1er janvier
« Tu n’es pas seule... »
— Courage, ma fille, courage, épouse si chère !
Offre-moi
ta douleur, offre-moi ton martyre, ta croix sans pareille. Tu n'est pas seule
sur celle-ci, comme Je te le fais sentir : Je suis avec toi et veille sur toi,
ainsi que ma Mère bien-aimée. Te souviens-tu comment Elle t'est apparue dans la
nuit du 16 au 17 en Immaculée Conception, titre que toi tu aimes tout
particulièrement ? Elle est venue te réconforter, sans que tu le voies, Elle est
venue veiller sur toi, comme une mère empressée veille auprès de son enfant
endormi. Elle est venue te câliner et te couvrir de son manteau. Et toi, tu n'en
a pas parlé dans le Journal que tu as dicté: je ne veux pas que tu agisses
ainsi.
Avec une grande tristesse je lui ai dit :
— Pardonnez-moi, mon Jésus : j’ai douté de moi-même, je
craignais qu'il ne s'agisse que d'un rêve. O combien j'en suis attristée! Si
Vous me réprimandiez pour mes péchés, je ne serais pas davantage attristée.
— Je ne te réprimande pas pour tes manquements : ceux-ci
sont permis par moi ; mais Je te réprimande parce que Je veux que tu dises tout
ce qui se passe en toi : c'est pour le bien des âmes.
1er février
« La Maman veillait sur moi!... »
(...)
« Mon père, l'aurore de cette journée m’est apparue toute
gaie et souriante. Je sentais la douleur, mais celle-ci était rendue suave par
la Maman qui veillait sur moi... De nouveau j’ai senti son Manteau se déployer
sur moi et sur beaucoup d'âmes qu'Elle étreignait et unissait comme en une
seule : à toutes Elle dispensait sa tendresse, son amour. Mon cœur en reste
encore tout enflammé. »
21 mars
« Jésus m’a préparée à la souffrance... »
Jésus m’a préparée à la souffrance de mardi dernier. Je n’en
connais pas le motif. Sans doute parce que cette âme-là décidée à se réconcilier
avec le Seigneur est partie d’ici pour Braga ? Jésus le sait pour qui j’ai
offert mes souffrances et mes sacrifices afin que ce pécheur-là fasse une bonne
confession. La souffrance fut telle que je n’en pouvais plus. Je n’ai pas
ressenti de joie pour le retour de cette brebis. Mercredi, jour de saint Joseph,
j’ai reçu les couronnes que vous m’avez envoyée par l’intermédiaire de cet
homme. Certaines personnes ont éprouvé une grande en le voyant faire la
communion devant tous. A cette nouvelle, je suis encore restée dans la tristesse
et dans la mort : je n’ai pas eu un seul moment de satisfaction...
(...)
J’ai passé la fête de saint Joseph dans les ténèbres, sans
pouvoir voir le ciel mais toujours dans l’anxiété de donner des âmes à mon Jésus
et de parcourir le pays entier à leur recherche...
28 mars*
Examens médicaux...
Mon pressentiment au sujet de l’examen du docteur Abel
Pacheco est en train de se concrétiser. J’ai parlé au docteur Azevedo et il m’a
dit que celui-ci était presque indispensable, mais que je réfléchisse à la chose
devant le Seigneur. Si après cela je pensais ne pas devoir le faire, on ne le
ferait pas. Mais le Seigneur m’a donné ces sentiments “de me remettre entre
les mains des médecins comme Lui Il s’est remis jusqu’à la mort ; ce ne serait
que comme cela que mon sacrifice serait complet”.
— Que pouvez-vous me dire à ce sujet ?
5 avril
« Quelle tempête terrible... »
La journée d’aujourd’hui ne s’est pas écoulée sans qu’il ne
tombe sur moi une souffrance de l’âme et du cœur bien difficile à supporter. A
la tombée de la nuit s’est déchaînée une des plus terribles tempêtes. J’ai
commencé à ressentir une révolte et un très fort désir de m’imposer car les
médecins ne venaient pas pour leur examen, pour que je sois libérée de beaucoup
d’humiliations et de désagréments. Je sentais en moi une forte résistance, je ne
voulais pas me soumettre à la douleur ; je voulais tout souffrir à condition de
ne rien ressentir. C’est alors qu’est tombée sur moi toute la rage infernale :
j’ai compris que c’était l’œuvre du malin. Les démons étaient enragés, ils
voulaient engloutir mon corps tout entier.
