Saint Lambert, né à
Maëstricht, d'une famille princière, eut une enfance toute
privilégiée. Jeune homme, il
opéra des miracles, fit jaillir une
source pour étancher la soif des ouvriers constructeurs d'une
église, et porta des charbons ardents dans les plis de son manteau
sans l'endommager. Ses vertus extraordinaires l'élevèrent, à l'âge
de vingt et un ans, sur le siège épiscopal de Maëstricht.
Après avoir administré
saintement son diocèse pendant plusieurs années, il en fut chassé
par une révolution et se retira dans un monastère voisin, où il se
mêla aux simples religieux, dont il ne se distinguait que par une
grande ferveur. On raconte à ce sujet une histoire fort édifiante.
Une nuit d'hiver, en se levant pour prier, il laissa tomber une de
ses sandales. L'abbé, sans connaître celui qui avait fait le bruit,
le condamna à aller prier au pied de la croix qui était devant
l'église. Lambert obéit sans réplique et demeura trois à quatre
heures à genoux, transi de froid et couvert de neige, jusqu'à ce
qu'on se fût aperçu de la méprise. L'abbé et les religieux se
jetèrent à ses pieds pour lui demander pardon: "Que Dieu, dit-il,
vous pardonne la pensée de vous juger coupables pour cette action.
Saint Paul ne m'enseigne-t-il pas que je dois servir Dieu dans le
froid et la nudité?"
Il habitait depuis sept
ans cette sainte maison et y goûtait les délices de la vie
religieuse, quand il fut rappelé sur son siège épiscopal, à la
grande joie d'un troupeau qui l'avait tant pleuré. Le soin de
Lambert pour l'accomplissement des devoirs de sa charge pastorale
fut plus assidu que jamais; il était le père de tous, surtout des
pauvres. Sa maison ressemblait presque à un monastère; ses
vêtements, très simples, recouvraient un cilice, qu'il portait sur
sa chair nue. Il visitait son diocèse avec zèle, sans en excepter
les parties les plus éloignées. Son amour des âmes le porta même à
entreprendre la conversion des peuples païens qui n'appartenaient
pas à son diocèse.
Malgré les menaces de
mort, son zèle ne se rebuta point, et il eut la consolation de si
bien montrer à ces populations grossières les vérités de notre
sainte religion, qu'il changea leur cœur et les amena en masse dans
le sein de l'Église. Il mourut enfin martyr de son zèle.
Abbé L. Jaud,
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |