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Parmi ces personnes il y a une femme portugaise, morte en 1955, lorsque elle avait 51 ans, qui jouit d’une grande renommée de sainteté. Son nom est Alexandrina da Costa et elle vécut à Balasar, petit village peu lointain de Fatima. D'un point de vue charismatique, son existence terrestre a beaucoup de points communs avec celle de Padre Pio. Alexandrina n'avait pas les stigmates visibles, mais pendant trente ans elle resta immobilisé sur son lit, et ce lit fut pour elle une authentique croix. Souvent elle revivait la passion du Christ, dans une forme très impressionnante, capable d’effrayer terriblement ceux qui y assistaient. Elle avait des entretiens quotidiens avec Jésus, avec la Sainte Vierge et, elle aussi, comme Padre Pio, était piquée au vif par Satan et d’autres esprits du Mal. Née à Balasar le 30 Mars 1904, elle était fille d'une fille mère. Elle vécut dans de grandes difficultés économiques et, étant donnée sa situation, même psychologiques. Mais elle avait un caractère ouvert, vif, et toujours optimiste. Elle reçut de sa mère une éducation religieuse sérieuse et profonde. Elle fréquenta l'école seulement pendant un an et demi, sans subir aucun examen. À huit ans elle commença à travailler chez des patrons. À 12 ans elle fut très gravement frappée par une maladie et se trouva aux portes de la mort. À 14 elle était déjà une mademoiselle, et sa personne, fine et délicate, lui donnait un certain charme. Un jeune garçon est tombé amoureux d’elle. Celui-ci, avec deux autres amis, entra par la force chez elle pour la violer. Mais la fille, pour sauver sa pureté, se jeta de la fenêtre, ce qui fut à l’origine des graves conséquences à la colonne vertébrale. Pendant sept ans elle fut soignée inutilement et ensuite elle finit au lit, paralysée. Au debout elle fit tout pour guérir. Elle priait et demandait à Dieu la grâce de sa guérison, mais lorsqu’elle se rendit compte qui là était sa mission, c'est-à-dire la souffrance, elle accepta volontiers le calvaire et elle le vécut avec le sourire aux lèvres jusqu'à la mort. La cause de béatification d'Alexandrina, commencée en 1967, est déjà au point. En effet, la mystique portugaise a été proclamée "vénérable" en 1995. Maintenant la Commission pour les Causes des Saints évalue une guérison, survenue par l’intercession d'Alexandrina, qui pourrait devenir le miracle qui ouvre les portes pour la béatification. Le Postulateur de la Cause est le salésien Père Pascal Liberatore auquel nous avons posé quelques questions. Père Pasquale, quel est, selon vous, la caractéristique la plus particulière de la spiritualité d'Alexandrina ?« Il me plaît que vous me posiez cette question. C’est comme vouloir aller vite au cœur de cette existence bénie : Alexandrina est une "crucifiée". À 21 ans elle s'est mise à lit et elle y est restée pendant 30 ans, de façon ininterrompue jusqu'à la mort. D'octobre 1938 à mars 1942, c'est-à-dire pendant trois ans et demi elle vécut, visiblement, la Passion du Christ. Le phénomène, qui se répéta chaque semaine pendant 182 fois, durait du jeudi au vendredi ». Pouvez-vous le décrire ?« Alexandrina entrait en extase et dans cette attitude "elle revivait" les diverses phases de la Passion du Christ, tout à fait comme elles sont recomptées dans les Évangiles. Ses souffrances physiques commençaient déjà la veille, le jeudi, et augmentaient pendant toute la nuit et, la matinée suivante, en atteignant leur sommet vers les quinze heures du vendredi. Cela durait alors de 12 heures à 15 heures. Divers témoignages écrits par des personnes qui ont assisté à cet évènement existent. Il y a même des films et beaucoup de photographies. À midi Alexandrina descendait du lit. On ne sait pas comment elle faisait, parce qu'elle y gisait immobilisée depuis 1925. Mais dans la période où "elle revivait" la passion elle se déplaçait comme si la paralysie n'existait pas. Descendue du lit, elle se prosternait sur le plancher, avec les bras étendus le long des flancs et restait là un long moment dans cette position, absorbée dans la prière, comme Jésus dans le jardin des Oliviers. L'agonie dans le jardin était longue et pénible. Alexandrina émettait des gémissements profonds et on l’entendait sangloter. Ils se suivaient, toujours sous la forme de "représentations", comme dans un film, toutes les autres phases de la "Passion de Jésus" : la capture de la part des soldats romains, le procès devant Pilate, la flagellation, le couronnement d'épines, le chemin vers le calvaire et la crucifixion. Alexandrina souffrait réellement et de manière cruelle. Les personnes présentes, des prêtres, des laïcs et même des médecins, suivaient préoccupés. Alexandrina, pâle, face contre terre, suait et ses cheveux se malaxaient sur le front. Au terme du phénomène, son corps était plein de bleus, d'ecchymoses, de bosselures. Les médecins profitaient pour faire des expériences. La piquait avec des épingles, sous les ongles, près des yeux, et elle ne sentait rien. Dans les "représentations" du chemin du calvaire avec la croix sur les épaules on enregistrait même les trois chutes indiquées dans les Évangiles. Alexandrina restait à terre, comme écrasée par le poids de la croix. Une fois un médecin tenta de la soulever et il s'aperçut qu'elle était très lourde. Il demanda de l’aide à ses collègues présents, mais même à deux, ou à trois ils n’ont pas réussit à la soulever d'un millimètre. Alexandrina était comme collée au plancher. Une fois l'extase terminée, elle devenait légère : à ce moment-là le poids de son corps était à peine de 34 kilos. Le phénomène de "revivre" la Passion du Christ dura jusqu'au 27 mars 1942. Ensuite commença l'autre grand phénomène : celui du jeûne total ». C'est-à-dire ?