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Arrivée à Bethléem
Après une nuit passée à la belle
étoile, avec quelques compagnons de voyage, Marie et Joseph sont presque arrivés
à Bethléem. Ils chantent : “Chantez au Seigneur un
chant nouveau, car il a fait des merveilles; par son bras très saint, par sa
main puissante, il s'est assuré la victoire.”
(du Psaume 98 (97)) Ils chantent au milieu d'une
foule de plus en plus nombreuse car des caravanes arrivent de partout qui
s'ajoutent aux nombreux voyageurs venant se faire inscrire sur les listes de
l'Empereur : “Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice
aux nations; il s'est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison
d'Israël.
La
terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu. Acclamez le Seigneur, terre
entière, sonnez, chantez, jouez...”

La
première chose que Marie et Joseph voient en arrivant près de la petite
bourgade, c'est une hôtellerie, en fait, un caravansérail, où les commerçants
avec leurs chameaux, leurs dromadaires, leurs chevaux et leurs ânes, s'arrêtent
habituellement pour se nourrir, dormir et nourrir leurs animaux. Ceux qui
fréquentent ces caravansérails ne sont pas de mauvaises personnes, mais leur
langage, leurs cris et leurs gestes sont toujours vulgaires. Joseph va pourtant
se renseigner au sujet des places éventuelles, pour sa femme et lui. Tout est
complet et Joseph en est bien content, car cet endroit n'est vraiment pas ce
qu'il faut à la douce et pure Marie. Et encore moins à une maman qui va mettre
au monde un petit enfant, et quel Enfant !
Joseph
ne s'inquiète pas car il a de la famille à Bethléem. On pourra peut-être les
recevoir. Mais non: rien à faire; les quelques pièces souvent non occupées ont
déjà toutes été attribuées. Après s'être fait inscrire sur les listes de
recensement et après avoir parcouru tout Bethléem en vain, Marie et Joseph
s'éloignent vers la campagne. Un jeune homme leur a dit que, là-bas, dans les
collines, il y a des grottes presque toujours vides. Oh! ce n'est pas la
richesse, mais au moins ils trouveront de l'eau facilement et du bois pour faire
du feu. C'est vers ce lieu que Marie et Joseph se dirigent tout en fredonnant le
psaume 27 (26) : “J'ai demandé une chose au Seigneur, la seule que je
cherche: habiter la maison du Seigneur tous les jours de ma vie, pour admirer le
Seigneur dans sa beauté et m'attacher à son temple. J'en suis sûr, je verrai les
bontés du Seigneur sur la terre des vivants. Espère le Seigneur, sois fort et
prends courage; espère le Seigneur.”
Marie et Joseph arrivent enfin là
où on leur a dit qu'il y avait des grottes habitables. Ils entrent dans la
première qu'ils voient ; non, c'est trop sale, et il y a encore les restes d'un
copieux repas... Ils avancent encore et bientôt, voici ce qui leur conviendra:
c'est une sorte d'étable assez soignée malgré la présence d'un bœuf qui à leur
arrivée se réfugie tout au fond de la grotte. En voulant le suivre, Joseph
découvre d'abord une source puis un tas de bois. Vraiment, ce lieu semblait les
attendre. Joseph s'écrie :
— Marie, nous resterons ici: il y a
tout ce dont nous aurons besoin, et les animaux (le bœuf et l'âne de Joseph)
mettront un peu de chaleur.
Marie descend de son âne et
avance :
— Oui, Joseph, tout est parfait. Et
regarde là-bas, sur la droite, il y a comme une sorte de pièce. Je pourrai m'y
installer avec l'Enfant, s'il doit naître ici, pendant que toi tu seras plus à
l'aise dans la grande pièce d'entrée. Nous allons vite tout nettoyer et nous
installer. Et si le propriétaire venait, nous pourrions négocier avec lui.
En un clin d'œil Joseph a attrapé
les bagages. Avec quelques brindilles, Marie a confectionné une sorte de balai
et elle chasse les plus grosses saletés, devant le regard étonné du bœuf qui n'a
probablement jamais vu faire un tel ménage... Joseph a ramassé, à l'extérieur,
de la paille fraîche et a confectionné une sorte de lit pour Marie. De plus,
comme il vient de découvrir une mangeoire, il la nettoie et l'emplit aussi de
paille. Cela pourra servir, dit-il, quand l'Enfant sera né...
Marie a soigneusement rangé le
linge et la layette dont elle se servira pour l'Enfant ; puis elle sort d'un sac
le repas de ce soir. Tous les deux, Marie et Joseph, mangent avec appétit et
Marie bénit le Seigneur qui leur a donné une eau fraîche et délicieuse en
abondance. Tous les deux se regardent pendant un instant, puis déclarent
ensemble : “Comme le cerf soupire après les sources d'eau, ainsi mon âme
soupire après toi, ô Dieu. Mon âme a soif de Dieu, du Dieu vivant : quand
irai-je et paraîtrai-je devant la face de Dieu ?” (Psaume 42, 2 et3) Ils
éclatent de rire : vraiment ils ont pensé la même chose en même temps! Quand le
frugal repas est achevé, Marie va nettoyer le plat et mettre en ordre les
quelques couverts; puis elle se retire dans sa petite grotte, tandis que Joseph,
après avoir pendu devant l'entrée de la grotte, la couverture qui était placée
sur le dos de l'âne, s'allonge près de son âne.
La nuit fut très bonne et reposante
pour Marie et Joseph. Après un petit déjeuner pris avec les restes du pain
d'hier trempé dans un peu d'eau chaude aromatisée de miel, Marie et Joseph
décident: Marie restera là, à se reposer, car l'Enfant ne tardera à se
manifester. Quant à Joseph, il ira faire quelques courses, pour le cas où ils
devraient rester quelques jours dans leur grotte. L'Évangile ne nous dit rien de
Marie et de Joseph attendant la naissance de Jésus. Luc (Luc, 2, 6 et 7)
rappelle seulement que "pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait
enfanter s'accomplit, et elle mit au monde son fils premier-né, l'emmaillota et
le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans
l'hôtellerie." |