Quand deux personnes s’aiment profondément il arrive qu’un
processus de transformation s’établisse entre elles, car chacune souhaite
ressembler à l’autre. On peu vérifier une union qui tend à l’unité.
Saint Jean de la Croix explique : “Chacune paraît être
l’autre et toutes deux ne sont plus qu’une”.
Ceci peut arriver entre le Christ et une âme qui l’aime du
plus grand amour consenti à une créature humaine : son humanité arrive à
s’identifier avec l’Humanité du Christ.
Alexandrina et son Jésus en sont un exemple.
Le fait extraordinaire qu’Alexandrina ne survive et
s’alimentant uniquement de Jésus (Eucharistique et de transfusions sanguines), a
un but : “démontrer au monde la valeur de l’Eucharistie” (vd chap. 9), et aussi
le signe que Jésus veut établir avec elle une union particulièrement forte, une
union complète. Alexandrina, de son côté, correspond par un amour total,
oblatif ; elle “se perdre”, elle veut “disparaître” dans son Époux, dans son
Tout, annulant son propre “moi”. Voilà que l’union devient unité.
C'est beau de penser à deux
gouttes de pluie qui coulent sur les carreaux d’une fenêtre : si elles
s'approchent au point de se toucher elles deviennent une seule goutte : l’une
disparaît dans l'autre.
Premiers commencements de ce
chemin se trouvent déjà en 1928, quand Alexandrina sent une forte analogie entre
sa condition de paralysée, prisonnière au lit, et Jésus dans le tabernacle (vd.
chap. 2).
Depuis 1942, revivre la
Passion intimement (Chap. 11), de la manière la plus complète et pas seulement
le vendredi, l'amènent à atteindre la condition favorable pour arriver à
l'unité. Voici ce que Jésus lui dit :
— Ma fille, amour, amour, amour ! To cœur et le mien “est” un
seul : tu est toute transformée en Moi. Je suis ta vie : tu n’as pas la vie
humaine, tu as la vie divine. Tu n’as pas la vie de la terre, tu vis de la vie
du Ciel.
Ta vie aura toujours des épines, une épine pénètrera une autre
épine, et ainsi crucifiée à ma ressemblance, tu partiras au Ciel, clouée à la
croix par amour pour Moi.
Naturellement la transformation est mutuelle.
— Ta vie est la vie du Christ : le Christ transformé vit en toi.
Tu montes au Calvaire, parce que Je ne peux y monter Moi-même
maintenant. Tu portes la croix, parce que je ne peux pas la porter non plus
maintenant.
Tu es le petit agneau sacrifié et immolé. Tu donnes ta vie dans
la plus grande agonie, perce que Moi-même maintenant, je ne peux pas souffrir de
la sorte. S (16-02-1945)
Alexandrina est bien
consciente que ce n’est pas elle, créature humaine, capable d'accomplir seule la
grande mission du salut des âmes.
Ma volonté est prête, mais la nature, la pauvre nature,
répugne tant la souffrance ; elle essaye bien souvent de dire : je ne peux pas,
je ne peux plus !
Et c'est vérité, Jésus, que je ne peux pas. Mais vous vous
pouvez ! C’est Vous qui souffrez, c’est Vous qui marchez, c’est Vous qui portez
et aimez la croix que vous me donnez.
Je ne peux pas, je ne vis pas, je ne souffre pas, je n'aime
pas — je n'existe pas.
Mais il existe le souffle de votre vie qui passe en moi. S
(08-07-1949)
À propos de ce “souffle”, arrivés en 1955, Jésus lui dira :
— Aie courage ! Répète toujours ton “credo” ! (…)
Ce souffle a déjà parcouru le monde entier ; par toi
(l’humanité) a déjà reçu le souffle de la grâce, le souffle de l’amour.
Ceux qui en profitent en sont heureux. S (20-05-1955)
Revenons à 1949. Jésus lui
rappelle la valeur salvifique de s avie si extraordinaire.
— Le Christ est dans ton regard, le Christ est dans tes lèvres,
le Christ est dans tes pensées, dans ton cœur et dans ton âme : c’est le Christ
qui vit, c’est Lui qui agit en tous tes mouvements, dans toute ta façon de
vivre.
Courage, ma fille ! C’est le Christ revêtu, le Christ gravé dans
tous tes membres, dans tout ton corps, afin que l’œuvre rédemptrice, l’œuvre du
salut continue. Le Christ ne peux pas souffrir maintenant, mais il est
nécessaire que l’œuvre salvifique continue. S (08-04-1949)
— Tu vis dans le Christ et pour le Christ. Toute ta vie est vie
du Christ.
