Dr
Manuel Augusto Dias de Azevedo
Témoignage
n° 5
—
Médecin traitant d’Alexandrina. Il la défendit avec fermeté en toutes
occasions... Il est l’un des mieux informés lors du procès. Il assista la
Servante de Dieu de janvier 1941 jusqu’à la mort de celle-ci. Il assista
très souvent aux extases de la passion. Son témoignage est rempli de
détails intéressants recueillis au cours de ses visites.
Identité
Manuel
Augusto Dias de Azevedo, âgé de 72 ans, de nationalité portugaise, marié,
de religion catholique, médecin, fils de Alberto Augusto Dias de Azevedo et
de Rosa de Jésus, je dis, Rosa Maria de Jésus Azevedo.
J’ai
de la vénération envers la Servante de Dieu et je désire sa béatification,
quel que soit le moment que l’Église juge opportun pour cette
béatification.
Je
ne suis ni allié, ni consanguin ni parent de la Servante de Dieu. Dès le 29
janvier 1941 jusqu’au jour de sa mort, j’ai eu des conversations et des
entretiens avec la Servante de Dieu. J’ai été son médecin assistant c’est
pourquoi je me trouvais souvent en sa compagnie et que nous échangions des
impressions.
En
tant que médecin j’allais quelquefois dans la paroisse de Fradelos et il m’est
arrivé que, parlant à une malade, dont l’état était grave, je lui
conseillais de prendre son mal en patience, à quoi celle-ci me
répondait : « Si j’étais Alexandrina de Balasar… » En
1941 se trouvait à Trofa une malade qui souffrait d’une névrite avec une
urémie intense, qui l’avait aveuglée.
Déçue
des médecins, parmi lesquels des spécialistes de renom comme le Dr Castro
Silva, le mari de la malade a décidé de recourir au surnaturel, priant le
Père Cruz afin que celui-ci intercède en faveur de la malade.
Le
Père Cruz y est allé et recommanda à la malade beaucoup de patience, lui
promettant de prier pour elle.
Quelques
jours plus tard le mari m’a invité à venir à Balasar parler à une malade
du nom de Alexandrina, sur laquelle il avait entendu dire beaucoup de bien. Il
souhaitait que celle-ci prie le Seigneur pour la guérison de son épouse.
Quelques jours plus tard, en effet, le 29 janvier 1941, moi, le mari, M.
Sampaio et l’actuel curé de Trofa, (…) nous sommes venus Balasar, chez
Alexandrina, avec qui nous avons parlé pendant près de deux heures. Pendant
ce temps M. Sampaio, le curé de Trofa et je crois, la fille de M. Sampaio ont
beaucoup discuté avec Alexandrina.
A
la fin de la conversation, moi qui n’avais fait qu’écouter, je lui ai
fait quelques remarques sur sa paralysie. Aussitôt elle a compris que j’étais
médecin, quoiqu’il soit aussi possible que quelqu’un lui ait dit quelque
chose à ce sujet. Ce qui est certain c’est que lors de ce premier entretien
je suis resté impressionné par tout ce que j’ai observé et j’ai dit à
mes collègues que j’aurais aimé entendre M. le Curé de Balasar, le Père
Leopoldino Mateus, avec qui, dus reste, je n’avais jamais eu de rapports.
Je
l’ai rencontré dans son presbytère et je lui ai demandé de bien vouloir
me dire quelque chose au sujet de Alexandrina, que je venais à peine de
visiter. L’abbé m’a répondu que celle-ci était son bras droit pour la
solution des cas difficiles dans la paroisse, et que si j’avais été
impressionné par elle, je le serai encore davantage si j’avais assisté à
certains phénomènes qui avaient lieu le vendredi, de midi à quinze heures,
et que pour y assister il était nécessaire d’obtenir l’autorisation
autorisation auprès du Père Mariano Pinho, sj, directeur spirituel de la
Servante de Dieu.
Plus
tard en remémorant ces affirmations de M. l’abbé et je m’en souviens
avec surprise : c’est que pendant les réunions de prêtres, à l’occasion
des confessions dans la paroisse ou ailleurs, il ne parlait pas toujours la
même manière. En effet, dans les réunions où la majorité des prêtres
était en faveur de Alexandrina, il la couvrait d’éloges, alors que dans
les réunions où la majorité était contre elle, il divaguait et oubliait.
Par contre dans les articles qui a écrits pour le journal de Povoa de Varzim
et dans les articles qu’il m’a confiés, il parlait de Alexandrina avec
les plus grands éloges. Ceux-ci sont actuellement entre les mains de l’actuel
curé de Balasar.
Et
après cette première rencontre avec M. l’abbé de Balasar, moi et M.
Sampaio, nous sommes allés à Braga parler au Père Mariano Pinho, et nous
avons obtenu de lui la permission d’assister aux phénomènes du
vendredi ; il nous a remis un billet à remettre à Alexandrina afin que
celle-ci intercède auprès du Seigneur pour la guérison de la malade [Mme
Sampaio].
Le
billet fut remis à Alexandrina le 14 février 1941 et celle-ci promis de
beaucoup prier pour la malade.
Quelques
semaines plus tard Alexandrina nous a dit de nous résigner, mais qu’il
était préférable et plus acceptable pour la malade de mourir bientôt à
cause de sa maladie. En effet, peu de temps après elle est décédée.
Le
14 février 1941, moi et M. Sampaio, ainsi que quelques autres personnes, nous
avons assisté aux phénomènes surnaturels, et nous sommes restés étonnés
par tout ce que nous voyions. Que de tels phénomènes soient admirables, on
peu le prouver par des photos que nous avons. Ce sont surtout ces phénomènes
que nous appelons « extases dialogués » qui sont les plus
admirables et causent l’admiration de tous ceux qui, aujourd’hui encore
— ils ont été enregistrés — peuvent les entendre.
Après
ceci j’ai écrit au Père Pinho pour lui dire que le cas méritait la plus
grande attention du point de vue médical et théologique. Ce fut ainsi que j’ai
commencé à connaître Alexandrina.
