Née à Marseille,
le 28 mai 1841. Morte à Marseille, le 27 février 1884. Fondatrice de
la Société des Filles du Cœur de Jésus.
Fille de Paul
Deluil-Martiny, avocat au barreau de Marseille, et
d'Anaïs-Marie-Françoise née de Solliers — qui était
par
sa mère l'arrière-petite-nièce d'Anne-Madeleine Remuzat —
Marie Caroline Philomène est la première enfant d'un foyer qui en
comptera cinq, un frère et trois sœurs la rejoignant bientôt sous le
toit familial. Après des débuts difficiles, elle s'engage avec
grande volonté sur le chemin des études, auprès de son institutrice
à laquelle elle déclare un jour : "Oh ! pour moi, je me ferai
religieuse". Elevée dans la religion chrétienne par des parents
très pieux, elle prépare au premier monastère de la Visitation de
Marseille sa première Communion, dont la cérémonie a lieu le 22
décembre 1853. Le 29 janvier 1854, elle reçoit la Confirmation de
Mgr de Mazenod. A quinze ans, elle rejoint Lyon avec sa sœur Amélie,
et y demeure deux ans chez les religieuses du Sacré-Cœur, à la
Ferrandière. Parvenue en fin d'études en 1858, elle effectue alors
avec le P. de Bouchaud S.J. une retraite qui s'avère décisive pour
sa vocation. Elle écrit le 12 mai : "… Où irais-je ?… Le
passereau trouve une demeure : pour moi, ô mon Dieu, votre Cœur,
votre Cœur ! O Maître, vous serez mon Maître toujours. Faites de moi
ce qu'il vous plaira ; mais je vous supplie qu'il vous plaise de
m'enfermer dans votre Cœur et de me faire souffrir là quelque chose
pour votre plus grande gloire et votre pur amour".
Le 24 juillet
1859 meurt à dix ans sa jeune sœur Clémence. Peu de temps après,
Marie s'ouvre à ses parents de sa vocation religieuse. Mais pour
soulager sa mère dont la santé est devenue fragile, elle s'engage
activement dans les œuvres charitables dont celle-ci a la charge. En
1864, à l'occasion de l'une de ses visites à la Visitation de
Marseille, elle découvre la "Garde d'Honneur du Sacré-Cœur de Jésus"
fondée l'année précédente au monastère de Bourg-en-Bresse. Elle
s'inscrit aussitôt au Cadran, entame une correspondance suivie avec
Sœur Marie du Sacré-Cœur, et devient "Première Zélatrice" de
l'association pour laquelle elle se dépense sans compter. En 1865,
elle se rend à Bourg-en-Bresse, où elle effectue une retraite, puis
en 1866 en pèlerinage à Paray-le-Monial, avec sa mère et sa sœur
Amélie. En 1867, elle participe également à la préparation de
l'ouvrage que Mgr Bougaud écrit sur la vie de Marguerite-Marie,
rassemblant à son intention les écrits de saint François de Sales
relatifs à la dévotion au Sacré-Cœur. Le 31 mars, elle a perdu sa
plus jeune sœur, Marguerite, emportée comme Clémence par une maladie
incurable. Elle retourne alors à Bourg avec sa mère, pour la
distraire de sa peine.
En décembre
1866, elle a rencontré pour la première fois le Père Calage S.J.
(1805-1888), qui va devenir son directeur spirituel. C'est sur ses
conseils qu'elle s'offre au Seigneur en mai 1867, renouvelant
solennellement ce don total d'elle-même en septembre. Quelques jours
plus tard, alors qu'elle prie en l'église de Saint-Giniez, le
Seigneur s'adresse à son âme, l'appelant à l'apostolat par la prière
et le sacrifice. Le 8 décembre, elle fait vœu de virginité
perpétuelle. En septembre 1868, elle se rend en pèlerinage à la
Salette, et sa vocation d'immolation à Jésus-Christ crucifié se
précise. "Les âmes de l'Institut futur seront des miroirs vivants
de Jésus immolé" écrit-elle. En novembre, elle dépose sur
l'autel son vœu d'obéissance à la grâce, qu'elle signe "Marie de
Jésus, Fille du Cœur de Jésus". Le 27 février 1869, pour répondre à
la demande du Père Calage, elle commence la rédaction d'un petit
traité en préparation de l'Œuvre à venir. Achevé le 9 mars, il est
tout entier centré sur le Cœur de Jésus, par le cœur de Marie. La
récitation quotidienne des sept paroles du Christ en croix et du
Magnificat ponctueront les journées des Filles du futur Institut. Le
projet est béni par le Père Calage.
