Sainte Scolastique
était la sœur de saint Benoît, patriarche des moines d'Occident.
Jeune encore, elle fit, au foyer
paternel, de grands progrès dans la
vertu. Loin d'imiter les illusions des filles du siècle, elle
méprisa la beauté, les richesses, l'alliance des plus grands princes
pour s'allier à Jésus-Christ. Suivre Benoît dans la solitude était
son unique aspiration. Elle se consacra à Dieu dès sa plus tendre
jeunesse, et elle se rapprocha de son saint frère, quand il se fut
établi au Mont-Cassin, afin de profiter de ses leçons et de ses
exemples.

Saint
Benoît et sa sœur, Sainte Scolastique
Benoît ne consentait à
voir sa sœur qu'une fois par an, avant le carême, et alors la
Sainte sortait de son cloître, et le frère, de son côté, allait
au-devant de la sœur; ils se rejoignaient sur le flanc de la
montagne, et on voit encore le petit sanctuaire érigé, croit-on, sur
les ruines de la chaumière où saint Benoît et sainte Scolastique
eurent leur suprême entretien resté si célèbre.
Le 9 février 543,
Scolastique était allée visiter son frère, comme de coutume. La
journée se passa dans de saints entretiens, et la nuit arriva sans
qu'ils s'en aperçussent. Il est trop tard pour vous retirer, dit la
Sainte à son frère ; parlons jusqu'à l'aurore des joies de la vie
céleste.
— Que dites-vous là, ma
sœur? reprit Benoît; je ne puis passer la nuit hors de mon couvent.
Scolastique, affligée
de ce refus, se pencha sur la table, et, la tête entre ses mains,
pria Dieu en versant d'abondantes larmes. Sa prière fut si
promptement exaucée, que le tonnerre grondait déjà quand elle releva
la tête, et que la pluie tombait par torrents, bien que le ciel fût
auparavant serein et sans nuage: "Qu'avez-vous fait, ma sœur? dit
l'homme de Dieu.
— Je vous ai supplié,
dit Scolastique, et vous n'avez pas voulu m'écouter; j'ai invoqué
Notre-Seigneur, et voilà qu'Il m'exauce.
Dans l'impossibilité de
sortir, Benoît resta par force; les deux Saints veillèrent toute la
nuit, s'entretenant du bonheur des élus. Le lendemain, la pieuse
vierge retourna à son couvent, et, Benoît à son monastère; mais le
troisième jour, l'homme de Dieu, dans sa cellule, élevant les yeux
en haut, vit l'âme de sa sœur s'envoler dans les airs sous la forme
d'une colombe.
Benoît voulut faire
déposer le corps de sa sœur dans le tombeau qu'il avait préparé
pour lui, afin que leurs corps fussent unis dans la mort comme leurs
âmes l'avaient été dans la vie.
Abbé L. Jaud, Vie des
Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950. |