Le mystère pascal de la Mort et de
la Résurrection de Notre-Seigneur Jésus-Christ doit être vécu par tous les
chrétiens, chacun y participant selon une mesure particulière voulue par Dieu.
Pour le Cardinal Aloïs (Louis) Stepinac la mesure a été abondante. Après avoir
suivi le Christ dans sa Passion, il a été glorifié non seulement au Ciel mais
sur la terre. En 1992, trente-deux ans après sa mort, l'autorité politique de
son pays le réhabilitait au yeux des hommes, reconnaissant comme injustes, le
procès intenté contre lui et le verdict prononcé le 11 octobre 1946.
Qui plus est, le Pape Jean-Paul II
le béatifiait, le premier samedi du mois d'octobre 1998, dans le sanctuaire
national et marial de Marija Bistrica (Croatie): «Le Cardinal-archevêque de
Zagreb, une des figures les plus en vue de l'Église catholique, après avoir subi
dans son corps et dans son esprit les atrocités du système communiste, est
désormais confié à la mémoire de ses compatriotes avec les insignes éclatants du
martyre...
Par son itinéraire humain et
spirituel, le bienheureux Aloïs Stepinac a donné à son peuple une sorte de
boussole avec laquelle s'orienter. En voici les points cardinaux: la foi en
Dieu, le respect de l'homme, l'amour de tous poussé jusqu'au pardon, l'unité
avec l'Église sous la conduite du Successeur de Pierre. Il savait bien que l'on
ne peut faire de réduction quand il s'agit de la vérité, car la vérité n'est pas
une marchandise d'échange. Aussi préféra-t-il affronter la souffrance plutôt que
trahir sa conscience et manquer à la parole donnée au Christ et à l'Église»
(Homélie de la béatification, 3 octobre 1998).
Aloïs Stepinac est né à Krasic, au
nord-ouest de la Croatie, le 8 mai 1898. Cinquième enfant d'un foyer
d'agriculteurs aisés, il grandit au sein d'une famille profondément chrétienne,
où règnent l'amour et le respect mutuel ainsi que la charité envers les plus
démunis. Sa mère, femme simple et pieuse, vénère particulièrement la
Bienheureuse Vierge Marie, trait qui distinguera également son fils.
Envoyé au collège à Zagreb, Aloïs y
montre une forte volonté, malgré un tempérament discret et réservé. En 1917, il
est mobilisé dans l'armée austro-hongroise. Rentré au pays en juin 1919 après
une brève captivité en Italie, le jeune homme traverse une crise intérieure.
Dégoûté par l'immoralité côtoyée à l'armée, il commence des études
d'agriculture, bientôt interrompues. Un projet de mariage n'aboutit pas. En mars
1924, un prêtre qui le connaît bien, publie dans une revue un article sur saint
Clément-Marie Hofbauer et le lui envoie avec une longue lettre. Touché par
l'exemple de ce saint, le jeune homme se décide à consacrer sa vie à Dieu et
entre au Séminaire "Germanicum" à Rome. Un de ses condisciples dira de
lui: «Il brûlait d'amour pour l'Église et était tout pénétré de fidélité envers
le Saint-Père».
L'abbé Stepinac achève un doctorat
en philosophie, puis en théologie à l'Université Grégorienne de Rome, et reçoit
l'ordination sacerdotale le 26 octobre 1930. De retour en Croatie, il trouve le
pays meurtri et exploité par la Serbie. Son désir est d'être curé de campagne,
mais l'archevêque de Zagreb le garde comme cérémoniaire, puis comme notaire de
la Curie archiépiscopale. Il accepte, en remarquant: «Je ne sais si je resterai
ici ou non. Peu m'importe; tous les chemins au service de Dieu conduisent au
Ciel». D'importantes missions lui sont confiées, comme celle d'apaiser les
conflits survenus dans certaines paroisses. Il suscite des œuvres caritatives
dans les quartiers pauvres de Zagreb et organise des soupes populaires.
En 1934, l'archevêque, Mgr Bauer,
tombe gravement malade et demande au Saint-Siège un coadjuteur. Il propose le
nom d'Aloïs Stepinac, qui essaie en vain d'échapper à cette charge, du fait de
son âge (36 ans) et de son peu d'expérience sacerdotale: le 29 mai, il est nommé
coadjuteur. Il se rend à pied au sanctuaire marial de Marija Bistrica, à 36 km
de Zagreb, pour confier à Marie son difficile ministère. De fait, les évêques
croates doivent sans cesse combattre pour la reconnaissance des droits de
l'Église catholique (liberté scolaire, liberté d'association, autorité de
l'Église sur les mariages des catholiques, etc.).
