Ubaldo de Gubbio Évêque

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Ubaldo de Gubbio
Évêque, Saint
+ 1160

S. Ubaldo, issu d'une famille noble, naquit à Gubbio, ville de l'État ecclésiastique. Il fut élevé dans le séminaire de Saint

Marien et de Saint-Jacques, et il y fit de grands progrès dans la littérature sacrée et profane. L'étude des divines Écritures eut toujours pour lui beaucoup de charmes. Lorsqu'il fut en âge de penser à un établissement, on lui proposa des partis considérables, mais il les refusa tous, parce qu'il avait résolu de passer sa vie dans le célibat. ;

Dieu le préserva de la contagion du vice, et le fortifia contre les mauvais exemples de plusieurs de ses compagnons d'étude. Ne pouvant à la fin supporter certains abus qu'il voyait tolérer, il quitta le séminaire de Saint-Marien et de Saint-Jacques, et entra dans celui de Saint-Second, où il acheva ses études.

L'évêque de Gubbio, qui eut bientôt connu son mérite, le nomma prieur du chapitre de sa cathédrale, afin qu'il pût réformer plusieurs désordres qui régnaient parmi les chanoines. Ubaldo se prépara à cet important ouvrage par le jeûne, la prière et d'autres exercices de piété. Il gagna d'abord trois des chanoines qui paraissaient mieux disposés que les autres, et leur persuada de vivre avec lui en communauté. Leur exemple ne tarda pas à faire impression sur tout le chapitre.

Ubaldo alla quelque temps après visiter des chanoines réguliers renommés pour leur sainteté. Ils étaient dans le territoire de Ravenne, et avaient pour instituteur Pierre de Honestis, homme de grande vertu. Le saint passa trois mois avec eux, pour bien connaître la discipline qu'ils observaient. Il prit leur règle, qui lui parut fort sage, l'apporta à Gubbio, et vint à bout de la faire suivre par tout son chapitre.

La maison canoniale et le cloître ayant été consumés par un incendie, il regarda cet événement comme une occasion que Dieu lui présentait de se décharger de son prieuré, et de se retirer dans quelque solitude. Il- prit sa route vers le désert de Font Avellane. Il y trouva Pierre de Rimini, auquel il communiqua le dessein qu'il avait de quitter le monde. Mais ce grand- serviteur de Dieu lui dit que son dessein était une tentation, et l'exhorta fortement à retourner à son église, pour continuer d'y faire du bien, en suivant sa première vocation. Ubaldo revint à Gubbio, où il rétablit les bâtiments de son chapître, qui devint plus florissant que jamais.

L'évêque de Pérouse étant mort en 1126, notre saint fut élu d'une voix unanime pour remplir son siège. Il n'en eut pas plus tôt appris la nouvelle, qu'il alla se cacher dans un lieu fort retiré, en sorte qu'il fut impossible de le découvrir. Après le départ des députés de Pérouse, il se rendit à Rome. Il s'y jeta aux pieds du pape Honorius II, le conjura avec larmes de le dispenser d'accepter l'épiscopat, et employa les raisons les plus pressantes pour obtenir cette grâce. Honorius se laissa fléchir, et lui accorda ce qu'il demandait. Mais il le nomma lui-même évêque de Gubbio en 1128, et donna ordre au clergé de la ville de procéder à son élection suivant la forme ordinaire. Il fit la cérémonie de son sacre au commencement de l'année suivante.

