Il y a des vies de
saints qui semblent irréelles, voire appartenir à la “Légende
dorée”. Celle-ci en est une. Non point qu’elle soit remplie
d’invraisemblables descriptions et miracles, mais parce que la vie
de cette bienheureuse est elle-même une succession de choses si
extraordinaires que l’on aurait presque envie de ne pas y croire. Et
pourtant, c’est une réalité : elle bel et bien existé et vécut dans
notre monde, dans une période certes particulière, mais aussi
remplie d’autres saints et saintes de Dieu qui ne doivent rien au
hasard ni à la bienveillance des historiens.
Lisons plutôt :
Elle était fille d'une
religieuse de Padoue qui avait eu un moment d'égarement dans sa vie
monastique.
Devant la femme
adultère que les juifs voulaient lapider, Jésus ne dit rien, mais
écrivit par terre, sur le sable de l’endroit où Il se trouvait
alors, quelques mots et, un à un “en commençant par les plus âges”,
tous ceux qui voulaient lapider la femme, s’en sont allés.
Faisons-en autant envers cette religieuse qui, malgré son péché, fut
l’instrument qui donna à l’Église une nouvelle bienheureuse.
Le fruit de son péché
reçut le nom de Lucrèce Bellini. Était-ce le nom du père ? Nul ne le
sait, mais ce qui est vrai, c’est que cette fillette, dont nul ne
voulait prendre soin, finit, avec le temps, par devenir à son tour
religieuse : elle n’avait alors que 17 ans.
Consciente de son état
de “fille du péché”, Eustochium de Padoue — c’est
sous ce nom qu’elle est passée à la postérité — se sentait possédée
du démon et souffrit les mauvais traitements infligés à cette époque
aux possédés : emprisonnée, nourrie de pain et d'eau seulement,
humiliations et brutalités, que malheureusement l’Église d’alors
cautionnait. Elle vécut tout cela avec patience et humilité.
Peut-être, grâce à
cette “patience et humilité”, la “malheureuse” enfant put faire sa
profession religieuse et être par la même occasion considérée comme
une sœur parmi d’autres sœurs, ce qui ne semble pas avoir été le
cas, car elle continua enfermée dans le “secret”, comme une possédée
qu’elle était, mais, comme toujours le Seigneur veille et, ô
surprise inouïe : lorsqu'elle mourut à vingt-quatre ans, on
découvrit sur sa poitrine le nom de Jésus qui s'y était gravé.
Elle fut béatifiée
longtemps après sa mort, par le Pape Clément XIII, le 22 mars 1760.
Elle est toujours
vénérée à Padoue. |