Mayeul
naquit à Avignon vers l'an 906. Sa famille, qui était
noble et riche, avait fait des donations
considérables
au monastère de Cluny. Il était encore jeune lorsqu'il perdit
son père et sa mère. Voyant sa patrie exposée aux ravages des
Sarrasins, il se retira à Macon, chez un seigneur de ses
parents. Bernon, évêque de cette ville, lui donna la tonsure, et
le fit chanoine de sa cathédrale, afin de le fixer dans son
diocèse.
Quelque temps
après, le jeune Mayeul se rendit à Lyon, pour y étudier la
philosophie sous le célèbre Antoine, abbé de l'île Barbe. Les
progrès qu'il fi,t dans cette science lui attirèrent
l'admiration de tous ceux qui le connaissaient. Mais l'étude
n'absorbait pas tout son temps, il en donnait une partie
considérable aux exercices de piété. De retour à Macon, il s'y
appliqua avec ardeur à la théologie; l'évêque, frappé de son
mérite, lui conféra, malgré sa jeunesse, la dignité
d'archidiacre.
L'archevêché
de Besançon étant venu à vaquer, le prince, le clergé et le
peuple s'accordèrent à élire Mayeul pour le remplir ; mais il
refusa d'acquiescer à son élection. Il prit même la fuite, et se
retira à Cluny, où il fit profession. L'abbé Aimard, qui
découvrait en lui les plus heureuses qualités, l'établit
bibliothécaire et apocrisiaire de la maison. Le premier de ces
emplois lui donnait l'intendance des études; il était chargé par
le second de la garde du trésor de l'église, et du soin des plus
importantes affaires de la communauté.
Aimard
voulant, à l'exemple de ses prédécesseurs, se donner un
successeur de son vivant, fit déclarer Mayeul abbé en sa place.
Ceci arriva en 948, et Aimard vécut encore jusqu'en 965. Quoique
le saint ne gouvernât d'abord que comme coadjuteur, il ne laissa
pas de faire connaître sa vertu et sa capacité. Il s'acquit
l'estime et le respect de tous les princes de son siècle.
L'empereur Othon le Grand avait en lui une confiance entière, et
il lui donna une inspection générale sur tous les monastères de
ses États.
Mayeul n'eut
pas moins de crédit auprès de l'impératrice Adélaïde et de son
fils Othon II, et il vint à bout de ménager entre eux une
sincère réconciliation. Ils voulaient l'un et l'autre l'élever
sur la chaire de S. Pierre ; mais ils ne purent triompher de sa
résistance. Lorsqu'on le pressait de se rendre, il fit cette
belle réponse : « Je
n'ai pas les qualités requises pour une si haute dignité ;
d'ailleurs, nous sommes, les Romains et moi, autant éloignés de
mœurs que de pays. »
Comme S.
Mayeul était fort savant, il s'intéressait beaucoup à
l'avancement des sciences utiles. De là ce zèle avec lequel il
encourageait les talents, et cette attention à faire fleurir les
bonnes études.
En 991, il
voulut s'assurer d'une personne propre à lui succéder, et il
choisit pour coadjuteur S. Odilon, le plus illustre de ses
disciples. Depuis ce temps-là il ne s'occupa plus que des
exercices de la pénitence et de la contemplation. Il fut
cependant obligé, à la prière de Hugues Capet, roi de France,
d'entreprendre un voyage à l'abbaye de Saint-Denys, près de
Paris, pour y mettre la réforme. Mais il tomba malade en route,
et mourut le 11 mai 994 dans le monastère de Souvigny, à deux
lieues de Moulins. Il y fut enterré dans l'église de
Saint-Pierre. Le roi Hugues Capet honora ses funérailles de sa
présence, et fit de riches présents à son tombeau, sur lequel on
éleva bientôt un autel. C'était la manière de canoniser dans ce
temps-là. S. Mayeul est nommé en ce jour (11 mai) dans le
Martyrologe romain.
SOURCE : Alban Butler : Vie
des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… Tome III. – Traduction :
Jean-François Godescard. |