Le 7 décembre 1937, Mgr Bauer meurt
et Mgr Stepinac lui succède comme archevêque de Zagreb. Le prélat recommande à
ses prêtres de consacrer le meilleur d'eux-mêmes à leur vie intérieure. Parmi
ses actes de gouvernement avant la guerre, il publie une lettre ouverte à tous
les médecins pour dénoncer la "peste blanche": le développement de la
contraception et de l'avortement. D'autre part, il fonde un journal quotidien
catholique pour combattre l'influence de la presse irréligieuse.
L'archevêque estime profondément la
vie religieuse et juge son développement indispensable. Les monastères doivent
devenir des "forteresses du Christ", et protéger le diocèse par les armes
spirituelles de la prière, du renoncement et du sacrifice.
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«Le fruit d'un immense
égoïsme»
Mgr Stepinac avait annoncé la
deuxième guerre mondiale en ces termes: «Les couples mariés ne respectent plus
les valeurs du mariage; on pratique l'adultère, on ne s'occupe pas des enfants;
en un mot, on fait tout pour effacer le nom de Dieu sur la terre. On détruit
toutes les valeurs morales. Alors, il n'est pas étonnant que Dieu s'adresse
maintenant aux foules par le seul langage qu'elles puissent comprendre et c'est
le chaos sur la terre, l'horreur de la guerre, la destruction de tout. C'est le
fruit d'un immense égoïsme La première règle, si nous voulons voir des jours
meilleurs, c'est de rendre à Dieu le respect qui lui est dû, avec humilité;
c'est la seule voie de la paix!» Enseignement qui demeure actuel!
Le 10 avril 1941, après l'invasion
de la Yougoslavie par les armées allemandes, les nationalistes croates (appelés
aussi Oustachis) proclament un État indépendant à Zagreb. À côté de réalisations
positives (pleine liberté pour l'Église catholique, protection des bonnes mœurs,
etc.), le nouveau régime se déshonore par des discriminations contre les
citoyens de religion orthodoxe, les Juifs et les Tziganes. Sans condamner
absolument
l'État croate reconnu "de facto"
par le Saint-Siège, Mgr Stepinac garde la plus grande réserve. Il se fait le
porte-parole de tous les opprimés et persécutés, dénonce les exactions des
Oustachis et condamne les théories raciales ainsi que les persécutions contre
les minorités juive et serbe.
Le gouvernement croate pousse les
orthodoxes à passer à la religion catholique. Mgr Stepinac adresse à son clergé
une note confidentielle: «Quand viennent à vous des personnes de confessions
juive ou orthodoxe se trouvant en danger de mort, et qui veulent pour cela se
convertir au catholicisme, recevez-les pour sauver leur vie. Ne cherchez d'eux
aucune connaissance religieuse particulière car les orthodoxes sont des
chrétiens comme nous, et la foi juive est la racine du christianisme. Le rôle et
le devoir des chrétiens sont avant tout de sauver les gens. Quand prendra fin ce
temps de démence et de sauvagerie, pourront rester dans notre Église ceux qui
auront été convertis par conviction, les autres, une fois le danger passé,
retourneront dans la leur». L'Église, en effet, enseigne la liberté de l'acte de
foi: «C'est un des points principaux de la doctrine catholique que la réponse de
foi donnée par l'homme à Dieu doit être volontaire; en conséquence, personne ne
doit être contraint à embrasser la foi malgré lui» (Vatican II, Dignitatis
humanæ, 10).
Tout au long de la guerre,
l'archevêque de Zagreb prodigue les bienfaits de sa charité aux malheureux,
quels qu'ils soient. Il distribue par wagons entiers de la nourriture aux
réfugiés, prend personnellement soin des orphelins dont les parents ont été
internés ou se sont enfuis dans les maquis, et sauve de la famine et de la mort
6700 enfants, la plupart de parents orthodoxes.
