Hospice de Villefranche Reclus

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Hospice de Villefranche
Reclus, Saint
+ 581

Tous les auteurs qui ont écrit sur saint Hospice en parlent comme d'un personnage de grand mérite, et que Dieu a rendu illustre par plusieurs miracles. Il se renferma dans une vieille tour, pour y pratiquer les exercices de la pénitence et pour s'éloigner davantage de toute sorte de communication avec le monde. Cette tour n'était plus qu'une masure abandonnée, près de Villefranche, à une lieue de Nice, en Provence, dans une presqu'île, qui, du nom du Saint, est encore appelée aujourd'hui San-Sospis. Il était chargé de chaînes qu'il portait sur la chair nue, avec un cilice seulement par dessous. Il ne mangeait que fort peu de pain avec des dattes ; mais en Carême il ne prenait que des herbes ou des racines. Comme il était parfaitement détaché des choses présentes, Dieu lui fit plusieurs grandes faveurs et lui donna la connaissance des choses à venir. Il lui révéla que les Lombards devaient bientôt faire irruption dans les Gaules et y causer de grands sordres. Hospice en avertit souvent ceux qui l'allaient visiter, afin qu'ils se tinssent sur leurs gardes et qu'ils se sauvassent des mains de ces barbares. Il le fit aussi savoir aux religieux d'un monastère voisin, leur conseillant de se retirer promptement dans un lieu de sûreté et d'emporter avec eux tout ce qu'ils voulaient conserver et comme ils lui témoignaient qu'ils ne pouvaient résoudre à l'abandonner. « Ne craignez pas pour moi, leur dit-il, je sais bien qu'ils me feront plusieurs outrages ; mais ils ne m'ôteront pas la vie ».

Peu de temps après, l'événement vérifia cette prédiction ; car, environ l'an 575, cette nation, cruelle et insolente, vint fondre sur la France et y mit tout à feu et à sang. Ces barbares s'étant avancés jusqu'à la tour d'Hospice, et voyant les chaînes qui lui serraient le corps, le prirent pour un malfaiteur qu'on avait emprisonné Le Saint leur avoua qu'il était très criminel et indigne de vivre. Alors l'un d'eux leva le bras pour lui décharger sur la tête un coup de sabre; mais son bras fut retenu et comme paralysé par une force invincible, et le sabre lui tomba de la main. A la vue de ce prodige, les barbares, frappés de terreur, se jetèrent aux pieds du reclus, le priant de secourir leur camarade le Saint lui rendit, par le signe de la croix, l'usage de son bras. Ce miracle toucha tellement ce soldat, qu'il renonça sur-le-champ au monde et à ses vanités, se fit couper les cheveux et résolut de demeurer toute sa vie auprès de son libérateur. Saint Grégoire de Tours, de qui nous tenons cette histoire, dit qu'il vivait encore de son temps, et qu'il avait la réputation d'un excellent religieux. Il ajoute ensuite que tous ceux qui méprisèrent les avis de saint Hospice moururent misérablement, et que beaucoup de ces Lombards furent saisis par des esprits immondes, qui criaient sans cesse : « Hospice, pourquoi nous tourmentes-tu pourquoi nous brûles-tu ? » Mais il y en eut qui furent délivrés par l'imposition de ses mains ; et ceux qui profitèrent de ses bons conseils s'en retournèrent dans leur pays sans nul danger ; deux capitaines, entre autres, furent compensés de l'estime et de la déférence qu'ils avaient eues pour sa sainteté. Le même auteur rapporte plusieurs miracles que fit depuis saint Hospice il rendit l'ouïe et la parole à un homme d'Angers, qu'un diacre de cette église conduisait à Rome, pour y trouver du secours au pied des tombeaux des Apôtres; mais ce diacre s'étant écrié, avec beaucoup d'admiration, e qu'il avait trouvé, dans Hospice, Pierre, Paul, Laurent et tous les autres Martyrs qu'il allait chercher à Rome Hospice, qui était l'ennemi déclaré de la vaine gloire, lui répond « Ne parlez pas de la sorte, mon frère, ce n'est pas moi qui ai guéri ce malade, c'est Dieu qui a réparé son ouvrage et qui lui a rendu les sens qu'il lui avait lui-même donnés à sa naissance a. Ainsi, il renvoya toute la gloire à Dieu, et mérita, par cette justice, de rendre ensuite la vue à un aveugle de naissance, de délivrer une jeune fille cruellement tourmentée par un démon et d'en chasser trois du corps d'une femme qui fut amenée au bas de sa tour.

Après avoir mené une vie si sainte, sentant les approches de la mort, il fit venir le supérieur du monastère dont nous avons parlé, pour lui dire ces paroles « Ouvrez cette muraille et envoyez vers l'évêque de la ville, afin qu'il me vienne ensevelir car dans trois jours je partirai de ce monde pour aller jouir du repos que Notre-Seigneur m'a promis ». Peu de temps après, un homme de considération, nommé Crescent, vint à sa tour, et, voyant ce grand serviteur de Dieu, non seulement chargé de chaînes, mais couvert de plaies, il lui demanda comment il avait pu tant souffrir : « J'ai été, dit-il, fortifié et soutenu par Celui pour qui j'endure ce que vous voyez ; mais me voici au bout de mes travaux, et je me dispose à aller jouir du repos que Dieu m'a préparé s. En effet, trois jours après, ayant ôté ses chaînes et s'étant mis à genoux, il fit une longue oraison qu'il accompagna d'un torrent de larmes puis, couché sur un banc et les mains levées au ciel, il rendit son âme à Dieu, le 21 mai 581. Austadius, évêque de Cimiez et Nice, en Provence, qu'il faut mettre entre Magnus et Catulinus, lui fit rendre les devoirs de la sépulture, ainsi qu'il l'en avait fait prier avant sa mort. Les chaînes dont il se lia le corps comme un malfaiteur volontaire pour l'amour de Dieu ; la tour qui lui sert de prison, peuvent servir à caractériser saint Hospice dans les arts.

SOURCE : P. Giry : Les petits Bollandistes : vies des saints. T. VI. Source : http://gallica.bnf.fr/ Bibliothè-que nationale de France.

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