amour. Jésus viendra, Marie viendra, ainsi que Joseph et la Trinité Sainte. Les Anges viendront, ainsi que tous les Saints, pour conduire au Paradis celle qui a tant aimé Jésus sur la terre. Le ciel descendra dans la petite chambre de l’héroïne de Jésus.

Quelle gloire pour le Portugal et pour le monde entier ! Quelle fête et quel triomphe au Paradis !

Dis, ma fille, dis à ton Père spirituel que je l’aime, qu’il est enfant de prédilection de ma Compagnie. Plus ils le font souffrir, plus mon divin amour brille en lui. Jésus va conduire à son divin Cœur la brebis égarée ; Jésus ne tardera pas. Le Ciel est à lui, la couronne lui est déjà préparée. C’est un e couronne d’épines, parsemée de pierres les plus précieuses.

Dis, ma fille, dis au Docteur que le prix que dans le Ciel lui est préparé est le plus grand que l’on puisse accorder à la médecine. Le Cœur de Jésus est ravi des soins et attentions délicates qu’il a eu envers la crucifiée de Jésus. Il se rendra compte sur la terre encore de la continuelle protection de la rédemptrice de l’humanité.

Dis, ma fille, dis à ta sœur et à Sãozinha, qu’elles sont sous la protection de Jésus, enfermées pour toujours dans son divin Cœur. Jésus sera la récompense, le prix pour tous ceux qui souffrent avec sa benjamine. Jésus est tout pour les âmes qui l’aiment et qu’en retour elles sont par Lui aimées. »

Merci, merci, mon Jésus. Récompensez-les tous pour moi, accordez-leur votre divin amour et permettez que du Ciel je puisse les réconforter tous et les assister dans leurs nécessités.

Ô mon Jésus, je reconnais que c’est Vous; je ne peux pas me séparer de votre divine présence. Combien j’aimerais aller au Ciel tout de suite !

— « Encore un peu et ce jour arrivera ! »

Merci, mon Jésus.

3 mai

Mon Dieu! Mon Dieu! Le cri agonisant de mon âme se perd dans la montagne et n’est pas écouté ni sur la terre ni au Ciel. Ceci je le dis souvent par la pensée, pendant que je sens les oiseaux dévorer mes cuisses et que l’agonie de mon âme, agonie que l’on ne peut expliquer, mais qui augmente que je prends connaissance de toutes les avanies que l’on disait sur moi. Il me semblait que cela continuerait après ma mort, causant ainsi de la peine à mes chers familiers. Mon désir serait que toutes ses vexations meurent avec moi

Du 4 au 5 mai

Pendant la nuit, la Mãezinha, toute belle, est venue plusieurs fois se placer face à moi, tout près de mon oreiller, soulageant ainsi ma souffrance.

Pendant la même nuit, mon Ange gardien s’est penché sur moi et de ses ailes cherchait à soulager mon corps.

6 mai

Ô ténèbres, ô ténèbres épaisses et affligeantes ! Ô Ciel, ô Ciel, donne-moi ta lumière !

Mon cœur est tellement blessé que l’on dirait qu’il n’a même plus la forme d’un cœur humain. Toutefois, il est comme une source abondante de sang. C’est la vie divine qui le fait ruisseler. Je sens que toute l’humanité y boit avidement, de peur que le sang cesse de couler.

L’état de mon âme s’est ainsi aggravé depuis que j’ai appris combien on fait souffrir mon Père spirituel ; mais cela n’ébranle pas ma confiance en Jésus et je suis sûre qu’Il fera rejaillir son innocence.

Maintenant je sens que les oiseaux nocturnes arrivent jusqu’à mes genoux pour y manger. Tout mon corps ne sera bientôt qu’un amas de cendres. Jésus ne viendra-t-il pas alors me chercher ?

7 mai

L’âme affligée, je répétais :

Combien je suis triste et combien sont amères les derniers jours de ma vieq! De mon amertume tirez, o Jésus, douceur et joie pour vous et bénéfice pour les âmes.

