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SEULEMENT PAR AMOUR
“presque une autobiographie”

Chapitre 17
Le martyre de la dernière décennie

Si nous jetons un regard panoramique sur la dernière décennie, nous remarquons que le martyre de la victime continue, dans un crescendo de souffrances de toute sorte.

Pendant un extase de Passion (intime), en décrivant le moment de la montée vers le Calvaire, Alexandrina dicte :

Plus la cime de la montagne approche, plus difficile devient la montée : davantage d’agonie, de sang, d’abandon, de douleur. S (12-01-1951)

Cette constatation s’adapte très bien au chemin de sa vie en cette phase. Les souffrances enveloppent toute la personne, que se soit sur le point de vue physique ou spirituel.

Nous regarderons l’une, puis l’autre séparément, malgré qu’elles soient substantiellement inséparables, car l’une influence l’autre.

Souffrances physiques

Vers la fin de l’année 1944 elle commence à se rendre compte que ses yeux souffrent avec la lumière. Le Père Umberto lui offre alors des rideaux sombres pour sa fenêtre.

En 1945 elle fait quelquefois allusion à ce tourment.

Je passe mes journées dans une prison obscure : les yeux de mon corps ne supportent pas la clarté et mon âme n’a pas de lumière. S (23-07-1945)

― Ma fille, mon épouse, écoute : Je vais te prévenir. Ta souffrance augmentera : les yeux de ton corps resteront comme s’il n’y avait pas de lumière.

Les ténèbres et la douleur de ton âme seront terribles. S (31-08-1945)

Ma cécité augmente, il en de même pour mes ténèbres. Je ne vois pas. Le monde s’est obscurci : c’est comme si Dieu n’avait pas créé la lumière. (…) S (06-09-1945)

On arrive à janvier 1955. L’angoisse de sa chambre et la cécité presque complète lui donne l’impression d’être enfermée dans un cachot où la respiration lui fait défaut :

(…) à la pauvre nature tout répugne : jusque-là ne pas pouvoir voir la lumière et devoir faire de ma chambre un cachot obscur.

Cela semblerait presque me pousser au désespoir : avoir besoin de l’air et ne pas pouvoir voir la lumière.

Mon affliction est telle que j’ai l’impression que mon corps se rebelle. S (14-01-1955)

Pendant la matinée de la fête de Pâque 1955, elle aura un petit soulagement dans son tourment de cécité (le Dr Azevedo lui avait suggéré de le demander à Jésus). Mais cette amélioration ne sera que temporaire. Lors de l’extase du Vendredi Saint, 8 avril, Jésus lui dit :

― Ma fille, pendant la matinée du dimanche de Pâque tu vas voir, non pas la lumière complète, mais une mi-lumière. Je serai la force de tes yeux.

Je ne vais pas soulager tes souffrances ; non, ma fille, non ! Tu resteras ainsi jusqu’à ta mort. Lors que quelqu’un te demandera si es guérie, tu répondras par un sourire.

Jésus soulage d’un côté pour surcharger l’autre. Tu ne jouiras pas de l’alléluia ni dans ton corps ni dans ton âme. Laisse-la (l’alléluia) pour Moi, pour soutenir le bras de mon Père et sauver les âmes. (…) Cette lumière ne durera pas : tu l’auras un heure un jour, quelques heures d’autres jours. S (08-04-1945)

Alexandrina souffre aussi, fréquemment, de fortes hémorragies ou d’autres périodes avec des pertes diverses. Nous avons vu dans le Journal du 9 novembre 1945, la note écrite par le Dr Azevedo lui-même (vd. Chap. 9, sur la transfusion).

La veille Alexandrina avait dit :

J’ai dit très souvent à Jésus : “Je veux vous donner jusqu’à ma dernière goutte de sang, par amour pour vous et pour secourir les pécheurs, de la même manière que Vous l’avez fait pour moi.”

Mais je ne pensais pas que Jésus prendrais les choses aussi sérieusement !

Ce n’est qu’hier que je me suis souvenue de cette offrande à Jésus et, comme je me sens vidée de sang, sans vie, je crains, de laisser le monde d’un instant à l’autre, sans que les promesses de Jésus s’accomplissent (le retour du Père Pinho, son directeur). S (08-11-1945)

Deux semaines plus tard elle dicte un comparaison très explicite :

Je sens mon corps travaille par les dernières secousses. C’est comme une machine qui n’a plus la force pour tracter les wagons. S (21-11-1945)

Toujours en novembre, Jésus lui dit :

― Parler est pour toi cause de plus grands sacrifices, mais ne craint pas, ne craint rien, car ta vie d’amour, ta vie de bien pour les âmes continue dans tes regards, dans tes sourires et dans ta douceur, jusqu’au dernier instant.

Quelle vie de beauté et de merveilles divines ! S (23-11-1945)

Les années passant, ce sacrifice devient, tout naturellement, de plus en pesant:

Chaque effort que je fais pour prononcer une parole, tout mon corps semble se disloquer, si grande est la souffrance qui m’accable.

O Jésus, tout pour votre amour et pour sauver des âmes ! Que toute ma vie soit : souffrir et Vous aimer, Vous aimer et souffrir !

Je ne pourrais pas vivre sans la souffrance. S (24-10-1952)

Dicter le Journal devient de plus en plus pénible ! Le 15 octobre 1954 on peut y lire :

Seul le Ciel voit, lui seul peut évaluer mon sacrifice. Je ne peux pas parler : à chaque mot que je dit c’est comme si une gorgée de sang me venait aux lèvres.

Ce n’est que pour l’amour de Jésus et des âmes que je fais un aussi grand sacrifice.

Obéir ― au Père Umberto qui lui avait ordonné de continuer à dicteur le Journal et de le lui envoyer en Italie ― quand on le peut, ne coûte rien, mais quand cela se fait de cette manière, dans une souffrance indicible, c’est un sacrifice inimaginable !

Les maux du corps sont tellement graves et ceux de l’âme encore davantage.

O ciel, ô Ciel, ô vie sans vie ! S (15-10-1954)

Son héroïsme dans la souffrance la mènera à poursuivre pendant encore presque onze mois: le dernier Journal porte la date du 2 septembre 1955!

Vers la fin de l »année 1946, les articulations des bras et des vertèbres se sont déboîtées.

Le Dr Azevedo décide alors d’intervenir : on lui prépare des appuis en forme de S allongé qu’il attache sur les côtés de la tête de lit ; il lui emmaillote bien les bras et les attache sur les appuis, de manière qu’ils la tiennent, passant sur les aisselles. En plus de cela il fait placer des planches sous le matelas et bander tout le corps de la malade.

Alexandrina restera en cette position jusqu’à sa mort, c’est-à-dire pendant environ 9 ans !

Cela se passe exactement le 3 octobre, anniversaire de la première crucifixion.

(En ce jour anniversaire), sans réfléchir et sans qu’il y ait eu concertation, restera la date où mon pauvre corps, attaché, a été placé sur de dures planches.

Mais, malgré cela, je suis restée assujettie à davantage de douleur et davantage d’amour. S (04-10-1946)

Ce lit devient pour elle un lit d’épines.

Je veux être victime de Jésus et, parce que je le veux, c’est avec le sourire de l’âme que de bon gré je continue de l’être sur mon lit d’épines. Combien je suis entourée par celles-ci ! O, de quelle manière elles m’empêchent du moindre mouvement ! Combien elles me blessent ! S (10-07-1949)

Un autre élément vient s’ajouter à ces souffrances : la fièvre qui lui donne l’impression d’un émiettement de sa chair.

Mon pauvre corps continue d’être, à certaines heures, variables, un squelette : crâne, plaies, flèches, douleur et sang.

Combien grande est ma douleur ; Jésus seul le sait ! Et cela me suffit ! S (12-09-1947)

Le martyre est toujours le même, mais avec un surcroît d’ardeurs fiévreuses et de douleurs triturentes, des douleurs presque insupportables. Quelle affliction !

Jésus seul sait le comprendre ! S (04-11-1949)

Mon corps grillé, extérieurement ainsi qu’intérieurement, semble parfois brûler dans un vrai enfer. Je demande du soulagement, je demande le changement de position afin de pouvoir résister et ne pas désespérer.

A d’autres endroits de mon corps je me sens gelée : feu et gel en même temps ; froid, gel qui fait mal, qui tourmente comme le feu. S (12-03-1954)

Et tout naturellement l’insomnie ne manque pas non plus !

J’ai passé la nuit en vigile. J’ai beaucoup souffert. Ce n’était que de loin en loin que je pouvais réciter une prière jaculatoire. Mais je suis toujours restée unie a Jésus, restant toujours sa victime. S (07-11-1953)

Pendant mes nuits de vigile je prie, je prie, je m’unis à mes Amours et je Leur offre mes larmes, mais cela ne vaut rien : tous mes efforts sont vains ! S (18-03-1955)

Souffrances spirituelles

Les souffrances spirituelles peuvent être classées en deux sortes : les luttes contre Satan, qui n’agresse plus son corps depuis fin 1937 (voir chap. 14), et les tentations contre la foi qui sont aussi provoquées par Satan.

Luttes spirituelles contre Satan

A côté de moi se trouvait le démon enchaîné. Il voulait arriver jusqu’à moi. Je voyais bien qu’il ne le pouvait pas, mais je sentais comme s’il mettait mon corps en miettes par ses morsures. Les insultes fusaient. Il me disait :

― “Maudite, tu pécheras, je te mènerai au désespoir”. (S 20-12-1946)

Satan insiste en la faisant pâtir de la crainte de tromper le monde en ce qui concerne les phénomènes mystiques et de pécher par vanité en l’écrivant.

Le démon me dit que mes combats c’est moi qui les invente afin d’avoir matière à écrire !

Mon Jésus, je veux vous aimer, mais j’aimerais ne pas avoir à écrire ! Vous savez bien que c’est lui et non pas moi ! S (21-08-1945)

― “Tu arrives, avec tes mensonges à tromper presque tout le monde: tu seras condamnée!”

Et il est vrai qu’à ces moments-là je me sentais fausse, trompeuse, malicieuse. S (20-12-1946)

Mais l’allusion la plus insistante c’est la luxure.

Il y a des jours où je sens que mon corps est une maison ouverte où tout le monde peut y entrer.

J’ai beaucoup souffert à cause de ce nouveau tourment ! (…)

Le démon, encore plus enragé, est venu comme un voleur et j’ai eu comme l’impression qu’il me prenait mon cœur.

― “Il est à moi ― me dit-il ― allons pécher ! ― Et il me couvrait d’insultes. ― Avec ton cœur dans mes mais, je te fais pécher quand je veux”.

Alors, encore bien plus au vif, j’en senti être cette maison dont j’ai parlé plus haut. Tous pouvaient y entrer à leur guise. J’étais la maison du péché et le péché lui-même : j’étais prête à tout. Mon Dieu, quelle horreur, tant de péchés, tant de crimes !

J’ai beaucoup lutté et le démon se montrait très content, de pouvoir faire de moi ce qu’il voulait.

Très souvent j’ai répété à Jésus que j’étais sa victime et que je ne voulais pas commettre de péchés. S (23-07-1945)

J’ai eu à combattre quatre fois le démon ; ce furent des combats terribles !

Mais mains servaient à tout faire, sauf me signer pour éloigner le maudit. Mon corps était baigné par la transpiration et mon cœur semblait une machine bruissante.

Oui, j’arrivais à appeler Jésus et la bonne Petite Maman. Mais ce que ne suis pas parvenue à faire à temps, c’est ce qui me semblait, c’était de les appeler à temps.

J’aurais aimé être aveugle et sourde pour ne pas voir ni entendre les enseignements du maudit et pour ne pas me remplir de crainte en écoutant tout ce qu’il disait contre Jésus.

Mais, si cela était, je n’aurais pas pu combattre ni souffrir, je ne serais pas la victime du Seigneur. S (07-11-1947)

Le démon m’a tourmentée par sa force et sa malice diaboliques.

Lors des trois premières attaques, il m’a tourmentée sous la forme d’un homme, et il a introduit en moi toute la malice humaine. Quelle horreur !

Je péchais partout et dans tous les sens. Et lui, très posément, il jetait son regard infernal sur le et le remplissait de sa malice.

Si je savais seulement dire le venin qu’il a infusé dans les âmes !

Quelle horreur ! O combien on pèche ! S (11-10-1946)

Parfois Jésus lui dit pour quel genre de péché elle répare.

Notre-Seigneur m’a fait comprendre, par les sentiments et visions de mon âme pour qui Il me demandait réparation.

Les premières deux attaques ont été pour la réparation des péchés commis pendant les bals et divertissements mondains : que d’indécence, que de malice et crimes scandaleux pratiqués effrontément !

Les trois suivants ont été pour les prêtres. O mon Dieu, combien ne doit-on prier pour eux ! Ils sont faits de la même glaise que nous, les pauvres ! ils sont soumis aux mêmes chutes. S (09-07-1948)

Jésus la conforte et l’encourage à continuer, lui affirmant qu’une telle réparation sauve beaucoup d’âmes.

― Voila pourquoi le démon est désespéré, voila pourquoi il essaye de te dévorer : il ne connaît que trop bien le grand nombre d’âmes que tu lui arraches. S (14-09-1951)

Il est enragé, très enragé. Il se sert de tout. Il se sert des hommes pour détruire ma Cause. Jamais, jamais ses infernaux instincts ne sont satisfaits.

Souffre tout, ma fille, souffre toute ton indicible peine et tourment.

Fais-Moi réparation, fais-Moi réparation pour tous les sacrilèges et pour toutes les confessions nulles.

