Théodore GUÉRIN Anne Thérèse

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Anne Thérèse
Théodore GUÉRIN
Religieuse, Fondatrice, Sainte
1798-1856

 Des responsabilités précoces

Anne-Thérèse naquit à Étables-sur-Mer (Côtes-d’Armor) le 2 octobre 1798, de Laurent Guérin et Isabelle Lefèvre. C’était la deuxième des quatre enfants de cette famille. En raison de son service, le père, officier marinier, était souvent absent de la maison et l’éducation des enfants reposait totalement sur la maman. Elle s’y donnait avec courage. Et du courage il lui en fallut. En effet son fils aîné Jean-Laurent mourut à deux ans et demi et le cadet à quatre ans et demi. Quelques mois plus tard le 11 juin 1814, son mari était assassiné par des brigands près de Toulon, alors qu’il revenait à Étables en permission. Anne-Thérèse partagea le deuil mais aussi les responsabilités de sa mère dont la santé déjà fragile se trouva chancelante.

Heureusement la jeune fille avait été bien formée au travail de maison. Vive, intelligente, courageuse, elle avait bien profité des cours de l’école primaire. Et son cœur et son âme ouverts au spirituel étaient naturellement tournés vers Dieu et les gens du village. D’autant mieux qu’à l’âge de dix ans elle avait bénéficié aussi des leçons d’un cousin, séminariste, qui lui fit découvrir la Sainte Ecriture et la doctrine chrétienne.

Depuis cette dixième année, Anne-Thérèse avait le désir d’être religieuse et de donner sa vie à Dieu. Mais la situation familiale devenue difficile, sa mère, se sentant de plus en plus faible, opposait un refus à chaque demande de départ de sa fille.

Novice, puis aussitôt Supérieure

C’est seulement en 1823, âgée de vingt-cinq ans qu’Anne-Thérèse put réaliser son projet bien mûri. Un temps elle avait pensé au Carmel, mais elle se dirigea vers la Congrégation des sœurs de la Providence de Ruillé-sur-Loir, dans la Sarthe. Elle l’avait connue parce qu’une femme de Pléhédel avait apporté son précieux concours au curéde Ruillé qui l’avait fondée en 1806, pour le service des malades et l’enseignement des plus pauvres.

Après un court noviciat, Anne-Thérèse, devenue Sœur Théodore, fut placée à la tête d’une importante maison d’éducation à Rennes. Tâche ingrate et délicate car exercée dans un quartier livré à l’ignorance et à la délinquance. Sœur Théodore va maîtriser la situation et assainir le milieu de vie en se donnant à l’éducation des enfants et des parents. Aussi la surprise fut-elle grande quand la Supérieure de Ruillé, sans doute mal informée sur les sentiments de Théodore à l’égard de la Congrégation, lui ordonna de quitter Rennes pour Soulaines petite commune près d’Angers. Elle accepta et vécut ce changement comme une humiliation et une épreuve. A Soulaines aussi, elle fera un bien considérable. Elle prit même des leçons près d’un pharmacien et d’un médecin afin d’être plus utile aux malades.

Ses qualités pédagogiques, reconnues par l’académie d’Angers, lui permettaient à Soulaines, comme à Rennes d’embellir l’esprit de ses élèves, tout en veillant spécialement à leur formation chrétienne. Pour elle, science et vertu devaient aller de pair.

Son dévouement au service de l’école, des pauvres et des malades ne l’empêchait pas de trouver du temps pour intensifier sa vie spirituelle, par la prière, la lecture de la Bible, de la vie des saints et des maîtres spirituels.

L’aventure missionnaire

Voici qu’en 1840, l’évêque de Vincennes en Indiana (Amérique) vient en France, dont il est originaire, chercher des religieuses pour animer son diocèse. La Congrégation de Ruillédécide de lui accorder six de ses sœurs. Théodore fut choisie comme responsable en raison de sa force de caractère, de sa grandeur d’âme et de ses capacités.

Le 23 juillet le petit groupe quitta la France depuis Le Havre pour l’Amérique, et précisément l’Indiana. Ce n’est qu’après un difficile voyage de trois mois qu’elles arrivèrent au lieu de leur mission, Sainte-Marie-des-Bois.

Malgréles promesses de l’évêque Monseigneur de la Haillandière, pas de maison pour les accueillir. Une seule pièce et le grenier d’un fermier fut leur première et seule demeure. Elles réussiront tout de même à y aménager un petit oratoire.