8 mai

Je n’en pouvais plus à cause du poids des humiliations, à cause de mon agonie et des ténèbres épaisses que je sentais dans mon âme, car tout cela semblait m’étouffer en moi la confiance que j’ai en Jésus, je disais alors :

Si ceux qui m’ont enlevé mon Père spirituel expérimentaient ce que c’est que de souffrir, ils me le rendraient de suite, pour mon confort.

Et tout bas, comme en secret, je disais à Jésus : Je Vous jure que j’ai confiance en Vous !

Et, pensant tout d’un coup que je n’avais plus la crucifixion, j’ai ressenti une telle douleur en mon cœur qu’il me semblait pleurer des larmes de sang et, je me disais que si j’avais pu être de nouveau crucifiée, cela serait suffisant pour soulager la souffrance de mon âme !

Quelle nostalgie, mon Jésus, quelle envie d’être à nouveau crucifiée !

Maintenant les oiseaux de nuit sont tout près de mes genoux : je sens mon cœur défaillir et perdre la vie divine. Je marche lentement. Tout disparaît en moi.

Je sens aussi que l’humanité ne bois plus avec le même entrain, car le sang, mon sang, se raréfie également.

Le manchot se dépense follement dans mon imagination, pour me suggérer de m’attacher aux choses du monde ; mais plus il se dépense à cette tâche, plus Notre Seigneur m’élève vers Lui.

12 mai

Aujourd’hui la vie divine de mon cœur je la compare à une faible lampe qui à chaque instant menace de d’éteindre. Le sang ne coule plus sinon de temps à autre une toute petite goutte que l’on peut à peine boire. Je disais aujourd’hui à Notre Seigneur :

Mon Jésus, Mãezinha, regardez l’aridité de mon âme, regardez l’abandon dans lequel elle se trouve de la part du Ciel et de la terre ! Jetez sur moi vos divins regards de compassion ! Venez à mon secours, venez, ne me laissez par mourir d’effroi au milieu des ténèbres ! Mon âme est toute intimidée à cause des assauts du démon. Il veut m’accuser et me lancer à la face tout ce qu’il y a de pire, me présentant ma vie toute remplie de tromperies.

Jésus ne me laisse pas longtemps me battre avec mes doutes, mais le diable, enragé, me cause une grande peur. Si je pouvais avoir un prêtre toujours à côté de moi ! C’est mon Père spirituel que je veux, car c’est lui que Jésus m’a promis et que les hommes m’ont enlevé.

Les oiseux de nuit s’attaquent maintenant à mes pieds, mais ils sont de mauvaise humeur car ils y trouvent peu à manger. Ils picorent et picorent encore dans le peu de cendres qui restent. Ô le jour de ma mort sera le jour le plus heureux de ma vie ![1]

14 mai – Jour de l’Ascension

J’aurais bien aimé expliquer combien mon âme souffre, mais je n’ai fait qu’essayer, car je n’y parviens pas, je ne sais l’expliquer. Que d’horribles souffrances se sont abattues sur moi ! Je n’ai jamais pensé pouvoir souffrir autant ! Aujourd’hui je me sens un peu mieux, et ma confiance en Jésus et Marie redouble, car il me faut des forces pour combattre l’enfer qui semble se déchaîner contre moi.

Mon cœur continue comme une lampe affaiblie. De loin en loin il laisse s’échapper une petite goutte de sang que l’humanité vient aussitôt laper. Chacune de ses gouttes semble être la dernière. Je sens que mon cœur n’est attaché à la vie divine que par un fil très mince qui à la moindre tension peut casser.

Je ne sens plus les oiseaux de nuit sur mon corps ; il me semble qu’il ne reste plus en lui le moindre vestige de cendre.

Je sens également que Celui qui maintient mon cœur en vie c’est Jésus, Jésus seul, et il me semble que je ne suis reliée à la Patrie céleste que par ce mince fil.

Vive Jésus ! Vive Marie ! Vive la très Sainte Trinité que j’aime à la folie!

24 mai

Jésus a suspendu ma crucifixion: j’ai l’impression qu’il a suspendu ma vie. Lui seul peut évaluer ma tristesse et ma nostalgie. Je n’ai pas la souffrance de la croix ; je ne m’y sens plus clouée ; elle s’est complètement cachée à moi, mais j’ai une croix plus grande encore, mais souffrances sont bien plus grandes.