Le président de la communauté juive
des États-Unis, Louis Breier, dira de lui, le 13 octobre 1946: «Cette grande
personnalité de l'Église a été accusée de collaboration avec les nazis. Nous,
Juifs, nous le nions. Nous savons, par sa vie depuis 1934, qu'il a toujours été
un ami véritable des Juifs qui, en ces années-là, subissaient les persécutions
d'Hitler et de ses adeptes. Aloïs Stepinac est un de ces hommes, rares en
Europe, qui se sont élevés contre la tyrannie nazie, justement au moment où
c'était le plus dangereux de le faire C'est grâce à lui que la loi sur le
«brassard jaune» a été retirée Après Sa Sainteté le Pape Pie XII, l'archevêque
Stepinac a été le plus grand défenseur des Juifs persécutés en Europe».
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Quand les cloches se taisent
Lors du retrait des troupes
allemandes à la fin de la guerre, l'archevêque réussit à éviter la destruction
totale de Zagreb, mais il voit avec douleur les Partisans communistes de Josip
Tito prendre le pouvoir, commencer une épuration sanglante et instaurer des lois
antireligieuses. Peu impressionné par les bruits selon lesquels il est fiché
parmi les criminels de guerre, Mgr Stepinac est fermement décidé à rester au
milieu de son peuple.
Le 17 mai 1945, l'archevêque est
emmené par surprise en prison. Le 3 juin, les évêques croates exigent sa
libération comme préalable à toute discussion. Toutes les cloches se taisent à
Zagreb et la procession de la Fête-Dieu est annulée. Devant ce mouvement de
résistance inattendu, Tito cède et fait libérer Mgr Stepinac. Le 24 juin, dans
une circulaire envoyée à tous les prêtres, le prélat rappelle le devoir sacré
des parents de demander l'éducation religieuse dans les écoles. Il exhorte tous
les fidèles à prier davantage en ces temps si difficiles, et en particulier à
dire le chapelet.
Cependant la dictature se met en
place sans tenir compte de la déclaration solennelle du gouvernement fédéral de
Yougoslavie selon laquelle seraient respectées la liberté de conscience et de
confession religieuse, ainsi que la propriété privée. Dans une lettre pastorale
du 20 septembre 1945, les évêques catholiques de Yougoslavie constatent que 243
prêtres ont été tués depuis la fin de la guerre et que 258 sont internés ou
disparus. Puis, notant la paralysie des séminaires, les ravages exercés dans la
jeunesse par la propagande athée et l'immoralité favorisée par l'État, ils
condamnent solennellement «l'esprit matérialiste et impie qui se répand dans
notre pays».
En octobre 1945, lors d'une visite
pastorale, la voiture de Mgr Stepinac est assaillie par des communistes et les
vitres cassées à coups de pierres. La veille de l'attentat la milice avait
menacé le prélat de représailles, s'il accomplissait cette visite. «De toute
façon, remarque l'archevêque, on ne meurt qu'une fois; qu'ils fassent ce qu'ils
veulent, mais je ne m'arrêterai jamais de prêcher la vérité; je ne crains
personne, sauf Dieu, et mon devoir reste le même: sauver les âmes».
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«Ma conscience est propre et
paisible»
Dès novembre 1945, Mgr Stepinac
donne toutes les instructions pour que l'Église soit administrée au cas où il
serait emprisonné. Le 17 décembre, dans un message à son clergé, il se justifie
de toutes les accusations dont il est l'objet, par ces paroles qui résument sa
vie et expliquent sa force d'âme: «Ma conscience est propre et paisible devant
Dieu, qui est le plus fidèle témoin et le seul juge de nos actions, devant le
Saint-Siège, devant les catholiques de cet État, devant le peuple croate». Il
ajoutera plus tard: «Je suis prêt à mourir à tout moment».
Le 18 septembre 1946, à 5 heures du
matin, la milice pénètre dans l'Archevêché et se précipite dans la chapelle où
le prélat est en prière. Sommé de suivre les policiers, il répond: «Si vous avez
soif de mon sang, me voici». Le 30 septembre, commence un procès que le Pape Pie
XII qualifiera de «tristissimo» (lamentable). Fort d'une conscience droite et
pure, Mgr Stepinac ne faiblit pas devant ses juges. Dans un calme parfait, sûr
de la protection de «l'avocate de la Croatie, la plus fidèle des Mères», la Très
Sainte Vierge Marie, il entend, le 11 octobre, la sentence injuste prononcée
contre lui, le condamnant à l'emprisonnement et au travail forcé pendant seize
ans «pour crime contre le peuple et l'État». «La raison de la persécution qu'il
subit et du simulacre de procès monté contre lui, dira le Pape Jean-Paul II, le
7 octobre 1998, fut le refus qu'il opposa aux insistances du régime afin qu'il
se séparât du Pape et du Siège Apostolique, et prît la tête d'une "Église
nationale croate". Il préféra rester fidèle au Successeur de Pierre. C'est pour
cela qu'il fut calomnié puis condamné».
