Page Mai 2011

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SENTIMENTS DE L'ÂME
11 et 14 décembre 1944

11 décembre 1944

Mon âme attend de nouvelles épreuves, mon cœur de nouveaux coups qui viennent le blesser. Je suis remplie de crainte. Qu'est-ce qui m'attend ! Que viendra-t-il encore, mon Jésus ? Je suis fatiguée de tant de souffrances. Le corps est faible, mais la volonté est prête, elle soupire mais ne veut que votre divine volonté, Seigneur.

Hier j’ai commencé à ressentir et aujourd'hui encore davantage une immense envie de sauver le monde. La folie est telle et l'amour que je ressens pour les âmes, que je voudrais me donner toute à elles. Je veux tous les sacrifices et volontiers je me laissé immoler pour les sauver. Je voudrais un poignard dans ma main pour ouvrir dans mon cœur une plaie si profonde qui répande assez de sang afin que je puisse écrire sur toute la terre : “Convertissez-vous, pécheurs, n’offensez plus Jésus ! Le ciel est si beau ! Et vous avez été tous créés pour y entrer”.

J’aimerais pouvoir aller à genoux, ou même en rampant, dans toutes les parties du monde et y laisser écrits ces mots : “Convertissez-vous, convertissez-vous pécheurs !” Je ne sais plus quoi faire, mon Jésus, pour Vous et pour les âmes.

Pendant la nuit j’ai été assaillie par les astuces du boiteux[1]. J’entendais ses sifflements désespérés, ses grincements de dents et hurlements. Ensuite ce furent des gestes, des gros-mots pleins de malice. À côté de moi et même sous moi des grandes barrières se sont ouvertes, des abîmes sans fin. Dans des décombres très laids il y avait de gros serpents et d’énormes crocodiles qui tourmentaient et terrorisaient une sorte de masse que je pense être des âmes qui s’y trouvaient. Fatiguée par la lutte et pensant que j’allais tomber dans ces abîmes, je ne pouvais pas cependant appeler Jésus. Le maudit me disait :

— Appelle-moi plutôt, dis que c’est moi que tu aimes, que tu ne veux pas de Dieu, que tu veux le péché, que tu veux jouir du monde.

Et il cherchait à m’instruire par ses horribles leçons. Pendant les moments les plus terribles, je ne pouvais pas appeler Jésus ; ce ne fut qu’en terminant la lutte que j’ai pu recourir au Ciel, appeler mon Jésus et lui dire : — Qu’est-ce que cela, mon Jésus ? Pendant ce temps le maudit, sous la forme d’un lion, me disait :

— Tu as péché ! Tu as péché !

Pour ce qui s’est passé ensuite, j’ai besoin de le dire, mais uniquement lors de la confession, bien que cela me coûte.

Ma douleur et mes larmes paraissent ne plus finir, mais elles finirent tout de même. À l’endroit même où se trouvaient les abîmes, se dessina un beau jardin plein de fleurs : toutes les variétés de lis. Qu’ils étaient beaux ! Du milieu de ces lis sortaient comme des rayons de lumière, beaucoup de rayons, plus brillants que l’or. J’ai contemplé le jardin sans en con naître la signification. À l’instant même Jésus m’a dit :

— Les fleurs de ce beau jardin ce sont tes vertus héroïques. Les pétales sont tendres, fins, délicats, et l’arôme enivrant. Les rayons ce sont ceux de mon divin Amour. Ne pleure pas, ma petite fille, ta pureté ne se tache pas dans les combats avec le démon. Tu en sors chaque fois plus pure, plus éclatante. C’est la réparation que j’exige de toi. Sans cette réparation beaucoup plus d’âmes tomberaient dans l’abîme que tu as vu, et y resteraient pour l’éternité.

Quand Jésus cessa de parler, j’ai vu de nouveau au loin le démon sous la forme d’un lion, la gueule ouverte, montrant ses énormes dents : il faisait des sauts comme s’il voulait m’avaler et, il m’insultait en même temps. Je ne pleurais plus me sentant en paix, cette paix qui ne peut venir que de Jésus. Avec l’aide de sa divine Force, cette fois-ci je n’ai pas eu peur du démon. Ayant pitié des âmes qui pouvaient tomber dans de si horribles abîmes, j’accepterais et je souffrirais tout ce que Jésus voudrait. Mes larmes étaient de douleur, par crainte d’avoir péché. Après avoir entendu Jésus, je me suis calmée et suis restée en, paix, assoiffée de son Amour, assoiffée pour Lui donner des âmes. Je ne veux pas rester sur la terre sinon pour les sauver et aimer Celui qui n’est pas aimé.

14 décembre 1944

Mon corps et mon esprit sont grillés dans des flammes vives ; je en sais pas expliquer ma douleur, douleur que je ressens sans en savoir l’origine, ni à qui elle appartient. Quel feu dévorant ! Il me semble devenir folle à cause de la douleur qu’il provoque. J’entends aux loin de grands bruits, cela me fait penser à un tremblement de terre que il se fait entendre avant même qu’ion le ressente. Mais mon âme entend et sent. Ce fut la tempête qui est passée et qui a laissé derrière elle beaucoup de dégâts qui seront rappelés et commentés. Au loin, bien dans le lointain il y a des commentaires et mon nom est mis en avant, sera souillé, recouvert de boue, comme une feuille qui finit par pourrir dans la même boue. Je me sens honteuse : mon âme ressent tout cela et rempli de douleur.

