Michel Garicoïts naît en 1797 au
petit village d’Ibarre dans le pays basque français
(diocèse
de Bayonne). Ses parents, Arnaud Garicoïts et Gratianne Etchéverry, s’étaient
mariés clandestinement pendant la Révolution, devant un prêtre non-jureur et ils
ont aidé des prêtres pourchassés à passer la frontière. Ce sont des paysans
pauvres. Michel est l’aîné de six enfants. Il a un tempérament volcanique.
« Sans ma mère, je serais devenu un scélérat. » Elle lui enseigne la crainte de
l’enfer et le désir du ciel. Un jour en gardant son troupeau, l’enfant croit
voir que le sommet de la colline qui est devant lui touche le Ciel: il y
monte... Mais non, c’est plus haut sur la montagne en face...il la gravit. Et
ainsi, dans sa quête du Ciel, il va de hauteur en hauteur jusqu’à ce que la nuit
le surprenne et l’oblige à dormir à la belle étoile. Très tôt il ressent la
vocation.
A l’école primaire, de 1806 à 1809, il réussit très bien, mais
ensuite, son père le place comme domestique de ferme pour gagner quelque argent.
Quand il part avec son troupeau, il emporte une grammaire ou un catéchisme.
Néanmoins, faute d’instruction suffisante, il ne peut faire sa première
communion qu’en 1811. De retour chez ses parents en 1813, il leur avoue son
désir de devenir prêtre, mais ils refusent à cause de leur pauvreté.
Heureusement il est soutenu par sa grand-mère et il est engagé chez un prêtre du
voisinage chez qui il peut étudier en échange de quelques services. Et ainsi à
force de persévérance et d’énergie – et toujours en travaillant à côté pour
payer ses études (par exemple comme professeur au petit séminaire) – il parvient
à son but; il est ordonné prêtre le 20 décembre 1823. Nommé vicaire au village
de Cambo, il est très apprécié; il confesse beaucoup et fait le catéchisme. En
1825 il est nommé professeur au grand séminaire de Bétharram qui périclite
matériellement et même spirituellement. Il s’attache à le relever, secondant le
supérieur trop âgé. Il est très bien suivi par les séminaristes. La même année,
malgré son jeune âge (28 ans) il est nommé Directeur spirituel des « Filles de
la Croix » qui ont une fondation récente non loin de là, à Igon. Il entre ainsi
en contact avec sainte
Elisabeth Bichier
des Ages, la fondatrice. Et cela marque un tournant
dans son existence.
Il est attiré par la spiritualité ignatienne et les
Exercices spirituels. (Il était déjà préparé à méditer sur les « deux
étendards », lui qui dès l’enfance avait réfléchi aux deux voies grâce aux
leçons de sa mère!). En 1831, il est nommé supérieur du séminaire, mais la même
année l’évêque en transfère le siège à Bayonne. Voilà l’abbé Garicoïts seul dans
les grands bâtiments de Bétharram. Non loin de là il y a un pèlerinage marial.
Peu à peu naît en lui l’idée de fonder une congrégation pour s’occuper des
pèlerins, leur donner des retraites selon les Exercices et faire des missions
dans le diocèse car la France a souffert de la Révolution. Il faut
rechristianiser l’école. « L’éducation intellectuelle, morale et religieuse,
dit-il, est l’œuvre humaine la plus haute qui se puisse faire. » Au fil des ans,
il ouvre plusieurs écoles dans la région. Il est aidé de quelques prêtres et
frères. En 1838, il fonde les « prêtres auxiliaires du Sacré-Cœur de Jésus » ou
« Société des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus »(1841). Il travaille toujours en
plein accord avec son évêque mais celui-ci prend des mesures très gênantes pour
la congrégation. Revenant un jour d’une entrevue à l’évêché, il avoue d’un ton
ému: « Que l’enfantement d’une congrégation est chose laborieuse! » Mais sa
patience et sa bonté ont finalement raison de toutes les difficultés. Tout en
prêchant sur les fins dernières, il insiste sur la confiance en la providence,
en la miséricorde paternelle à l’égard des pécheurs et dans la tendresse du
Christ (cf. sa dévotion au Sacré-Cœur) qui doit engendrer une « tendresse
chrétienne », fruit du don de piété. Son mot d’ordre est: « Me voici » et il
précise: « Me voici sans retard, sans réserve, sans retour, par amour ».
L’institut des prêtres de Bétharram essaime dans le diocèse, la France et
l’Europe, puis le Père fonde des collèges en Amérique latine (Argentine et
Uruguay) pour aider les émigrés basques désemparés. Il meurt le 14 mai 1863 au
soir de la fête de l’Ascension.
D’une lettre de saint Michel
Garicoïts à une Fille de la Croix, au caractère inquiet: « Dites donc et ne
cessez de dire: ‘Mon âme glorifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu ;
ce bon Père me regarde; rien, non rien - pas même mes péchés - ne sera capable
de me décourager’... Que le Magnificat soit votre cantique chéri, l’expression
fidèle de vos sentiments; et vous glorifierez Dieu parce que vous serez toujours
en paix. »
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