CELUI QUE JE VEUX SIMPLEMENT AIMER
Croyez bien qu'il n'est au monde ni ami,
ni frère, ni père, ni mère, ni époux, ni fiancé qui aime plus que ne
vous aime votre Dieu. La grâce divine est ce trésor de grand prix,
ce « trésor infini dont parle le Sage, qui, dès que
nous en usons, nous rend participants de l'amitié de Dieu ».
(Sg. 7, 14).
Devant ce Dieu, nous n'étions que de bien
chétives créatures, de pauvres serviteurs; et voilà que nous
devenons les amis, les amis très chers de notre Créateur lui-même.
En vue précisément de nous rendre plus confiants avec lui, « il
s'est anéanti » (Ph. 2, 7) pour ainsi dire, s'abaissant jusqu'à
se faire homme pour « converser familièrement avec les hommes ».
(Bar. 3, 38). Ce n'était pas assez : il s'est fait enfant ; il s'est
fait pauvre ; il s'est même laissé mettre à mort, par arrêt de
justice, devant tout un peuple, sur une croix. Plus encore : il va
jusqu'à se placer sous les espèces du pain pour se faire notre
compagnon de tous les jours et s'unir, d'intime union, à chacun de
nous : « Celui, dit-il, qui mange ma chair et boit mon
sang, demeure en moi, et moi en lui ». (Jn 6, 57).
Bref, on dirait qu'il n'a d'amour que pour vous, tant il vous aime.
Aussi, est-ce lui que vous devez aimer, et nul autre. De lui, vous
pouvez et vous devez dire : « Mon Bien-aimé est à moi et
je suis à Lui » (Ct. 2, 16) ; mon Dieu s'est donné à moi sans
réserve, et sans réserve à lui je me donne ; j'ai été choisi par lui
comme objet de sa tendresse ; et lui, « entre mille,
entre tous, lui, blanc et vermeil, si aimable et si
aimant, il est l'élu » (Cant. 5, 10) de mon cœur, celui que
je veux uniquement aimer.
|