Sœur Marie-Léonie Paradis est
béatifiée par Jean-Paul II à Montréal le 11 septembre 1984 : c'est la première
cérémonie de béatification effectuée sur le continent américain.
Elle naît en 1840 à l'Acadie,
paroisse dépendant alors du diocèse de Montréal (aujourd'hui de celui de
Saint-Jean-de- Québec). Elle reçoit au baptême les noms de Alodie-Virginie. Ses
parents gagnent laborieusement leur vie en milieu rural. Elle a cinq frères ;
elle est la seule fille. Dans la famille règne une ambiance de foi favorisée par
l'éducation de leur mère. A 9 ans, on la met pensionnaire chez des Sœurs
(Congrégation Notre-Dame, Laprairie). Comme naturellement, la vocation fleurit
en elle et elle entre en février 1854 chez les Sœurs Marianites de Sainte-Croix.
On l'autorise à faire ses vœux à 17 ans, le 22 août 1857, malgré sa mauvaise
santé : elle devient Sœur Léonie (ou Marie-Léonie). Son attrait la pousse au
service du prêtre, lui-même étant au service de l'Eucharistie, sacrement pour
lequel elle a une grande dévotion. Mais son parcours est sinueux avant de
pouvoir répondre à cet appel particulier : elle ne remettra jamais sa vocation
en doute mais elle aura souvent à demander dans la prière les lumières du
Seigneur pour savoir quelle doit être la forme concrète de son service dans
l'Église.
Jusqu'en 1862, elle fait la
classe dans la région de Montréal. Puis elle est envoyée dans un orphelinat à
New York où elle reste 8 ans, jusqu'en 1870. De là, elle choisit d'aller en
Indiana où, jusqu'en 1874, elle enseigne les travaux à l'aiguille et le
français. Au cours de cette période de douze années vécue aux États-Unis, elle
connaît des difficultés communautaires, mais elle apprend l'anglais et ce sera
providentiel pour sa fondation. A l'automne 1874 elle est envoyée à Memramcook
(Nouveau-Brunswick, Canada) pour prendre en charge l'équipe de Sœurs qui
assurent les travaux domestiques du collège des Marianites. Ce coin de l'Acadie
francophone se révèle une source de vocations, et de généreuses jeunes filles
ont tôt fait de se grouper autour de Sœur Léonie : mouvement spontané que peut
expliquer la personnalité de la Sœur dont voici le portrait: “Physiquement,
Mère Léonie était de petite taille, d'une tenue si digne qu'on la remarquait.
Son teint clair, ses yeux profonds, sa bonne figure épanouie d'un sourire
attirait facilement. Moralement, elle était la femme de grand cœur, toute de
cordialité”. En 1880, les Pères de Sainte-Croix acceptent que ces jeunes,
portant le nom de “Petites Sœurs de la Sainte-Famille” s'organisent en Institut
autonome sous la direction de Sœur Léonie. Elles font des vœux seulement privés
et leur tâche consiste à se dévouer aux soins domestiques des collèges de
Sainte-Croix au Canada. Mais leur prêtre-assistant meurt en 1895, laissant dans
l'embarras la jeune Communauté qui n'a pas encore reçu d'approbation canonique.
C'est alors qu'intervient l'évêque de Sherbrooke, Mgr Paul Larocque, qui cherche
des religieuses pour son séminaire et son évêché. Après réflexion et
consultation, Sœur Léonie accepte ce travail et décide de transférer la maison
mère et le noviciat des Petites Sœurs de la Sainte-Famille à Sherbrooke. Grâce à
la compréhension de l'évêque, les Sœurs reçoivent l'approbation diocésaine en
1896.
Un autre trait caractéristique de
la Mère Léonie est son amour du travail, bien qu'elle fût de faible santé. Sa
pensée là-dessus se résume ainsi : “Travaillons, mes filles, nous nous
reposerons au ciel !” Ce travail est de collaborer avec le clergé et de le
libérer en se chargeant des soucis temporels. Cependant, Sœur Léonie est
toujours professe de Sainte-Croix et elle en porte le costume. En 1905, le pape
saint Pie X la relève de ses obligations et avec ses sœurs, elle revêt un habit
qui leur est propre. A la fin de sa vie, en 1912, sa Communauté compte plus de
600 religieuses au service du sacerdoce. La fondatrice meurt à 72 ans à
Sherbrooke. Ses funérailles sont un triomphe.
Extrait de l'homélie de Jean Paul
II lors de sa béatification : « Sœur Marie-Léonie Paradis ne craignait pas
les diverses formes du travail manuel qui est le lot de tant de gens
aujourd'hui, qui a été à l'honneur dans la Sainte Famille, dans la vie même de
Jésus à Nazareth. C'est là qu'elle a vu la volonté de Dieu sur sa vie. C'est en
accomplissant ces tâches qu'elle a trouvé Dieu. Avec les sacrifices inhérents à
ce travail, mais offerts par amour, elle y a connu une joie et une paix
profondes. Elle savait qu'elle rejoignait l'attitude foncière du Christ, “venu
non pour être servi mais pour servir”. Elle était toute pénétrée de la grandeur
de l'Eucharistie, et de la grandeur du sacerdoce. Oui, Dieu a jeté les yeux sur
la sainteté de son humble servante, Marie-Léonie, qui s'est inspirée de la
disponibilité de Marie. Et désormais sa Congrégation et l'Église la diront,
d'âge en âge, bienheureuse (cf. Lc 1, 84). »
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/hagiographie/hagiographie/listes/listeprenom.htm
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