Les
écrits dur Alexandrina
A
ce temps-là il n’existait aucun écrit sur elle. Après j’ai appris que
dans la revue “Brotéria”, en 1947, a paru un article écrit par le Père
Agostinho Veloso, dans lequel celui-ci traitait un certain nombre de personnes
de visionnaires et parmi lesquelles Alexandrina. Je lui ai répondu, quelques
jours après dans le “Comércio do Porto”. Mais plus tard fut publié dans
la même revue Brotéria un article dont l’auteur était le Père Maurice
Gomes dos Santos, sj, qui affirmait que le Père Pinho avait agit sous sa
seule responsabilité en ce qui concernait les « prétendus phénomènes
mystiques » de Balasar.
En
1943 le Père Terças, prêtre spiritain, a décrit les phénomènes subis par
Alexandrina de Balasar dans une parution de l’œuvre “Vie de Catherine
Emmerich”. Par la suite deux notes ont été publiées dans le journal “O
Gaiato”. J’ai répondu aux deux notes dans le “Journal du Nord” en
trois articles. Peu après sont parus de nouveaux articles dans le “Journal
de Noticias”, auxquels j’ai répondu utilisant le même journal. Par la
suite la revue médicale “Journal du Médecin” a publié quelques articles
signés par le Dr Pacheco Neves, auxquels j’ai répondu aussi dans la même
revue. Tout ceci a été écrit du vivant de Alexandrina.
Après
sa mort plusieurs écrits sont parus : “Vitima da Eucaristia”, du
Père Mariano Pinho et qui eut plusieurs éditions ; le livre “Alexandrina”
du Père Umberto Maria Pasquale et après le livret “Alexandrina” du Père
Ismael Matos ; “Sous le Calvaire de Balasar” du Père Mariano
Pinho ; et cela fait maintenant plus de dix ans que l’on publie des “Bulletins”
écris avec l’approbation de l’Archevêque Primat.
En
ce qui concerne l’influence de ces œuvres écrites sur les personnes, je
pense qu’elles n’ont eu que peu d’impact, car la renommée et l’enthousiasme
populaire envers la Servante de Dieu s’étaient déjà établis avant même
ces publications.
Alexandrina
a écrit plusieurs lettres à des personnes diverses et elle en a dictée d’autres.
Ces lettres ont été remises sous l’ordre de l’archevêque, pour être
copiées.
La
Servante de Dieu a aussi écrit des pensées sur des images pieuses :
certaines écrites par elle-même, d’autres dictées par elle.
Elle
a écrit en outre plusieurs prières lesquelles ont été inclues dans son
Journal Spirituel. Elle a dicté aussi son autobiographie, et le fit sous l’ordre
de son directeur spirituel, le Père Umberto Pasquale, malgré que cela lui
coûte beaucoup. Elle même m’a confié qu’elle avait demandé au Père
Umberto Pasquale, son directeur, de la dispenser de la dictée de son Journal
Spirituel. Le Père Umberto lui a écrit pour lui dire qu’il ne lui
accorderait pas une telle permission, car nous serions privés d’écrits d’une
grande valeur. L’autobiographie fut remise et n’existe que sous la forme
manuscrite.
Biographie
La
servante de Dieu naquit le 3O Mars 19O4 à Gresufes, paroisse de Balasar. Elle
reçu le nom d'Alexandrina Maria da Costa. Elle était portugaise. Le nom de
son père était Antonio Saveiro et celui de sa mère Ana Maria da Costa, tous
deux portugais. Ils étaient pauvres et lors des années 1933 - 1937,
extrêmement pauvres, étant donné que la mère, s’étant portée caution
pour les dettes de l'une de ses sœurs, a dut payer celles-ci.
Alexandrina
était une fille illégitime, étant donné que sa mère ne s'est jamais
mariée.
La
famille
En
ce qui concerne le père, celui-ci mena une vie très libre; et de ses
relations illégitimes avec Ana Maria da Costa, naquit une fille, Deolinda. Il
en résulta qu'il promit d'épouser la mère de l'enfant, mais quand celle-ci
s’attendait à l’accomplissement de cet engagement, lui, il partit au
Brésil.
A
son retour, de nouveau il promit le mariage et des nouvelles relations
illicites naquit Alexandrina. Toutefois, avant la naissance de l'enfant, et
pendant sa grossesse, elle partit à Vila do Conde avec l'intention de passer
à Povoa de Varzim, de l'informer de son état et de solliciter le mariage.
Lors de sa rencontre avec ledit Saveiro à Povoa, une certaine dame vînt lui
demander des « comptes » sur de soi disant ragots et lui dire des
paroles qui en disaient long sur la fidélité de cet homme.
Quelques
semaines plus tard, le mariage entre Saveiro et cette autre demoiselle fut
célébré. A partir de ce moment-là, la vie d'Ana Maria da Costa a changé
complètement. Elle était toujours la première personne à entrer à l’église,
le matin, donnant ainsi à ses filles une authentique éducation religieuse,
ce qui est confirmé par le père Leopoldino, curé de Balasar.
La
Servante de Dieu a été baptisée deux ou trois jours plus tard, à Balasar,
où elle reçu son nom. Elle reçu la confirmation à Vila do Conde des mains
de Mgr Antonio Barbosa Leão, évêque de Porto. Elle devait avoir sept ans.
Je sais aussi qu’elle fit sa première communion à Povoa de Varzim.
J’ai
déjà dit que la mère de Alexandrina avait eu une première fille, appelée
Deolinda, fille du déjà cité Saveiro. Tout ce que je sais je l’ai appris
de témoins dignes de foi, témoins qui très souvent posaient des questions
à ce sujet à Alexandrina elle-même ou à sa famille.
L’enfance
La
servante de Dieu a passa les premières six années de sa vie à Gresufes.
Ensuite elle est partie à Povoa avec sa sœur pendant une période de
dix-huit mois, me semble-t-il, afin de suivre l'école primaire, étant donné
que dans le village il n'y avait pas d'école.
Il
paraît que la sœur finit sa scolarité et reçu son diplôme, mais
Alexandrina n'a pas finit sa scolarité, parce qu'elle n'a pas voulu rester à
Povoa.
Il
semble que c'est à leur retour que la famille vînt habiter au lieu-dit
Calvário, où Alexandrina s’employa aux travaux domestiques jusqu’à l’âge
de douze ans. A cet âge elle eut une grave maladie, que le médecin dit être
la fièvre typhoïde, et à cet occasion elle reçu même les derniers
sacrements. Une fois guérie et, vers l'âge de treize ans, elle partit
travailler chez des voisins, mais à condition de ne jamais être autorisée
à sortir le soir et de venir chaque dimanche chez sa mère, afin de pouvoir
aller à la messe. Il était aussi demandé à son patron de la laisser aller
se confesser tous les mois.