― Jésus, je Vous aime : je suis votre victime ! S (19-03-1954)

Tentations contre la foi

On dirait qu’un nuage noir, très noir, et qui fait peur, est descendu sur moi. Il m’a enveloppée tout entière.

Tout n’est que nuit, de la terre au Ciel.

Sous moi se trouve le croix et les épines ; autour de moi ce ne sont que croix et épines ; sur moi, des croix et des épines. Il n’y que nuit et croix, il n’y a que des épines, douleur et sang : mort dans le monde et mort dans l’éternité. S (29-03-1945)

Je sens comme si moi seule et la souffrance existions dans le monde. Je sens que tous fuient de moi ; je sens que Jésus Lui-même me fuit.

J’ai comme compagne la douleur et pour demeure les ténèbres. Tout ce qui est né d’elles, en elles vient mourir. Horrible cécité, ténèbres épouvantables ! S (03-05-1946)

Je crois, je crois que Vous êtes mon Jésus. Alors que je suis dans les ténèbres et la souffrance, ne me laisser pas douter, car je crois en Vous ! Oui, je veux Vous soulager ! S (22-07-1949)

Combien de souffrances, combien de soupirs cachés et étouffés !

Je suis dans le monde et c’est ce même monde qui étouffe mes soupirs et cache mes douleurs.

Aucun de mes cris n’arrive au Ciel : et là on n’entend aucun gémissement, on ne voit aucun larme.

Quel abandon, mon Jésus, quel abandon ! S (27-07-1954)

On dirait que j’ai des tentations et des désespoirs contre moi-même. Je mens à tout le monde et mens à moi-même.

J’ai des tentations contre la foi : on dirait que je veux me convaincre qu’après cet exil tout finit, que rien ne vaut de souffrir.

Je sens sur moi la rage du démon : il est furieux contre moi. Il me semble que de fortes grilles en fer me séparent de lui (en effet, Jésus ne permet pas qu’il la touche depuis la fin de l’année 1937). Mais mon âme voit et sent que ses dents acérées mordent cette grille, comme s’il me mordait moi-même. Il me jette des regards désespérés et rageurs. J’entend ses hurlements et ses désespoirs. S (14-09-1951)

Dans cette immensité tempétueuse où seule prévaut l’inutilité, mon âme reste en paix, sauf de loin en loin, quelques moments d’agitation, des doutes sur toute ma vie, tentations contre la foi qui me mènent presque au désespoir.

Pourquoi suis-je venue en ce monde ? À quoi cela sert de tant souffrir et de passer toute ma vie cloué à mon lit ?

Cela arrive sans que je le veuille. Je sens même que ce sont des tentations du démon, que c’est lui qui tente de perturber ma paix. S (20-06-1952)

Je suis sur une mer tempétueuse. Je ne cesse de lutter avec les ondes. Je me sens fatiguée, je me sens faiblir de tant lutter.

Je veux arriver sur le sable ou attraper quelque chose où me tenir, mais je n’en trouve pas, tout m’échappe.

Alors je me laisse aller au grès des vagues. S (15-01-1954)

La lutte entre la volonté de croire et la tentation de ne pas croire continue. C’est une souffrance atroce !

Je crois, dans la douleur ou la joie ; je crois dans l’abandon comme dans le confort. Je crois à la vie à la mort.

Je suis à Vous, Jésus, je suis votre victime ! S (16-07-1954)

Je sens que je ne fais rien en ce monde après avoir perdu Jésus et la Mãezinha.

Vu que l’éternité n’existe pas, une tentation (du démon) tente de me persuader : que fais-je ici, sans me divertir et toujours dans la souffrance ? Pourquoi ? Pourquoi ?

Je crois, Jésus ! Je crois que Vous existez !

Que m’importe le sentiment du mensonge (en disant “je crois”), si la vérité c’est Vous, Seigneur, c’est Vous, et l’éternité c’est encore Vous ?

Pendant cette lutte j’ai méprisé le Jardin des Oliviers (en revivant la Passion). Rien n’existe. Il n’y a rien eu, il n’y a rien !

Ce fut dans cet état que je suis montée au Calvaire, sans avoir la foi, sans croire à l’éternité. Et de surcroît subissant la  tentation de me suicider !

J’avais l’impression de vouloir liquider ma vie sans vie, par n’importe quel moyen. (Jésus lui aussi subit les attaques démoniaques, non seulement au débout, dans le désert, mais aussi à la fin, au Jardin des Oliviers).

Avec quelle difficulté j’appelais Jésus et la Mãezinha leur répétant mon “credo” !

Pendant les ténèbres de l’agonie et de la mort, j’ai voulu le répéter, mas je n’ai pas pu.

