Ecrits août 2009

SOYEZ LES BIENVENUS SUR LE SITE D'ALEXANDRINA

     

Page mensuelle

SENTIMENTS DE L'ÂME
du 9 novembre au 4 décembre 1943

9 Novembre 1943

Ce que je pense sur la guerre, et ma confiance en Dieu.

Quand on me parle de guerre, et du danger qui court le Portugal, je souris à tout, car mon cœur redouble de confiance allant jusqu'à dire à Jésus: Jésus, j'ai confiance en Vous. Et je réponds à qui m'en parle: Ce ne sera pas aussi grave que cela, Notre Seigneur est l'infinie miséricorde ! Ce n'est pas parce que nous méritons plus que les autres nations. N'ont-ils pas les parents parfois des prédilections pour l'un de ou l'autre de leurs enfants ? Il en est ainsi avec Notre Seigneur.

Moult fois ces conversations me faisaient souffrir pour ce que j'entendais du monde et pour ce que je ressentais de Notre Seigneur, et j'écoutais quand Il me disait maintes fois : “Aie confiance, aie confiance, ma fille”. Parfois j'avais peur que ce soit le démon, mais ses effets ne se faisaient pas sentir dans mon âme. En entendant les paroles " Aie confiance, aie confiance, ma fille", je me sentais remplie de paix et de force, capable de vaincre la guerre. Il est arrivé jusqu'à moi que le Saint Père avait été emprisonné, mais je ne me suis pas laissée persuader, j'ai mis cela sur le compte de la confusion qui régnait dans la population.

Depuis toute petite je prie pour le Saint Père, mais depuis quelques temps je prie encore plus, ayant pitié du nombre de ses souffrances. Maintenant que j'entends tout cela, je prie encore davantage. Une douleur très forte a pris possession de moi ainsi qu'une grande compassion pour lui que parfois je ne pouvais résister. Je sentais en mon âme un deuil, comme quand décède un père de famille et qui laisse tous ses enfants orphelins. Les jours passaient et dans cette lutte constante je ne me décourage pas d'offrir à Jésus toutes mes souffrances et je demande la paix. Je voulais le soulager et le réconforter, le libérer de tant de souffrances, mais je ne savais pas comment faire. Un jour, après avoir communié, j'ai ressenti un grand désir d'écrire à Sa Sainteté. Sans pouvoir lui résister, j'ai dis alors à ma soeur: Je vais écrire au Saint Père. Donne-moi un stylo et du papier. Et j'ai commencé à écrire, demandant à Notre Seigneur toute la lumière et la force et de nouveau j'ai offert ce sacrifice.

J'ai écrit ce qui suit :

 

Très Saint Père :

Je sais que dans ces heures tragiques qui vit l'humanité, après Jésus, le cœur qui souffre le plus est celui de Votre Sainteté.

Jésus souffre parce qu' IL est offensé et Votre Sainteté souffre de voir le monde en guerre, dans la haine et les crimes. Et ici combien souffre aussi le cœur de la plus pauvre, de la plus misérable et indigne de vos filles de ne pas pouvoir libérer le Divin Cœur de Jésus des crimes de l'humanité, pour qu' IL ne soit plus jamais blessé, et de ne pas pouvoir alléger cette douleur si atroce et profonde qui anéanti et transperce le cœur de mon cher Père spirituel et Père du monde entier.

Ô mon cher petit Papa, je ne vaux rien, je ne peux rien, je ne suis que pauvreté et misère, mais Jésus peut me faire forte et puissante et c'est avec Jésus et avec ma petite Maman chérie que je suis à coté de Votre Sainteté, pour, avec mes souffrances l'aider à porter si lourde croix.

Je voudrais embrasser la terre où Votre Sainteté pose les pieds, je voudrais me traîner par terre par où passera mon cher petit Père comme signe de ma douleur de le voir souffrir, et de mon profond respect.

Courage, courage, Très Saint Père, Jésus ne nous abandonne pas, la force vient d'en haut, la guerre cessera et la paix régnera entre les hommes, mais toujours avec douleur et sacrifice, et le règne de Votre Sainteté continuera toujours entre les épines, mais Jésus ne nous manquera pas avec toute Sa grâce et amour pour que mon cher petit Père puisse monter joyeux un si douloureux calvaire. C'est Lui qui a choisi un si tendre fils pour être notre Père à tous, pour nous donner les saintes lumières du Divin Esprit-Saint. Il est triste le règne sur terre, à cause de la méchanceté des hommes, mais il sera joyeux et glorieux dans le ciel comme récompense de tant de douleurs et de tant d'amour pour Jésus.

