Eric
sortait d'une des plus illustres familles de Suède.
Il s'appliqua dans sa jeunesse à cultiver son esprit par
l'étude des sciences, et à former son cœur à toutes les
vertus chrétiennes. Quand il fut en âge d'être marié, il
épousa Christine, fille d'Ingon IV, roi de Suède.
Après la
mort de Smercher II, les Suédois, touchés des vertus et des
belles qualités d'Éric, jetèrent les yeux sur lui pour qu'il
les gouvernât. Ils le placèrent donc sur le trône, en vertu
de l'élection des États, qui s'était faite conformément aux
anciennes lois du pays. Le premier soin du nouveau roi fut
de veiller sur son âme avec une extrême attention. Il
assujettissait la chair à l'esprit par le jeûne et les
autres mortifications de la pénitence; il vaquait assidûment
aux exercices de la prière et de la contemplation, qui
faisaient ses principales délices.
Ses peuples
trouvaient un père en lui, ou plutôt il était le serviteur de
tous ses sujets. Il travaillait avec une application infatigable
à leur rendre la justice. Les malheureux étaient sûrs de sa
protection ; ils pouvaient en tout temps lui porter leurs
plaintes, et ils ne tardaient pas à être délivrés de
l'oppression. Souvent il visitait en personne les pauvres
malades, et les soulageait par d'abondantes aumônes. Content de
son patrimoine, il ne levait aucune taxe sur ses sujets.
Plusieurs églises furent bâties par ses soins. Il porta de sages
lois pour réprimer les abus et pour assurer la tranquillité
publique.
Quoiqu'il fût
naturellement pacifique, il ne put se dispenser de faire la
guerre. Il marcha contre les Finlandais, peuple livré aux
superstitions du paganisme, et qui venait souvent piller les
terres de son obéissance. Il remporta sur eux une victoire
complète. Mais il ne put retenir ses larmes à la vue des corps
morts étendus sur le champ de bataille. Il est bien triste,
disait-il, que tant de malheureux soient péris sans avoir reçu
la grâce du baptême ! Lorsqu'il eut entièrement soumis la
Finlande, il chargea S. Henri, évêque d'Upsal, d'y aller prêcher
la foi, et il y fit bâtir un grand nombre d'églises.
La piété
d'Éric devint l'objet des railleries de quelques Suédois
opiniâtrement attachés au paganisme. La haine succéda bientôt
aux railleries. Magnus, fils du roi de Danemark, qui avait des
vues ambitieuses sur la couronne de Suède, se mit à la tête des
mécontents, et les engagea à conspirer contre les jours de leur
souverain. Le saint roi entendait la messe le lendemain de
l'Ascension, lorsqu'on vint lui apprendre que les rebelles
avaient pris les armes, et qu'ils s'avançaient pour l'attaquer.
Il répondit avec tranquillité : « Achevons au moins le
sacrifice ; le reste de la fête se passera ailleurs. »
La messe
finie, il se recommande à Dieu, fait le signe de la croix, et
afin d'épargner le sang de ses fidèles sujets, qui étaient dans
la disposition de sacrifier leur vie pour sa défense, il marche
seul devant ses gardes. Les conjurés l'ayant joint, se jettent
sur lui avec fureur, le renversent de son cheval, lui font
souffrir mille indignités, et lui coupent la tête en haine de la
religion chrétienne. Son martyre arriva le 18 mai 1151.
Dieu glorifia
son tombeau par plusieurs miracles. Son corps est encore tout
entier à Upsal. La Suède honorait S. Éric comme son principal
patron, avant qu'elle eût embrassé le luthéranisme.
Toute
puissance, toute autorité qui subsiste parmi les hommes a Dieu
pour auteur (Jean XIX). Le Sage le répète souvent, et
Jésus-Christ le déclara lui-même à Pilate. Voilà pourquoi S.
Paul dit que quiconque résiste à la puissance, résiste à
l'ordre de Dieu (Rm. XIII, 1). Mais ceux qui sont élevés
au-dessus des autres ont aussi des devoirs à remplir. Ils
doivent, conformément à la volonté divine, se servir de la
portion d'autorité qui leur a été confiée pour procurer la
gloire du Seigneur. S'ils en font un autre usage, ils doivent
s'attendre à être traités comme des serviteurs infidèles, et à
être punis dans l'autre vie à proportion de ce qu'ils auront été
élevés au-dessus des autres dans celle-ci.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |