Pedro
Julião Rebelo naquit à Lisbonne, au Portugal, entre 1205 et 1213 au sein
d’une famille obscure, disent les uns, au sein d’une famille noble, disent
d’autres, lui trouvant même des liens de parenté avec les Médicis.
Quoi qu’il en soit, Pierre fit ses premières études à
Lisbonne, dans l’école de la Cathédrale, puis, contrairement aux habitudes
de son temps, il ne rejoignit pas Coimbra pour y poursuivre sa formation
mais partit à Paris, où il arriva en 1235.
Le fait qu’il ait fréquenté l’école de la Cathédrale de
Lisbonne et qu’ensuite il ait pu rejoindre la capitale française, tends à
démontrer que sa famille était aisée, à défaut d’être noble.
À Paris il fréquente l’Université et y fait ses
humanités, devenant par la suite, pense-t-on professeur de cette célèbre
institution. Il y eut « comme condisciple un certain Roger Bacon qui
marquera la philosophie et la science de son temps, et comme professeur
Albertus Magnus, qui lui enseigna la physique et la métaphysique
d'Aristote »
.
Puis ce fut Montpellier et Salerne, où il étudia la médecine. Il prêta
serment à Sienne le 11 janvier 1245, devant quatre témoins. Un an plus tard
il y était nommé professeur et y enseigna son art jusqu’en 1250.
Il ne se destinait donc pas à la vie ecclésiastique, mais
bien à la médecine où il était devenu une sommité de l’époque, ses conseils
étant recherchés par les plus grands de son temps. Dante lui-même en parle
dans la Divine Comédie — Paradis, chant XII.
Le
destin est très souvent capricieux… et, comme il est écrit: « les voies du
Seigneur impénétrables » !
On perds tout d’abord un peu la trace de Pierre, puis, en
1260, on le retrouve à Léon, où il est fait chanoine et vit « dans
l’entourage du Cardinal Ottobono Fieschi, qui sera plus tard le Pape Adrien
V, l'accompagnant dans ses voyages et déplacements »
.
Le roi du Portugal, Alphonse III lui offrit, le 20
juillet 1263, le prieuré de Saint-André de Mafra que le fameux médecin
devenu chanoine accepta. Les titres honorifiques vont alors tomber
abondamment sur sa personne : il fut fait chanoine et doyen de la Cathédrale
de Lisbonne ; trésorier-major de celle de Porto ; archidiacre de Vermoim, au
diocèse de Braga et enfin Prieur de la Collégiale de Guimarães, la ville
“berceau”. Mais cet homme d’une rare culture, devait encore être bien
davantage honoré. Le siège de Braga devenant vacant, il fut choisit, en
1272, pour occuper le siège de cette ville archiépiscopale et dont
l’occupant bénéficie du titre de “Primat du Portugal et des Espagnes”. Il
n’y resta pas longtemps car le Pape Grégoire X le fit appeler auprès de lui,
comme médecin et le nomma cardinal-archevêque de Tusculum en 1273. Lors du
Concile général de Lyon, en 1274, Pierre Hispano y accompagna le Pape.
Grégoire X décéda en janvier 1276 et fut
remplacé par Pierre de Tarentaise qui prit le nom d’Innocent V. Celui-ci
mourut la même année et le cardinal Ottobono Fieschi, sous le nom d’Adrien V
le remplaça jusqu’au 18 août 1276, jour de son décès.
Après
26 jours d’interrègne, le 13 septembre 1276, le conclave réuni à Viterbe
élut Pedro Hispano qui prit le nom de Jean XXI, alors qu’aucun pape n’avait
porté auparavant le nom de Jean XX.
Il ne siègera pas à Rome mais à Viterbe, petite ville
située au nord de Rome.
« En dépit de ses responsabilités de Pape, Jean XXI ne
renonça jamais à la poursuite de ses études scientifiques. Afin de s'assurer
la tranquillité nécessaire pour une telle tâche, il fit ajouter un
appartement privé au palais papal. Or, le 14 mai 1277 le toit de cet
appartement s'effondra alors qu'il s'y trouvait, le blessant grièvement. Six
jours plus tard, le 20 mai 1277, il devait mourir des suites de ses
blessures. Jean XXI fut enterré dans la Cathédrale San Lorenzo, à Viterbe
dans une des chapelles »
.
Son règne fut certes court, mais on peut relever quelques
actions importantes :
Il organisa une croisade et fit tout ce qui était en son
pouvoir pour la réintégration de l’Église orientale dans le sillon de
l’Église romaine. Cela se concrétisa en avril 1277, suite au Synode de
Constantinople où l’empereur byzantin décida de revenir au sein de l’Église
Romaine.
Pedro Hispano laissa une importante œuvre littéraire d’où
ressort particulièrement Thesaurus Pauperum (Le Trésor des Pauvres).
Alphonse Rocha
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