Jésus est venu. Il me cria bien fort, mais avec tendresse :

― Ma fille, ô ma fille, ta réparation est pour ceux qui n’ont pas la foi, pour les sans Dieu, pour les incrédules. S (15-10-1954)

Un mois plus tard Jésus lui réaffirme vouloir cette réparation avec la tenace profession de foi. Mais Il lui accorde son aide.

― Répète ton “credo”. Il faut que tu vives de la foi, sans foi, de l’amour, sans le moindre sentiment d’amour.

Je ne veux de toi que ton “credo”, ta fermeté sur la croix, ta générosité héroïque, toujours héroïque.

Viens te reposer sur mon divin Cœur. C’est le repos divin, c’est un repos réconfortant, c’est un repos de vie. S (19-11-1954)

La lutte continue même quand elle revit la Passion. Voici une description d’une valeur poétique merveilleuse :

Je crois, je crois fermement, ai-je répété plusieurs fois sur la cime de la montagne, alors que j’étais plantée au bout d’une lance, mais tellement d’aplomb que je ne pouvais pencher ni d’un côté ni de l’autre : ou Dieu ou le démon ; ou l’éternité ou le néant.

Ainsi blessée, baignant dans le sang, je suis tombée du côté pour lequel je répétais “je crois, je crois fermement ! ”

Je crois, malgré le sentiment qui me dit que ce n’est pas vrai.

Jésus est venu et Il m’a dit :

— Crois, ma fille, crois, mon épouse bien-aimée, crois, fleur chérie du Paradis !

Crois que J’existe, crois que tu es dans la vérité, crois que toute ta vie est ma vie. Courage, courage !

Avec l’arrivée de la dernière année d’exil, cette lutte s’intensifie encore davantage.

— O Jésus, pardonnez-moi ! Je n’ai pas la foi ni ne crois en Vous. Pauvre de moi, qui viendra à mon aide ?

Moi, ma fille, Je viens à ton aide ! Tu as une foi indéfectible, plus ferme qu’un rocher.

Répare pour ceux qui n’en n’ont pas, pour ceux qui vivent sans Dieu.

Aie confiance, confie ! Les âmes sont sauvées par millions, par millions. Oui, ma fille. S (25-03-1955)

Voila comment je chemine, sans mer ni terre, avec un faux souffle à peine, qui me laisse toujours tomber dans l’abîme.

Venez à mon aide, Jésus ! Venez à mon aide Mãezinha ! Réconfortez-moi dans ce monde d’incertitude et de doute. Oh ! douleur, oh ! douleur, oh : agonie mortelle !...

Dans cette lutte douloureuse, et pour ainsi dire continuelle, Jésus est venu jusqu’à moi et m’a dit :

— (…) Courage, courage ! Tu as la foi, tu as de l’amour et tu me donnes tout (…).

Va, vis de la foi, répète ton “credo” ! Souffre et aime, souffre et aime ! S (01-04-1955)

Mon âme saigne, elle saigne de partout et est dans les ténèbres.

Oh ! mon Dieu, parler de l’âme, parler de ce qui, bien des fois il me semble ne pas posséder ! Combien de fois une voix me crie — c’est cette vois et aussi le corps : “Accroche-toi, agrippe-toi !” — mais ni l’un ni l’autre ne trouve à quoi s’agripper.

Accroche-toi, agrippe-toi au x ténèbres, à l’ignorance, à l’inutilité, à la mort !

C’est là tout ce que je possède c’est ce que je trouve en moi.

Crier, crier bien fort vers le Ciel, vers le Ciel qui n’existe pas, vers l’éternité qui n’existe pas non plus ! O mon Dieu, mon cri est inutile. Je suis dans une grande agonie.

Je veux, si Jésus le veut, rester ici pour sa gloire et pour le salut des âmes. S (13-05-1955)

Jésus l’avertit d’une augmentation postérieur de son martyre.

— Ma fille, ce ne sont pas les sentiments de foi et de consolation qui me consolent, mais bien plus cette lutte constante au plus fort de la douleur.

C’est la dernière période, terrible période : c’est la rencontre de la plus haute souffrance à affronter avec l’immensité du péché et du crime. Le monde pèche, le monde pèche !

Aie courage, tu es la lumière et le phare du monde. Répare et fais que mon divin Cœur soit aimé. Soutiens le bras de la justice de mon Père, qui s’obstine à tomber sur la terre. S (10-06-1955)

— Ma fille, monte, monte, courage ! (…) Ta période, la dernière période de ta vie ne peut pas être plus douloureuse. Mais il en est ainsi quand Je choisi une âme et que celle-ci dois atteindre le plus haut degré de perfection, d’amour et d’union avec Moi.