Je ne puis vivre dans le monde. Le temps ne passe pas, les heures me semblent des siècles, les jours et les nuits des éternités. Combien de fois je lève les yeux vers le Ciel pour m’exclamer :

Jésus, ô mon bien-aimé et tendre Jésus ! Mãezinha, ô ma bien-aimée et tendre Mãezinha ! Ô Trinité Sainte, ô ma bien-aimée et tendre Trinité je ne veux vivre que pour Vous, je m’offre toute entière à Vous, je ne veux aimer que Vous !

Pauvre de moi ! Je dis que j’aime alors que je n’ai plus de cœur pour aimer ; je n’ai de corps que pour la souffrance ; je suis comme une boule de savon qui au moindre courent d’air éclate. Que de ténèbres, mon Jésus, que de sécheresse, que d’angoisses dans mon âme !

Le mince fil de la vie divine qui attachait mon cœur, même si je ne le sens plus, je sais qu’il est toujours là. Je sens également qu’à chaque instant il menace de se rompre. La furie de la terrible tempête le pousse dans tous les sens. De l’endroit qu’occupait mon cœur, sortent de temps à autre quelques rares gouttes de sang. Je comprends, maintenant, combien l’humanité en a besoin : avec quelle frénésie elle vient avaler ces quelques gouttes !

Ô mon Jésus, n’abandonnez pas la pauvrette qui a toujours, et maintenant encore, confié en Vous. Même si je sens, au milieu des ténèbres, que tout semble perdu, je n’espère qu’en Vous seul.

Le démon a cassé toutes les chaînes qui le tenaient, et il est tombé sur moi. Je lute seule, seule je combats sa rage.

Mon Jésus, à chaque instant je crois Vous offenser ! Ô mon bien-aimé Jésus, ma chère Petite-Maman, je suis privée de mon Père spirituel, justement en ces jours où j’en ai le plus besoin !

Je me sens abandonnée de tous, excepté quand, miraculeusement, même si peu souvent, vous me donnez pour le réconfort de mon âme.[2] Pardonnez à ceux qui me blessent ; pardonnez leur cécité ; car moi-même je leur pardonne.

Dans mon cœur il n’y a plus de place pour d’autres épées ; j’en ai souffert dans tous les sens ; j’ai même reçu des chagrins de qui je m’y attendais le moins. Ô mon Jésus, accordez à tous votre pardon, votre amour, votre compassion. Purifiez, sanctifiez, brûlez dans votre divin amour et appelez vite auprès de Vous votre petite fille agonisante...

Depuis le 24 mai, jour de l’Esprit Saint, jour pendant lequel je demandais toute la lumière, tout le feu de son divin Amour, de son amour sanctificateur, l’état de mon âme a changé, mais ce jour-là encore, dans le courent de l’après-midi, je disais : Je n’ai plus la vie de la terre, je n’ai qu’un corps pour la souffrance.

A compter de ce jour-là, je n’ai plus ressenti ce que presque continuellement je ressentais : la vue d’horribles serpents, remplis d’immondice, qui rentraient par la bouche et en sortaient, tirés par je ne sais qui, me faisant penser aux damnés tourmentés par les démons. Je ne supportais pas le gazouillis des oiseaux à l’aurore ou au coucher du soleil, même sachant qu’en cela ils louaient leur Créateur. Leurs gazouillis blessaient beaucoup mon âme. Je ne pouvais pas les entendre avec joie. La soif que je ressentais était brûlante, quant à la nostalgie des aliments, se ne sais même pas l’expliquer, et tout cela semblait me pousser au désespoir, car je sentais qu’il serait impossible de rassasier mes envies. Alors je disais à Jésus : C’est pour Vous que je souffre, alors rassasiez Vous-même votre soif d’amour, la soif que Vous avez d’âmes.