J’en voulais surtout au docteur Azevedo; j’avais l’impression
de ressentir contre lui une haine de mort et c’était moi-même à vouloir le
mordre pour le mettre en morceaux et le broyer. Quelle tempête terrible! Ce
n’est que dans les bras de Jésus et de la Maman du ciel que je pouvais être sûre
de ne pas offenser mon Dieu.
Si le monde connaissait les embûches du démon, les pièges
qu’il prépare aux âmes pour les conduire au péché!... Je pense ne pas avoir
causé de peine à Jésus, parce que je ne veux que ce qu’il veut et ne jamais
l’offensé...
— Dis au Pape que Jésus, demande et ordonne de consacrer
le monde à sa Mère. Qu’il le Lui consacre rapidement, s’il veut que la guerre se
termine, rapidement s’il veut que le monde ait la paix.
6 avril
« Le médecin m’a écrit... »
(...) Le médecin m’a écrit pour me dire qu’il était allé à Braga
mais qu’il ne vous a pas trouvé ; mais qu’il vous écrira pour vous informer de
ce qui se passe. Il a déjà parlé au docteur Abel Pacheco lequel est prêt à venir
pour l’examen. Le médecin des maladies nerveuses ne vient pas et n’as pas assuré
non plus de venir par la suite. Je ne connais pas encore le jour où je serai
examinée. Me le communiquerez-vous ? Priez pour moi afin que Jésus me donne
courage...
25 avril
« Je voudrais fuir le monde... »
Mon Père, si seulement vous me donniez l’autorisation de
demander à Jésus le paradis au plus vite !... Ce n’est pas pour fuir la douleur,
mais parce que ma souffrance et la Crucifixion sont en train de devenir trop
connues. Je voudrais fuir le monde afin que personne d’autre ne me connaisse.
Oh ! Combien de tourments m’a apportée ma crucifixion ! J’ai tant de nostalgie
du temps où Jésus me parlait souvent et personne n’en savait rien de ma vie
sinon celui qui en avait le droit...
2 mai
« Je dois aller à Porto... »
Vers le soir pour combler ma souffrance, j’ai reçu du digne
docteur Azevedo la nouvelle que jeudi, premier mai, le docteur Abel Pacheco, de
Porto, allait venir pour pratiquer l’examen. Ce fut comme une lance qui m’aurait
traversé le cœur et, cruellement le clouant sur la terre nue. Et c’était contre
cette même terre que celui-ci saignait de douleur. Le lundi est arrivé et je
l’ai passé dans la même souffrance. Je voulais m’épancher de façon à expulser
hors de moi la crainte et la honte qui me tourmentaient. Je me suis souvenue que
c’était là une bonne occasion pour consoler et réparer pour mon Jésus, souffrant
en silence avec Lui ; je Lui ai offert le sacrifice du silence et je Lui ai
promis de ne pas en parler. Cela m’a été douloureux, mais avec Jésus j’ai
vaincu... J’ai préparé avec soin et joie le petit autel de la Maman chérie... Je
lui ai écrit une lettre et l’ai déposée à ses pieds pour le premier jour de son
mois. Je suis confiante qu’elle me fera tout ce que je lui ai demandé...
Le jeudi arriva ; ce fut bien triste : j’attendais les
médecins. Quel tourment! J’ai dit trois fois: “Premier mai, comme tu es
pénible ! Qu’arrivera-t-il encore avant la fin ?”
A la Communion j’ai offert le sacrifice que je devais
affronter; je l’ai offert pour ces âmes qui s’en vont chez les médecins dans le
but de pêcher et d’offenser Jésus. J’ai imploré la force du Ciel ; j’ai demandé
la lumière et l’amour de l’Esprit Saint, le secours de la très Sainte Trinité,
celle de Jésus Eucharistique, celle de la Petite-Maman, ainsi que celles de
saint Joseph, de sainte Thérèse, de sainte Gemma, etc.
L’heure arriva et j’ai été examinée.
Les souffrances du corps mon été douloureuses, mais celles de
l’âme aussi.
