Sainte Imelda descendait de la
noble famille des Lambertini. Née à Bologne en 1521, elle avait reçu au baptême
le
nom de Madeleine. Dès le berceau elle manifesta une intelligence précoce qui
s'ouvrait naturellement aux lumières de la foi.
On ne constata jamais en elle de
difficulté à obéir, ni de ces caprices qui rendent pénible l'éducation des
enfants. Au premier signe, Madeleine quittait le jeu le plus animé pour se
mettre au travail. Elle s'était aménagé un petit oratoire qu'elle ornait de ses
mains. Tout son bonheur consistait à s'y retirer pour prier.
La splendeur de la maison
paternelle pesait à cette âme qui comprenait déjà le néant des choses créées.
Suivant un usage très ancien dans l'Église, on recevait parfois les enfants dans
les monastères. Ils étaient revêtus de l'habit religieux, mais cela n'engageait
en rien leur avenir et ces enfants n'étaient assujettis qu'à une partie de la
Règle. A l'âge de dix ans, la petite Madeleine pria ses parents avec tant
d'instance de lui octroyer cette grâce, qu'ils finirent par se rendre à ses
désirs et l'emmenèrent chez les Dominicaines de Valdiprétra, près de Bologne.
La jeune enfant prit l'habit avec
joie et échangea son nom pour celui d'Imelda, qui signifie: donnée au monde
comme du miel, sans doute à cause de sa douceur et de son extrême amabilité.
Novice, elle voulut observer la Règle tout entière bien qu'elle n'y fut pas
obligée. Sa constance au service de Dieu ne se démentit pas un instant, aucune
austérité ne l'effrayait, et elle s'appliquait en tout à ressembler à Jésus
crucifié.
La sainte enfant passait des
heures en adoration devant Jésus-Hostie, sans ressentir plus de lassitude que
les anges devant Dieu. Durant le Saint Sacrifice de la messe, elle versait
d'abondantes larmes, surtout lorsque les religieuses quittaient leurs stalles
pour aller communier. Dans l'ingénuité de son amour, elle disait parfois :
« Je vous en prie, expliquez-moi comment on peut recevoir Jésus dans son cœur
sans mourir de joie. » Les religieuses étaient grandement édifiées de sa
particulière dévotion envers le Saint Sacrement.
C'était l'usage du pays de donner
la première communion aux enfants qu'à l'âge de quatorze ans. Sainte Imelda,
consumée par l'ardeur de ses désirs, suppliait d'être enfin admise à la sainte
Table mais on ne croyait pas devoir faire exception pour la petite novice. Le
jour de l'Ascension 1533, Imelda atteignit ses onze ans. De nouveau, elle
conjura son confesseur de lui permettre de recevoir la sainte communion, mais ce
dernier resta inflexible.
L'enfant s'en alla à la chapelle
en pleurant, afin d'y entendre la messe. Le Seigneur Jésus, si faible contre
l'amour, ne put résister davantage aux vœux de cette âme angélique. Au moment de
la communion, une hostie s'échappa du ciboire, s'éleva dans les airs, franchit
la grille du chœur et vint s'arrêter au-dessus de la tête de sainte Imelda.
Aussitôt que les religieuses aperçurent l'hostie, elles avertirent le prêtre du
prodige. Lorsque le ministre de Dieu s'approcha avec la patène, l'hostie
immobile vint s'y poser. Ne doutant plus de la Volonté du Seigneur, le prêtre
tremblant communia Imelda qui semblait un ange plutôt qu'une créature mortelle.
Les religieuses, saisies d'un
étonnement inexprimable, restèrent longtemps à regarder cette enfant toute
irradiée d'une joie surnaturelle, prosternée en adoration. Ressentant finalement
une vague inquiétude, elles appelèrent Imelda, la prièrent de se relever, puis
lui en donnèrent l'ordre. L'enfant toujours si prompte à obéir paraissait ne pas
même les entendre. En allant la relever, les sœurs s'aperçurent avec
stupéfaction qu'Imelda était morte : morte de joie et d'amour à l'heure de sa
première communion.
Cette petite sainte italienne a
été surnommée : la fleur de l'Eucharistie. Elle est la patronne des premiers
communiants.
Tiré de Laure Conan, édition
1913, pp. 38-41 – Marteau de Langle de Cary, 1959, tome II, p. 208
|