Incarcéré à Lepoglava, Mgr Stepinac
y partage le sort misérable de centaines de milliers de prisonniers politiques.
Nombreux sont les gardiens qui l'humilient, entrant à tout moment dans sa
cellule, l'injure à la bouche. Les colis alimentaires qu'il reçoit sont exposés
plusieurs jours à la chaleur ou dévastés pour être rendus incomestibles.
L'archevêque garde le silence. Il transforme sa cellule de prison en cellule
monacale de prière, de travail et de sainte pénitence. On lui a tout pris «sauf
une chose: la possibilité de lever, comme Moïse, les bras vers le ciel» (cf. Ex
17, 11). Il a le bonheur de pouvoir célébrer la Messe sur un autel de fortune. À
la dernière page de son agenda de 1946, il écrit: «Tout pour la plus grande
gloire de Dieu; ma prison aussi».
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«Souffrir et travailler pour
l'Église»
Le 5 décembre 1951, cédant aux
pressions internationales, le gouvernement yougoslave consent à transférer
l'archevêque à Krasic, son village natal, en liberté surveillée. Là, il exerce
les fonctions de vicaire, passant à l'église paroissiale une grande partie de
son temps. Il entend les confessions pendant des heures entières et, lorsqu'on
l'engage à économiser ses forces déclinantes, il répond que son plus grand
délassement est de confesser. Au cours de ses premiers jours à Krasic, un
journaliste étranger lui demande: «Comment vous sentez-vous? — Ici, comme là-bas
à Lepoglava, j'accomplis mon devoir. — Quel est votre devoir? — Souffrir et
travailler pour l'Église».
À des visiteurs découragés par les
méfaits du communisme, Mgr Stepinac répond: «Il ne faut pas désespérer, car même
si le communisme laisse des traces dans notre peuple, si nous avons les mains
liées par cette idéologie perfide et si quelques-uns ont failli, nous sommes
cependant meilleurs que les peuples de l'Ouest, saturés de biens matériels, mais
qui étouffent dans l'immoralité et l'athéisme pratique. Dieu merci! mon peuple
est resté fidèle à Dieu et au respect dû à la Sainte Vierge».
Pendant ce temps, le gouvernement
yougoslave cherche à tout prix à provoquer une rupture des Catholiques croates
avec Rome et à fonder une Église nationale schismatique, dans la perspective de
rattacher les Croates à l'Église orthodoxe serbe. Une «association Saints
Cyrille et Méthode» regroupant des «prêtres patriotes» à la dévotion du régime
est créée à cet effet. L'année 1953 est marquée par des violences de la part du
gouvernement. L'archevêque reclus encourage prêtres et fidèles au moyen d'un
courrier abondant, exhorte les indécis, ramène les brebis égarées. Plus d'un
prêtre a avoué: «S'il n'avait pas été là, qui sait comment nous aurions tourné?»
Un des principaux comparses de Tito, Milovan Djilas, confiera plus tard: «Si
Stepinac avait voulu céder et proclamer une Église croate indépendante de Rome,
comme nous le voulions, nous l'aurions comblé d'honneurs!»
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«C'est l'esprit qui vaincra,
non la matière...»
Le 12 janvier 1953, le Pape Pie XII
élève Mgr Stepinac à la dignité cardinalice. L'archevêque n'a pu se rendre à
Rome, de peur que le gouvernement de Tito ne l'empêche de rentrer dans son pays.
Dans un entretien avec un journaliste étranger, il annonce prophétiquement:
«Dans la lutte qui se déroule (en Yougoslavie) entre l'Église et l'État, c'est
l'esprit qui vaincra, non la matière. Jamais, dans l'histoire de l'humanité, le
matérialisme n'a pu se maintenir définitivement».
La générosité du Cardinal pour plus
pauvre que lui est sans limite: «Il n'a que le strict nécessaire pour se vêtir,
note le curé de Krasic; il donne tout. Il vient encore de donner aux pauvres
deux paires de chaussures». Humble, Mgr Stepinac regrette la publicité faite
autour de sa personne. Apprenant un jour qu'une revue étrangère a publié une
déclaration du Pape: «Le Cardinal de Croatie est le plus grand prélat de
l'Église catholique», il baisse la tête en murmurant: «Dieu seul est grand!»