Quelle humiliation ! Aussitôt que les médecins sont partis,
je voulais pleurer; exprès, j’ai caché mes larmes. J’ai dit à Jésus que je ne
pleurerais pas pour que Lui non plus, ne pleure pas les péchés du monde.
J’ai levé mon regard vers la Maman du ciel et je lui ai dit :
— Je suis prête pour un autre sacrifice... Dites-le à
Jésus pour moi. Faites que je souffre ! Faites que j’aime! Je veux mourir
d’amour.
Pendant toute la journée, mon corps et mon âme étaient
plongés dans une mer de douleur !...
3 juillet
Partie à Porto...
Il est triste que le monde ne connaisse pas l’amour de Jésus
pour les âmes ! Nous le verrions davantage aimé et moins offensé. A la fin Jésus
m’a éclairée. Nous sommes partis à Porto. C’est sa volonté afin d’augmenter ma
souffrance. Que cela soit pour sa plus grande gloire. Combien j’ai de honte et
de peur!...
14 juillet
« Je me trouve sans une nuit obscure... »
Je me trouve dans une nuit obscure, sans la moindre goutte de
rosée. Il n’y a pas de baume pour les douleurs de mon âme. Je vois de loin les
coups qui blessent mon cœur. J’ai du mal à respirer sous le poids des
humiliations. A l’idée des souffrances que me procurera mon voyage à Porto, je
dis à moi-même :
— Je vais en jugement.
Opprimée et anéantie par cette douleur, je pense :
— C’est pour Jésus et pour les âmes !
Et alors tout mon être se transforme en une seule pensée :
— Dieu en tout et avant tout.
Je passerai toute ma vie ne pensant qu’à Dieu seul. Tout
passe: Dieu seul reste. La pensée de Dieu enveloppe ciel et terre. Je m’abîme en
Lui. Je peux l’aimer et penser à Lui pendant toute l’éternité. Cette pensée me
soulage ; cependant c’est ainsi que j’adoucis ma douleur et que je peux sourire
au tableau triste et douloureux qui se présente à moi. Je fais semblant d’avoir
une grande joie de mon voyage à Porto, afin de rasséréner les miens et qu’il ne
comprennent pas la douleur qui habite mon cœur...
17 juillet
« Tes souffrances pour les prêtres... »
Préoccupée d’avoir Jésus sous les lèvres et dans le cœur, je
suis arrivée dans ma pauvre maison et aussitôt j’ai été triturée par les
douleurs qui me consumaient le corps, effet peut-être de l’examen et du
voyage... Dans les heures de plus grande angoisse, Jésus me disait :
— Voici, ma fille, tes souffrances pour les prêtres.
Souffre pour eux. La souffrance répare. Les ardeurs qui te brûlent, ce sont les
ardeurs de leurs passions. Je me suis servi de l’examen médical pour te faire
souffrir pour eux...
23 juillet
« Le poids des humiliations pèse sur moi... »
Mes douleurs, augmentées à cause de l’examen continuent. Mais
peu importe. Je peux ainsi en donner davantage à Jésus et Lui, Il peut les
distribuer aux âmes. Je veux consoler son divin Cœur tellement blessé. Je veux
que ma souffrance soit comme l’encens très fin qui s’envole continuellement vers
le ciel.
Le poids des humiliations pèse sur moi et, savoir que j’ai pu
être la cause d’humiliations pour vous et pour mon Père spirituel, m’afflige
beaucoup. Veuillez me le pardonner. Je ne voudrais pas vous faire souffrir...
18 août
« Ma Petite-Maman m’a embrassée... »
Lors des premiers moments de mon épuisement, j’ai senti que
Jésus et la Maman me caressaient. Elle s’est placée à ma gauche et prenant ma
tête, l’a posée sur son très saint Cœur et d'une voix très tendre m’a dit:
— Ma fille, aie courage: c'est pour mon amour, pour
l’amour de mon Jésus...
La Petite-Maman m'a embrassée et m’a serrée très fort contre
son Cœur, m’a fait voir la lumière qui pénétrait les âmes et son triomphe à
Elle...
Les visites de la Maman du Ciel se sont répétées : Elle me
caressait, me prenait dans ses bras, me couvrait de sa douce tendresse.