Son
caractère
Elle
n'y resta que cinq mois, malgré le plaisir qu'elle prenait à son travail,
car le patron était très sévère et exigeait d'elle des travaux impossibles
pour son âge, comme, par exemple, garder toute une nuit à Povoa une pair de
bœufs, pendant que lui, avec un ami, il est allé dans une maison de vice.
Une
autre fois, le patron l'envoya porter un sac de maïs au moulin. Quand elle
revînt, il faisait nuit. Elle eut très peur. La mère, quand elle l'apprit,
la retira de chez cet homme, étant donné qu'elle lui avait expressément
demandé de ne pas la laisser sortir de nuit. Elle retourna donc chez sa
mère.
La
servante de Dieu fut toujours éduquée par sa mère, dans la stricte
observance religieuse. Elle aimait beaucoup tout ce qui avait trait à
l'Église. A l'âge de douze ans elle fut nommée catéchiste et commença à
fréquenter la chorale. A cette période (comme toujours !) elle était
en plein accord avec sa mère, qui pourtant, selon les gens du village, était
très exigeante.
Elle
était très amie avec sa sœur, avec qui elle se divertissait par des jeux
innocents. Elle fréquentait aussi les autres compagnes, sur lesquelles elle
avait une certaine influence. Déjà à cet âge elle savait donner de bons
conseils, y compris aux personnes d'un autre âge que le sien, et sa fermeté
dans la vertu elle la manifesta au point de gifler un homme marié qui lui
avait adressé des paroles inconvenantes. Je crois savoir que déjà à cet
âge elle communiait quotidiennement. Il est notoire qu'à la servante de
Dieu, comme le confesse sa propre mère, plaisaient beaucoup les espiègleries
infantiles et elle les exécutait avec une grande vivacité. La mère qui l’appelait
Marie garçon, avait l'habitude de
dire : « Les riches, eux, ils
ont leurs bouffons; moi, je t'ai pour faire rire tout le monde ! »
Tout
cela je l’ai appris de la bouche même des personnes que souvent je
rencontrait chez elle, et particulièrement de sa mère, de sa sœur Deolinda,
de son oncle et parrain Joaquim et du cousin Nogueira.
a) Je crois savoir qu’elle s’est confessée vers l’âge de six
ans à Povoa de Varzim, où elle fit aussi sa première communion.
b) Il semblerait que la Servante de Dieu aie été attirée par
cette hostie toute blanche, qu’elle venait de recevoir. D’après les
paroles que j’ai entendues, elle a eu l’impression de commencer, à partir
de ce moment-là, à se sentir attirée par la sainte communion, je veux dire,
l’Eucharistie.
Vertus
et infirmités juvéniles
c) La Servante de Dieu a cultivé la piété et les autres vertus,
surtout à partir de ses 4 ans et réprimait ses passions, même si elle ne
les connaissait pas. Je suis convaincu, d’après ce que j’ai pu entendre
et observer, qu’elle n’est jamais tombée dans aucun défaut ni succombée
à aucune passion.
Tout
ceci je le sais pour l’avoir vu et aussi pour l’avoir lu, plus tard.
a) Elle exerça, jusqu’à l’âge de douze ans, des travaux
domestiques. Et pendant ce même temps elle travailla aussi quelquefois à la
journée, où elle était payée comme un adulte, étant donné la qualité de
son travail. Entre les treize et les quatorze ans elle est tombée en bas d’un
chêne, restant pendant quelques minutes sans pouvoir respirer. A 14 ans, en
fuyant quelques individus qui s’étaient introduits chez elle, alors qu’elle
y travaillait comme couturière avec sa sœur et une autre amie, elle se jeta
en bas d’une fenêtre distante du sol d’environ quatre mètres, saut qui
fut à l’origine de sa maladie dont je parlerai plus loin.
En
somme : elle se consacra aux travaux domestiques, pendant quelque temps
elle travailla à la journée, fut femme de service pendant un certain temps
et enfin aidait sa sœur comme couturière jusqu’à 14 ans et 4 mois.
b) Elle exerça très bien ces professions.
Elle
jouissait d’une bonne santé jusqu’à l’âge de 12 ans, lorsque que,
comme je l’ai déjà dit, elle fut atteinte par la fièvre typhoïde. A
partir du saut par la fenêtre, comme je l’ai déjà fait remarquer, elle a
commencé à souffrir. Dès lors ses souffrances se sont accentuées. Elle
avait alors des difficultés pour marcher et présentait même des signes qui
indiquaient qu’un jour elle ne pourrait plus se déplacer, comme l’a
confirmer le Dr João de Almeida qui en avisa la mère, en lui indiquant que
sa fille était probablement porteuse d’une myélite, ce qui fut confirmé
par un neurologue, le Dr Gomes de Araujo et par d’autres médecins.
En
plus de cette maladie elle a souffert d’une cystite pendant des années.
Elle a été suivie par le médecin de Macieira. Elle a aussi souffert de
coliques rénales. Je crois que la cause principale de la myélite a été
sans doute le saut par la fenêtre. L’individu lui-même qui avait été la
cause de ce saut disait que c’était de sa faute si elle se trouvait dans
cet état.
—
Invité à faire quelques corrections, s’il le souhaitait, le témoin
ajouta :
En
ce qui concerne la quatrième question, § 1, où je dis : et je m’en
souviens avec surprise, je ne veux pas me rapporter aux affirmations de M. l’abbé,
mais à celles qu’on lui attribuait, je veux dire : il ne se comportait
pas toujours de la même manière, comme par la suite je l’explique dans le
même paragraphe.
