Page mensuelle  Juin 2011

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SENTIMENTS DE L'ÂME
15 et 18 décembre 1944

15 décembre 1944

Tôt, avant même que le jour ne pointe, je me suis réveillée après un court sommeil. Ô mon Dieu, c’est vendredi ! Une nuit obscure est tombée sur moi. Jésus, à chaque moment qui passe, il me semble de cheminer vers la mort, non point comme quelqu’un qui chemine par amour et avec joie, mais comme quelqu’un qui la plus grande horreur et répugnance de la mort. Ensevelie dans cette souffrance, l’heure est arrivée de recevoir mon Jésus. Je Lui ai fait mes demandes. En les Lui faisant, je Lui ai rappelé certaines choses.

— Jai confiance, j’ai confiance, mon Jésus ! Pour ne pas croire en cela il faudrait que je ne croie à rien.

J’ai dis cela pour m’épancher et en même temps pour montrer à Jésus ma confiance, loin de penser à en obtenir une réponse. Mais il me l’a donnée :

— C’est ainsi, ma fille, c’est exactement comme cela. Aie confiance, ce sont les paroles d’un Dieu, ce sont les paroles de ton Époux Jésus qui t’aime et ni ne permets ni consent que tu te trompes.

Je me suis sentie davantage revigorée, j’ai acquis plus de force pour résister à la douleur et supporter les bousculades, aux plaisanteries et aux brimades dont j’étais l’objet. Je devais tout souffrir en silence, les lèvres serrées. Je sentais la douleur de quelqu’un qui pleurait de voir combien je souffrais et ce quelqu’un avait un amour comme celui d’une mère. En silence j’ai uni ma douleur à cette douleur. Jésus est venu et, se sa tendre et douce voix m’a dit :

— Ma fille, unis ta douleur à la mienne, adouci-la dans l’amour de mon divin Cœur. J’adouci la mienne dans le tien. Aime-Moi, car tu es aimée de Moi, tu es un coffre de richesse, dépositaire des dons divins.

Ma fille, ange chéri, ta douleur est allée embellir le manteau et la couronne que ta Petit-Maman ta remise. Quelle brillance ! Quel éclat ta douleur lui a donné ! C’est une douleur de gloire, c’est une douleur de salut. C’est un océan de martyre, un océan d’immolation.

Ma fille, jardin céleste aux fleurs divines, pré verdoyant où paissent les pécheurs. Abreuve-les de grâces, de pureté et d’amour. Garde-les, guide-les, pastourelle divine, pastourelle choisie par Jésus ! Purifie-les, purifies-les pour Moi, guide-les, achemine-les vers mon divin Cœur.

Ma fille, maîtresse de sciences divines, garde ce qu’il y a huit jours a été déposé dans ton cœur par Moi et par ma Mère bénie : c’est le monde, ce sont les pécheurs. C’est d’une valeur infinie, c’est mon divin Sang. Ce sont des âmes sauvées par ta souffrance. Cette anxiété de vouloir garder et ne pas savoir comment est un tourment qui va te consumer jusqu’à ta mort et qui augmentera de plus en plus, jour après jour.

Ma fille, où est écrit tout ce qui est divin : en toi ils apprendront a aimer, en toi ils apprendront à souffrir, en toi ils apprendront à connaître comment Je Me communique aux âmes. Ils ne le savent pas, ne l’étudient pas. Agissant ainsi ils font beaucoup souffrir mon divin Cœur.

Aie courage ! Qui souffre avec Moi, avec Moi est vainqueur. Combien de larmes de repentir ils verseront voyant que ton nom maintenant si bafoué sera avec Moi et ma Mère bénie glorifié dans le Ciel !

Viens, ma Mère bénie, viens réconforter la mienne et ta fille, viens la couvrir de tes caresses.

La Petite-Maman est venue, Elle m’a prise sur ses genoux, m’a serrée avec beaucoup de tendresse et d’amour, m’a embrassée, m’a caressée et m’a dit :

— Ma petite fille, reine choisie par Moi et par mon divin Fils, tu seras au Ciel à côté de Moi et de mon divin Fils sur un trône de reine. Moi comme Reine du Ciel et toi comme reine de la terre.