— Ô mon Jésus, je veux que ces taches, cette boue qui enveloppe mon nom, servent à sauver les âmes des pécheurs afin que d’elles disparaissent les crimes par lesquels elles vous offensent et elles puissent se sauver. Je veux souffrir innocente et non pas coupable, Jésus. Ô Jésus, quelle vie que la mienne : avoir honte devant les hommes, avoir honte devant Vous ! Par Votre grâce, je suis victime innocente des hommes ; par ma faute et ma misère, je le suis de Vous, mon Jésus, je suis une victime coupable. Je dois souffrir, je veux souffrir, car je Vous ai offensé. Pardonnez-moi, pardonnez-moi, Jésus, venez à mon secours, car en Vous seulement je peux espérer, en Vous seul je peux avoir confiance. Des hommes, je le vois, je ne peux rien recevoir. Ils me volent tout ; tout le soulagement humain s’évanoui comme la fumée, reprend son chemin. La guerre du monde est tombée sur moi ainsi que la guerre de l’enfer. Le démon m’est apparu sous les traits d’un grand chien. Cela m’a fait penser aux chiens qui se jettent sur une proie, sans cri ni garde, juste pour mordre. Il voulait me mordre, ou mieux, m’avaler. Quand il ne m’attaquait pas violemment, il me tourmentait toujours :

— Tu pèches quand tu veux. Tu n’as pa péché aujourd’hui ni ne pécheras maintenant parce que tu es fatiguée !

La nuit dernière il est venu fortement accompagné de nombreux autres démons sous la forme de squelettes noires. Ils ont installé devant moi des estrades et des lits noirs.  – “Ce sont des estrades et des lits de délices”, me disait-il, pendant que les autres autour de celles-ci s’amusaient. Il me disait des mots très laids e semblait m’obliger à les répéter.

— Tu n’appelles pas Dieu ?

Et il me semble que bien souvent je ne l’ai pas appelé, et que j’obéissais à ses ordres. Une fois encore je suis passée par un état que je ne peux pas dire ici. Pendant les moments de plus grande angoisse je sais être restée comme moribonde ne répétant en pensée et très souvent : “Ô mon Dieu, ô mon Dieu, ô mon Dieu !”

En dessous de moi se trouvaient ces terribles abîmes dont j’ai déjà parlé et moi, suspendue, sans aucune attache, me demandais quand j’allais y tomber. À la voix de Jésus, les démons se sont enfuis et les abîmes ont disparu. Jésus m’a changée de position[2] et m’a dit :

— Ma fille, les âmes se trouvent sur ces abîmes et ce qui les retient d’y tomber à jamais c’est ta réparation, réparation jamais ressentie, jamais expérimentée, jamais vue. Souffrance et immolation sans pareil. Dis-moi, ma fille, ma petite colombe bien-aimée, parle-moi, épanche-toi avec Moi. Es-tu persuadée que tu ne m’offenses pas ?

— Ô mon Jésus, mon Jésus, je veux m’en persuader, et j’ai confiance, mais il m’est difficile de me convaincre que je ne pèche pas, que je ne Vous offense pas au milieu d’un si grand danger !

— Rassure-toi, rassure-toi, mon ange, tu ne me procures que consolation, réparation et tu prouves la grandeur de ton amour envers mon divin Cœur.

Je suis restée pendant un certain temps unie à Jésus, abreuvée de caresses, comme le petit enfant dans les bras de sa mère, endolorie seulement par la souffrance que j’avais subie.

Nouveau tourment pour mon âme, tourment qui me fait vraiment souffrir et ne me laisse pas de repos. J’aimerais me cacher à l’intérieur d’un coffre duquel personne ne saurait m’en sortir. Je voudrais enlacer ma poitrine dans un enlacement que personne n’arriverait à défaire. Je veux préserver je ne sais pas quelle chose qui m’a été confiée et sur laquelle je dois veiller et surveiller[3]. Je ne sais pas comment, mon Dieu, j’ai réussi à garder, à bien garder, à tout garder. Je m’enfuis, Jésus, je m’enfuis dans votre divin Cœur : que ce soit lui le coffre béni qui me garde pour toujours et garde également ce qui m’a été confié et qui est pour cause de tant de soucis. Là, dans votre Cœur, je suis bien, je suis en sûreté, ni moi ni ce qui m’a été confié et sur laquelle je dois veiller, ne courons aucun danger. Vous voulez bien m’y garder ? Gardez-moi là pour toujours.

On est jeudi et il fait déjà nuit. Grand tourment ! Ô mon Dieu, chaque vendredi qui s’approche est une mort pour moi. Je sens comme si j’étais dans un rassemblement joyeux : je parle aux convives et je souris à ceux qui me sourient. Et mon âme, dans une grande agonie quitte la terre, monte au ciel pour exclamer uniquement : — “Mon Dieu, mon Dieu, ce qui m’attend !” Pendant que cette réunion joyeuse dure, mon cœur, au dehors, est écrasé, maltraité, chicané et méprisé. Tous se gaussent à mes dépens, dans l’attente d’autres événements. Jésus, je suis votre victime et rien d’autre !


[1] Sobriquet employé par Alexandrina pour désigner le démon.
[2] Alexandrina ne pouvais pas bouger, car paralysée. Mais le démon réussissait quelquefois, sans même la toucher, à la faire déplacer dans son lit. Voilà pourquoi Jésus la remit à sa place, dans le lit.
[3] Jésus et Marie lui avaient confié l’humanité pécheresse et demandé de “sauver” le plus grand nombre d’âmes.

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