Pauvreté, dénuement et, de surcroît en pleine forêt, dans un pays étranger dont les habitants parlaient une langue inconnue. Sœur Théodore accepta la situation avec beaucoup d’humilitéet de confiance en Dieu. Elle savait être venue là pour établir une Communauté sur le modèle de la Providence de Ruillé, recruter et former des religieuses, se dévouer au service des enfants, des pauvres et des malades, créer des dispensaires et des écoles. A cette époque l’Indiana était le dernier des Etats d’Amérique pour l’instruction.

Dès 1841, à Sainte-Marie-des-Bois, un noviciat est ouvert pour une dizaine de postulantes. Une première école aussi. D’autres seront construites ici et là, à travers l’Indiana. De nouvelles communautés vont s’établir. Le travail qu’elle s’impose et la rigueur du climat hivernal vont terrasser celle qui est déjà appelée Mère Théodore. Bien que condamnée par le médecin, elle guérit et reprend son activité.

Le creuset de l’épreuve

Mais une autre épreuve l’attend. Les relations se tendent et deviennent ambigües avec la maison de Ruillé. Il lui faut désormais assurer son indépendance et fonder une Congrégation autonome « La Providence de Sainte-Marie-des-Bois » .

D’autre part l’évêque de son diocèse supportait mal l’autorité, la force morale, la généreuse spiritualité et les succès de Mère Théodore. Il estimait être le seul Supérieur de cette nouvelle Congrégation et voulait être considéré comme tel. D’où des frictions et des humiliations pour la sœur Théodore. Elle souffrait beaucoup de l’attitude rigoureuse et incompréhensible de l’évêque à son égard, mais portait tout dans la prière et l’offrande.

En 1843, Mère Théodore prend le risque de venir en France chercher des finances pour reconstruire sa maison principale de Sainte-Marie-des-Bois détruite par un incendie volontaire. Les opposants à sa mission sont nombreux et pour diverses raisons. L’évêque profite de son absence pour la déposer. Il demande aux sœurs de choisir une nouvelle supérieure et c’est Théodore qui sera réélue. Mais, la fondatrice de la Congrégation de Sainte-Marie-des-Bois ne pourra vraiment accomplir sa mission en toute paix et libertéqu’après la démission de l’évêque, Mgr de la Hallandière, en 1847.

Le travail incessant et les épreuves ont sérieusement altéré sa santé. Pendant trois semaines, elle est à nouveau gravement malade. Dès que l’amélioration se fait sentir, elle se remet à l’œuvre avec un courage renouvelé.

Par des visites multipliées et une correspondance appropriée, elle saura stimuler les responsables mises en place dans les établissements. Entretenir avec toutes les sœurs des relations empreintes de franchise, de simplicité, de cordialité et de bienveillante compréhension, de tendresse même. Avec ce désir constant de les élever spirituellement. « Que deviendraient les âmes de mes chères sœurs si je ne les conduisais pas à Dieu ? ».

Et, sous la sage direction de Mère Théodore, c’est une nouvelle période de prospérité pour la grande famille de Sainte-Marie-des-Bois. Cette prospérité n’est que le résultat d’un accroissement de travail assuré par la Supérieure. Désormais sa santé fragile ne résiste plus. Elle a connu tant d’épreuves physiques et morales.

Le 13 mai 1856, la pionnière de la Providence entre en agonie et s’éteint le lendemain à 3h45 du matin, au sein d’une communauté désemparée.

Mais celle, qui avait été la tête et le cœur de la Congrégation, veillera sur sa continuité et son épanouissement. Au décès de Mère Théodore, elle comptait déjà : 20 postulantes, 12 novices, 80 sœurs réparties en 15 établissements.

Depuis sa mort, les sœurs de la Providence de Sainte-Marie-des-Bois n’ont cessé de créer des écoles et des œuvres les plus diverses. Très florissantes. Aujourd’hui encore, elles exercent une réelle influence religieuse et sociale.

Béatifiée le 25 octobre 1998, Anne-Thérèse Guérin — Mère Théodore — a été canonisée le 15 octobre 2006 par le Saint-Père en la Basilique Saint-Pierre de Rome.

P. Alfred Lévitoux (†)

http://saintbrieuc-treguier.catholique.fr/Anne-Therese-Guerin-Mere-Theodore

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