— Ma Mère — dit Jésus — alimente-la, donne-lui ta vie, la vie de l’âme dont elle a toujours vécu et vit, la corps dont elle a besoin.

La Petite-Maman a commencé à souffler doucement de ses très saintes Lèvres unis aux miennes. Je me suis sentie forte de l’âme et du corps. Jésus a fait de même, souffla doucement et m’a caressée. Puis Il m’a dit :

— Je suis, ma fille, avec ma Mère bénie, en train de te donner le réconfort que tu devais recevoir des hommes. Quand il y a quelques années Je te disais que ce serait Moi ton directeur, Je faisais allusion à ces temps-ci, ce n’était pas pour éloigner ton directeur. Oui, j’avais besoin de lui en union avec Moi pour te guider et pour t’amener à la hauteur que mon divin Amour exige. Je voyais déjà la cruauté et la persécution des hommes.

Courage ! Ton nom que tu sens méprisé, bientôt sera prononcé avec respect e loué avec Moi.

— Soyez à jamais remercié, mon Jésus. Plus vous me dites des choses, plus misérable et mesquine je me sens devant Vous.

Mère de Jésus, ton chemin à Toi
Me réconforte pour porter la croix.

Pour porter la Croix dans cette détresse,
Au milieu des ténèbres, dans une grande sécheresse.

Ô Mère de Jésus, donne-moi ton bonheur
Pour aimer avec lui le tien et mon Seigneur !

18 décembre 1944

Venez à mon a mon secours, Jésus, car de la terre je ne peux espérer de l’aide. Je me sens abandonnée de tous, comme si tous se révoltaient contre moi. Pauvre de moi sans Vous un seul instant ! Toujours et toujours des rumeurs de tempête, toujours, toujours une souffrance presque insupportable, une souffrance sans fin. Je ne peux pas rester là, mon Jésus, la nostalgie du ciel me consume. Je ne peux pas voir ni sentir la distance qui me sépare de Vous. Un feu par fois insupportable embrase mon cœur, et vient jusqu’à ma bouche, paraissant me brûler les lèvres. L’eau avec laquelle je les rafraichis ne sert à rien, car je dois ensuite la cracher. C’est du feu, du feu, toujours du feu. Je sens que je ne Vous aime pas et que je ne sais pas ce qu’est l’amour. Pauvre de moi, je ne sais pas vivre.

Je suis fatiguée de faire autant d’efforts pour garder en moi ce que Jésus et la Petite-Maman m’ont confié. Il me semble rester toujours les bras croisés sur ma poitrine les y maintenant le plus fortement possible, pour la garder en moi. D’autres fois je m’enfuis, comme si je fuyais un assaut ! Quelqu’un, je ne sais pas qui, vient sur moi, une multitude incalculable qui veut me voler ce que j’ai en mon cœur et je m’enfuis dans une course folle pour tout cacher. Je veux enrouler autour de moi des chaînes, de fortes chaînes, des prisons, de fortes prisons afin que rien ne puisse être volé. Dur tourment pour mon âme, mais je n’arrive à rien !

Pendant les heures où je souffrais de la sorte, j’ai souffert un terrible assaut du démon. J’ai senti alors comme s’il m’avait tout volé ; je suis restée sans cœur, sans poitrine, sans rien. Ce n’était qu’une simple coquille d’œuf qui n’avait rien en son intérieur. Je sentis que le vol a été emmené très loin ! Cela m’obligeait à dire :

— Je ne veux rien garder en moi, je veux pécher, je veux jouir du monde.

Le démon m’affirmait que je péchais avec beaucoup d’autres démons, avec certaines personnes et il les nommait, disant sur elles et sur moi beaucoup de vilains mots. Il était désespéré.  Il blasphémait contre Jésus et L’accusait de crimes, il me faisait trembler de peur en entendant ce qu’il disait à l’encontre de Jésus. Rarement j’ai pu demander secours au Ciel. Je me trouvais dans un bain de sueur, dans une fatigue que je ne sais pas expliquer. J’ai fini par dire, sans vouloir le dire : “Mon Jésus, je n’en peux plus !” L’attaque a cessé mais je n’ai pas pu bouger. Très attristée de me voir dépossédée du trésor immense que je possédais au-dedans de moi et de peur d’avoir péché, je mormurais toute seule :

— Mon Dieu, mon Dieu, je suis sans lumière, sans guide, sans un prêtre avec qui j’aurais pu m’entretenir sur tout ceci. Ô Ciel, ô Ciel, ô Jésus, ô Petite-Maman !