Dans
la réponse à la même question, même paragraphe 4, où je dis :
« le billet fut confié le 14 février », je veux dire : le
billet fut donné à Alexandrina, mais je ne me souviens pas précisément
quel jour, parce que quelques jours auparavant j’étais allé jusqu’à la
porte de Alexandrina, disant que nous étions déjà allés à Braga afin d’obtenir
l’autorisation pour assister aux phénomènes du vendredi et il se peut que
le billet ait été déposé à cette occasion.
a) La maladie principale de Alexandrina devait être une myélite,
comme en effet l’ont confirmé plusieurs médecins, parmi lesquels le Dr
Gomes de Araujo et le Professeur Carlos Lima. Tous étaient convaincus que la
cause principale de la myélite était le saut par la fenêtre, dont nous
avons fait état antérieurement.
b) Les souffrances sont allées en augmentant jusqu’au moment où
le Dr João de Almeida pronostiqua qu’elle deviendrait paralysée.
Avant
qu’elle ne soit alitée elle fut examinée par le Dr Alves de Macieira et
par un autre médecin de Povoa, le Dr Garcia de Carvalho. Elle s’alita en
1925, alors qu’elle avait 21 ans, selon ce qu’elle-même m’a déclaré
à plusieurs reprises, contrairement à ce qui est écrit dans son
autobiographie et dans d’autres écrits qui traitent de son cas. Les
simptomes de la paralysie, dès le début de la maladie se sont accentués,
puis en quelques années, alors qu’elle marchait encore, tous se
retournaient sur elle, y compris M. le curé qui lui disait que son plus grand
péché était celui de ne manger ni boire afin de pouvoir bien marcher.
Ce
fut le Dr Abilio Garcia de Carvalho qui avisa M. le curé et la famille, que,
en effet, elle marchait avec grande difficulté et qu’elle ne pouvait pas
faire ce qu’ils souhaitaient. Ce fut seulement plus tard que le Dr João de
Almeida et le radiologue Roberto Carvalho, en l’examinant et la traitant
avec gentillesse, ont déclaré que la maladie devrait se trouver dans la
moelle, car l’examen de la colonne (des os) n’indiquait rien. Je ne l’ai
connue qu’en 1941. A cette occasion elle était paralysée des membres
inférieurs et presque totalement des membres supérieurs, et cette
circonstance amena le Dr Gomes de Araujo à dire qu’il devait s’agir d’une
myélite à double foyer.
Ses
douleurs ont été par moments insupportables. Toutefois nous devions
distinguer quatre sortes de douleurs : naturelles, morales,
preternaturelles et surnaturelles.
Alimentation
La
cause principale de ses douleurs physiques était la myélite. Elle a souffert
de douleurs morales intenses, desquelles nous en reparlerons encore. Elle s’alimentait
très mal ; et à compter du 27 mars 1941, jusqu’à la fin juin de la
même année, elle n’engorgeait qu’un peu d’eau salée dans laquelle on
versait un filet d’huile. D’autres fois on lui préparait quelque liquide,
mais elle vomissait tout, sauf s’il s’agissait d’eau pure. Elle se
soumettait à ma volonté de lui faire boire ces quelques liquides, mais en
juin elle me dit : laissez-moi me reposer et ne m’obligez plus à
prendre quoi que ce soit, car je me sens mieux sans rien prendre.
Je
lui ai répondu : Étant donné qu’il en est ainsi, que votre volonté
soit faire.
Dans
les années qui se suivirent, quelquefois, par temps très chaud, je lui
faisais boire une gorgée d’eau, toutefois s’il s’agissait d’eau
minérale ou d’eau sucrée, elle la vomissait immédiatement. S’il s’agissait
d’eau simple, elle la gardait, mais elle était alors inquiétée par les
douleurs. Chose curieuse : les jours, et ils étaient très rares, où je
lui faisais boire de l’eau, elle urinait un peu. Encore une chose que j’ai
trouvé admirable : vivant sans manger de 1942 à 1945, chaque mois elle
avait ses règles, et ceci jusqu’à l’âge de 47 ans.
S.
E. Mgr l’Archevêque Primat désirait que le jeûne de Alexandrina soit
contrôlé dans une clinique.
J’ai
confié cette mission au Dr Gomes de Araujo, lui demandant que dans son
rapport il m’informe de deux choses : Si Alexandrina avait des
facultés mentales normales et si elle pouvait vivre sans s’alimenter.
Je
ne voulais pas que quelqu’un la force à s’alimenter ni à prendre des
aliments, contre sa volonté. J’avais tout d’abord pris contact avec le Dr
Manuel Joaquim Ferreira afin qu’il me définisse la maladie de Alexandrina.
Il ma dit qu’il ferait cette étude aussitôt que je l’aurais décidé.
Mais lorsque je lui ai fait remarque que Alexandrina ne s’alimentait pas
depuis un certain temps, il m’a répondu qu’il ne voulait pas se mêler
dans de telles choses, qu’il s’excusait, tout sauf ça.
Après
cela je suis aller contacter le Professeur Carlos Lima et le Dr Gomes de
Araujo, qui ont accepté le travail.
Surveillée
40 jours
A
Trofa, le Dr Gomes de Araujo blaguait sur l’affaire, en disant que le
problème serait réglé au bout de quelques jours.
Alexandrina
est entrée en observation, à Foz do Douro, à l’asile pour les paralysies
enfantines et elle y fut surveillée jour et nuit par six infirmières, qui se
relayait deux par deux.
Le
voyage de Alexandrina vers l’asile a duré près de trois heures et fut
très difficile. De temps en temps elle avait des vomissements de salive et le voyage fut la cause de vomissements pendant deux ou
trois jours.
Quand
je me suis présenté à l’asile pour vister Alexandrina, l’une des
surveillantes m’a dit que le Dr Gomes de Araujo, étant de permanence, le
matin, auprès de la patiente lui avait dit: « Soyez sûre, soyez
sûre, lamentez-vous, car vous n’êtes venue ici que pour déjeuner ».
Étant
donné que la surveillante m’avait dit que le Dr Gommes de Araujo voulait l’alimenter
et lui prescrire des médicaments, je lui ai répliqué que le Dr Gomes de
Araujo avait pour habitude d’être un homme de parole, comme il l’avait
toujours été vis à vis de moi. En outre je lui ai dit que j’allais à
Porto pour le rencontrer et qu’elle ait l’obligeance de lui dire de ma
part, lorsqu’il viendrait voir la malade, que celle-ci était venue là pour
deux raisons bien précises :
1°
Pour l’observation de ses facultés mentales ;
2°
Pour l’observation de son abstinence.
