Certains mystiques, disaient
souvent, en parlant de leur corps, qu’il “faut dompter la bête”, car
celui-ci est toujours récalcitrant à la souffrance et bien souvent enclin au mal
et aux plaisirs désordonnés. Alexandrina
devait penser un peu la même chose, car
elle surveillait très étroitement ses penchants et cherchait immédiatement à
corriger ceux qu’elle jugeait moins en accord avec ce qu’elle savait être déjà
sa mission, car les mots de Jésus avaient été bien clairs quelque temps avant :
“Donne-moi tes mains… donne-moi ton corps !...”
“Je voulais tout faire pour Eux”,
écrit-elle ― ici le mot “Eux” signifie bien Jésus et Marie ―, “pour leur
prouver que je les aimais”.
Il ne faut pas oublier
qu’Alexandrina a alors 20 ans et qu’elle est une belle jeune fille, soumise aux
mêmes tentations que toutes les autres jeunes filles de son âge, sauf qu’elle
s’est donnée tout entière au Seigneur et tenait à ce sa promesse ne reste pas
lettre morte, donc elle préférait utiliser des moyens forts pour parvenir à son
souhait.
“Je me flagellais le dos, la
poitrine, les bras et toutes les parties de mon corps” et alors, “mon
corps devenait bleuâtre sous les coups”, avoue-t-elle naïvement.
Même son acte d’offrande totale à
Jésus fut écrit de son sang, comme elle nous le raconte ci-après !...
“J’ai ressenti tellement de
répugnance et d’affliction ― dit-elle au sujet de cet acte et de la façon
dont il a été écrit ―, que je voulais déchirer cette image. Je ne sais pas ce
qui m’en a empêché”.
Toutefois, dès qu’elle l’avouera à
son Directeur spirituel, celui-ci, homme sage et connaisseur d’âmes, lui
interdira de telles méthodes.
— “Je lui ai tout raconté ! Lui,
il me dit :
— Qui t’en a donné
l’autorisation ?
J’ai répondu alors que
j’ignorais qu’une autorisation était nécessaire. Il m’a interdit de refaire ce
genre de choses”.
* * * * *
« Je voulais tout faire par amour
pour Eux et, pour leur prouver que je les aimais. Quelques fois, je faisais des
boulettes de cire que j’attachais au bout d’un mouchoir et, avec celles-ci, je
me flagellais, choisissant les endroits de mon corps les plus sensibles, ceux où
je me faisais le plus de mal, comme les genoux, les os. Mon corps devenait
bleuâtre sous les coups.
D’autres fois, je nouais les
tresses de mes cheveux aux barreaux de mon lit et je tirais ensuite, de toutes
mes forces, afin de pouvoir souffrir davantage.
Ou encore je faisais des nœuds au
bout de mes tresses et je me flagellais le dos, la poitrine, les bras et toutes
les parties de mon corps que mes tresses pouvaient atteindre.
Un dimanche après-midi, j’ai
éprouvé une si grande aspiration d’amour pour Jésus, que je ne pouvais me
contenir. Je ne désirais qu’une chose : être seule. Finalement, tous les miens
ont décidé, même si hésitants, d’aller à l’église. À peine ils sont sortis, j’ai
pu montrer à Jésus combien je l’aimais. Ayant pris l’épingle à laquelle étaient
accrochées mes médailles, je l’ai enfoncée dans ma poitrine. Ne voyant point de
sang couler, je l’ai enfoncée davantage dans la chair, jusqu’à ce que le sang
coule. Je m’en suis servie comme d’une plume et j’ai écrit, au verso d’une image
pieuse :
— Avec mon sang, je vous jure
de beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que mon amour soit tel, que je meure enlacée
à la croix. Je vous aime et je meurs d’amour pour vous, mon cher Jésus. Je veux
habiter dans vos tabernacles. (Balasar, 14.10.1934).
Aussitôt après, j’ai ressenti
tellement de répugnance et d’affliction, que je voulais déchirer cette image. Je
ne sais pas ce qui m’en a empêché. Cette preuve d’amour ne m’a procuré aucune
consolation. Quand ma sœur est rentrée, elle m'a trouvée plongée dans une grande
inquiétude. Je ne lui ai pas dit ce que j’avais fait, mais je lui ai simplement
montré l’image. Elle s’est exclamée : — Petite folle qu’as-tu fait ? Que va dire
le Père Pinho quand il l’apprendra ? Je me suis défendue en disant : — Je ne lui
dirai rien !... Au contraire, je lui ai tout raconté ! Lui, il me dit : — Qui
t’en a donné l’autorisation ? J’ai répondu alors que j’ignorais qu’une
autorisation était nécessaire. Il m’a interdit de refaire des choses de ce genre. »
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