Les abîmes avaient disparu, mais mes oreilles entendaient encore au loin les bruits causés par le démon. Je ressentais fortement sa rage. Dans cette détresse, dans une position violente, un long moment s’est écoulé. Si Jésus ne vient pas à mon aide, qui pourra m’aider? Ô mon Dieu, c’est par amour pour Vous et pour les âmes. Alors j’ai entendu Jésus :

— Tu n’as pas péché, ma fille, tu n’as pas péché, aie confiance. Tu M’as donné la plus grande des consolations, tu M’as donnée toute la réparation possible.

Regarde, ma petite fille, ton Ange Gardien, chargé de te protéger, il reçoit maintenant la mission de veiller encore davantage sur toi te changeant de position quand t’en auras besoin après ces combats. Aie courage, Je suis avec toi.

Je me suis retrouvée dans la position habituelle. Et après quelques instants, j’ai commencé à comprendre que j’avais toujours en moi le trésor que le démon avait fait disparaître. Mon âme était toute en joie de savoir qu’elle possédait toujours cette richesse ! Je voulais enlacer le riche trésor, l’embrasser. J’ai ressenti comme la joie d’une mère qui, ayant perdu son enfant, le retrouve enfin.

Je ne sais pas expliquer la joie de mon âme. Je ne sais pas expliquer les soins à quoi cela m’oblige ; j’ai toujours la crainte que quelqu’un puisse me le voler. Je veux tout faire afin que le trésor ne courre aucun danger.

Hier, sans réfléchir, j’ai dit une parole qui m’a semblé déplaire à Jésus. Je suis devenue toute triste. Je me suis humiliée devant Notre Seigneur, j’avais honte.

— Pardonnez, mon Jésus. Que suis-je sans Vous ?

Cette douleur m’a accompagnée tout le long de ma journée et aussi une grande partie de la nuit. Au petit matin, lorsque j’ai fait ma préparation pour la venue de Jésus[1], je n’ai pas pu résister à la douleur. J’ai pleuré, pleuré. Quelle peine j’avais d’avoir blessé le divin Cœur de Jésus ! Je voulais un prêtre afin que par la sainte absolution mon âme soit purifiée.

Purifiez-moi, Jésus, purifiez moi, Vous. Regardez la peine que j’ai de vous avoir déplu. Je suis toute seule, sans aucun réconfort sur la terre. Ne me manquez pas, mon Jésus. Pardonnez-moi, pardonnez-moi ! Acceptez la douleur que je ressens de Vous avoir déplu pour tous ceux qui pèchent gravement et n’en n’ont aucun remord.

Cette souffrance m’est restée tout le long de la journée et je surveillais toujours ce que j’ai rangé dans mon cœur. Une anxiété destructrice de posséder des mondes, des milliers de mondes, et de leur crier qans cesse : Aimez, aimez Jésus !

Mon Dieu, je ne sais pas si je vaincrai, je ne sais pas si je résisterai à tant de souffrance. Je veux Vous voir aimé de tous ; je ne veux pas Vous savoir offensé. Je ne peux pas supporter de Vous voir souffrir.

Ô péché, triste péché, combien tu blesses Jésus ! Ô Amour, ô Amour, quelle sorte de caresses[2] avez-Vous prêtes à m’offrir ? Je les attends, je les pressens. J’ai peur. Si elles me blessent beaucoup, je Vous aimerai toujours. Plus grande sera la douleur, avec Votre grâce, plus grand sera mon amour. Ô Ciel, aide-moi, viens à mon secours !


[1] Il s’agit de la Communion qui lui était apportée chaque matin par le curé du Village.
[2] Le mot “caresse”, dans le langage d’Alexandrina, désigne les souffrances permises par Jésus pour le salut des pécheurs et qu’Alexandrina endura de façon héroïque.

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