Saint Ithier (Itlutrius)
était originaire de Nogent-sur-Vernisson, entre La Bussiére et
Montargis. A une foi vive, à une sainteté exemplaire il unissait des
connaissances variées et étendues. Non content de se livrer à
l'étude de la morale, il avait voulu travailler avec ardeur à la
physique, qui comprenait la médecine, afin de pouvoir être
doublement utile au prochain, en lui procurant la santé de l'âme et
celle du corps. De tous les côtés on accourait à lui, et les malades
s'en retournaient soulagés de leurs infirmités, parce que Dieu
bénissait les remèdes administrés par son serviteur. Pour lui, loin
de s'attribuer la gloire des guérisons qu'il opérait, il engageait
les malades qu'il avait guéris à réserver pour Dieu toute leur
reconnaissance. Cependant, craignant que la vaine gloire ne
s'emparât de son cœur, il se retira dans un lieu désert et inculte.
Bientôt sa retraite fut découverte, et on vint à lui de toutes parts
comme auparavant.
Le bruit de sa
sainteté et des prodiges qu'il opérait parvint jusqu'à Nevers, dont
l'église était veuve par la mort de son évêque. Le clergé et le
peuple demandèrent Ithier pour le remplacer. Celui-ci craignant de
résister à la volonté divine, y consentit. Il fut donc ordonné
prêtre et reçut l'onction pontificale vers 690.
On lit dans les
anciennes légendes de saint Ithier que le souverain-pontife qui
avait eu connaissance de son éminente sainteté, le fit visiter par
ses légats ; ceux-ci l'engagèrent à quitter sa solitude et à les
suivre jusqu'à Rome. Le saint le fit par obéissance. Le pape le
reçut avec l'accueil le plus cordial et le conserva auprès de lui
pendant dix-huit mois ; ce fut après ce voyage qu'il monta sur le
siège de Nevers.
En entrant dans
sa ville épiscopale, il rencontra aux portes de la cité un homme
perdu depuis de longues années ; il le guérit sur-le-champ de ses
infirmités ; il délivra aussi un possédé dans cette circonstance.
Après avoir fait
briller sur le siège pontifical les vertus qu'on avait remarquées en
lui dans sa retraite, il mourut plein de mérites, vers l'an 695 ou
696.
Les habitants de
Nogent montrent à l'extrémité de cette paroisse une fontaine auprès
de laquelle était, assurent-ils, l'habitation des parents de saint
Ithier. C'est là que le saint a passé les premières années de sa
vie. On y a planté une croix et, depuis bien des siècles, les
peuples de Nogent et des environs s'y rendent en procession dans les
calamités publiques. Les malades y accourent aussi pour obtenir, par
l'intercession du saint évêque.
La guérison de leurs maux. La fête de saint Ithier se célébrait à
Nogent le 17 juin, lorsque cette paroisse faisait partie du diocèse
de Sens ; depuis qu'elle dépend de celui d'Orléans, la fête de saint
Ithier n'a lieu que le 9 juillet. L'ancien Martyrologe de Nevers
marque sa mort au 25 du même mois ; cependant sa fête se célèbre
dans le diocèse de Nevers le 8 juillet. Cette variation a dû être la
suite de quelques translations des reliques de notre saint.
Les Martyrologes
de Nevers et d'Auxerre s'accordent sur le lieu de la mort de saint
Ithier; ils disent qu'il mourut dans le diocèse de Bourges. Sa vie
imprimée, par les chanoines de la collégiale de Saint-Ithier des
Aix, indique Nevers comme le lieu de son décès.
Il paraît plus
certain qu'il mourut dans le Berry ; son corps lut transporté à
Nogent, son pays natal. Au onzième siècle, son culte était déjà fort
répandu. Plusieurs églises du Berry furent mises sous son
invocation, entre autres la collégiale de Saint-Ithier des
Aix-d'Angillon. En 1403, Jean, duc de Berry, donna ; cette
collégiale une partie du chef et d'un bras du saint évoque, reliques
qu'il avait obtenues du prieur de Nogent.
La collégiale de
Sully-sur-Loire le reconnaissait aussi pour son patron. Lorsque les
huguenots entrèrent dans Nogent, ils dispersèrent les reliques du
saint évêque. Avant la révolution de 1793, il ne restait plus à
Nogent qu'un seul doigt qui y avait été rapporté, en 1656, du trésor
de la collégiale de Sully-sur-Loire.
Il est d'autant
plus important de bien établir l'authenticité de ces reliques, que
ce sont les seules qui restent de notre saint évêque ; les
procès-verbaux qui ont été dressés depuis la grande révolution
française, et la reconnaissance qui en a été faite plus récemment
par l'autorité diocésaine d'Orléans doivent donc trouver ici leur
place. |