Et
que je n’étais pas d’accord qu’on la fasse manger quoi que ce soit
contre sa volonté. Qu’elle était apparemment assez mal en point, mais que
dans peu de jours elle aurait les lèvres rouges comme les siens et un regard
vif comme aussi comme le sien.
Quelques
jours après je suis de nouveau allé rendre visite à Alexandrina et la
surveillante m’a dit : « Docteur, regardez les lèvres de
Alexandrina… Je veux bien échangé mes lèvres, mais elle les a aussi
rouges que les miens ».
Je
lui ai répondu : « Madame, ce les biftecks et les piqûres qui lui
ont été faites !… »
Un
peu plus tard j’ai demandé au Professeur Dr Ernesto Morais de lui faire une
analyse de sang, ce qu’il a fait et celle-ci s’est avérée normale. Je
lui ai dit que je voulais lui payer les analyses, étant donné qu’il s’agissait
d’un supplément, et qu’il était donc normal que je lui paie le prix, que
ce n’était pas normal qu’il puisse travailler pour rien. Il m’a dit que
le cas l’émerveillait, attendu le jeûne de Alexandrina et que je lui
permette de faire partie de la commission.
Alexandra
est resté pendant quarante jours sous observation. Il paraît que le Dr Gomes
de Araujo avait pensé que trente jours auraient suffit, mais le Dr Alvaro
Rosas, ayant entendu parler dans l’asile d’une patiente qui ne s’alimentait
pas, ironisa sur le fait et dit qu’il n’y croyait pas.
Le
Dr Gomes de Araujo ayant appris cela, lui téléphona et lui dit que, afin qu’ils
continuent d’être amis, il devrait envoyer une personne de sa confiance
visiter la patiente.
Le
Dr Alvaro Rosas lui rétorqua que ses paroles voulaient simplement dire que, n’étant
pas là, à côté de la patiente, il ignorait ce qui s’y passait. A ceci le
Dr Gomes de Araujo rétorqua qu’il aurait dû écouter des personnes dignes
de foi.
Le
Dr Alvaro Rosas envoya sa sœur, qui resta auprès de la malade pendant 4 ou 6
six jours. Il est intéressant de remarquer que cette dame, simulant, parfois,
vouloir couvrir la malade, la découvrait complètement pour voir si quelque
aliment n’était pas caché sous les couvertures. La patiente était
observée deux fois par jour par le Dr Gomes de Araujo. Un rapport intitulé
« Quarante jours à Foz » a été établi ; il est assez
intéressant d’y lire les questions et les réponses qui s’y trouvent.
Le
Dr Gomes de Araujo présenta un rapport et moi, ainsi que le Professeur Carlos
Lima, nous en avons présenté un plus bref. En outre j’ai présenté aussi
cinq considérations relatives au rapport du Dr Gomes de Araujo. Le rapport de
celui-ci contient un passage où il affirmait que Alexandrina était
intelligente, mais qui avait des idées fixes.
Les
idées fixes de Alexandrina étaient l’amour de Dieu et la rédemption des
âmes. Et moi je répondais : si ces paroles avaient un sens péjoratif,
alors le Père Cruz et les grands mystiques, avaient eux aussi des idées
fixes. Du reste, le Dr Gomes de Araujo m’a dit que dans l’hypothèse d’un
autre contrôle, il ne serait pas d’accord que la patiente revienne à
Porto. S’ils avaient voulu parler de la maladie de Alexandrina, il aurait
suffit de convoquer une réunion présidée par l’abbé de Singeverga ou par
l’Archevêque, au cours de laquelle il serait venu avec moi et le Professeur
Dr Carlos Lima, étant même présents pour l’étude de nouveaux invités ou
bien le Dr Gregorio et le Père Dr Luis Filipe, eux-mêmes pouvant encore dire
quelque chose, étant donné que son rapport était resté incomplet, à cause
du Père Agostinho Veloso, qui était venu le voir pour lui dire de se méfier
de Alexandrina car elle était une intrigante, qui fasse attention lors de la
rédaction de son rapport.
Le
Père Veloso
Quelques
années auparavant j’avais rencontré le Père Agostinho Veloso dans la
sacristie de l’église de Trofa, et en lui parlant de Alexandrina, il m’a
dit qu’il aurait plaisir à la rencontrer.
Je
lui ai répondu que, quand il désirerait venir à Balasar, je me ferai un
plaisir de l’y conduire en voiture… Il m’a répondu que, dès que
possible, il m’écrirait en ce sens. Peu après j’ai entendu dire qu’il
diffamait Alexandrina, disant même que la mère était une dame qui avait des
enfants de plusieurs hommes.
Quelque
temps après j’ai de nouveau rencontré le père Agostinho Veloso, après
que Alexandrina soit allée à Foz et que le Dr Gomes de Araujo ait fait son
rapport. Il parlait à un pharmacien de Cadinhas, étant présent la femme de
celui-ci et le Professeur Roque. J’ai demandé au Père Veloso, quand
souhaitait-il se rendre à Balasar pour voir Alexandrina. « Voyons,
voyons — me dit-il — vous annoncez partout qu’elle ne s’alimente pas,
mais, lorsqu’elle est passée à Trofa, chez M. Sampaio, elle y a
mangé ».
Allons,
Père Veloso, ne savez-vous pas que nous affirmons qu’elle ne mange plus
depuis 1942 alors qu’elle est passée à Trofa le 15 juin 1941 ? Qu’un
homme quelqconque fasse de telles affirmations, comme celles que vous faites,
à l’égard de Alexandrina c’est une merveille, mais que de telles
affirmations sur Alexandrina et sur sa mère viennent d’un jésuite, cela
est inconcevable. « Voulez-vous dire — me répondit-il — que je suis
un jésuite indigne ? »
Je
lui ai répondu : « Vu les affirmations qui vous sont attribuées,
vous êtes en effet indigne d’en porter la livrée ».
La
Servante de Dieu s’est pleinement conformée à la volonté de Dieu, qui
avait permis cette maladie et j’ai appris que sa spiritualité avait
augmenté à partir de 1933.
J’ai
appris tout ceci par l’observation directe du cas, étant donné que je l’ai
toujours suivie, mais aussi des conversations que j’ai eues avec elle, et
des observations collectives recueillies par des personnes déjà
mentionnées.