Aie confiance : tu M’aimes et tu Me fais aimer.

Ton Ciel est pour bientôt. S (08-07-1955)

Et avec une fermeté héroïque elle répète son “credo” !

Coûte que coûte, saigne ce qui doit ! Même en mentant à moi-même, je répéterai toujours : J crois en Dieu, je crois en toutes les vérités éternelles, je crois que j’ai une âme qui est fille du sang de Dieu ! S (05-08-1955)

Lutter toujours, m’agripper toujours, m’agripper sans avoir à quoi… Je marche, de chute en chute, d’abîme en abîme, vers des abîmes sans fin de ténèbres, de mort et d’inutilité.

Et sans foi, mon Dieu, sans foi !

Et à l’intérieur de moi je continue de répéter : Tout par amour pour Vous et pour les âmes ! S (19-08-1955)

Enfin, le dernier jour, elle dicte :

Dans une angoisse lancinante j’ai répété mes actes de foi :

Je crois, Jésus, je crois que ce fut pour moi votre naissance, votre mort, votre calvaire.

Je crois, Jésus, je crois !

Mes abîmes sont si noirs et profonds que seul un Dieu pourrait les pénétrer.

C’est ce que Jésus a fait.

Il est descendu dans ma profondeur et m’a ramenée à la superficie et illuminé mon pauvre être de quelques rayons de lumière :

— Viens, ma fille, lumière et phare du monde !

Toi qui es ténèbre inégalable, tu es lumière qui brille, phare que tout illumine.

La ténèbre c’est pour toi, la lumière pour les âmes.

Viens ici, lumière de qui Je suis la lumière, phare dont Je suis le rayon !

Ne puis-Je pas te faire briller de ma lumière ?

Ne puis-Je pas faire que tu sois le phare comme Moi-même je suis phare ?

Dans le même Journal on peut lire un dernier appel pressant de Jésus :

— Laisse, ma fille, que Jésus crie par tes lèvres :

O Église, ô Église, accepte la voix de ton Seigneur ! Vigilance ! Vigilance !

O Église, ma chère Église, veille, veille, ne dors pas, ne prend pas de repos !

Jamais le monde n’a autant péché. Jamais autant de réparation urgente n’a été nécessaire (…).

Ne m’as-tu pas dit si souvent que tu voulais te consommer et disparaître dans mon amour ? Courage ! Courage ! J’ai tout pris à la lettre, tout ce que tu m’as dit.

— O Jésus, regardez mon âme ! Vous seul savez la regarder. Écoutez mes demandes !

Et le monde, le monde ! Jésus, pardonnez-lui car il est à Vous ! S (02-09-1955)

C’est avec cette angoissante supplique, qui explose d’un cœur qui saigne de douleur et brûle d’amour que se clos le Journal de notre sainte martyre.

La dernière période

Les sources directes — les lettres au Père Pinho, et le Journal — étant épuisées, recherchons, maintenant, dans d’autres sources : C G et No C.

Sur les souffrances, nous avons deux lettres du Dr Azevedo adressées au Père Pinho. L’une d’elles est du 10 janvier 1955 :

Alexandrina est prostrée comme jamais. Elle est en train d’arriver en haut de son Calvaire… Il semble que tout a évolué dans ce sens. (No C, p. 299 port.)

L’autre lettre est du 17 octobre 1955, quatre jours après sa mort.

Pendant les derniers jours les douleurs étaient terribles.

Dernièrement elle souffrait énormément, et je crois que sa maladie, ainsi que ses douleurs étaient d’origine surnaturelle, de cette origine dont parle Henri Bon, quand il parle des infimités surnaturelles. (No C, pp. 298-299, port.)

Et une lettre envoyée au Père Umberto par le Dr Irène de Azevedo, fille du Dr Azevedo (amie très chère qui avait souvent pris le place de Deolinda, lors des dictées d’Alexandrina), dont voici quelque signes :

On avait la sensation que dans cette chambre quelque chose de terriblement grand et mystérieux se déroulait : les derniers moments d’une victime — à laquelle une grande réparation avait été demandée —, étaient arrivés.

Restée près d’elle j’essayais de lui procurer un peu de soulagement en lui mouillant les lèvres desséchées.

Je n’osais presque pas parler, craignant augmenter sa souffrance.

(…) Elle demandait avec insistance à Dieu de la prendre auprès de Lui : la seule prière digne d’elle. Quelle expression que la sienne ! Sainte résignation à la volonté de Dieu, mais souffrance qui fait peur, souffrance si grande que seule une âme aidée par le Seigneur pouvait supporter.