« Pendant 13 années et sept mois Alexandrina n'absorba aucun type de nourriture ou de boisson. Elle se nourrissait uniquement de l'Eucharistie qui lui était portée par le curé touts les matins. Jésus lui avait dit : "Tu ne t'alimenteras jamais plus sur la terre. Ton aliment est ma chair : ton sang, mon sang. Grand est le miracle de ta vie". Alexandrina ressentait d’une manière très forte les provocations de la faim et de la soif, mais si elle prenait rien qu’une goûte d'eau elle était atteinte par une douloureuse crise de vomissements". Que disaient-ils les médecins du temps ?« Le phénomène excita terriblement la science médicale. Aucun médecin ne croyait qu’un phénomène de genre puisse exister. Puisque les fidèles criaient au miracle, les médecins, qui à cette période étaient presque tous athées déclarés, voulaient montrer qu'il ne s’agissait là que d’une supercherie et réussirent à convaincre Alexandrina de la soumettre à un contrôle scientifique dans un établissement hospitalier. Alexandrina accepta en posant cependant une condition : pouvoir recevoir tous les matins la Communion. Au moi de juin 1943, la malade fut emmenée à l'hôpital de Foz do Douro, tout près de porto, et confiée aux soins du professeur Gomes de Araujo, de la Royale Académie de Médicine de Madrid, spécialiste en maladies nerveuses et arthritiques. Une fois là, elle y resta pour 40 jours, isolé de tous, sous l’étroit contrôle des collaborateurs du célèbre médecin, qui la surveillaient jour et nuit. Ils durent à la fin conclure que l'on se trouvait face à un fait absolument inexplicable. Aux souffrances de la "passion" et du jeûne, on doit ajouter les exactions diaboliques et les incompréhensions humaines. Le démon la tortura dans tous les sens, avec des tentations contre la foi et en assaillant son corps, en la jetant du lit et en lui provoquant des blessures. Plus grande encore fut la souffrance causée par l'incompréhension humaine. Et je ne parle pas seulement de celle-là, espérée, de celui qui agissait par préjugés, mais même de celle provenant des hommes d'Église qui, sous couvert de droites intentions, augmentèrent ses crucifixions. En somme, elle fut une crucifiée tout le long de son existence ». Toutes ces souffrances avaient certainement un but particulier, une mission spécifique.« La mission d'Alexandrina a été celle de secouer le monde sur les effets du péché, inviter à la conversion, offrir un témoignage très vivant de la participation à la Passion du Christ et donc de contribution à la rédemption de l'humanité. "Elle voulait fermer l'enfer" est le titre d'un livre de Don Umberto Pascal, son directeur spirituel. Ce titre résume la mission d'Alexandrina. Pendant une extase on a pu l’entendre dire : "Oh Jésus, fermez les portes de l'enfer ! Placez-moi, comme une barrière, sur leur seuil afin que plus personne ne se perde ! Laissez-moi là jusqu'à à la fin à du monde, jusqu'à ce qu'il ait des pécheurs à sauver". Sur sa tombe, Alexandrina a voulu qu'il soit écrit : "Pécheurs, si les cendres de mon corps peuvent être utiles pour vous sauver, approchez vous, marchez dessus, piétines-les jusqu'à qu'elles disparaissent. Mais vous ne péchez plus ; n'offensez plus notre Jésus ! Pécheurs, je voudrais vous dire tant de choses ! Pour toutes les écrire ce grand cimetière ne suffirait pas. Convertissez-vous. N'offensez plus Jésus ! Ne veuillez pas le perdre pour toute l'éternité ! Il est très bon. Il suffit avec le péché. Aimées Jésus ; aimez le lui !". Une mission donc de grande médiatrice : se charger des péchés de l'humanité et les expier dans un but de salut ". Pensez-vous qu'une telle mission soit possible à notre époque ? Quel intérêt peut-elle susciter chez l'homme d'aujourd'hui ?Lorsque la sainteté est authentique le message qu’il propose va au-delà du temps, il est toujours actuel. Alexandrina secoue l'homme d'aujourd'hui pour sa portée prophétique. L'analogie avec Padre Pio s’impose, une vive attirance chez les deux envers le Crucifix. Sa récente canonisation a intéressé des millions de personnes. Qui dirait que des vies de ce genre (il s'agit de deux contemporains) n'aient pas prise sur l'homme d'aujourd'hui ? Qui connaît Alexandrina reste fasciné. Je reçois des lettres du monde entier pour demander des d'images et des reliques. Beaucoup écrivent pour signaler des grâces obtenues par l’intercession d'Alexandrina. Sa tombe (que l'on trouve aujourd'hui dans l'Église paroissiale de Balasar) est le but continuels pèlerinages. Un flux d’environ 30 mille personnes chaque mois ».
Renzo Allegri
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