Encore
en relation avec ce numéro et par rapport au jeûne absolu, je dois dire
ceci : alors que les malades d’énurésie mentale répugnent les
aliments et ne s’alimentent que lors qu’ils y son contraints, Alexandrina
avait la nostalgie des aliments, mais elle savait qu’elle ne pouvait pas les
supporter après les avoir ingéré, étant donné que cette expérience avait
été faite du 27 mars 1942 à la fin juin de la même année.
a) Au début de la maladie, la famille et M. le curé lui-même,
lequel affirmait que le plus grand péché de la Servante de Dieu était celui
de ne pas manger, comme je l’ai déjà signalé, n’avaient pas une notion
précise de la gravité de la maladie, jusqu’au moment où le Dr Abilio
Garcia de Carvalho leur expliqua clairement.
b) Elle m’a confié qu’elle vivait assez amèrement, avant de s’aliter,
parce qu’on était persuadé que sa maladie était sans gravité. Après l’alitement,
elle a demandé à Dieu la guérison de sa maladie, en faisant des neuvaines
et promettant de se faire missionnaire pour baptiser les petits noirs.
c) (…)
Tout
ceci je l’ai appris personnellement et directement.
Extases
et visions
La
Servante de Dieu, pendant sa maladie a eu des extases et des visions. Ces
extases ont commencé le 13 octobre 1938, et se sont terminées en 1942, je
veux parler des extases relatives au phénomène de la Passion. Déjà avant,
comme je l’ai entendu dire, elle avait eu des extases, car ce fut pendant
une extase, vers 1935, que Jésus lui demanda la consécration du monde à l’Immaculé
Cœur de Marie. La malade elle-même m’a dit que depuis 1933 elle était
convaincue qu’elle ne guérirait pas de sa maladie et qu’elle demandait à
Jésus ce qu’elle devait faire et qu’elle entendait ces paroles :
souffrir, aimer, réparer. Alexandrina m’a dit aussi qu’en 1935 Jésus lui
avait dit que sa mission était les tabernacles et les pécheurs.
Je
dois dire que les extases qui se sont terminées le 27 mars 1942, étaient
celles relatives aux phénomènes dits de la Passion, et qui étaient
accompagnées de mouvements divers qui ont été filmés et enregistrés.
Après cette date, les extases de 15 heures ont continué tous les vendredi
jusqu’au 25 décembre 1953. Même après cette date, les communications
surnaturelles ont continué. Elles sont consignées dans son Journal ?
J’ai
même appris, en discutant avec Alexandrina, qu’elle a eu plusieurs visons,
principalement de Jésus, de Notre-Dame, de l’Ange Gardien et du démon.
Elle me l’a dit plusieurs fois.
Prédictions
a)
Elle a prédit que le monde serait consacré à l’Immaculé Cœur de Marie
par Pie XII, indiquant même quelques-unes des paroles que le Pape
emploierait.
Elle
a prédit que le Cardinal Pacelli serait le futur Pape.
Elle
a même prédit que la guerre se terminerait dans la première partie de l’année,
mais dans l’extase suivante elle a déclaré ceci : « Le monde n’a
pas accepté, il n’accepte pas l’heure qui lui a été et qui lui est
accordée ». Et dans l’extase du 23 avril 1943, elle a dit :
Jésus veux la paix et la donne sans retard ; que l’on fasse pénitence
et que l’on prie !
b) Est naturellement inexplicable le fait qu’elle marche pendant
les extases, étant paralysée, comme il a été démontré. Même le poids qu’elle
supportait, quand elle portait la croix au Calvaire est inexplicable.
Reste
aussi inexplicable le fait que ne s’alimentant pas, elle continue à avoir
des règles abondantes tous les mois.
Concernant
les stigmates, elle m’a confié qu’elle avait dit à Jésus qu’elle
acceptait les souffrances de sa Passion, mais elle lui demandait de ne pas
avoir les stigmates.
d) Elle suivait toujours les conseils et les ordres de ses
directeurs spirituels et je sais qu’elle a même affirmé à M. l’abbé
que, s’il entendait dire qu’elle n’obéissait pas aux supérieurs ou à
l’Église, qu’il soit certain qu’elle était devenue folle.
e) Sachez ceci : En ce qui se rapporte aux extases, j’ai
observé les phénomènes qui les accompagnaient. En ce qui concerne les
visions, elle-même m’en a parlé de quelques-unes, d’autres j’en ai
entendu parler. Je peux dire la même chose au sujet des prédictions et en ce
qui se rapporte à l’obéissance au directeur spirituel. Pour ce qui est des
signes apparus sur son corps et des explications impossibles, naturellement,
je les ai observés moi-même.
Description
des extases
Je
sais qu’il s’agissait d’extases. En tout cas il ne s’agissait pas d’une
chose pathologique. J’en ai observai beaucoup et j’ai eu l’occasion de
vérifier qu’il ne s’agissait de maladie pathologique. Les extases que j’ai
observées personnellement reproduisaient les phénomènes de la Passion et j’ai
remarque que, dans la manière de descendre du lit, où elle était
immobilisée, elle assumait une attitude quasi de lévitation, qui ne s’explique
pas naturellement. Tous les mouvements qu’elle faisait étaient
intéressants, attendu la modestie de ses vêtements. Elle donnait l’impression
que quelqu’un à côté d’elle veillait à ce que ses habits ne dévoilent
pas son corps. En ce qui concerne les mouvements elle donnait l’impression d’endurer
une grande souffrance et prenait des attitudes diverses, qui étant si
précises et ordonnées, je ne puis expliquer naturellement. J’ai remarqué
aussi que quand elle se mouvementait en portant la croix, pas même deux
vaillants prêtres n’ont pas été capables de la soulever.
Une
fois j’ai assisté à une extase pendant laquelle le directeur spirituel, le
Père Mariano Pinho, lui demanda d’offrir les souffrances de la Passion de
cet après-midi à l’une de ses intentions, qu’il ne lui a pas
communiquée. Elle lui a répondu dans l’affirmative. Pendant le phénomène
de l’Agonie l’extase s’interrompit et elle a demandé à parler à son
directeur spirituel. Le directeur s’est rendu de la salle à la chambre, où
il parla avec Alexandrina. Quand il est revenu dans la salle, il m’a dit que
Alexandrina lui avait demandé, sous l’ordre de Jésus, que les souffrances
de cet après-midi là soient offertes pour la réparation de très graves
offenses qui Lui étaient faites par un prêtre de Lisbonne, dont elle lui
avait communiqué le nom. Il ne me l’a pas révélé.