Dès lors, je me fais une idée de ce qu’a dû être la Passion et la mort du Seigneur. (…) Contemplant son visage marqué par les signes de la souffrance, je croyais entendre la phrase de Jésus : “Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tout était consommé. C G, p. 694)

En septembre, la martyre Alexandrina a eu la générosité de permettre à Deolinda de participer à une retraite spirituelle à Fatima. Ce fut un effort héroïque, car Deolinda seule savait la soulager de manière efficace en ces derniers temps de douleurs atroces.

Alexandrina qui se sentait proche de la fin, voulait donner à Deolinda, avec une grande effusion de spiritualité, la force de supporter la grande peine à venir. (C G, p. 691)

Au débout de “son” mois il y eut l’annonce du départ.

Aujourd’hui, 2 octobre, fête des saints Anges, j’ai senti que l’on me touchait l’épaule et j’ai entendu les Anges chanter. Alors j’ai demandé :

— Qui chantera avec les Anges ?

Notre-Seigneur m’a répondu :

— Toi, toi, toi, bientôt, très bientôt. (No C, p. 299, port.)

En 1965 Deolinda a raconté au Père Umberto ce qui suit :

C’est arrivé, si je ne me trompe pas, le 7 octobre 1955. Il y avait des travaux à la maison et j’ai dû surveiller les maçons. Ma sœur m’a appelée pour me dire :

— Deolinda, tu me fuis ?

Je lui ai répondu : — J’y vais et je reviens de suite !

Je me suis assise à côté d’elle — on l’entendais à peine — et elle m’a remis l’argent destiné aux missions et un petit sachet d’argent pour les dépenses de la maison.

Comme de bien entendu, cela m’a beaucoup impressionnée, car Alexandrina avait toujours administré nos pauvres avoirs, aussi bien que l’argent destiné aux œuvres de charité. (C G, 691, nota 17)

Journée du 12

A deux heures du matin Alexandrina dit à Deolinda qui l’assiste :

— Je vais te raconter quelque chose que je ne t’ai jamais dite pour ne pas t’affliger.

Voila la chose : le premier février, tôt le matin, j’ai entendu une voix :

Fais un acte de résignation à la venue de ton Père spirituel. (…)

Je ne te l’ai pas dicté afin que tu l’ignores. (C G, p. 691)

Puis, elle a ajouté :

— Dès qu’il fera jour, tu enverras trois coups de fil :

1° – A Mademoiselle Irène Gomes, pour lui demander qu’elle accompagne maman à la maison et qu’elle prenne tous ses habits, car elle revient définitivement parce que je vais mourir. (La mère était à la plage pour une cure).

2° – Au Père Alberto Gomes (le confesseur), pour un devoir de gratitude de ma part et, s’il me le permet, pour répéter publiquement l’acte de renonce à la venue du Père Pinho.

Entretemps tu aviseras l’oncle Joaquim pour qu’il aille appeler le Dr Azevedo.

3° – A Madame Ana Pimenta (amie et bienfaitrice, qui avait manifesté le désir d’assister à la mort d’Alexandrina).

Pendant la matinée elle répéta plusieurs fois :

— Je veux le Ciel !

Je n’ai pas la moindre peine de quitter la terre.

Les ténèbres de mon âme sont terminées (…)

C’est le soleil, c’est la vie, c’est tout :C’est Dieu !

Deolinda lui demanda à un certain moment:

— Veux-tu quelque chose ?

— Le Ciel, car sur la terre je ne peux plus y rester.

J’aimerais recevoir le Sacrement des malades pendant que je suis encore lucide.

Et dans un transport prophétique, elle s’exclame :

— Un jour ce sera très beau ici !

O Jésus, que votre volonté soit faite, non pas la mienne !

Vers 15 heures du même jour, en présence du confesseur, du Dr Azevedo, des familiers et de quelques amis des plus intimes, elle a fait son acte d’acceptation de la mort.

Nous rapportons ci-après le rapport écrit par un ecclésiastique présent au moment de la mort, Monseigneur Mendes do Carmo.

Quand dans cette chambre-calvaire tout a été préparé, elle a fait spontanément son Acte de Résignation devant tous :

O Jésus Amour, ô divin époux de mon âme, moi, qui pendant ma vie j’ai cherché à vous procurer la plus grande gloire, je veux, à l’heure de ma mort, Vous faire un acte de résignation à la venue de mon Père Spirituel ; et ainsi, mon bien-aimé Jésus, si avec cet acte je procure une plus grande gloire à la Très-Sainte Trinité, je me soumets joyeusement à vos éternels desseins… seulement pour implorer de Votre miséricorde votre Royaume d’amour, la conversion des pécheurs, le salut des moribonds et la libération des âmes du Purgatoire.