À la fin de 1952, il faut l'opérer
à la jambe, puis, l'année suivante, se déclare une grave maladie du sang, due,
de l'avis des médecins, aux mauvais traitements subis. Des soins médicaux lui
sont dispensés, mais il refuse de se faire traiter à l'étranger, comme cela
aurait été nécessaire; en bon pasteur, il désire rester avec son troupeau.
Cependant les méthodes du régime communiste ne s'assouplissent pas. En novembre
1952, Tito a décidé de rompre les relations diplomatiques avec le Vatican, et
simultanément, a donné l'ordre à la police d'empêcher toutes les visites à
Krasic. Les gardiens du prélat (ils ne sont pas moins de trente en 1954)
l'injurient et se moquent de lui de toutes façons. La longue enquête menée en
vue de sa béatification aboutira, en 1994, à la conclusion que sa mort est la
conséquence des quatorze années d'un isolement injuste, de pressions physiques
et morales constantes et de souffrances de toute sorte. Aussi est-il «confié à
la mémoire de ses compatriotes avec les insignes éclatants du martyre»
(Jean-Paul II, 3 octobre 1998).
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Vaincre le mal par le bien
Pendant toutes ces années de
réclusion forcée, le Cardinal Stepinac adopte l'attitude spirituelle commandée
par Notre-Seigneur Jésus-Christ: Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui
vous persécutent (Mt 5, 44). Jusqu'au bout, il persévère dans sa résolution
de pardon. On l'entend prier pour ses persécuteurs et répéter tout bas: «Nous ne
devons pas haïr; eux aussi sont des créatures de Dieu». Dans son "testament
spirituel", il écrit: «Je prie sincèrement toute personne à qui, de quelque
manière que ce soit, j'aurais pu faire du mal, de me pardonner, et je pardonne
de tout cœur à tous ceux qui m'ont fait du mal Fils très chers, aimez aussi vos
ennemis, car tel est le commandement de Dieu. Vous serez alors les fils de votre
Père qui est aux cieux, qui fait lever son soleil sur les bons et sur les
méchants, et qui fait pleuvoir pour ceux qui font le bien comme pour ceux qui
font le mal. Que la conduite de vos ennemis ne vous éloigne pas de l'amour
envers eux, car l'homme est une chose, et la méchanceté en est une autre».
«Pardonner et se réconcilier, dira
le Pape Jean-Paul II lors de la béatification du Cardinal Stepinac, cela veut
dire purifier la mémoire de la haine, des rancoeurs, du désir de vengeance; cela
veut dire reconnaître que même celui qui nous a fait le mal est un frère; cela
veut dire ne pas se laisser vaincre par le mal, mais vaincre le mal par le bien
(cf. Rm 12, 21)».
En 1958, les souffrances du
Cardinal deviennent quasi intolérables, mais le plus pénible pour lui est de ne
plus avoir la force de célébrer la Messe. Le 10 février 1960, il expire à Krasic,
en prononçant ces paroles: «Fiat voluntas tua!» (Que Votre Volonté soit faite!).
In te Domine speravi (En
Vous, Seigneur, j'ai espéré). Telle était sa devise. Dans l'un de ses
sermons, il confiait le secret de son espérance: «Quelqu'un pourrait demander:
"Et notre espérance, sur quoi se fonde-t-elle?" Je réponds: sur la fidélité à
Dieu, car Dieu ne ment pas. Sur l'omniscience divine à qui rien n'échappe. Sur
la toute-puissance de Dieu qui est toujours Maître de tout». Le 7 octobre 1998,
le Pape Jean-Paul II constatait le triomphe de cette invincible espérance: «Nous
reconnaissons, dans la béatification du Cardinal Stepinac, la victoire de
l'Évangile du Christ sur les idéologies totalitaires; la victoire des droits de
Dieu et de la conscience sur la violence et les vexations; la victoire du pardon
et de la réconciliation sur la haine et la vengeance».
Si nous sommes remplis d'une
profonde reconnaissance envers le Saint-Père pour cette béatification, nous
remercions surtout le Seigneur d'avoir fait briller à nos yeux une telle lumière
et de nous avoir donné en exemple le bienheureux Aloïs Stepinac.
Nous prions la Très Sainte Vierge
Marie et saint Joseph pour vous, vos défunts et à toutes vos intentions.
Dom Antoine Marie osb, abbé
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