Pendant la nuit j’ai été assaillie
par les ruses du démon. Cela m’afflige beaucoup ; m’atterre ; son langage a été
honteux, de même que ses actions et conseils. L’ai lutté, luté contre ses
artifices. Il m’a bien affirmé que j’avais péché. Et moi, pendant la lutte, je
disais à Jésus.
— Comment
puis-je me trouver dans un feu semblable sans être brûlée ? Je ne veux pas
pécher, mon Jésus.
J’ai une nouvelle fois voulu
expulsé le démon, mais je n’y ai pas réussi: pas un seul mot n’est sorti de ma
bouche. Il était enragé, sa furie était très grande et je ne savais pas comment
me libérer de lui. J »sus n’est pas venu, ou mieux, je ne Le sentais ni ne Le
voyais. Tout ce que je sais c’est que tout d’un coup le démon est parti, alors
que je continuais à dire à Jésus : Je ne veux pas pécher.
Ce cri moribond a tellement pénétré
mon cœur et fit écho à mes oreilles que malgré le fait que vingt-quatre heures
se soient déjà écoulées, je ressens encore dans mon cœur la douleur qu’il m’a
provoqué. À chaque instant repasse, à mes oreilles, cette voix endolorie qui
disait : Jésus, je ne veux pas pécher.
Je suis restée dans un grand
découragement, dans une peine profonde, pensant que j’avais offensé mon Jésus.
J’ai passé toute ma journée d’aujourd’hui dans cet amertume. Cette peine s’est
accrue encore du fait que c’est vendredi aujourd’hui. Ô mon Dieu, je ne peux pas
y penser : quelle peur j’ai !
L’aurore est arrivée. Je me sentais
dans une prison, triste, fatiguée, remplie de honte et de peur. Plus tard, les
mains attachées et la tête qui semblait saigner de douleur et des blessures des
épines, il me semblait que j’étais traînée dans les rues. Une immense foule de
curieux me regardait, les uns avec pitié, les autres avec dédain. J’entendais le
brouhaha du peuple ; un bruit énorme. Je me sentais seule. J’ai regardé vers
Jésus crucifié, je me suis crue enlacée à la Croix et je lui ai dit :
— Mon Jésus, peu importe que tous
m’abandonnent, si Vous, Vous restez ! Si je Vous possède et si Vous restez avec
moi, je ne serai pas seule.
Dans l’après-midi je me suis sentie
en Croix ; l’âme clouée avec le corps, tous les deux dans la même agonie. L’âme
levait les yeux au Ciel, mais elle ne voyait rien à part la souffrance et la
mort, elle ne pouvait rien dire à Jésus. Il est venu tout plein d’amour.
— Viens, ma fille, folle de douleur
et d’amour, viens à ma rencontre. C’est une douleur qui sauve les âmes, c’est
une folie d’amour pour Moi. Si le monde connaissait cette vie d’amour, cette
union conjugale de Jésus avec l’âme vierge, avec l’âme qu’Il s’est choisie comme
épouse ! Mais il ne connaît pas et parce qu’il ne connaît pas, il la calomnie,
la méprise et la poursuit.
Ô ma belle colombe, tu es épouse et
tu es mère, mère qui ne cesse pas pour autant d’être vierge ; tu es mère des
pécheurs : ce sont les enfants de ta douleur, les enfants de ton sang que tu
perd goûte à goûte, des enfants de ton amour.
Ma fille, du Ciel, bien souvent, tu
entendras beaucoup de pécheurs t’appeler et t’acclamer du doux nom de mère.
T’acclameront ceux qui se verront débarrassés des griffes du démon et sauront
qu’ils ont été libérés par toi, se rapprochant ainsi de Mon divin Cœur.
Grand amour, bénie douleur qui
l’ont mené à mériter de Jésus des titres aussi honorifiques !
— Mon Jésus, mon Jésus, combien je
me sens honteuse et confuse ! Si je pouvais occulter tout cela ! Si seulement ce
n’était qu’entre Vous et moi ! Je me sens confuse d’entendre tout cela et de
savoir combien je suis misérable !
— Tu sais déjà que j’ai besoin de
ta misère pour cacher en toi mes grandeurs et mon omnipotence.
Écris tout, écris, ma fille. Si ce
que je dis restait occulté, cela ne servirait à rien pour le monde.
Mère des pécheurs, nouvelle
rédemptrice, sauve-les, sauve-les !
Tu es la nouvelle rédemptrice
choisie par le Christ. Il n’y a jamais eu et il n’y en aura jamais dans le monde
une souffrance semblable à la tienne. Il n’y a jamais eu et il n’y en aura
jamais une victime immolée de cette façon, car il n’y a jamais eu un aussi grand
besoin comme aujourd’hui, le monde n’a jamais péché autant.
Dix-neuf siècles se sont écoulés
depuis que Je suis venu en ce monde et j’amène maintenant la nouvelle
rédemptrice choisie par Moi pour rappeler au monde ce que le Christ a souffert,
ce que c’est que la douleur, ce que c’est que l’amour et la folie pour les âmes.
Tu es la nouvelle rédemptrice qui
vient les sauver, tu es la nouvelle rédemptrice qui incendie l’humanité de
l’amour de Jésus. Nouvelle rédemptrice dont on se souviendra tant que le monde
sera monde.
Ma fille, livre où sont écrites
avec douleur et sang, en lettres d’or et pierres précieuses toutes, toutes les
sciences divines ! Courage, aimée, ne crains pas les tempêtes, ne crains pas le
roulement du tonnerre qui ramène après lui le nuage qui fait pleuvoir des
grâces, amour et manne céleste.
Remplis-toi, ma fille ; c’est
d’amour et de manne que tu vis. Remplis-toi afin de pouvoir en donner aux âmes.
— Merci, mon Jésus !
Je me suis sentie plongée dans
l’amour de Jésus et avec une telle intensité que le colloque terminé j’ai cru ne
pas pouvoir supporter le feu qui me dévorait le cœur. J’ai pensé et j’ai même
parlé que l’on m’apporte une serviette mouillée pour éteindre ce feu qui
m’embrasait tellement. Mais, de peur que cela me fasse du mal, je ne l’ai pas
utilisée.
Parfois il semble s’éteindre et
perdre toute sa chaleur, mais de nouveau il revient m’incendier de telle façon
qu’il semble me consumer. En plus du feu que j’ai reçu de Jésus, j’ai aussi reçu
une sorte de brouillard brillant qui est tombé sur moi en grande abondance.
C’était doux, suave, il m’a redonné vie, je me suis sentie revivre, je me suis
sentie forte pour souffrir.
— Ô mon Jésus, que de douceurs et
d’enchantements a Votre vie divine ! |