Très Saint Père, je suis une de vos filles, malade depuis vingt-six ans et paralysée depuis presque dix-neuf ans.

Cette lettre représente un énorme sacrifice, car je suis alitée, avec mon pauvre corps transpercé des douleurs les plus aigües, mais c'est une preuve d'amour, amour saint pour mon très cher Saint Père.

Ah, mon Père, s'il m'était possible de dire combien je souffre dans mon corps et dans mon âme ! Combien triste et douloureuse a été ma vie ! Ma vie est seulement joyeuse avec les yeux de Jésus.

Père, mon Père, donnez-moi votre bénédiction apostolique, adoucissez ma douleur, ayez pitié de moi et pardonnez mon audace. Je n'ai demandé conseil à personne, car cela fait déjà deux ans que je n'ai pas de directeur spirituel. Ordonne qui peut, et obéis qui doit obéir. La bénédiction, la bénédiction, mon Père et pardon pour cette lettre si mal écrite, mais je ne sais pas écrire autrement.

Je n'oublie jamais Votre Sainteté, ni sur terre, encore moins au ciel. Je ne sais pas parler à mon cher petit Papa, pardon, pardon !

Je suis la pauvre

Alexandrina Maria da Costa

11 novembre 1943

Après lui avoir écrit, je me suis sentie plus légère, j'avais même un certain contentement; mais pour peu de temps. Le lendemain, le courrier posté, après avoir communié je sentais une grande douleur pour Sa Sainteté et grande était ma préoccupation au sujet des manœuvres et exercices militaires et malgré toute ma confiance, ce que j'entendais dire me causait de grandes souffrances, et je disais à Notre Seigneur sans penser obtenir de réponse:

Ô mon Jésus, libérez le Saint Père, donnez la paix au monde entier, donnez, mon Jésus. Et Notre Seigneur m'a répondu:

— “Oui, Oui, ma fille, je donnerai la paix, je donnerai la paix et dans peu de temps. Aie confiance, Jésus ne te trompe pas.”

Et ensuite je continuais: Ô mon Jésus, mon Jésus, délivrez le Portugal de la guerre ! Nous ne le méritons pas mais ayez pitié de nous ! Tu le délivreras mon Jésus ? Tu délivreras le Portugal ?

— “Oui, ma fille, Le Portugal est libre, il n'entrera pas en guerre : N'ai-je pas la crucifiée de ce calvaire à côté de ma Mère bénie à soutenir le bras du Père Eternel ?”

A peu près une heure plus tard, j'ai entendu dire que nous étions envahis pas les français et qu'on avait tué le Saint Père. En entendant cette nouvelle, j'ai senti une si grande douleur qu'il me semblait que mon cœur se brisait en morceaux, je suis restée un moment sans pouvoir respirer, sans pouvoir parler et sans pouvoir prier. Avec mes yeux fixés sur le Cœur de Jésus, je me disais : Aidez-moi, Jésus, aidez-moi. Ma Petite-Maman, ne me laissez pas vaciller. J'ai offert à Notre Seigneur toutes les souffrances pour que le Saint Père soit libéré, persuadée qu'il n'était pas mort, et que ce n'était pas vrai ce que l'on disait dans notre cher Portugal. Ce fût une journée de terrible combat. Je demandais à Notre Seigneur de m'envoyer quelqu'un pour me rassurer, car je ne voulais pas L'offenser par mon découragement. Beaucoup d'heures de grande agonie sont passées. Je me sentais au milieu d'une terrible tempête que tout détruisait avec furie, et moi sans personne pour me secourir. Je fixais Jésus, je fixais notre petite Maman, je demandais toute l'aide du ciel. Notre Seigneur est venu me réconforter en disant :

— “Le Saint Père n'est pas mort ! Il vit encore et sa mission continue.”

Il m'a répété plusieurs fois, dans l'intimité de mon cœur :

— “Aies confiance, aies confiance, Jésus ne te trompe pas.”

Pourtant le démon, non satisfait de me voir souffrir, et sans rien obtenir de ma souffrance, enrageait et me répétais fréquemment :

— “Portugal en guerre, Portugal en guerre ”

Il me le disait avec tant de rage qui cela me remplissait d'effroi. Il me semblait entendre sonner plusieurs cloches pour le Saint Père; le moindre bruit me faisait penser aux pièces d'artillerie qui arrivaient au Portugal. Malgré tout cela, je conservais toujours fermement ma confiance en Jésus. Cela s'est passé le 14 octobre de 1943, et le 10 du même mois Notre Seigneur m'avait dit plus ou moins ce qu'Il m'a dit le 14. Le jour suivant, malgré que l'on m'ait dit que tout était faux, je sentais de grands moments de frayeur, car je m'attendais à ce que quelqu'un arrive pour me dire que c'était la réalité. Maudit démon qui tentait de m'ôter la paix et de me faire perdre la confiance en Celui qui ne trompe pas ni ne peut être trompé. Mon confesseur est arrivé et a tout fait pour me tranquilliser, mais c'est seulement dans la confession qu'il a réussi. Toujours désirant prier pour le Saint Père, je le faisais encore, mais peu à peu la douleur que pour lui je ressentais s'est estompée.