Le
directeur spirituel lui avait signifié son accord et m’a dit qu’il allait
s’informer à Lisbonne s’il y avait quelque prêtre de ce nom, comme elle
le lui avait dit, et quelle serait sa conduite. Plus tard il appris quel
était ce prêtre qui avait donné tant de soucis au Cardinal. Plus tard
encore j’ai appris que ledit prêtre avait suivi une retraite à Fatima.
Pendant celle-ci il s’est trouvé mal et un prêtre fut appelé pour l’assister
et lui administrer les derniers Sacrements. Après les avoir reçus, il est
mort.
Lors
des extases dialoguées auxquelles j’ai assisté tant de fois, transcrivant
ce qu’elle disait, des fois il manquait une ou autre parole, que je n’avais
pas comprise, et à la fin du colloque, en procédant à la correction de ce
qui avait été écrit, même si cela ne lui plaisait que l’on en parle,
elle répondait toutefois immédiatement quand on lui demandait quel serait le
mot manquant en telle ou telle phrase. Et c’était toujours le mot juste.
Le
Père José Dias, maintenant décédé, changeait quelquefois, de façon
délibérée les termes. Aussitôt elle lui répondait que ce n’était pas
le mot juste, mais celui qu’elle dictait. J’ai personnellement
que, quand se reproduisaient en elle les tourments de la Flagellation
et de la Crucifixion, elle manifestait des douleurs lancinantes.
Son
directeur spirituel, le Père Mariano Pinho, lui dit quelquefois, la voyant
souffrir horriblement, surtout lorsqu’elle reproduisait le tourment de la
flagellation, de demander à Notre-Seigneur de la laisser se reposer un
moment, ce qui arrivait pendant deux ou trois minutes. Étant donné qu’il n’était
pas toujours présent, il m’a dit que, quand je la verrais souffrir de la
sorte, je lui demande de présenter au Seigneur la même supplique afin qu’elle
puisse se reposer. Nous avons en effet procédé de la sorte, et malgré qu’elle
m’ai dit, en dehors des extases que Notre-Seigneur la faisait souffrir parce
que sa souffrance était nécessaire, elle obéissait toujours aux ordres que
je lui donnais, que ce soit pendant ou en dehors des extases.
Il
est notoire que pendant l’extase du 19 décembre 1941 la Servante de Dieu a
prononcé ces mots : Repose-toi, ma
fille, dans mon Divin Cœur, comme l’ordonne l’obéissance. C’est la
voix de ton Père, transmise à travers le médecin. C’est ma Divine
Volonté.
Sur
les extases il existe plusieurs séquences filmées. Il existe aussi des
bandes sonores.
Les
visions
Visions.
Elle m’a dit à plusieurs reprises qu’elle avait des visions. Elle ne le
faisait pas spontanément, mais avec une certaine répugnance, quand on l’interrogeait
sur ceci. Une fois, étant avec le Père Umberto, celui-ci lui a
demandé : « Comment voyez-vous Notre-Seigneur ? » Elle
a répondu : « Je ne le vois pas toujours de la même façon.
Quelquefois je le vois comme quelqu’un qui regarde l’image d’une
personne de la terre ; d’autres fois, je le vois comme si j’avais d’autres
yeux ; c’est l’âme qui vois ; d’autres fois ce n’est ni
avec les yeux du corps, ni avec les yeux de l’âme, mais comme une lumière
qui voit et comprends tout ».
D’autres
fois elle avait des visions d’anges, qui quelquefois lui apportaient la
communion.
Elle
a eu aussi plusieurs fois des apparition du démon qui lui apparaissait,
parfois enchaîné, parfois libre. Il fut même une période où il le jetait
en bas du lit. Les tentations du démon étaient fréquentes et la faisaient
beaucoup souffrir. C’est pour cela que le directeur spirituel le Père
Mariano Pinho, a célébré une Messe, demandant à Notre-Seigneur de changer
cette souffrance en une autre. A la fin de la Messe Alexandrina lui a dit qu’il
demandait à Notre-Seigneur le changement de cette souffrance, mais que
Notre-Seigneur désirait qu’elle soit maintenue. Le directeur lui a demandé
pourquoi elle ne voulait pas qu’il demande la modification de ces
souffrances, et elle lui a répondu que tout d’abord il fallait demandé que
la volonté de Dieu soit faite.
Sur
les prédictions
Sur
les prédictions de choses futures, j’ai entendu dire qu’elle avait
prédit l’élection du Cardinal Pacelli comme Pape.
Elle
prédit aussi que ce serait ce même Pape qui ferait la consécration du monde
à l’Immaculé Cœur de Marie.
J’ai
aussi entendu dire qu’elle avait prédit la mort de Roosevelt, et que cela s’était
avéré comme elle l’avait dit.
(…)
Sur
les vertus
La
Servante de Dieu a pratiqué les vertus théologales et cardinales à un
degré héroïque et constant.
Sur
la foi
La
Servante de Dieu avait cette vertu théologale et la manifestait toujours.
Elle observait toujours les commandements de Dieu et de l’Église à un
degré supérieur ou bien, surpassait le mode dont ces commandements sont
ordinairement observés.
—
Mystère de la très Sainte-Trinité :
Elle
appelait ce mystère, je veux dire, les trois Divines Personnes, ses trois
plus grands amours.
—
Très Saint-Sacrement :
Sa
dévotion était la plus grande. Elle recevait la Sainte Communion quant elle
le pouvait. Elle faisait de fréquentes communions spirituelles. Je me
souviens, à ce sujet, qu’en terminant l’extase de la Passion, tout près
de la fenêtre de sa chambre, tournée vers l’église, elle faisait sa
communion spirituelle, prononçant des paroles des plus sublimes allant jusqu’à
demander à être inhumée le visage tourné vers le très Saint-Sacrement
pour faire comprendre que même après la mort il est possible d’adorer cet
auguste Sacrement.
Sur
le mode et la fréquence du Sacrement de la pénitence, je ne saurai rien
dire. Je sais qu’elle demandait avec un très grand zèle aux fidèles de
vivre en état de grâce ; et pour cela les meilleurs moyens étaient le
Sacrement de la pénitence et de l’Eucharistie.