En avril 1870,
elle fait la connaissance du Père Van den Berghe - venu de Belgique
pour la rencontrer- qui repart conquis par le projet de l'Œuvre,
mais la guerre toute proche en retardera l'accomplissement. Jules,
le jeune frère de Marie, meurt le 10 janvier 1872, bientôt suivi par
Amélie, le 25 février, troisième et quatrième enfants enlevés à la
famille. Le 14 mars, le P. Van den Berghe obtient de Pie IX un Bref
d'approbation en vue de la fondation tant attendue. Marie,
accompagnée de ses parents, le rejoint en Belgique en septembre, et
y rencontre l'archevêque de Malines Mgr Dechamps. De retour à
Marseille, elle lui adresse un abrégé des Règles et Constitutions.
Après un nouveau pèlerinage à Paray-le-Monial, elle repart pour la
Belgique le 13 juin 1873, et le 19 reçoit le voile des mains de Mgr
Van den Berghe, en même temps que le nom de Mère Marie de Jésus. Le
20, en la petite chapelle de Berchem-lez-Anvers, est célébrée pour
les quatre premières religieuses une première messe, qui scelle la
fondation de la Société des Filles du Cœur de Jésus.
En 1875, Marie
en rédige les Constitutions définitives. On y retrouve tous les
désirs adressés par Jésus à Marguerite-Marie à
Paray-le-Monial : culte des images du Sacré-Cœur, Heure Sainte,
Communion réparatrice, Adoration perpétuelle, Fête du Sacré-Cœur,
etc., sous le patronage de Marie, Mère de l'Eglise. Les premières
professes prononcent leurs vœux définitifs dans la toute nouvelle
basilique du Sacré-Cœur construite à Berchem. Afin de préparer une
fondation sur le sol français, Marie repart pour Marseille le 3
décembre, et reçoit le 5 janvier suivant de Mgr Forcade, archevêque
d'Aix, l'autorisation espérée. Elle rentre à Berchem après le décès
de la mère, en mai. Son père décède quelques mois plus tard, en
septembre. La maison d'Aix s'ouvre le 15 juin 1877, et elle obtient
alors de l'évêque de Marseille Mgr Robert une nouvelle autorisation
de fondation sur le sol de la capitale phocéenne. Ce sera sur la
maison familiale, à La Servianne. Les premières novices s'y
installent le 24 juin 1879, et l'acte d'érection de la maison en
monastère est signé par l'évêque le 25 février 1880.
Suite aux
décrets de 1880 et l'expulsion des Jésuites, le Père Calage retrouve
les religieuses à La Servianne. Marie l'y accueille avec joie.
Jusqu'à sa mort quatre ans plus tard, elle se dévoue au sein de la
maison, entre pénitences et mortifications. Le 8 décembre, elle
écrit : "O Agneau du Père céleste, acceptez-nous comme vos
agneaux ; unissez-nous à Vous sur la Croix et sur l'Autel ; formez
nos cœurs selon votre Cœur victime. Et si ma misérable vie peut
servir à Vous amener les âmes dont votre Cœur a soif, prenez-la, je
vous en supplie, ô mon Amour, mais du moins, triomphez en Epoux sur
les âmes de l'Institut et en Roi sur tous les cœurs !" En
septembre 1883, de retour d'un voyage à Berchem, elle s'arrête à
Montmartre, puis trois jours à Paray-le-Monial. Le 27 février 1884,
Mercredi des Cendres, un ancien jardinier du monastère d'Aix tire à
bout portant sur Mère Marie de Jésus, qui s'écroule en disant "Je
lui pardonne !… Pour l'Œuvre !… Pour l'Œuvre !" Sœur Marie-Elise
(née Léonie Le Vassor de Sorval, 1850-1927), gravement blessée par
le meurtrier, allait bientôt succéder à Marie à la tête de
l'Institut, et poursuivre l'extension de l'Œuvre qui devait recevoir
son approbation définitive par Rome en 1896. Quelques temps avant de
mourir, Marie de Jésus avait écrit : "Mon attrait spécial est la
grande gloire de Jésus-Christ. Tout par Jésus-Christ. Que par
Jésus-Christ, avec Jésus-Christ, en Jésus-Christ, tout honneur et
toute gloire vous soit rendus, ô Père tout-puissant, en l'unité du
Saint-Esprit. Ces mots renferment tout mon attrait avec ceux-ci :
Offrande perpétuelle de Jésus-Christ à la Très Saint Trinité. Union
d'amour. Sa vie en moi ; ma vie en Lui. Dieu le veut. Je suis à Lui
pour l'éternité dans l'Institut de son Cœur, malgré l'angoisse,
l'agonie et la mort".
Marie de Jésus a
été béatifiée par Jean-Paul II le 22 octobre 1989.
http://www.spiritualite-chretienne.com/s_coeur/biogra_g.html#Martiny |