4 décembre 1943 - Premier samedi

— “Ton cœur, ma fille, est le palais royal de la royauté divine, c'est le trône plus beau et enchanteur que j'ai rencontré sur terre. C'est le centre attrayant qui attire vers moi les pécheurs. C'est un feu dévorant qui enflamme les cœurs et les âmes assoiffées de mon amour. Que j'aurais aimé que le monde connaisse rapidement la consolation que tu donnes à mon divin Cœur et à celui de ma Mère bénie. Console-nous; donne-nous la plus grande des joies. Aime-nous avec l'amour le plus pur et parfait. Répare les crimes des millions et des millions de pécheurs. Combien tu es magnifique aux yeux de la Très Sainte Trinité !

Ô belle, ô belle, ô amour de l'Amour divin. Regarde ma fille, les hommes ne sont pas pressés de donner la magnificence que Je désire à ma Cause, mais Je suis avec toi. Leur négligence sera punie, la récompense sera le châtiment. Dis, ma fille, dis mon épouse chérie, dis à ton Père spirituel : Mon divin amour pour Lui est de plus en plus grand. Je l'aime, je l'aime vraiment. Je lui donne la grâce d'attirer à Moi les âmes, Je lui donne la grâce de les enflammer de mon divin Amour. Dis-lui que c'est avec douleur, que c'est avec chagrin que J'affirme : Mes châtiments vont continuer sur la Compagnie. Il y a là-bas tant d'âmes qui m'affligent, tant d'âmes qui ne sont pas parfaites comme le veut et l'exige mon divin Cœur. Ils n'ont pas ma charité, ils outragent les âmes. S'ils prêtaient attention à mes menaces, s'ils répondaient à mes demandes, ils n'auraient pas été aussi châtiés. Je veille, Je veille sur ceux qui sont miens. Je veille sur ceux qui m'aiment. Dis, ma fille, dis à ton médecin que sa fidélité à mes grâces, sa fidélité à mes désirs, c'est ma joie. Qu'il soit ferme en s'occupant de ma cause. Je l'ai mis à tes côtés pour te soutenir et te défendre, parce que de cette façon c'est moi qu'il défend. Il pleut des grâces, il pleut des bénédictions sur lui et tous les siens, sur ceux qui sont chers à son cœur. Aie courage, ma bien-aimée, ne te désespères pas dans ton martyre, ne te décourage pas dans ton calvaire; c'est seulement de cette façon que les pécheurs seront sauvés, c'est seulement comme ça que le monde recevra les grâces désirées. Tu vis dans le purgatoire ; la barrière qui t’en sépare, c'est Moi qui l'ai permise. Désormais tu n'es plus dans le monde, tu vis comme si tu ne vivais pas. Ton tourment est inégalable. Jamais Je ne l'ai donné à aucune autre âme. Veux-tu me consoler, ma fille ? Veux-tu continuer dans cette douleur ? ”

— Tout, mon Jésus, tout ce que Vous voudrez. Mon désir est de ne pas vivre sans vous donner consolation un seul moment, mon Jésus. Vivre pour vous consoler, vivre pour vous sauver des âmes, c'est cela mon aspiration.

— “Courage, alors, ma petite fille. Si tu savais le bien que tu vas faire aux âmes. Quand tu sauras le tourment que te fût donné ! Ton esprit est mort pour le monde, ta vie est la vie des âmes du purgatoire, mais tu ne souffres seulement que pour toi. Vite, vite, pour donner à connaître au monde combien elles souffrent ; vite, vite, ce sont les âmes, mes aimées qu'il faut libérer. Reçois l'amour, tout l'amour de ton Jésus, ce sont des caresses célestes.”

Ô ma Petite-Maman, merci beaucoup, ô Petite-Maman, bénissez, embrassez, et priez pour moi Jésus.

 

Pour toute demande de renseignements, pour tout témoignage ou toute suggestion,
veuillez adresser vos courriers à
 :

alexandrina.balasar@free.fr