Teotónio naquit —
pour les uns au Portugal, à Ganfei – pour d’autres, en Espagne, à
Gonfeo,
près de Vigo. Quoi qu’il en soit, on sait qu’il est né en 1086, et qu’à cette
époque seul le condé du Portugal existait, gouverné par Henri de Bourgogne.
Il est sûr aussi
qu’il fit ses études chez les bénédictins de Ganfei.
Ses premières
études terminées, il alla à Coimbra où il suivit les cours d’Humanités et de
Théologie. A la fin de ceux-ci, il fut appelé à Viseu par son oncle Dom
Théodoric, prieur de la Collégiale des Chanoines Réguliers : ce fut en cette
ville qu’il fut ordonné prêtre.
Il fut ensuite
nommé – malgré lui – prieur de Notre-Dame de Viseu, où il fit preuve d’une
grande sagesse et démontra ses immenses qualités spirituelles, devenant ainsi
l’exemple à suivre pour le clergé local qui avait dès lors pour lui une grande
vénération doublée d’un très profond respect.
Mais Teotónio
était homme d’une grande humilité et ne cherchait jamais à se mettre en avant
et, la charge même de prieur lui semblait trop honorifique pour lui ; pour
réussir à s’en défaire, il décida un pèlerinage à Jérusalem. Il fut remplacé –
provisoirement, pensait-on – pendant son absence par un prêtre nommé Honorius.
Mais, dès son retour de Terre Sainte, Teotónio demanda à celui-ci de continuer
d’assumer la charge de prieur, ce que celui-ci accepta.
Plus tard, on lui
proposa l’épiscopat, qu’il refusa énergiquement, préférant se consacrer au
ministère de la Parole et, au milieu d’un peuple corrompu, prêcher l’Évangile de
Jésus-Christ. Ce fut durant cette période qu’il prouva son indéfectible fidélité
aux vertus chrétiennes, mais tout particulièrement à celle de la chasteté et
pureté d’âme et de corps.
Puis, ce fut un
deuxième pèlerinage à Jérusalem. A son retour, il fonda, avec onze outres
compagnons, une nouvelle congrégation de Chanoines Réguliers et, pour l’abriter,
il fit construire le Monastère de Sainte Croix de Coimbra – qui reste encore de
nos jours, un chef d’œuvre architectural.
La construction –
pose de la première pierre – fut commencée le 28 juin 1131, en présence du
prince Alphonse, fils d’Henri de Bourgogne – et bientôt premier roi du Portugal
– qui avait pour Teotónio une très grande admiration.
Le 24 février
1132 il fut nommé prieur du nouveau monastère, charge qu’il occupa pendant vingt
ans. Grâce à son action, le monastère devint un foyer de sainteté et de culture
de feu Condé du Portugal et du nouveau Royaume de Portugal (1139), gouverné
d’une main ferme par Alphonse Ier, appelé maintenant Alphonse
Henriques.
Ce roi – guerrier
intrépide et mystique convaincu – lors de ses nombreuses campagnes pour
reconquérir les terres occupées par les musulmans, demandait la prière des
moines de Sainte Croix et attribuait volontiers ses victoires aux vertus de ces
mêmes prières, ce qui augmentait la vénération et l’amitié qu’il éprouvait
envers Teotónio, son ami de toujours. Et, pour lui montrer sa gratitude il fit
libérer tous les moçarabes – les musulmans convertis au christianisme – faits
prisonniers pendants les campagnes de conquête.
Âgé de 70 ans, il
renonça à sa charge d’abbé et consacra le reste de sa vie à la prière.
Il avait
quatre-vingts ans lorsqu’il remit son âme à Dieu le 18 février 1162. Son corps
repose encore dans l’église de la Sainte Croix (Santa Cruz) à Coimbra.
Son culte fut
approuvé par le Pape Benoît XIV. Il fut le premier saint portugais à être
canonisé selon les nouvelles règles canoniques.
Il est le patron
de la ville de Viseu. Sa fête est fixée au 15 février.
Alphonse Rocha