Tu es la joie et la gloire du Très-Haut. Confie, ma fille :
Je travaille et j’opère en toi de grandes merveilles pour ma
gloire et pour tourner au bénéfice des âmes. S (30-12-49)
Alexandrina il craint
toujours de se tromper sur ses phénomènes mystiques, qu’elle ne comprend pas et
craint qu’ils soient le fruit de son imagination. Jésus lui rassure :
— Ne trouve pas étrange si tu ne comprends pas ta vie, parce que
c'est impossible à la créature humaine de comprendre telle quelle est la vie
divine : dans le Ciel tu la comprendras. Au Ciel tu verras sans aucun doute que
tu n’as vécu que de Moi. S (4-2-50)
— Ma fille, ma fille, quelle union que celle de nos cœurs ! Rien
ne pourra nous séparer.
Nous souffrons dans la même douleur, nous aimons dans le même
amour : Je suis un avec toi. Je vis en toi la même vie que Je vis avec le Père
et comme je suis un avec Lui.
Je suis venu par le Père, au nom du Père, sur la Terre pour
sauver le monde.
Toi, en Mon nom, en Moi et par Moi, tu continues Mon œuvre
salvatrice. S (1-7-50)
Contemplons maintenant un
extase d’amour, avec la transfusion de sang :
Je suis restée la tête posée sur les genoux de Jésus. J’avais
l’impression de me trouver au centre d’un brasier immense, infini d’amour.
Ces flammes et ce feu ont pénétré tout mon être. Mon cœur et
mon âme ont pris une autre vie.
Je n’étais plus moi : j’étais Jésus.
Je me suis sentie comme si je m’étais endormie là… (suit
la transfusion).
Quelle dilatation j’ai senti (dans le cœur) !Mon petit cœur
est devenu grand comme le Ciel.
Je n’ai pas eu force pour supporter une telle grandeur.
— Jésus, Jésus, je ne peux pas ! Je ne résiste pas à la
grandeur de votre amour.
— Je suis là, ma fille : avec Moi tu n’as rien à craindre. Je
vainc, Je souffre, J’aime en toi. Tu est transformée en Christ, tu vis la vie du
Christ, tu donnes aux âmes la vie du Christ. S (15-09-1950).
— Deux cœurs en un seul — dit Jésus — incendiés dans une seule
flamme, enlacés par un seul lien d’amour. S (26-12-1952)
Suit un bref dialogue dans
lequel est mis en évidence la générosité de l’amour d’Alexandrina envers son
Jésus.
— Mon divin Cœur souffre à travers ton cœur ; mon divin Cœur aime
à travers ton amour. J'aime et tu aimes ; tu aimes avec mon amour, tu te donnes
par amour pour Moi ; tu te dépenses, tu te consommes par amour pour Moi et pour
les âmes.
Tu souffres et Moi je souffre en toi. (...) Je souffre en toi
sans souffrir. Je suis en toi ta force. Tu souffres pour que Je ne souffre pas.
Tu aimes pour que Je sois de plus en plus aimé.
Toute la douleur reste dans ton cœur, et la consolation et la
joie viennent dans mien.
— C’est bien, c’est exacte, Jésus. Avec cela je suis
contente. Que mon cœur souffre afin que le vôtre ne souffre pas, ce sont là mes
désirs. Vous aimer et vous consoler voilà mes anxiétés. Me dépenser par Vous,
faire tout et tout souffrir par Vous sans perdre un moment, mon Jésus. Je n'ai
pas, non, je n'ai pas d’autre désir. Pardonnez-moi, mon Amour, tant et tant de
défaillances, mon Jésus. Faites que ma vie soit parfaite, tant et autant que
Vous le désirez.
— O phare, ô soleil brillant, ô continuatrice de l’œuvre de Jésus
sur la terre ! Elle est parfaite ta mission et tu l’accomplis parfaitement. S
(18-09-1953)
Maintenant, pour conclure,
toujours sur l’unité obtenue, voici deux fragments forts et incisifs par leur
brièveté. Jésus dit :
Je suis
la lumière de tes yeux,
le mouvement de tes lèvres,
l’amour et le Seigneur de ton cœur.
S (03-09-1948)
Et Alexandrina, au Jardin
des Oliviers, revit ainsi la Passion :
J’était Jésus et Jésus était moi :
nous deux nous étions
la même offrande au Ciel.
S (15-08-1945)
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