Le nouvel évêque parut animé d'un esprit vraiment apostolique. Mort au monde et à lui-même, il vivait dans une entière mortification de tous ses sens. Il était infatigable dans les travaux de la pénitence et dans ceux du ministère épiscopal ; sobre, humble, sincère, plein de compassion pour tout le monde. Mais entre les vertus qui le caractérisaient, on distinguait principalement la patience avec laquelle il supportait les injures et les affronts. En voici un trait :

Pendant qu'on réparait les murailles de Gubbio, il arriva que les ouvriers empiétèrent sur la vigne du saint. Il leur représenta doucement le tort qu'ils lui faisaient, et les pria de cesser. L'inspecteur des travaux ne lui répondit que par des insultes ; puis, le poussant avec brutalité, il le fit tomber dans un monceau de mortier. Le bon évêque se releva en silence, et se retira sans faire la moindre plainte. Mais le peuple demanda qu'on lui fît justice, en bannissant le coupable, et en confisquant ses biens. Il était si animé, qu'Ubaldo, pour tirer l'inspecteur des mains des magistrats, fut obligé de dire que la connaissance de cette affaire lui appartenait, et que lui seul devait en être le juge. Les esprits se calmèrent alors un peu. Le coupable, touché de repentir, déclara lui-même qu'il se soumettrait à toutes les peines qu'on lui indiquerait, dût-il lui en coûter la vie. Toute la vengeance du saint se termina à lui donner un baiser de paix, et à prier Dieu de lui pardonner la faute dont il s'agissait, ainsi que toutes celles qu'il pouvait avoir commises.

Ubaldo oubliait le soin de sa propre vie, dès que quelques-uns de ses diocésains se trouvaient en danger. Ayant appris un jour qu'il s'était élevé une sédition dans la ville, que 1 on avait pris les armes avec fureur, et que déjà il y avait eu beaucoup de sang répandu, il courut à l'endroit où étaient les combattants ; il se jeta entre eux, et tomba au milieu des épées nues. Les mutins le croyant mort, quittèrent aussitôt les armes, s'abandonnèrent à une vive douleur, s'accusèrent tous d'être les meurtriers de leur évêque. Le saint, après avoir remercié Dieu de la cessation du tumulte, calma les frayeurs du peuple, en assurant qu'il était non seulement plein de vie, mais qu'il n'avait pas même reçu de blessure.

L'empereur Frédéric Barberousse venait de prendre et de saccager Spolète. Il menaçait Gubbio d'un semblable traitement. Le saint, qui avait une tendresse de père pour son troupeau, alla au-devant du vainqueur, désarma sa colère, et obtint de lui la grâce de son peuple.

Les deux dernières années de sa vie ne furent qu'un tissu de maladies cruelles qu'il supporta avec une patience héroïque. Le jour de Pâque de l'année 1160, il fit un effort pour se lever et pour dire la messe. Il prononça même un discours sur la vie éternelle. Au sortir de sa cathédrale, on le transporta dans un appartement qu'il avait auprès de l'église de Saint-Laurent. Il y resta jusqu'à la fête de l'Ascension, pour se préparer à la mort. Il se fit ensuite reporter à l'évêché, où il continua d'instruire son clergé et son peuple, qui venaient le visiter et lui demander sa bénédiction. Enfin, ayant reçu les sacrements de l'Église, il mourut le 16 mai 1160.

Les habitants des provinces voisines assistèrent à ses funérailles, et furent témoins de plusieurs prodiges qui s'opérèrent à son tombeau. Ce spectacle remplit tous les cœurs d'une tendre dévotion, et y ranima les plus vifs sentiments de christianisme. L'esprit de charité étouffa les divisions et les animosités. On oublia les injures reçues, et l'union fut rétablie entre les villes que de longs différends avaient aigries les unes contre les autres.

Le saint avait eu dès son vivant le don des miracles. Il avait guéri plusieurs malades par ses prières, et par la vertu du signe de la croix. Cependant un aveugle s'étant adressé à lui dans l'espérance de recouvrer la vue, il ne lui accorda point ce qu'il demandait. La vue du corps, lui dit-il, serait préjudiciable à votre âme. Souffrez cet aveuglement temporel, qui sera récompensé dans le ciel de la claire vision de Dieu. L'aveugle, content de cette réponse, ne le pria plus de lui rendre l'usage de la vue.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

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