Née à Richerenches, le
28 février 1758, de Jean-Étienne Charransol et de Marie Rocher,
Marguerite-Thérèse fut baptisée le même jour.
Elle était encore très
jeune quand, en peu de temps, elle perdit son père et sa mère. Son
frère aîné, Jean-Esprit Charransol, était prêtre à Bollène. Il prit
soin de sa jeune sœur, l'entoura, pendant son enfance, d'une tendre
sollicitude, et la confia enfin aux religieuses du Saint-Sacrement
de Bollène. Ce saint prêtre devait plus tard devenir doyen du
chapitre de la collégiale. Il venait à peine de succéder à M. de
Guilhermier dans cette charge, quand la Révolution éclata. Son refus
de prêter les serments ordonnés par la loi l'obligea à émigrer en
Italie. Il fixa son exil dans les États Pontificaux puis revint en
France et mourut, à quatre-vingt-cinq ans, en 1835, curé de Valréas.
C'était un prêtre de grand courage et d'une foi admirable.
L'éducation de Thérèse
commencée par un tel maître, et continuée dans un monastère qui
était une école de piété et de saintes pratiques, ne pouvait que
préparer la jeune fille à la grâce sublime de la vocation
religieuse.
Le 26 juillet 1780,
elle se présentait, en qualité de postulante, aux religieuses dont
elle avait été jusqu'alors l'élève. Le 14 novembre suivant, elle
recevait l'habit religieux des mains de Mgr l'évêque de
Saint-Paul-Trois-Châteaux, et le 15 novembre 1781, elle faisait,
devant le même prélat, profession solennelle de ses vœux. Son frère,
le chanoine, qui l'avait élevée, un autre de ses frères prêtre,
l'assistaient de leurs prières en cette conjoncture solennelle. Elle
prit le nom de Sœur Marie-de-Jésus.
La vie de Sœur Marie
jusqu'en 1791 ne fut ni plus éclatante ni moins méritoire que celle
de ses compagnes. L'histoire n'en a gardé aucune trace. Elle partage
l'obscurité des existences silencieuses qu'abrite le cloître,
s'épanouissant pour Dieu seul, protégées contre le monde par les
saintes clôtures et le rempart des austérités et des prières.
Sortie de son
monastère, en 1792, la pieuse sacramentine ne voulut pas se séparer
de ses compagnes. Elle prit part aux épreuves de la communauté, et
mêlée à ses sœurs, fut, après avoir refusé de prêter serment,
arrêtée et transférée à Orange. Elle attendit plus de deux mois son
jugement ; mais le 16 juillet, elle comparut devant la Commission
populaire.
Sollicitée à nouveau de
prêter le serment qu'elle avait déjà refusé à deux reprises, mais
persévérant jusqu'à la fin dans sa fermeté, et confessant
courageusement sa foi, elle fut condamnée à mort. Elle fut immolée
après Sœur Aimée-de-Jésus. Elle avait trente-six ans et en avait
passé quatorze en religion. |