Le 25 on a remarque en moi une différence : je n’avais pas d’autre transformation que celle de mon âme. J’ai arrêté de ressentir les grands amertumes, les ténèbres, les sécheresses et les agonies, sauf de temps à autre où je ressentais de grands désirs de m’envoler vers le Ciel, allant jusqu’à ressentir des impulsions qui me faisaient me soulever, comme si j’avais des ailes et prenais l’envol vers le Ciel. Je ressentais alors une entière confiance en Jésus et Marie et me conformais toujours à leur divine volonté. Au milieu de tout cela, mon âme se sentait comme en un jour de fête, des fois je me mettais même à chanter avec une grande joie :

“Voir Dieu pour toujours,
Dieu toujours : voilà le Ciel !
Si seulement j’y allais, etc.”

Il me semble partir vers la Patrie céleste, vers mon Jésus, debout, les bras ouverts, pour me reposer sur ses genoux.

Alors que je ne peux plus me rassasier des désirs et nostalgies des plats de la terre, j’aspire, je meurs du désir de me rassasier des plats célestes, car eux seuls valent pour l’éternité.

Le fil divin qui relie l’endroit où demeurait mon cœur est tout prêt de casser ; j’ai l’impression qu’il a été limé. Ce qui le sauve c’est que la tempête ne souffle que de temps en temps, ne le balançant que très peu. Maintenant oui, je peux dire :

Le Ciel c’est pour bientôt ; je vais voir mon Jésus, je vais voir la Mãezinha, je vais jouir du Paradis, ja vais aimer mes Amours éternellement. Je quitte le monde sans regret : je ne lui appartiens pas.

“Mais non, je ne suis pas folle ! Le 27 mai, quand j’assistais au mois de la Mãezinha, j’ai eu ce pressentiment qui m’apaisait : Je meurs au mois de mai ; la paix arrivera en juin[3]. Mon Père spirituel va être libéré et vient assister à mon décès. Je mourrai un samedi après-midi, mon enterrement aura lieu le lundi, premier jour du mois de Jésus”.

Nous ignorons la source de cet ajout.

Probablement qu’en cette période Alexandrina vivait la deuxième mort mystique. Père Umberto Pasquale.

31 mai – Fête de la très Sainte Trinité

A la tombée de la nuit je sentais que le mince fil allait finalement céder. Dans mon état d’âme j’attendais de voir ce que Jésus allait inventer pour moi dans sa science divine, à moins que tout ne se termine avec ma mort.

Le lundi suivant, premier juin, tôt le matin, j’ai senti que le mince fil avait cédé et qu’il pendait de mon cœur, mais la science divine de Jésus devait encore me surprendre. Peu après j’ai vu et j’ai senti descendre du Ciel vers la terre et vers l’emplacement de mon cœur des rayons plus brillants que ceux du soleil : ils semblaient venir du Cœur de mon Jésus, s’attachant et se reflétant pour toujours à l’endroit de mon cœur. Il fallait que je m’enveloppe complètement de ces rayons d’amour, et jour après jours je m’y enveloppe davantage, jusqu’à me transformer en eux. Ces rayons me mènent de la terre au Ciel. Ils forment un canal dans lequel je dois me transformer et passer par son intérieur. C’est par lui que je vais à Jésus.

Je me sens élevée à une certaine hauteur de la terre. Il y a des moments où j’ai du mal à résister à autant de nostalgie du Ciel. J’espère voir mon Jésus dans peu de temps, ainsi que ma chère Mãezinha et tous mes amours après lesquels je soupire. Toutefois je veux que le promesses de Jésus s’accomplissent : je veux que l’on me redonne mon Père spirituel que sans aucun motif licite on m’a enlevé dans les moments les plus amers. Rien que pour cela et la détermination de la consécration du monde par le Saint-Père m’obligent à vivre sur la terre, triste exil que je supporte de moins en moins.


[1] Et ceci fut certainement vrai. Il suffira de lire le récit de son dernier jour, pour s’en rendre compte. Lisez sur ce site l’avant dernier chapitre du livre du Père Pinho Une victime de l’Eucharistie.
[2] Il s’agit ici des communions surnaturelles.
[3] Le monde était alors encore en guerre (1939-1945).

 

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