10 octobre
La Maman qui console...
Hier, jeudi, j'étais envahie par la douleur et par la peur et
aveuglée par les ténèbres... Je voguais dans les airs, perdue comme l'oiseau qui
dans la tempête cherche une branche où se poser. Je n'ai pas trouvé où me
reposer.
Je me suis lancée entre les bras de la Maman et je Lui ai dit
que j'offrais ma douleur afin que la paix revienne dans le monde.
J’ai senti quelques moments de soulagement.
Pauvre de moi, si à ces moments-là la Petite-Maman ne m'avait
pas secourue! Je n'en pouvais déjà plus !
24 octobre
Vers le couronnement d’épines...
Je suis alors partie vers le couronnement d'épines. Mes
souffrances augmentèrent. Je suis restée pour quelque temps dans le refuge du
Cœur de la chère Petite-Maman: j’ai reçu de ses lèvres célestes un tendre
réconfort et beaucoup d'amour, comme s'il s'agissait de l'eau d'une source pure
et cristalline.
5 décembre
« J’aime tous ceux qui t’aiment... »
— Je t'aime parce que tu m'aimes et aimes mon
Fils Jésus. Je t'aime parce que je vois en toi la candeur du lis et de l'iris et
leur parfum t'embaume.
J'aime tous ceux qui t'aiment et qui te soutiennent.
Ils recevront tout de moi et de Jésus.
19 décembre
Visite d’un prêtre “journaliste”: Ses conséquences.
Le 27 août 1941 j’ai eue la visite de Monsieur le curé
accompagné du Père Terças et d’un autre prêtre. Cette visite fut pour moi très
agaçante, parce que j’ai du faire le sacrifice de répondre devant tous à une
série de questions du Père Terças. J’ai répondu consciencieusement à toutes les
questions, car j’ai pensé qu’il était venu pour faire une étude, comme d’autres
l’avaient fait. Cependant, le Seigneur seul sait combien cela m’a coûté de
devoir parler de la “Passion” ; et c’est surtout sur celle-ci qu’il
m’interrogea.
Le Curé m’a dit que le révérend désirait revenir vendredi, 29
août. Je ne voulais pas y consentir sans consulter mon directeur mais, m’ayant
dit qu’il devait repartir à Lisbonne ce jour-là, j’ai cédé à sa demande, lui
disant :
— Je pense que vous ne venez pas ici par curiosité,
n’est-ce pas ?
Ayant été rassurée sur ce point, j’ai accepté, même si sa
visite un vendredi me déplaisait assez.
Il est venu, mais accompagné de trois prêtres. J’étais bien
loin de penser que cette visite me préparait un nouveau calvaire : peu après il
publia tout ce qu’il avait vu et tout ce qu’il avait appris sur moi.
Que le Seigneur accepte les souffrances qui m’ont été causées
par cette publication qui mit sur la place publique mes secrets cachés pendant
de longues années.
De temps à autre, les commentaires qui étaient faits sur moi,
me venaient aux oreilles: c’étaient comme des épines que les gens
involontairement m’enfonçaient dans l’âme. Ceux qui lisaient cette revue là où
écoutaient ce qui se disait sur moi, en recevaient des sensations diverses.
(...)
Je sais que très peu personnes me comprendront, mais à moi,
une seule chose me suffit: Jésus comprends tout.
J’ai su que hier déjà on s’informait sur une certaine
Alexandrina de Balasar et que des gens du village réclamaient la revue dans
laquelle on parlait de moi. J’ai beaucoup pleuré. Tournée vers le Tabernacle de
l’église j’ai dit à Jésus :
— Vous avez permit que j’arrive à ce stade et Vous ne
venez pas me cherchez pour aller au ciel !
Tout d’un coup me vînt à l’esprit que je pouvais faire
plaisir à Jésus et je me suis dite :
— Je ne pleure plus, parce que Jésus ne le veut pas. Je
veux tout souffrir pour le salut des âmes et par amour pour Jésus et la Maman du
ciel.
En effet, j’ai toujours le sourire, même si dans mon
intérieur je pleure, parce que dans mon cœur, seule la souffrance règne. La
publication de ma vie est comme une épine qui ne cessera jamais de me blesser...
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