« La vocation de victime est
ardue, car le lieu de la victime est le Calvaire avec Jésus et non pas dans les
douceurs de l’amour… Les âmes consolatrices, les âmes réparatrices sont victimes
de la grande Victime du Calvaire ».
Cette explication du saint Pape Pie
X sur ce que c’est que la victime est en elle-même un programme de vie et, un
programme qui s’adapte extraordinairement bien à la “Petit malade de Balasar”.
Un autre Pape, Léon XIII, dans son encyclique
“Laetitia sanctae”, nous a expliqué également que « tout celui qui ne se
contente pas de regarder, mais qui médite souvent des exemples d’une si haute
vertu, ô combien il se sentira attiré à les imiter ! Pour celui-là, même se
“maudite est la terre qui ne produit que des ronces et des épines”, même si son
esprit est opprimé par les souffrances, ou son corps par les maladies, jamais il
n’y aura pour lui aucun mal causé par la perfidie des hommes ou par la fureur
des démons, jamais aucune calamité, publique ou privée, qu’il n’arrive pas à
dépasser avec patience” ».
Dans l’Autobiographie d’Alexandrina
nous pouvons lier, aussitôt après l’extraordinaire hymne aux Tabernacles, cette
explication d’une très grande importance sur ce qui a dû arriver en 1932 ou
1933 :
« En ces occasions où je faisais
ces offrandes à Jésus, je me sentais m’élever, d’une façon que je ne sais pas
expliquer, et en même temps je ressentais une forte chaleur qui semblait me
brûler. Comme je ne connaissais pas la cause de cette chaleur, je regardais si
je ne transpirais pas, ce qui me paraissait impossible, car les journées étaient
froides. Je me sentais serrée intérieurement, ce qui me laissait ensuite très
fatiguée .
Je n’en suis pas sûre, mais je
crois que ce fut en ces occasions que j’ai senti cette exigence de Notre
Seigneur : Souffrir, aimer, réparer ».
“Souffrir, aimer, réparer”
fut le programme de vie choisi par Jésus pour sa victime et, la vie
d’Alexandrina, à partir de ce moment-là, fut une vie de souffrance, d’amour et
de réparation.
Mais avant ceci, un autre acte de
foi et d’amour s’est produit, comme elle-même le rapporte dans son
Autobiographie, elle s’est offerte au Seigneur comme victime pour le salut des
âmes : “Je me suis offerte à lui comme victime”.
Cet acte d’offrande elle l’a écrit
de son propre sang ;
— « Avec mon sang, je vous jure de
beaucoup vous aimer, mon Jésus. Que mon amour soit tel, que je meure enlacée à
la croix. Je vous aime et je meurs d’amour pour vous, mon cher Jésus. Je veux
habiter dans vos tabernacles ».
Cet acte d’amour et d’abandon à la
divine Miséricorde, sera répété très souvent par Alexandrina, tout le long de sa
vie.
* * * * *
« Un jour, alors que j’étais seule
et que je pensais à Jésus dans les tabernacles, je lui ai dit :
— Mon bon Jésus, Vous êtes
emprisonné. Moi aussi, je le suis. Nous sommes tous deux incarcérés. Vous, pour
mon bien et moi, enchaînée par Vous. Vous êtes Roi et Seigneur de tout. Moi, je
ne suis qu’un ver de terre. Je Vous ai négligé, ne pensant qu’aux choses du
monde qui ne sont que perdition pour les âmes, mais, maintenant, le cœur contrit,
je ne veux que ce que Vous voudrez, je veux souffrir avec résignation. Ne me
laissez pas sans votre protection.
À partir de ce temps-là, je
demandais au Seigneur l’amour de la souffrance et, sans bien savoir comment, je
me suis offerte à lui comme victime. Le Seigneur m’a accordé cette grâce dans
une proportion si importante qu’aujourd’hui, je n’échangerais la souffrance
contre tout ce qui peut exister dans le monde. Aimant la douleur, je me sentais
heureuse d’offrir à Jésus mes peines. Consoler Jésus et lui sauver des âmes,
voilà ce qui me préoccupait.
Les forces physiques m’ayant
quittée, j’ai abandonné les distractions et, à travers la prière qui me
procurait un vrai réconfort, je me suis habituée à vivre dans une intime union
avec le Seigneur. Quand les visiteurs me dissipaient un peu, je m’attristais de
ne pas avoir pensé à Jésus.
Par amour pour Jésus et la Maman du
ciel, je me suis habituée à faire de petits sacrifices : renoncer à me regarder
dans la glace; ne pas parler, pour combattre ma volonté de parler et vice
versa ; veiller pendant la nuit pour tenir compagnie à Jésus ; ne pas éloigner
les mouches qui me tourmentaient, etc. »
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