Maria Scrilli
naît en 1825 à Montevarchi (Arezzo) en Toscane. Sa famille est
influente dans la cité. On avait décidé de l’appeler Palmire (nom
qui ne figure pas au martyrologe), mais au baptême, la marraine a un
trou
de mémoire, ou plutôt “une
inspiration du ciel”, et on l’appelle Maria ; l’intéressée écrira
plus tard dans son autobiographie: « J'étais très reconnaissante de
porter le nom de Celle que j'ai aimée et aime toujours, comme ma
chère Mère. » Par contre, peu aimée de sa mère terrestre, Maria
réagit positivement, recherchant la volonté de Dieu et comprenant
précocement ce qu’est la croix. Pendant son adolescence, une maladie
mystérieuse l’immobilise pendant deux ans, puis elle a une vision du
saint martyr Fiorenzo (Florent) auquel elle attribue la guérison qui
s’ensuit. Pendant sa convalescence, elle réfléchit à son orientation
et pense à la vie religieuse. Ses parents n’y sont pas favorables ;
elle entre néanmoins au carmel de Florence. Mais elle comprend
qu’elle est appelée à autre chose. Une sainte religieuse sur le
point de mourir, lui prédit que Dieu veut beaucoup de choses d’elle
et qu’elle connaîtra amertume et douleur. Maria ne reste que deux
mois au Carmel, assez de temps cependant pour devenir tertiaire
carmélitaine et recevoir le nom de Marie Thérèse de Jésus.
De retour à la
maison, elle regroupe des petites filles chez elle et fait leur
instruction ; des collaboratrices se joignent à elle, si bien
qu’elle peut fonder une autre école à Foiano. Le succès est au
rendez-vous. Mais pour ne pas déranger sa famille, à Montevarchi,
elle songe à s’établir hors de la maison. Justement, le Conseil de
ville lui propose de tenir une école ‘léopoldine’. (À l’époque,
l’archiduc Léopold II de Habsbourg gouverne le duché de Toscane.)
Elle accepte et crée en même temps, avec trois de ses compagnes, le
15 octobre 1854, l’“Institut du Carmel de Notre Dame”, mais pas pour
longtemps, car c’est l’époque troublée de l’unification de l’Italie.
Le gouvernement autrichien des Habsbourg est renversé et, avec
l’arrivée au pouvoir des Italiens, influencés par les francs-maçons,
l’anticléricalisme s’installe. La mère Scrilli et ses compagnes sont
chassées de l’école d’état de Montevarchi en 1859 ;
celle de Foiano aussi est fermée ; l’Institut est supprimé et les
sœurs ont interdiction de porter l’habit. Maria se défend
vigoureusement, mais en vain. Elle réagit alors en fondant à
Montevarchi en 1862 une école privée, laquelle est aussitôt
supprimée. Quinze années se passent dans l’épreuve et l’incertitude.
En 1878, à Florence, elle fonde à nouveau une communauté et un
internat pour petites filles pauvres. L’œuvre prospère ;
l’enthousiasme des sœurs attire des vocations.
La spiritualité
de la mère Scrilli, depuis son enfance, peut se traduire par cette
phrase de son autobiographie : « Par moi-même, je ne puis rien faire
et, même si je le pouvais, je ne le voudrais pas, parce que je ne
désire rien d’autre sauf ceci : que votre volonté se fasse en moi.
Fiat voluntas tua ». Un élément majeur de sa spiritualité est aussi
le désir de réparation et l’amour de la croix, ardeur qu’elle
entretient au feu de sa contemplation carmélitaine, car elle se
veut, comme le Christ et les apôtres, à la fois active et
contemplative, Marthe et Marie. Aussi, les sœurs de l’Institut
font-elles un quatrième vœu, celui de “se donner au service du
prochain au moyen de l’instruction morale chrétienne et civile
donnée aux filles et aux jeunes femmes” (règle et constitutions,
1854-55, N. 1).
L’épreuve vient
encore la visiter à la fin de sa vie : Beaucoup de ses compagnes
meurent, que ce soit par maladie contagieuse, excès de travail ou de
pénitence ; elle-même meurt à 64 ans, le 14 novembre 1889.
Il ne reste plus
de son Institut qu’une novice et une postulante ! Mais la Providence
veille, même si la fondatrice n’en voit pas l’effet ici-bas. En
effet, un an auparavant, le 1er mai 1888, une certaine
Clementina Mosca, était entrée comme élève à l’Institut et on
pensait que cela serait une vocation prometteuse ; mais elle avait
bifurqué vers les dominicaines de Sodo. Cependant, quand on apprend
la mort de la Mère Scrilli, la Prieure dominicaine dit à Clementina
que sa place est là-bas. Elle sort donc du couvent, et, le 1er
décembre 1889, deux semaines après la mort de Mère Scrilli,
Clementina revient dans son minuscule Institut ; elle en devient la
supérieure, et la fondation moribonde refleurit, sous le nouveau nom
de “Sœurs de Notre Dame du Mont Carmel”. A l’époque de la
béatification, quelques 150 ans après leur fondation, les sœurs sont
250, réparties en plusieurs pays.
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