Pépin de Landen Duc

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Pépin de Landen
Duc, Maire du Palais, Bienheureux
+ 647

Le bienheureux Pépin, premier de ce nom, était Teuton de nation, issu d'une très noble maison, fils de Carloman, maire du palais en Austrasie sous le roi Clotaire II. Sa mère s'appelait Emegarde. La jeunesse de notre Pépin fut accompagnée de toutes les vertus possibles, principalement à un jeune homme de sa qualité. Il la passa en la cour du roi Clotaire, qui le reconnaissant homme de bon jugement et d'une vie sans reproche, lorsqu'il donna le royaume d'Austrasie à son fils Dagobert, il le lui donna aussi pour le conseiller et le conduire en ses affaires, et le fit maire de sou palais, ainsi que l'avait été Carloman son père, auparavant en l'an 628.

Cette qualité de maire du palais était peu différente de la royale; d'autant que tout le gouvernement et toute la disposition du royaume était entre les mains des maires du palais. C'était donc une chose admirable de voir avec quelle prudence il se comportait en l'administration des affaires du royaume ; il se montrait courageux et vaillant en temps de guerre, faisant voir combien sa force et sa puissance étaient grandes, et rendait en temps de paix la justice à un chacun, tenant la main à ce qu'elle fût étroitement gardée par tout le royaume.

L'intégrité de sa vie était telle qu'il était très fidèle au service du roi, et nullement dissimulé pour ce qui concernait le bien du peuple; conservant également le droit de l'un et de l'autre, sans se laisser corrompre par le peuple, où il y allait de l'intérêt du roi ; ni par la faveur de sa majesté, à la ruine et à l'oppression du pauvre peuple. Il avait ton jours devant les yeux le commandement de Dieu, qui veut que l'on honore la personne du roi, et que l'on rende la justice au peuple ; aussi conformait-il toutes les sentences qu'il donnait en jugement au niveau de la justice divine, rendant au peuple ce qui était au peuple, et au roi ce qui lui appartenait.

Véritablement c'était un homme juste en toutes choses. Mais aussi s'était-il associé en ses conseils et en ses affaires un grand homme d'État, et très vertueux personnage, aimant et craignant Dieu, saint Arnould, évêque de Metz, que le roi Clotaire avait aussi donné à Dagobert, son fils, pour la conduite de ses affaires. De sorte que la communication et la grande équité d'un tel conseiller lui eût même donné de la retenue, quand il eût voulu négliger de rendre la justice ou abuser de la puissance royale. Après la mort de saint Arnould, il eut encore la communication d'un autre non moins vertueux personnage, saint Combert, archevêque de Cologne, que le roi avait appelé auprès de lui pour se servir de son conseil, en la place de saint Arnould. Prenez garde, s'il vous plaît, que ce n'est pas d'aujourd'hui qu'il y a des prélats dans le gouvernement de l'État.

Nous pouvons facilement juger de quel zèle et de quelle affection il se portait à conserver le droit de tout le monde, et à rendre la justice promptement et équitablement à ceux qui la demandaient, ayant pour conseillers des personnes si circonspectes et d'une telle intégrité de vie. Et en cela le bienheureux Pépin est d'autant plus louable de s'être servi du conseil de si saints personnages; parce que ses intentions étaient saintes et honnêtes, ayant en horreur la corruption, qui se rencontre trop souvent en vœux qui ont le gouvernement de l'État.

Le bienheureux Pépin eut pour femme Yduberge, surnommée Itte, princesse vertueuse, qui pour ses vertus a mérité d'être mise au rang des saints, sous le nom de la bienheureuse Itte: elle était sœur de saint Modoald, archevêque de Trêves. De cette femme il eut trois enfants : un fils, nommé Grimoald, et deux tilles, savoir : Gertrude et Beggue. Celle-là prit l'habit de religieuse, et vécut en grande sainteté ; celle-ci se maria, et épousa Ansegise, fils de saint Arnould, qui fut depuis évêque de Metz : elle vécut aussi saintement, et de ce mariage est venu Pépin le Jeune, neveu du bienheureux Pépin. Pépin le Jeune eut ensuite un fils, appelé Charles, surnommé Martel, qui eut aussi trois fils, Charles, Carloman le Jeune et Pépin, troisième du nom, qui fut depuis roi de France.

Le bienheureux Pépin, après avoir longtemps gouverné la maison royale et la Basse-Austrasie, dont il était duc, l'honneur et la gloire des Teutons, le miroir et la règle des Brabançons, et le modèle des saintes mœurs, passa de cette vie en l'autre, au grand regret de toute l'Austrasie, le 21 février, l'an de Notre-Seigneur 647.

Sa mort fut grandement regrettée tant par toute l'Austrasie que par nos rois, qui s'en attristèrent fort. Car il est vrai que sa vie était sans aucun reproche; c'était le temple de la sagesse, le trésor des conseils, la défense des lois, l'auteur de la paix, la force et le boulevard de la patrie, l'honneur de la cour, la joie des ducs, et la discipline des rois ; et il est vrai que s'il l'eût voulu, il eût pu s'attribuer à juste titre ce qui est dit dans la Sagesse, et dire : Les rois règnent et la justice s'exerce par moi.

Son corps fut honorablement inhumé en la ville de Landen, mais depuis il a été transporté à Nivelles pour être plus magnifiquement, et il est dans une châsse auprès des reliques de sainte Gertrude, sa fille. Tous les ans, aux Rogations, on le porte en procession par la ville. Une chose vraiment miraculeuse arriva le jour de sa translation. C'est que bien que les villes de Landen et de Nivelles soient éloignées l'une de l'autre, pas un seul cierge, dont il y en avait quantité, ne s'éteignit par le chemin.

Le cardinal Baronius rapporte, touchant son insigne piété et sa grande dévotion, que quand il allait à confesse il se déchaussait, et qu'il y allait nu-pieds. C'était là vraiment un grand signe de pénitence et une insigne dévotion d'un bon exemple, et d'autant plus édifiante qu'elle venait d'une personne si relevée.

Pedro de Ribadeneyra : Les vies des saints et fêtes de toute l'année, Volume 2 ; traduction : Timoléon Vassel de Fautereau.

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