Vincent de Lérins Moine

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Vincent de Lérins
Moine, Saint
+ ca.
445-450

S. Vincent, né dans les Gaules, fut élevé dans la connaissance des belles-lettres, et y fit de grands progrès. Il embrassa d'abord la profession des armes, et vécut dans le monde avec éclat. Nous apprenons de lui-même Vincent de Lérins, moine et saintqu'après avoir été battu quelque temps par les flots de la mer orageuse du siècle, il réfléchit sérieusement sur les dangers dont il était environné, ainsi que sur le vide de toutes les choses créées. Il ajoute que, pour se mettre à l'abri des écueils, il se jeta dans le port de la religion, où se trouve le refuge le plus assuré ". Son but était de pouvoir travailler plus facilement à s'affranchir du joug de l'orgueil et de la vanité, d'offrir à Dieu le sacrifice de l'humilité chrétienne, de se garantir des naufrages de la vie présente, et des flammes éternelles de l'autre monde. Dans ces saintes dispositions, il abandonna le tumulte des villes, et ne pensa plus qu'aux moyens de se procurer la possession du ciel.

Une petite île écartée fut le lieu qu'il choisit pour sa retraite. Gennade assure que ce fut dans le célèbre monastère de Lérins. Vincent s'y cacha pour s'appliquer à connaître ce que Dieu demandait de lui. Il se disait souvent à lui-même que le temps nous dérobe toujours quelque chose. Il en envisageait les moments fugitifs qui s'écoulent pour ne plus revenir, comme un ruisseau qui, étant parti de sa source, n'y remonte jamais. De là il concluait la nécessité de racheter le temps, de saisir ces moments qui nous échappent sans cesse, de les mettre à profit pour mériter de recevoir au dernier jour un jugement favorable.

D'un autre côté, il considérait qu'il ne suffit pas de bien vivre ; mais qu'il faut aussi avoir la foi, qui est le fondement de toute vertu chrétienne. Il ressentait une vive douleur en voyant le sein de l'Église déchiré par un grand nombre d'hérétiques, qui tendaient partout des pièges de séduction, et qui, pour tromper plus facilement les simples, cherchaient à accréditer leurs erreurs par l'autorité de l'Écriture qui les condamnait. Son obéissance à l'Église, et la connaissance qu'il avait de la religion, le garantissait du venin de tout dogme impie. Mais il n'en était pas ainsi de beaucoup de fidèles chancelants ou peu instruits. Pour les prémunir contre les sophismes de l'hérésie, et pour ouvrir les yeux aux personnes faibles qui avaient déjà eu le malheur de se laisser séduire, il écrivit, avec autant de clarté et de précision que de l'orée et d'éloquence, un livre qu’il intitula. Commonitorium ou Avertissement contre les hérétiques. Cet ouvrage fut composé en 434, trois ans après le concile général d'Éphèse, qui proscrivit le nestorianisme. Vincent de Lérins avait en vue les hérétiques de son temps, mais surtout les Nestoriens et les Apollinaristes. Il les réfute par des principes généraux et lumineux, qui s'appliqueront à tous ceux qui oseront dogmatiser jusqu'à la lin du monde. A cet avantage se trouvent réunis ceux du style, de l'érudition et du génie. On remarque encore à chaque page un certain ton de piété qui gagna et intéresse le lecteur.

Le saint, par humilité, déguise son vrai nom, et prend celui de Peregrinus ou de Pèlerin. C'est qu'il se regardait comme pèlerin et étranger sur la terre, et particulièrement séquestré du monde par la profession de la vie monastique. Il s'appelle le dernier de tout les serviteurs de Dieu, et se met au-dessous du dernier de tous les saints. A l'entendre, il ne mérite pas de porter le nom de chrétien,

Dans cet ouvrage, il établit cette règle fondamentale, adoptée par tous les anciens Pères, qui “doit regarder comme dogme infaillible, ce qui a été cru dans tous les lieux, dans tous les temps,et par tous les fidèles”. C'est d'après cette règle qu'il veut que l'on décide les points controversés en matière de foi. Nous avons, selon lui, un moyen facile de nous prémunir contre les explications arbitraires des livres saints, que donnent Novatien, Photin, Sabellius, Donat, Arius, Jovinien, Pelage, Nestorius, etc. c'est d'interpréter toujours l'Écriture par la tradition de l'Église, qui, comme un fil, nous conduit à la connaissance de la vérité. Par là nous sommes sûrs de ne jamais nous égarer. En effet, la tradition venue des apôtres manifeste le vrai sens des divins oracles, et toute nouveauté dans la foi est une marque certaine d'hérésie. En fait de religion, rien n'est plus à craindre que de prêter l'oreille à ceux qui enseignent une doctrine inconnue jusqu'alors. « Ceux, dit-il, qui ont une fois osé attaquer un article de foi, ne tarderont pas à en attaquer d'autres. Que s'ensuivra-t-il de cette prétendue réforme dans la religion ? A force d'innover, on en viendra jusqu'à changer entièrement, ou plutôt à détruire la doctrine catholique. » Il s'étend avec beaucoup de solidité et d'élégance sur le divin emploi que l'Église a reçu de conserver pur et sans tache le sacré dépôt de la foi.

Revenant aux hérétiques : ils affectent, dit-il, de citer partout l'Écriture ; il n'y a presque point de pages dans leurs écrits où l'on n'en trouve des textes. Mais en cela ils ressemblent aux charlatans, qui, pour se défaire de leurs drogues, leur attribuent la vertu d'opérer des guérisons infaillibles ; et aux empoisonneurs, qui déguisent sous des noms imposants leurs breuvages meurtriers. Ils imitent le père du mensonge, qui, en tentant le Fils de Dieu, cita l'Écriture.

S'il s'élève, continue-t-il, quelque doute sur le vrai sens d'un passage dans un point qui intéresse la foi, il faut avoir recours aux Pères qui ont vécu et qui sont morts dans la communion de l'Église catholique. A l'aide de leur doctrine, on découvrira bientôt la nouveauté. Nous ne devons cependant recevoir comme absolument certain et indubitable, que ce qui a été cru par tous, ou par presque tous les Pères ; et alors l'unanimité de leur consentement équivaut à l'autorité d'un concile général. Si quelqu'un d'entre eux a tenu une doctrine contraire à celle du plus grand nombre, quelque saint, quelque habile qu'il ait été, on doit regarder son sentiment comme celui d'un particulier, et non point comme la créance universelle de l'Église. Lorsqu'un article controversé a été décidé dans un concile général, cette décision devient irréfragable, et elle a tous les caractères requis pour fixer notre foi. Tels sont les principes généraux que S. Vincent de Lérins établit dans son ouvragé. Il n'y a point de livre de controverse qui renferme tant de choses en si peu de mots. Les raisonnements solides qui y sont développés ont fourni et fourniront toujours des armes puissantes contre tous les hérétiques. Les mêmes principes se trouvent aussi dans le livre des Prescriptions par Tertullien, dans S. Irènée de Lyon, et dans d'autres anciens Pères.

S. Vincent mourut sous les règnes de Théodose II et de Valentinien III, et conséquemment vers 445-450. Ses reliques se gardaient à Lérins. On lit son nom dans le Martyrologe romain.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

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