Mon Dieu, de la même manière que je vous ai toujours consacré ma vie, je vous offre également maintenant la fin de celle-ci, acceptant avec résignation la mort accompagnée des circonstances qui vous procureront la plus grande gloire.

Ensuite, d’une voix claire, elle demanda pardon, remercia et pardonna à tous…

Elle reçu ensuite, de façon angélique, le Sacrement qui purifie de tous les vestiges de fautes et imperfections.

La chambre se remplit de pleurs, mais Alexandrina, moribonde a dit :

— Ne pleurez pas, car je vais au Ciel.

Puis, elle reprit de nouveau :

— Ne pleurez pas, car je vais au Ciel ! (C G, p. 824)

Voici encore quelques phrases qu’elle a prononcées par intermittence :

— O Jésus, je ne peux plus rester sur la terre.

O Jésus, la vie coûte et le Ciel aussi !

J’ai tout souffert en cette vie pour les âmes. J’ai été pressée sur ce lit jusqu’à donner mon sang pour les âmes.

Je pardonne à tous… Ce furent des tourments pour mon bien.

O Jésus, pardonnez au monde entier !...

Je remercie tous ceux qui m’ont fait du bien ; au Ciel je prierai pour eux.

Je suis si contente d’aller au Ciel ! (elle souriait et regardait vers le haut)

Au médecin qui, le soir, avant de prendre congé la saluait, elle dit :

Quelle clarté, quelle lumière ! Tout est lumière ! (et elle souriait)

Les ténèbres sont disparues. (C G, pp. 692-693)

Journée du 13

Le 13 octobre 1955 était un  jeudi, le jour si cher à Alexandrina, car ce fut un jeudi que Jésus institua l’Eucharistie. Plusieurs fois elle avait exprimé le désir de mourir un jeudi.

Outre cela, c’était aussi, ce 13 du mois si cher aux portugais, car ce fut un 13 mai que Notre-Dame est apparue à Fatima à trois pastoureaux ; le 13 octobre étant la date anniversaire de la dernière de ces apparitions, accompagnée du fameux phénomène de la danse du soleil.

Environ un mois avant sa mort, Alexandrina avait confié au Dr João Costa, médecin de Balasar, son désir (nous pouvons dire “pressentiment”) :

Docteur, je vais mourir bientôt. J’ai dit à Notre-Dame que je serais heureuse de mourir un 13 du mois. Je vous le dis à vous et à personne d’autre, car je ne veux pas affliger ni ma mère, malade, ni ma sœur. (C G, p. 691, note 17)

À six heures Alexandrina sourit, d’un sourire angélique :

Mon Dieu, mon Dieu, je Vous aime, je suis toute à Vous !

Je n’aimerais pas mourir de nuit.

Vais-je mourir aujourd’hui ? J’aimerais.

Elle demande à Deolinda de lui donner le crucifix à baiser, ainsi que l’image de la Mãezinha : elle les embrassa avec tendresse, le sourire aux lèvres.

Deolinda lui a demandé :

— À qui souris-tu ?

— Au Ciel

À huit heures elle reçut la Communion : sa dernière !

Dans la matinée elle reçu plusieurs personnes et a encore fait œuvre d’apostolat :

— Adieu, adieu, au Ciel !

Ne péchez pas ! Le monde ne vaut rien ! Cela veut tout dire.

Communiez souvent ! Priez le Chapelet chaque jour !

À onze heures elle dit au Dr Azevedo :

— C’est pour bientôt !

Il lui a demande si ses “bientôt” étaient comme ceux de Jésus. Puis il reprit :

— Ce sera certainement pour demain, à 15 heures (ce serait le vendredi, à l’heure de l’extase). Jésus veut encore vous parler.

Elle esquissa un sourire.

À 11 heures 25 elle a dit :

— Je suis très heureuse parce que je vais au Ciel !

Le médecin ajouta :

— Au Ciel, priez beaucoup pour nous.

Elle lui fit un signe affirmatif de la tête.

À 11 heures 35 elle a demandé que l’on prie les prières de l’agonie.

À 19 heures elle dit encore : — Je vais au Ciel !

À 19 heures 30 elle s’exclama : — Je vais au Ciel !

Deolinda lui dit alors : — Pas tout de suite !

Et elle de répondre : —  Si ! Si !

À 20 heures 29, elle rendit son dernier soupir.

Elle était restée parfaitement lucide jusqu’au dernier instant.

Ce que Jésus lui avait prédit, lors d’une extase en décembre 1944, s’est ainsi réalisé :

— C’est pendant une extase d’amour sortie du milieu de la douleur que tu t’envoleras vers le Ciel. S (29-12-1944)

   

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