En 1933 Alexandrina a 19 ans et
elle vit déjà une intense vie spirituelle, où les “touches” divines sont déjà
fréquentes, comme elle-même l’explique dans son Autobiographie, mais elle
n’avais toujours pas de
Directeur spirituel. Le Seigneur qui est “riche en
Miséricorde”, va y pourvoir d’une façon particulière.
Alexandrina “ignorait ce que
c’était qu’un directeur spirituel”, ne sachant même pas qu’il est préférable
d’en avoir un particulièrement lorsqu’on est dépositaire de charismes
particuliers. Mais, Alexandrina ignorait aussi qu’elle avait en elle,
gratuitement offerts par Dieu, ces dons exceptionnels qui allaient faire d’elle
une “Doctoresse en sciences divines”.
Le Seigneur qui dans son amour
envers nous, cherche toujours des moyens efficaces pour nous faire retourner à
Lui, a voulu avoir besoin de cette jeune fille pure et sage qui ne laissait
jamais terminer l’huile de sa lampe, qui n’était donc pas une “vierge folle”.
Pour ce faire, Il lui choisit un Directeur spirituel, sage lui aussi, capable de
la guider, de la soutenir, de lui tenir la main dans les moments difficiles, de
l’aider à monter le dur chemin de la vie spirituelle, souvent parsemé d’embuches,
semées par le “singe de Dieu”.
Ce Cyrénéen choisi par le Seigneur
sera le père Mariano Pinho, jésuite, âme d’une grande humilité, excellent
directeur d’âmes, bon théologien et grand prédicateur.
Il viendra à Balasar, le 16 août
1933, prêcher un triduum en l’honneur du Sacré Cœur de Jésus et leur rencontre
se fera à ce moment-là, comme Alexandrina le raconte ci-après.
* * * * *
« J’ignorais ce que c’était qu’un
directeur spirituel : c’était Monsieur le Curé qui guidait mon âme.
Ma sœur, lors d’une retraite des “Filles
de Marie”
a demandé au prédicateur, le Père Mariano Pinho,
de devenir son directeur spirituel. Celui-ci mis au courant de mon existence et
de ma maladie, a sollicité mes prières, avec la promesse de réciprocité. De
temps à autre il m’envoyait une image pieuse.
Deux ans plus tard, ayant appris
qu’il était malade, mon émotion est allée jusqu’aux larmes; je ne sais pas
pourquoi. Ma sœur, étonnée, m’a demandé pourquoi je pleurais alors même que je
ne le connaissais pas. Je lui ai répondu :
— Je pleure parce qu’il est mon
ami et que je le suis aussi de lui.
Le 16 août 1933, le Père Pinho est
venu dans notre paroisse prêcher un triduum en l’honneur du Sacré-Cœur de Jésus
et, à cette occasion je l’ai obtenu comme directeur spirituel. Je ne lui ai pas
parlé de mon offrande pour les Tabernacles, de la chaleur que j’éprouvais, de la
force qui me soulevait,
ni des paroles que j’interprétais comme de simples inspirations
de Jésus. Ce ne fut que quelques mois plus tard que j’ai mis le Père au courant
des paroles de Jésus. Je n’ai rien dit d’autre, parce que je ne comprenais rien
aux choses du Seigneur. Le Père ne m’a pas confirmé s’il s’agissait bien de
paroles de Dieu; toutefois, je continuais à vivre très unie au Seigneur: jour et
nuit, les Tabernacles étaient ma demeure préférée.
(…)
Ce fut seulement au mois d’août
1934 que je me suis décidée à ouvrir mon cœur à mon Père spirituel, venu à
Balasar pour une série de sermons. J’ai eu peur, alors, qu’une fois au courant
de ma vie, il ne veuille plus continuer de me diriger.
Alors même que je me débattais avec
ce doute, Jésus m’a dit :
— Obéis en tout : ce n’est pas toi
qui l’as choisi, mais moi qui te l’ai envoyé.
Quand le Père m’a demandé de quelle
façon j’avais entendu lesdites paroles, il ne m’a pas expliqué si elles étaient
ou non de Jésus.
Quelques jours plus tard, ma sœur,
ayant remarqué que je consacrais beaucoup de temps à la prière, m’en a demandé
l’explication. Je lui ai dit comment j’occupais mon temps et ce que je
ressentais, ajoutant que c’était sûrement la foi et la ferveur avec laquelle je
récitais mes prières qui m’absorbaient de la sorte. Deolinda a semblé d’accord
et m’a demandé de lui dire tout, afin de pouvoir se remplir de ferveur, elle
aussi ».
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