Ses
dévotions
[Alexandrina]
avait une grande dévotion envers le très Saint Cœur de Jésus et pour la
douloureuse Passion de Notre-Seigneur. Elle s’efforçait d’introduire
celle-ci dans le cœur des visiteurs.
Elle
était aussi très dévote de Notre-Dame. Elle aimait beaucoup la Vierge et je
crois qu'à tous les visiteurs elle parlait de cette vénération et de la
dévotion que tous devaient avoir envers notre Mère du Ciel.
Envers
Saint Joseph : Je suis certain qu'elle avait pour lui beaucoup de
dévotion et, pendant le mois qui lui est dédié –mars –, elle en parlait
beaucoup de lui.
Elle
avait aussi de la dévotion envers son Ange Gardien.
Son
respect pour toutes les paroles contenues dans la Sainte Écriture, était
absolument remarquable.
Pour
ce qui concerne les décisions de l'Église et le Souverain Pontife, elle en
avait la plus grande considération et respect.
Je
sais que, à une certaine période, non pas dans les dernières années, elle
réunissait autour d’elle des groupes d’enfants auxquels elle enseignait
le catéchisme. Je sais également qu’elle rassemblait les offrandes qu’on
lui faisait pour les envoyer aux œuvres missionnaires, principalement. Je
sais que tous les ans elle envoyait une telle offrande au noviciat des pères
Jésuites.
Sur
le culte divin, je sais qu’en premier lieu, le tabernacle, le confessionnel
et les habits sacerdotaux de l’église de Balasar ont été offerts par
elle. J’ai appris aussi qu’elle avait soutenu plusieurs missions
réalisées dans sa paroisse.
J’ai
appris et observé tout ceci aux cours de plus de cinq cents visites que je
lui ai rendues, et aussi d’après les conversations que j’ai eues avec M.
le curé.
Sur
l’espérance
En
ce qui concerne l’espérance théologale, la Servante de Dieu l’avait à
un degré héroïque et constant.
a) Elle avait l’espérance que nous pouvons nous sauver, en
accomplissant au mieux nos devoirs, car Dieu ne manque jamais avec sa grâce.
Comme moyens pour vivre dans la grâce de Dieu, elle indiquait la
fréquentation assidue aux sacrements et la dévotion envers Notre-Dame, sans
jamais oublier de prier le chapelet.
b) Elle s’adonnait continuellement à l’oraison. Une fois je lui
ai de mandé : Vous arrive-t-il de vous détourner de Dieu trois ou cinq
minutes ? Elle m’a répondu que non.
Elle
ne cherchait pas les biens matériels
d) Dans les conversations elle n’a jamais montre le moindre
intérêt pour les choses temporelles. Je sais que quelquefois on lui offrait
de l’argent, qu’elle employait en actes en actes de bienfaisance, comme
par exemple aider les personnes pauvres à se marier, en payant les frais de
procédure civile. D’autres fois elle offrait des habits aux pauvres,
surtout à l’occasion des fêtes de Noël et de Pâques. Elle ne cherchait
les biens terrestres, et quand elle les avait à disposition, parce qu’elle
les recevait, les distribuait toujours en faveur des autres. Il fut un temps
pendant lequel, vers 1933 à 1937, sa famille vivait misérablement, allant
jusqu’à manger la soupe sans le moindre condiment, temps pendant lequel la
mère et la sœur ont vécu affligées et que Alexandrina leur recommandait la
patience et leur disait que Notre-Seigneur n’a jamais abandonné quiconque.
Foi
en la Divine Providence
Sur
la charité
Elle
avait de la peine pour les péchés commis par les hommes. Elle a accepté de
bon cœur la maladie. Au début elle fit beaucoup de promesses en demandant à
Dieu de la guérir, qu’elle se ferait même missionnaire. Par la suite,
quand elle fut convaincue que Dieu voulait qu’elle souffre, elle demandait
à Dieu de lui faire aimer la souffrance et ce fut alors qu’elle fit le vœu
de faire toujours tout ce qui serait le plus parfait ; ceci en 1938.
Afin
que Dieu ne soit pas autant offensé, elle paya beaucoup de missions, paya
pour l’enregistrement de beaucoup de mariages, et par ses conseils faisait
en sorte que Dieu soit moins offensé.
Tout
ceci je le sais…
Sur
l’humilité
J'ai
pu vérifier maintes fois qu'elle [Alexandrina] se considérait inutile et
indigne de toute considération. Cette attitude d'humilité me confondait
assez, alors que sa supériorité [spirituelle] était évidente. Elle
refusait toujours tout ce qui pourrait la faire croire ou prendre pour ce
qu'elle ne se considérait pas. Elle rejetait toute « valorisation ».
Il ne s'agissait d'une attitude feinte, mais au contraire, d'une conviction
profonde. J'ai pu vérifier, que lorsqu’elle était victime d'humiliations,
elles les offraient à Dieu comme pénitence pour son ingratitude envers Lui.
Elle
était humble, affable avec les petits. Elle acceptait les conseils d'autrui.
Elle
tenait comme un rien sa propre opinion. Elle accomplissait spontanément les
devoirs les plus humbles. Elle a toujours été constante dans la pratique de
cette vertu.
Je
peux en outre affirmer que la chose qui m'impressionnait le plus chez
Alexandrina, ce n'étaient pas les visions ou les extases, mais plutôt sa
constance dans la pratique de l'humilité, comme aussi dans celle des autres
vertus. Sa fidélité à la vertu constituait pour elle comme une sorte d’obsession.
Ses
divers charismes
Je
pense que la servante de Dieu avait le don de scruter les cœurs. Il lui
arrivait de me parler selon mon propre état d'esprit; j'avais alors
l'impression qu'elle était au courent de mes angoisses, de tous mes
problèmes. D'autres fois, ses conseils arrivaient à point pour telle ou
telle situation. Je sais aussi que d'autres personnes, indifférentes en
matière religieuse, qui allaient chez elle par simple curiosité, en
sortaient complètement transformées, bien souvent les larmes aux yeux. Je
connais aussi un couple qui allait la visiter et dont les relations intimes
étaient irrégulières, celle-ci les a avertis sérieusement sur leur façon
immorale de vivre, sans que ceux-ci eussent besoin de lui en parler.