Toute la vie
de ce saint homme n'offre presque qu'un enchaînement de choses
extraordinaires, surtout les quarante ans pendant lesquels il
vécut en solitaire et en religieux. Il naquit vers la fin du
neuvième siècle à Vandière, village situé entre Metz et Toul.
Son père était un homme simple, droit et irréprochable. Jean
étudia d'abord à Metz, puis à Verdun, où il fit peu de progrès
par la négligence de son maître. Son père étant mort et sa mère
s'étant remariée, il fut chargé du soin du ménage, et acquit
parce moyen beaucoup d'intelligence dans la conduite des
affaires. Ses biens et ceux de sa famille s'augmentèrent
considérablement pendant son administration. Il se lia alors
avec plusieurs gentilshommes et quelques ecclésiastiques du
pays, et tira de leur conversation un grand profit pour son âme.
La réputation de probité dont il jouissait lui attira l'estime
générale ; l'évêque de Verdun fit lui-même sa connaissance, et
lui confia plusieurs affaires délicates. Jean sentit que pour
s'acquitter avec fruit des emplois auxquels on l'avait appelé,
il avait besoin de se perfectionner dans les sciences, et reprit
par conséquent le cours de ses études sous la direction du
vertueux Berner, archidiacre de Toul, homme savant et d'une rare
piété.
Jean
recherchait la société des personnes religieuses. Un jour qu'il
s'entretenait avec une jeune fille nommée Géise, qu'on élevait
au monastère de Saint-Pierre de Metz, il s'aperçut qu'elle
portait un cilice. La vue de cet objet excita en lui le vif
désir de parvenir à la perfection, et il résolut aussitôt de
renoncer au monde et de se consacrer entièrement à Dieu : il
s'appliqua donc à étudier l'Ecriture sainte, lut les canons des
conciles, les ouvrages des
Pères,
les livres des cérémonies de l'Eglise, les
Vies
des
saints,
les règles des pénitences et même les capitulaires et
autres
ouvrages de droit civil. Muni de
tous ces secours, il alla trouver un saint ermite, nommé
Humbert, qui demeurait près de Verdun, et auquel il fit une
confession générale de tous ses péchés. On croit que c’est alors
qu'il renonça à l'usage des viandes, et qu'il promit de ne plus
manger que des mets maigres. Il alla ensuite dans la forêt
d'Argonne trouver un autre ermite nommé Lambert, mais dont il ne
fut pas très content : celui-ci était fort ignorant, et ne
faisait autre chose que d'accabler son corps par des austérités
excessives. Toute la conduite de Jean retraçait celle des
anciens anachorètes de la Thébaïde. Il partit pour l'Italie,
visita les tombeaux des apôtres, les monts Gargan, Cassin,
Vésuve, où il trouva partout de pieux .solitaires qui étaient
parvenus à une grande sainteté. Après s'être édifié dans leur
compagnie, il revint en Lorraine, où il fit la connaissance d'Einold,
archidiacre de Metz, qui, touché de la vie sainte de Jean,
vendit tous ses biens, en distribua le produit aux pauvres, et
convint avec lui d'aller en Italie pour y terminer ses jours :
mais l'évêque Adalbéron s'y opposa, et leur prescrivit de rester
dans le diocèse de Metz. Ils entrèrent donc tous les deux dans
l'abbaye de Gorze, située à quatre lieues de Metz, et fondée
deux siècles avant par S. Chrodegang. Jean s'y présenta en 960 ;
son séjour dans cette maison contribua puissamment à ranimer la
discipline. Ses austérités furent si grandes, que l'abbé du
monastère se vit souvent obligé de les modérer.
Comme
l'empereur Otton fut obligé d'envoyer une ambassade en Espagne à
Abdérame, roi des Maures, il demanda deux religieux à l'abbaye
de Gorze. Jean fut donc nommé chef de cette ambassade, qui dura
quatre ans. La fermeté et le courage du saint religieux
l'emportèrent sur la fierté du roi barbare, qui témoigna d'abord
de l'aversion pour lui, mais qui finit par rendre justice à ses
vertus. Jean reçut du ciel des faveurs extraordinaires. De
retour en France, il fut nommé abbé de Gorze, et conduisit
pendant treize ans cette maison avec une rare prudence. Il
mourut de la mort des justes à la fin du mois de février 978.
Son nom se trouve dans plusieurs Martyrologes.
SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |